L’ex-président tchadien devrait être jugé au Sénégal, pays dans lequel il vit en exil.
Critiqué par les victimes de l’ex-président tchadien Hissène Habré et par les associations de défense des droits de l’Homme, le Sénégal a décidé de réagir.
Après des mois d’inertie, les autorités de Dakar viennent de réaffirmer leur volonté de le juger. Poursuivi pour crimes contre l’Humanité, l’ancien dirigeant du Tchad, au pouvoir entre 1982 et 1990, vit paisiblement en exil à Dakar depuis sa chute.
Jeudi soir, le ministre sénégalais de la Justice, Cheikh Tidiane Sy, a annoncé que Hissène Habré serait traduit en justice devant une Cour d’assises plutôt que devant une juridiction spéciale, comme initialement prévu.
Jusqu’alors, Dakar demandait une somme exorbitante à la communauté internationale pour financer la construction d’un palais de justice destiné à héberger la future cour spéciale, et prendre en charge les salaires des magistrats sénégalais.
Torturer. Le coût de l’opération avait été estimé à 66 millions d’euros par des experts locaux. Une manœuvre dilatoire, selon les associations de victimes. Soutenu à l’époque par la France et par les Etats-Unis face aux tentatives de déstabilisation du Libyen Khadafi, Hissène Habré est accusé d’avoir fait éliminer ou torturer des milliers d’opposants, ou considérés comme tels.
Piqué au vif par les critiques des ONG, dont celles émises dans Libération (6 juillet) par la présidente d’une association tchadienne de défense des droits de l’Homme, Jacqueline Moudeina, Dakar a décidé de recourir aux assises, une procédure deux fois moins coûteuse, selon le ministre de la Justice. Toutefois, les autorités se sont bien gardées de donner un calendrier précis pour le début des audiences. «Nous ne saurons, au Sénégal, nous accommoder d’une justice de précipitation» , a argué Cheikh Tidiane Sy .
Depuis que la justice belge, au titre de la loi sur la compétence universelle, a demandé, en 2005, l’extradition de Hissène Habré, Dakar peine à cacher son embarras. Le Président, qui avait vidé les caisses de l’Etat avant de fuir, s’est attaché de solides appuis au Sénégal.
En 2006, après moultes tergiversations, l’Union africaine a confié au Sénégal le soin d’organiser son procès pour éviter qu’un ex-dirigeant africain soit jugé hors du continent. Qui plus est par une ancienne puissance coloniale.
Témoigner. Pour Human Rights Watch, le recours aux assises est «une bonne nouvelle». «Mais, à présent, il faut faire vite, souligne Reed Brody, l’un de ses responsables. Deux des sept premiers plaignants, qui avaient porté plainte à Dakar, sont déjà décédés.» Jacqueline Moudeina affirmait récemment : «Le temps est notre pire ennemi. Plus il passe, plus la capacité des victimes à témoigner est amoindrie.» Au-delà de sa bonne volonté affichée, le Sénégal sera jugé sur ses actes.
Par THOMAS HOFNUNG
SOURCE:Africatime
Critiqué par les victimes de l’ex-président tchadien Hissène Habré et par les associations de défense des droits de l’Homme, le Sénégal a décidé de réagir.
Après des mois d’inertie, les autorités de Dakar viennent de réaffirmer leur volonté de le juger. Poursuivi pour crimes contre l’Humanité, l’ancien dirigeant du Tchad, au pouvoir entre 1982 et 1990, vit paisiblement en exil à Dakar depuis sa chute.
Jeudi soir, le ministre sénégalais de la Justice, Cheikh Tidiane Sy, a annoncé que Hissène Habré serait traduit en justice devant une Cour d’assises plutôt que devant une juridiction spéciale, comme initialement prévu.
Jusqu’alors, Dakar demandait une somme exorbitante à la communauté internationale pour financer la construction d’un palais de justice destiné à héberger la future cour spéciale, et prendre en charge les salaires des magistrats sénégalais.
Torturer. Le coût de l’opération avait été estimé à 66 millions d’euros par des experts locaux. Une manœuvre dilatoire, selon les associations de victimes. Soutenu à l’époque par la France et par les Etats-Unis face aux tentatives de déstabilisation du Libyen Khadafi, Hissène Habré est accusé d’avoir fait éliminer ou torturer des milliers d’opposants, ou considérés comme tels.
Piqué au vif par les critiques des ONG, dont celles émises dans Libération (6 juillet) par la présidente d’une association tchadienne de défense des droits de l’Homme, Jacqueline Moudeina, Dakar a décidé de recourir aux assises, une procédure deux fois moins coûteuse, selon le ministre de la Justice. Toutefois, les autorités se sont bien gardées de donner un calendrier précis pour le début des audiences. «Nous ne saurons, au Sénégal, nous accommoder d’une justice de précipitation» , a argué Cheikh Tidiane Sy .
Depuis que la justice belge, au titre de la loi sur la compétence universelle, a demandé, en 2005, l’extradition de Hissène Habré, Dakar peine à cacher son embarras. Le Président, qui avait vidé les caisses de l’Etat avant de fuir, s’est attaché de solides appuis au Sénégal.
En 2006, après moultes tergiversations, l’Union africaine a confié au Sénégal le soin d’organiser son procès pour éviter qu’un ex-dirigeant africain soit jugé hors du continent. Qui plus est par une ancienne puissance coloniale.
Témoigner. Pour Human Rights Watch, le recours aux assises est «une bonne nouvelle». «Mais, à présent, il faut faire vite, souligne Reed Brody, l’un de ses responsables. Deux des sept premiers plaignants, qui avaient porté plainte à Dakar, sont déjà décédés.» Jacqueline Moudeina affirmait récemment : «Le temps est notre pire ennemi. Plus il passe, plus la capacité des victimes à témoigner est amoindrie.» Au-delà de sa bonne volonté affichée, le Sénégal sera jugé sur ses actes.
Par THOMAS HOFNUNG
SOURCE:Africatime