Le trente quatrième anniversaire du coup d’Etat du 10 juillet 1978 allait passer inaperçu ou presque n’eut été la sortie marquante des jeunes du 25 février. Il n’y a pas question, pour cette jeunesse, de passer aux oubliettes de l’histoire la journée où les militaires ont déposé le premier régime civil.
Trente quatre années se sont écoulées après la lecture du fameux communiqué numéro un. Plusieurs régimes militaires se sont succédé depuis. De révolutions de palais à complots, de putschs à putschs manqués, la Mauritanie a vécu au rythme d’une déferlante de comités militaires. Des comités qui proposaient, à tour de rôle, monts et merveilles aux mauritaniens. Sans jamais tenir leur parole.
Les mauritaniens, auxquels on servait, à chaque changement de régime, un nouveau miracle militaire, portant, à l’instar de chaque équipe, un nouveau vocable. Au ‘’Redressement national, succéda, ‘’ le Salut national, qui céda sa place à ‘’ la Restructuration, se muant, celle-là, au gré des péripéties en démocratie de façade. La démocratie militaire s’éclipsa face à la transition militaire où reviennent les mots Justice et Démocratie. Puis un gouvernement civil avec un président élu ‘’militairement’’, toujours. Ensuite, la Rectification, puis une transition rectificative qui aboutira à une démocratie rectificative.
Trente années et plus et les Mauritaniens sont restés sur des promesses sans suites. Des lendemains qui déchantent avant chaque rendez-vous. Et, après. Des atermoiements interminables, des ratages réducteurs, des rendez-vous manqués, et des pléiades d’officiers qui se la jouent, en se remplissant les poches et les poches des leurs avant qu’ils ne soient délogés par d’autres compères. Du premier militaire au dernier, si encore, on ose parler de dernier militaire sur ces terres, on réédite la même chansonnette, relookée, pour la circonstance.
Le Rédempteur
A chaque fois, on fustige son prédécesseur et on s’autoproclame le Rédempteur des temps nouveaux. Sornettes et Balivernes, bien entendu, à chaque fois. « Les forces armées, dépositaires en dernier recours de la légitimité nationale, conscientes de leurs responsabilités ont pris le pouvoir, ou plutôt ont repris le pouvoir à ceux qui l’ont lâchement spolié pour sauver le pays et la nation de la ruine et du démembrement, pour sauvegarder l’unité nationale et défendre l’existence de l’Etat ». Il est bien risible, aujourd’hui, n’est-ce pas, de convoquer le communiqué numéro un du premier coup d’Etat, qui a renversé Moktar. Ridicule et grotesque si on devait inventorier les fortunes amassées illicitement par les officiers qui ont eu à diriger, sinon à se partager le pays depuis lors.
Il est bien évident que les militaires n’ont pas géré, à eux seuls, le pays. Les civils, les politiques étaient là pour servir de seconds couteaux, pour légitimer quelquefois telle ou telle action. Ils sont là aussi surtout, les politiques, pour ne pas trop demander aux militaires. Des militaires, qu’il conviendrait, selon le stratagème non dépourvu d’opportunisme politique, de ménager, caresser au sens du poil, pour qu’ils ne commettent pas des bêtises. Dit-on. Des sous-hommes, en quelque sorte, qui ont besoin des plusieurs années pour négocier quelque civilité.
Cette relation a fortement influencé les méthodes de pouvoir. On a, en face, des militaires émancipés de toute responsabilité publique ; et qui pourraient, au gré de leurs humeurs versatiles, faire et défaire ce qui leur semble bon.
Un autre atout que d’aucuns avancent pour justifier la prééminence du pouvoir militaire en Mauritanie. L’Armée est l’unique entité organisée. C’est bien beau. Organisée, entendons-le, renvoie au rapport de force au sein de la grande muette. Sans plus. C’est que, tout simplement, quelque part, il y’ a un officier, qui est là, on ne sait pourquoi, souvent, qui commande une brigade mieux équipée ou plus opérationnelle que les autres.
Aussi, les classes politiques d’aujourd’hui comme celles d’hier ont été altérées d’esprit et se sont militarisées de raisonnement.
Le Redressement, le Salut, la Restructuration ou la Rectification sont des vertus toutes militaires et ne sauraient être entrepris que par l’unique force organisée, dit-on. Et, si l’unique force organisée décide d’un changement, il faudrait observer indulgence vis-à-vis d’elle. Car, elle est militaire. Et, militaire est synonyme, ici, en tout cas, à l’infirmité et à l’invalidité.
