Comme disait feu Abdel Kader Fall, ancien ministre de l’Éducation nationale :«son pouvoir, que la mort n’a pu nous ravir, restera à jamais, vivace parmi nous. Nous entretiendrons sa flamme comme les Vestales entretenaient, dans l’antique Rome, le feu sacré. Baye Niasse pouvait se dire, comme la jeune captive d’André Chenier, "Je ne suis qu’au printemps, je veux voir la moisson".
On meurt seul a dit Pascal. Non, non, ce n’est pas vrai. On ne meurt pas seul quand on laisse derrière soi, le sillage des grandes idées et une œuvre aussi gigantesque que cette mosquée qui indique, au passant attiré par la majesté des lieux, qu’une figure vénérée en a été l’artisan.
Né à Taïba Niassène dans la région de Kaolack en octobre 1900, El Hadj Ibrahima Niasse est le fils de El Hadj Abdoulaye, un grand dignitaire de la confrérie tidiane, et de Sokhna Astou Diankha.
C’est à Kaolack que El Hadj Ibrahima Niasse étudia les sciences religieuses (l’exégèse, la jurisprudence, l’arabe, la métrique, la rhétorique et la biographie du Prophète Mohamed (Psl) tout en cultivant un goût prononcé pour le mysticisme.
Au rappel à Dieu de son père en 1922, son frère aîné Mouhamed Khalifa prend en charge la communauté des Niassène tandis que Baye Niasse s’occupe de l’enseignement coranique dans les écoles de leur père.
De Kossi à Médina Baye
N’ayant pour seul viatique que sa foi inébranlable en Dieu, son amour immodéré pour le Prophète (Psl), son adoration passionnée pour le Coran, son culte de la religion, sa ferveur et sa vénération pour l’Islam, il s’est abreuvé aux sources du savoir à Taïba Niassène, fief des siens, auprès d’un père érudit et docte.
Grâce à un mysticisme éclairé, il a su, de bonne heure, se faire distinguer par une intelligence qui surprend tous ses condisciples. Armé pour la vie, déjà muni d’une vaste connaissance, le village de Kossi, où il s’installa en second lieu, fortifie ses connaissances religieuses et le rendit assez mûr pour affronter l’aventure.
Après un séjour assez prolongé, le voilà plus aguerri pour voler de ses propres ailes et fonder un bastion. Ce n’est pas par hasard si l’homme choisit comme lieu de prédilection Kaolack pour y ériger, à son image, le village de Médina. Son érudition, sa science, son talent et son éloquence, alliés à un prestige personnel mis au service du monde musulman, avaient largement dépassé nos frontières.
Il fit dix-sept (17) fois le pèlerinage aux lieux saints, indépendamment des "oumras", entraînant chaque fois des centaines de fidèles, témoignage éclatant de sa disponibilité pour les enseignements édictés par le religion.
Panafricaniste convaincu et citoyen du monde
L’homme, dont la vie est un apostolat pour l’Islam, s’est forgé une place de premier plan à ses dimensions et a su s’imposer, se faire admirer et se faire respecter par toutes les sommités religieuses en raison de sa vaste culture, de ses immenses ressources, produits d’une imagination en éveil.
Il s’est fait remarquer à l’occasion de toutes ses pérégrinations à travers maints pays, son bâton de pèlerin à la main, semant la bonne parole axée sur les dogmes de la religion. Que ce soit au Nigeria, au Ghana, au Niger, au Togo, en Sierra Léone, au Tchad, en Gambie, en Mauritanie en Arabie Saoudite, en Chine, aux Etats-Unis …, Baye Niasse s’est taillé une renommée qui tire sa source dans sa vaste culture puisant à tous les domaines.
Son érudition et sa piété lui attirent vite de nombreux adeptes. Dés 1930, il se proclame l’héritier de Cheikh Ahmad Tidiane Chérif et obtient l’allégeance massive de disciplines de son père ainsi que celle de nombreux cheikhs maures. Son aura ayant dépassé très tôt les frontières sénégalaises, il se retrouve, dès les années 60, à la tête d’une communauté transnationale de plusieurs millions de membres répartis aux quatre coins du globe.
Homme politique d’envergure
Il s’est ainsi illustré comme le premier Chef religieux ouest africain à avoir établi des contacts avec des organisations islamiques internationales. À ce titre, il fut membre de l’Académie de recherches de l’Université Al Azhar du Caire et un des fondateurs de la Ligue islamique mondiale basée à La Mecque.
Trait à son honneur, il a converti, contre vents et marées, des milliers de personnes, de races différentes, à la religion musulmane. Personnage hors série, aux connaissances incontestables, il a brillé de milles feux dans toutes les instances religieuses dont il était le guide éclairé pour ne pas dire le flambeau.
Nationaliste, il a été qualifié par ses biographes d’«homme politique d’envergure». Opposant irréductible à Senghor, il entretenait des relations étroites avec des leaders africains et arabes dont l’ancien président égyptien Gamal Abdel Nasser et le premier président du Ghana Kwame Nkrumah.
Baye Niasse disparut le 26 juillet 1975 dans une clinique de Londres. Si tant est que la pratique scrupuleuse de la religion, l’amour du prochain, les nobles actions, notre conduite ici-bas, doivent répondre pour nous, on serait tenté d’avancer qu’El Hadj Ibrahima Niasse doit dormir du sommeil des Justes dans la Paix du Seigneur.
