J’ai longtemps hésité à répondre au capitaine Krombollé. Mais il est impossible de lire cette interview ( Lien ) sans être tenté de réagir. Mon chemin a croisé, par deux fois, celui du capitaine Ely ici à Paris. On ne se connaissait pas au pays. Le peu que j’ai retenu de lui c’est une certaine promptitude à descendre les autres, sans oublier, au passage, de se mettre en avant.
Ma réaction concerne cette insulte faite à toute la communauté peulh. Cette musique est rodée en Mauritanie : monter les victimes, les unes contre les autres. Cela a eu payé. Sa présentation caricaturale des faits est une affabulation diffamatoire pure et simple.
Depuis 1978, l’armée étant devenue la voix la plus rapide pour accéder aux pouvoir, la politique de recrutement en son sein avait radicalement changé. Entre cette date et 1990, le système a largement comblé le déficit numérique des maures sous le drapeau. La guerre du Sahara avait pris fin aussi. Quand la Mauritanie en a eu besoin pour la défense de la patrie, c’est en masse que la jeunesse négro-mauritanienne avait répondu à l’appel de la Nation. Aucun gradé de l’époque n’ose mettre en doute le courage des fils de la vallée.
Le capitaine nous dit qu’il était, en 1990-1991 au PK 55. Fort bien. Il était donc dans le sous groupement du PK 55. Or un sous groupement compte quatre escadrons d’une centaine de soldats chacun (97 pour être précis). Sans oublier le détachement des blindés en place à l’époque plus les éléments de l’artillerie lourde dont il faisait partie. Il veut donc nous faire croire que les 35 ou 40 soldats arrêtés au PK 55 constituaient la majorité de l’effectif en place. Erreur d’appréciation ? Mémoire défaillante ? Pourquoi pas ? Mais le plus grave est cet aveu involontaire sur ce qui s’est réellement passé. Il nous dit, en effet :
« Ils se sont laissés massacrer comme des pigeons sans avoir eu l'opportunité de tirer une seule cartouche pour l'Histoire. »
En clair cela veut dire que pour lui (puisqu’il ne nous dit pas s’y être opposé) et les siens, les peulhs n’étaient déjà plus dans la même armée qu’eux. C’était désormais des ennemis à neutraliser. Seulement voilà ; les futurs « pigeons » eux, se considéraient toujours dans l’Armée Mauritanienne. Il nous avoue donc, froidement, que d’un côté il y avait des gens soigneusement briefés et minutieusement préparés et, de l’autre des innocents confiants en leurs frères d’armes. Tout aussi froidement, ils vont exécuter leur plan, et en deux semaines, tous les officiers non arabes étaient arrêtés. Le reste s’est passé aussi rapidement. Il feint ensuite de s’étonner qu’il n’y ait pas eu un seul coup de feu… J’ai envie de lui poser une question : Pourquoi ont-ils gardé leur plan secret ? La réponse en est simple : parce que si les négro-mauritaniens –malgré leur infériorité numérique- avaient eu le moindre soupçon que leurs camarades maures étaient des renégats, l’histoire serait écrite autrement aujourd’hui.
Je ne sais pas d’où il sort son recensement alors que la position officielle voudrait que les non arabes ne représentent que 30 pour cent de la population globale. Ce chiffre est de plus en plus réduit sur le plan de la visibilité, surtout dans un domaine aussi stratégique que la grande muette.
Où était le capitaine au moment où ses « deux » haratins faisaient leur sale boulot ? Qu’a-t-il fait contre cela ? Qu’a-t-il dit à Yehbi ould Jaafar, son collègue officier ? Il aurait pourtant pu faire comme d’autres qui eux, sont restés au-dessus de la mêlée. Il aurait pu faire partie de ces hommes intègres et justes dont certains n’avaient que leur plume.
Où se trouve la lâcheté, dans le camp des victimes de Yehbi ould Jaafar et ses « deux » hartani ou dans celui du vaillant officier qui regardait ces deux tondus et un pelé faire sans broncher ? Celui-là même qui dit ne jamais tirer sur les ambulances mais qui n’hésite pas, à la première occasion à pilonner, sans états d’âme, les cimetières.
Il dit également avoir toujours été du côté de ceux qui voulaient renverser Taya. Evidemment le moyen le plus simple d’y parvenir, fut de prendre la large pendant que d’autres, dont le frangin, faisaient le travail. Il n’était plus à Nkt quand le jeune Krombollé fut arrêté, mais rien ne l’empêchait de tirer une balle pour l’histoire, ce ne sont pas les occasions qui ont manqué (nous savons tous deux de quoi je parle). Cela aussi est très courageux.
Si la parole est d’argent le silence, lui, est d’or. Car les mauritaniens n’ont pas besoin de ce genre de polémiques. Malheureusement, il s’en trouve toujours comme le capitaine pour les provoquer, et pousser à des réactions exacerbées, conduisant à la discorde inter ethnique. Mais mieux vaut une réaction acerbe à une falsification des évènements, surtout ceux de 1990-1991, si importants pour notre pays.
