L’article 475 du code pénal marocain fait encore parler de lui. En image cette fois-ci. Un an après le suicide d’Amina El Filali, un jeune réalisateur d’origine marocaine, Nadir Bouhmouch a décidé de monter un documentaire en lien avec l’article 475 du code pénal marocain qui permet aux violeurs d’épouser leurs victimes : « 475 : Quand le mariage devient un châtiment ».
Réaction
L’affaire Amina El Filali trouve écho de l’autre côté de l’Atlantique. Aux Etats-Unis, Nadir Bouhmouch, 22 ans, étudie le cinéma. Ce dernier ignore qu’une telle loi puisse exister dans son pays natal. Pour mieux la comprendre, il décide de retourner au Maroc dans le village où s’est produit le crime. En quête de vérité, Nadir trouve le "vrai" problème. Un problème qui survole les lois écrites par les hommes. A force de recueillir différents témoignages, il s’est aperçu que l’article 475 n’était pas la source du problème mais qu’en fait le Maroc est confronté à un système patriarcal qui n’évolue pas.
Pour Amina, ce viol était de trop. La jeune fille a été une première fois victime de ce crime avant de tomber dans les griffes de son second bourreau. Pour éviter que la "hchouma" (la honte, ndlr) s’abatte sur eux et pour faire éviter les cinq années de prison à l’agresseur, les parents de la victime avaient accepté de la marier à lui.
Les médias et les associations de lutte pour les droits de l’homme pointaient, tous, du doigt ce point noir du code pénal bien qu’en réalité ce sont les parents d’Amina qui, pour conserver leur honneur, ont préféré la marier à son violeur. Rares sont les médias qui ont dénoncé certaines mœurs rétrogrades qui pilulent au royaume du Maroc.
Avec ou sans loi, le destin de la jeune fille aurait été le même. Au royaume du Maroc, tout ce qui est lié à la sexualité est tabou. Le viol est donc un sujet tabou, une hchouma à camoufler plutôt qu’à condamner. Plus troublant encore, le père de la victime aurait lui-même violé sa seconde épouse, Chouâa, avant de l’épouser. Nadir raconte que pendant ses investigations il aurait aidé Chouâa à s’échapper de son domicile avec l’aide d’une association.
Inaction
Le tournage de ce documentaire n’a pas enchanté le gouvernement qui tente parfois d’empêcher les projections de films qui ne répondent pas aux critères de la monarchie. Nadir relève d’ailleurs qu’il est difficile de tourner au Maroc. Lors d’un précédent tournage, son matériel avait été confisqué par la douane à l’aéroport de Fès.
Pourtant, Mustapha El Khelfi, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, avait affirmé que « ce drame » ne pouvait être « ignoré » et qu’il fallait « étudier d’une manière approfondie cette situation avec la possibilité d’aggraver les peines dans le cadre d’une réforme de l’article du code pénal. Nous ne pouvons pas ignorer ce drame ». Ce documentaire n’a pourtant pas ravi le gouvernement, dominé par les islamistes du PJD, qui a finalement balayé d’un revers de main l’affaire Amina El Filali.
Bassima Hakkaoui, l’unique femme ministre du gouvernement censée avoir été davantage touchée par cette histoire d’autant plus qu’elle est chargée de la Solidarité, de la Femme et de la Famille, avait reconnu que cette loi était un « vrai problème » et qu’il fallait organiser un « débat [pour la] réformer ». Un an après, le silence est de mise à la radio gouvernementale.
« Guerrilla Cinema »
D’autres jeunes se sont ralliés à Nadir Bouhmouch pour réaliser ce documentaire. Ils forment le collectif «Guerrilla Cinema». Leur slogan : « Nous ne croyons pas à la censure ni aux lois qui réglementent la réalisation ». Leur but est désormais de présenter en image les versions dissimulées par la presse, comme celle concernant l’affaire Amina El Filali. Courant 2013, le collectif avait également réalisé un film-documentaire sur le Mouvement du 20 février et les répressions qu’il a subi : « My Makhzen & me ». Le Makhzen, allusion à l’entourage du roi qui gère les affaires intérieures, financières et sociétales du pays. On l’appelle « gouvernement de l’ombre » ou « cabinet occulte du roi ». Le documentaire, largement visionné par les internautes, avait suscité la colère du palais.
« 475 : Quand le mariage devient un châtiment » est un film à but non lucratif. C’est pourquoi Guerrilla Cinema production a souhaité le diffuser gratuitement, notamment sur You Tube. Le documentaire est présenté comme une forme de « désobéissance civile » pour appeler à la liberté d’expression au Maroc. Il a aussi pour but de faire évoluer les mentalités.