Source: rmbiladi
Trente quatre années se sont écoulées après la lecture du fameux communiqué numéro un. Plusieurs régimes militaires se sont succédé depuis. De révolutions de palais à complots, de putschs à putschs manqués, la Mauritanie a vécu au rythme d’une déferlante de comités militaires. Des comités qui proposaient, à tour de rôle, monts et merveilles aux mauritaniens. Sans jamais tenir leur parole.
Les mauritaniens, auxquels on servait, à chaque changement de régime, un nouveau miracle militaire, portant, à l’instar de chaque équipe, un nouveau vocable. Au ‘’Redressement national, succéda, ‘’ le Salut national, qui céda sa place à ‘’ la Restructuration, se muant, celle-là, au gré des péripéties en démocratie de façade. La démocratie militaire s’éclipsa face à la transition militaire où reviennent les mots Justice et Démocratie. Puis un gouvernement civil avec un président élu ‘’militairement’’, toujours. Ensuite, la Rectification, puis une transition rectificative qui aboutira à une démocratie rectificative.
Trente années et plus et les Mauritaniens sont restés sur des promesses sans suites. Des lendemains qui déchantent avant chaque rendez-vous. Et, après. Des atermoiements interminables, des ratages réducteurs, des rendez-vous manqués, et des pléiades d’officiers qui se la jouent, en se remplissant les poches et les poches des leurs avant qu’ils ne soient délogés par d’autres compères. Du premier militaire au dernier, si encore, on ose parler de dernier militaire sur ces terres, on réédite la même chansonnette, relookée, pour la circonstance.
Le Rédempteur
A chaque fois, on fustige son prédécesseur et on s’autoproclame le Rédempteur des temps nouveaux. Sornettes et Balivernes, bien entendu, à chaque fois. « Les forces armées, dépositaires en dernier recours de la légitimité nationale, conscientes de leurs responsabilités ont pris le pouvoir, ou plutôt ont repris le pouvoir à ceux qui l’ont lâchement spolié pour sauver le pays et la nation de la ruine et du démembrement, pour sauvegarder l’unité nationale et défendre l’existence de l’Etat ». Il est bien risible, aujourd’hui, n’est-ce pas, de convoquer le communiqué numéro un du premier coup d’Etat, qui a renversé Moktar. Ridicule et grotesque si on devait inventorier les fortunes amassées illicitement par les officiers qui ont eu à diriger, sinon à se partager le pays depuis lors.
Il est bien évident que les militaires n’ont pas géré, à eux seuls, le pays. Les civils, les politiques étaient là pour servir de seconds couteaux, pour légitimer quelquefois telle ou telle action. Ils sont là aussi surtout, les politiques, pour ne pas trop demander aux militaires. Des militaires, qu’il conviendrait, selon le stratagème non dépourvu d’opportunisme politique, de ménager, caresser au sens du poil, pour qu’ils ne commettent pas des bêtises. Dit-on. Des sous-hommes, en quelque sorte, qui ont besoin des plusieurs années pour négocier quelque civilité.
Cette relation a fortement influencé les méthodes de pouvoir. On a, en face, des militaires émancipés de toute responsabilité publique ; et qui pourraient, au gré de leurs humeurs versatiles, faire et défaire ce qui leur semble bon.
Un autre atout que d’aucuns avancent pour justifier la prééminence du pouvoir militaire en Mauritanie. L’Armée est l’unique entité organisée. C’est bien beau. Organisée, entendons-le, renvoie au rapport de force au sein de la grande muette. Sans plus. C’est que, tout simplement, quelque part, il y’ a un officier, qui est là, on ne sait pourquoi, souvent, qui commande une brigade mieux équipée ou plus opérationnelle que les autres.
Aussi, les classes politiques d’aujourd’hui comme celles d’hier ont été altérées d’esprit et se sont militarisées de raisonnement.
Le Redressement, le Salut, la Restructuration ou la Rectification sont des vertus toutes militaires et ne sauraient être entrepris que par l’unique force organisée, dit-on. Et, si l’unique force organisée décide d’un changement, il faudrait observer indulgence vis-à-vis d’elle. Car, elle est militaire. Et, militaire est synonyme, ici, en tout cas, à l’infirmité et à l’invalidité.
Source: rmbiladi