Source: L'observateur (Senegal)
On meurt seul a dit Pascal. Non, non, ce n’est pas vrai. On ne meurt pas seul quand on laisse derrière soi, le sillage des grandes idées et une œuvre aussi gigantesque que cette mosquée qui indique, au passant attiré par la majesté des lieux, qu’une figure vénérée en a été l’artisan.
Né à Taïba Niassène dans la région de Kaolack en octobre 1900, El Hadj Ibrahima Niasse est le fils de El Hadj Abdoulaye, un grand dignitaire de la confrérie tidiane, et de Sokhna Astou Diankha.
C’est à Kaolack que El Hadj Ibrahima Niasse étudia les sciences religieuses (l’exégèse, la jurisprudence, l’arabe, la métrique, la rhétorique et la biographie du Prophète Mohamed (Psl) tout en cultivant un goût prononcé pour le mysticisme.
Au rappel à Dieu de son père en 1922, son frère aîné Mouhamed Khalifa prend en charge la communauté des Niassène tandis que Baye Niasse s’occupe de l’enseignement coranique dans les écoles de leur père.
De Kossi à Médina Baye
N’ayant pour seul viatique que sa foi inébranlable en Dieu, son amour immodéré pour le Prophète (Psl), son adoration passionnée pour le Coran, son culte de la religion, sa ferveur et sa vénération pour l’Islam, il s’est abreuvé aux sources du savoir à Taïba Niassène, fief des siens, auprès d’un père érudit et docte.
Grâce à un mysticisme éclairé, il a su, de bonne heure, se faire distinguer par une intelligence qui surprend tous ses condisciples. Armé pour la vie, déjà muni d’une vaste connaissance, le village de Kossi, où il s’installa en second lieu, fortifie ses connaissances religieuses et le rendit assez mûr pour affronter l’aventure.
Après un séjour assez prolongé, le voilà plus aguerri pour voler de ses propres ailes et fonder un bastion. Ce n’est pas par hasard si l’homme choisit comme lieu de prédilection Kaolack pour y ériger, à son image, le village de Médina. Son érudition, sa science, son talent et son éloquence, alliés à un prestige personnel mis au service du monde musulman, avaient largement dépassé nos frontières.
Il fit dix-sept (17) fois le pèlerinage aux lieux saints, indépendamment des "oumras", entraînant chaque fois des centaines de fidèles, témoignage éclatant de sa disponibilité pour les enseignements édictés par le religion.
Panafricaniste convaincu et citoyen du monde
L’homme, dont la vie est un apostolat pour l’Islam, s’est forgé une place de premier plan à ses dimensions et a su s’imposer, se faire admirer et se faire respecter par toutes les sommités religieuses en raison de sa vaste culture, de ses immenses ressources, produits d’une imagination en éveil.
Il s’est fait remarquer à l’occasion de toutes ses pérégrinations à travers maints pays, son bâton de pèlerin à la main, semant la bonne parole axée sur les dogmes de la religion. Que ce soit au Nigeria, au Ghana, au Niger, au Togo, en Sierra Léone, au Tchad, en Gambie, en Mauritanie en Arabie Saoudite, en Chine, aux Etats-Unis …, Baye Niasse s’est taillé une renommée qui tire sa source dans sa vaste culture puisant à tous les domaines.
Son érudition et sa piété lui attirent vite de nombreux adeptes. Dés 1930, il se proclame l’héritier de Cheikh Ahmad Tidiane Chérif et obtient l’allégeance massive de disciplines de son père ainsi que celle de nombreux cheikhs maures. Son aura ayant dépassé très tôt les frontières sénégalaises, il se retrouve, dès les années 60, à la tête d’une communauté transnationale de plusieurs millions de membres répartis aux quatre coins du globe.
Homme politique d’envergure
Il s’est ainsi illustré comme le premier Chef religieux ouest africain à avoir établi des contacts avec des organisations islamiques internationales. À ce titre, il fut membre de l’Académie de recherches de l’Université Al Azhar du Caire et un des fondateurs de la Ligue islamique mondiale basée à La Mecque.
Trait à son honneur, il a converti, contre vents et marées, des milliers de personnes, de races différentes, à la religion musulmane. Personnage hors série, aux connaissances incontestables, il a brillé de milles feux dans toutes les instances religieuses dont il était le guide éclairé pour ne pas dire le flambeau.
Nationaliste, il a été qualifié par ses biographes d’«homme politique d’envergure». Opposant irréductible à Senghor, il entretenait des relations étroites avec des leaders africains et arabes dont l’ancien président égyptien Gamal Abdel Nasser et le premier président du Ghana Kwame Nkrumah.
Baye Niasse disparut le 26 juillet 1975 dans une clinique de Londres. Si tant est que la pratique scrupuleuse de la religion, l’amour du prochain, les nobles actions, notre conduite ici-bas, doivent répondre pour nous, on serait tenté d’avancer qu’El Hadj Ibrahima Niasse doit dormir du sommeil des Justes dans la Paix du Seigneur.
Source: L'observateur (Senegal)