Source: afrik.com
Réaction
L’affaire Amina El Filali trouve écho de l’autre côté de l’Atlantique. Aux Etats-Unis, Nadir Bouhmouch, 22 ans, étudie le cinéma. Ce dernier ignore qu’une telle loi puisse exister dans son pays natal. Pour mieux la comprendre, il décide de retourner au Maroc dans le village où s’est produit le crime. En quête de vérité, Nadir trouve le "vrai" problème. Un problème qui survole les lois écrites par les hommes. A force de recueillir différents témoignages, il s’est aperçu que l’article 475 n’était pas la source du problème mais qu’en fait le Maroc est confronté à un système patriarcal qui n’évolue pas.
Pour Amina, ce viol était de trop. La jeune fille a été une première fois victime de ce crime avant de tomber dans les griffes de son second bourreau. Pour éviter que la "hchouma" (la honte, ndlr) s’abatte sur eux et pour faire éviter les cinq années de prison à l’agresseur, les parents de la victime avaient accepté de la marier à lui.
Les médias et les associations de lutte pour les droits de l’homme pointaient, tous, du doigt ce point noir du code pénal bien qu’en réalité ce sont les parents d’Amina qui, pour conserver leur honneur, ont préféré la marier à son violeur. Rares sont les médias qui ont dénoncé certaines mœurs rétrogrades qui pilulent au royaume du Maroc.
Avec ou sans loi, le destin de la jeune fille aurait été le même. Au royaume du Maroc, tout ce qui est lié à la sexualité est tabou. Le viol est donc un sujet tabou, une hchouma à camoufler plutôt qu’à condamner. Plus troublant encore, le père de la victime aurait lui-même violé sa seconde épouse, Chouâa, avant de l’épouser. Nadir raconte que pendant ses investigations il aurait aidé Chouâa à s’échapper de son domicile avec l’aide d’une association.
Inaction
Le tournage de ce documentaire n’a pas enchanté le gouvernement qui tente parfois d’empêcher les projections de films qui ne répondent pas aux critères de la monarchie. Nadir relève d’ailleurs qu’il est difficile de tourner au Maroc. Lors d’un précédent tournage, son matériel avait été confisqué par la douane à l’aéroport de Fès.
Pourtant, Mustapha El Khelfi, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, avait affirmé que « ce drame » ne pouvait être « ignoré » et qu’il fallait « étudier d’une manière approfondie cette situation avec la possibilité d’aggraver les peines dans le cadre d’une réforme de l’article du code pénal. Nous ne pouvons pas ignorer ce drame ». Ce documentaire n’a pourtant pas ravi le gouvernement, dominé par les islamistes du PJD, qui a finalement balayé d’un revers de main l’affaire Amina El Filali.
Bassima Hakkaoui, l’unique femme ministre du gouvernement censée avoir été davantage touchée par cette histoire d’autant plus qu’elle est chargée de la Solidarité, de la Femme et de la Famille, avait reconnu que cette loi était un « vrai problème » et qu’il fallait organiser un « débat [pour la] réformer ». Un an après, le silence est de mise à la radio gouvernementale.
« Guerrilla Cinema »
D’autres jeunes se sont ralliés à Nadir Bouhmouch pour réaliser ce documentaire. Ils forment le collectif «Guerrilla Cinema». Leur slogan : « Nous ne croyons pas à la censure ni aux lois qui réglementent la réalisation ». Leur but est désormais de présenter en image les versions dissimulées par la presse, comme celle concernant l’affaire Amina El Filali. Courant 2013, le collectif avait également réalisé un film-documentaire sur le Mouvement du 20 février et les répressions qu’il a subi : « My Makhzen & me ». Le Makhzen, allusion à l’entourage du roi qui gère les affaires intérieures, financières et sociétales du pays. On l’appelle « gouvernement de l’ombre » ou « cabinet occulte du roi ». Le documentaire, largement visionné par les internautes, avait suscité la colère du palais.
« 475 : Quand le mariage devient un châtiment » est un film à but non lucratif. C’est pourquoi Guerrilla Cinema production a souhaité le diffuser gratuitement, notamment sur You Tube. Le documentaire est présenté comme une forme de « désobéissance civile » pour appeler à la liberté d’expression au Maroc. Il a aussi pour but de faire évoluer les mentalités.
Source: afrik.com