Mahamadou SY
Membre ODH-Mauritanie
Source: ODH-Mauritanie
Ma réaction concerne cette insulte faite à toute la communauté peulh. Cette musique est rodée en Mauritanie : monter les victimes, les unes contre les autres. Cela a eu payé. Sa présentation caricaturale des faits est une affabulation diffamatoire pure et simple.
Depuis 1978, l’armée étant devenue la voix la plus rapide pour accéder aux pouvoir, la politique de recrutement en son sein avait radicalement changé. Entre cette date et 1990, le système a largement comblé le déficit numérique des maures sous le drapeau. La guerre du Sahara avait pris fin aussi. Quand la Mauritanie en a eu besoin pour la défense de la patrie, c’est en masse que la jeunesse négro-mauritanienne avait répondu à l’appel de la Nation. Aucun gradé de l’époque n’ose mettre en doute le courage des fils de la vallée.
Le capitaine nous dit qu’il était, en 1990-1991 au PK 55. Fort bien. Il était donc dans le sous groupement du PK 55. Or un sous groupement compte quatre escadrons d’une centaine de soldats chacun (97 pour être précis). Sans oublier le détachement des blindés en place à l’époque plus les éléments de l’artillerie lourde dont il faisait partie. Il veut donc nous faire croire que les 35 ou 40 soldats arrêtés au PK 55 constituaient la majorité de l’effectif en place. Erreur d’appréciation ? Mémoire défaillante ? Pourquoi pas ? Mais le plus grave est cet aveu involontaire sur ce qui s’est réellement passé. Il nous dit, en effet :
« Ils se sont laissés massacrer comme des pigeons sans avoir eu l'opportunité de tirer une seule cartouche pour l'Histoire. »
En clair cela veut dire que pour lui (puisqu’il ne nous dit pas s’y être opposé) et les siens, les peulhs n’étaient déjà plus dans la même armée qu’eux. C’était désormais des ennemis à neutraliser. Seulement voilà ; les futurs « pigeons » eux, se considéraient toujours dans l’Armée Mauritanienne. Il nous avoue donc, froidement, que d’un côté il y avait des gens soigneusement briefés et minutieusement préparés et, de l’autre des innocents confiants en leurs frères d’armes. Tout aussi froidement, ils vont exécuter leur plan, et en deux semaines, tous les officiers non arabes étaient arrêtés. Le reste s’est passé aussi rapidement. Il feint ensuite de s’étonner qu’il n’y ait pas eu un seul coup de feu… J’ai envie de lui poser une question : Pourquoi ont-ils gardé leur plan secret ? La réponse en est simple : parce que si les négro-mauritaniens –malgré leur infériorité numérique- avaient eu le moindre soupçon que leurs camarades maures étaient des renégats, l’histoire serait écrite autrement aujourd’hui.
Je ne sais pas d’où il sort son recensement alors que la position officielle voudrait que les non arabes ne représentent que 30 pour cent de la population globale. Ce chiffre est de plus en plus réduit sur le plan de la visibilité, surtout dans un domaine aussi stratégique que la grande muette.
Où était le capitaine au moment où ses « deux » haratins faisaient leur sale boulot ? Qu’a-t-il fait contre cela ? Qu’a-t-il dit à Yehbi ould Jaafar, son collègue officier ? Il aurait pourtant pu faire comme d’autres qui eux, sont restés au-dessus de la mêlée. Il aurait pu faire partie de ces hommes intègres et justes dont certains n’avaient que leur plume.
Où se trouve la lâcheté, dans le camp des victimes de Yehbi ould Jaafar et ses « deux » hartani ou dans celui du vaillant officier qui regardait ces deux tondus et un pelé faire sans broncher ? Celui-là même qui dit ne jamais tirer sur les ambulances mais qui n’hésite pas, à la première occasion à pilonner, sans états d’âme, les cimetières.
Il dit également avoir toujours été du côté de ceux qui voulaient renverser Taya. Evidemment le moyen le plus simple d’y parvenir, fut de prendre la large pendant que d’autres, dont le frangin, faisaient le travail. Il n’était plus à Nkt quand le jeune Krombollé fut arrêté, mais rien ne l’empêchait de tirer une balle pour l’histoire, ce ne sont pas les occasions qui ont manqué (nous savons tous deux de quoi je parle). Cela aussi est très courageux.
Si la parole est d’argent le silence, lui, est d’or. Car les mauritaniens n’ont pas besoin de ce genre de polémiques. Malheureusement, il s’en trouve toujours comme le capitaine pour les provoquer, et pousser à des réactions exacerbées, conduisant à la discorde inter ethnique. Mais mieux vaut une réaction acerbe à une falsification des évènements, surtout ceux de 1990-1991, si importants pour notre pays.
Mahamadou SY
Membre ODH-Mauritanie
Source: ODH-Mauritanie