Septembre 1986. L’arrestation, le jugement et l’emprisonnement des cadres et militants des FLAM marquent le début d’une répression systématique des Négro-africains.
Octobre 1987. Arrestation d’officiers et sous-officiers négro-africains pour tentative de coup d’État.
18 novembre 1987. Ouverture de leur procès. Ils sont jugés, trois d’entre eux, les lieutenants Sarr Amadou, Bâ Seïdy et Sy Saïdou, exécutés le 6 décembre 1987. Radicalisation de la répression systématique du pouvoir raciste de Nouakchott. Elle connaîtra son apogée en 1989-1990, avec les massacres et les déportations des Négro-africains vers le Sénégal et le Mali.
8 décembre 1987, vers 23 heures 30. Les 33 cadres et militants des FLAM emprisonnés depuis 1986 à la prison de Nouakchott et les 35 militaires qui viennent d’être jugés et condamnés à de lourdes peines sont regroupés au Centre émetteur de Nouakchott. Ils sont transportés, menottés, au fort de Oualata où ils seront incarcérés.
9 décembre 1987, dans la nuit. Les 68 détenus politiques Négro-africains (auxquels on a «adjoint» une poignée de détenus de droit commun) débarquent dans le Fort mouroir de Oualata.
Après seulement 8 mois et 17 jours de détention, commence, consécutive à des conditions de détention inhumaines, la «série noire». En 33 jours, quatre de nos compagnons vont mourir. Soit un mort tous les huit jours.
26 août 1988, à 15 heures 5 : mort de Bâ Alassane Oumar ;
2 septembre 1988 : mort de Ten Youssouf Guéye ;
13 septembre 1988 : mort de Bâ Abdoul Khoudouss ;
28 septembre 1988 : mort de Djigo Tabssirou ;
Voilà 18 ans que sont morts nos compagnons d’infortune. Morts pour avoir dénoncé le racisme d’État ; morts pour avoir affirmé la volonté d’instaurer une Mauritanie égalitaire ; morts à cause des conditions de détention bestiales, d’un système carcéral raciste ; morts loin des leurs, de leurs parents, familles, amis et proches ; morts sans que ces êtres qui leur sont chers aient eu la possibilité de poser sur eux un dernier regard d’adieu, de leur rendre les derniers devoirs...
À ces morts, morts dans de telles conditions, morts pour de telles raisons, que leur doivent leurs anciens compagnons rescapés, encore vivants !? Au moins une chose : le devoir de mémoire ; maigre consolation – pourrait-on dire - pour les parents et proches des défunts qui s’en seraient volontiers passés ; devoir auquel nous ne pourrions nous dérober, mais dont l’accomplissement ne nous procure guère de réjouissance : car l’instant de souvenir réservé aux morts qui nous sont chers s’accompagne toujours d’un pincement au coeur. Pincement au coeur d’autant plus vif qu’abominables furent le plus souvent les conditions dans lesquelles ces êtres chers trouvèrent la mort.. Ils leur doivent, leurs compagnons rescapés, de perpétuer leur souvenir, de leur rendre hommage, de rappeler les causes et les conditions de leur mort. Et à bon escient, car le processus démocratique en cours, aussi loin qu’on veuille remonter dans le passé pour en cerner les facteurs déclencheurs, tire ses origines aussi, et sans doute surtout, de ces morts et de toutes celles qui, à l’échelle du pays, eurent lieu du fait de la répression raciste.
Août -septembre 1988, août-septembre 2006 : à l’occasion du 18ème anniversaire de la mort de nos quatre compagnons de détention, Bâ Alassane Oumar, Ten Youssouf Guéye, Bâ Abdoul Ghoudouss et Djigo Tabssirou, nous publions, en quatre parties, les extraits de J’ÉTAIS À OUALATA – Le racisme d’État en Mauritanie, relatifs aux circonstances de leur décès.
Source: Flamnet