OCVIDH : Etes-vous Peulh, Halpulaar, Hartani ou Arabo-berbère ?
Il y a dans la terminologie que vous employez à dessein sur un ton humoristique, une allusion plus ou moins claire à l’ambiance du recensement national qui lui-même renvoie, à l’évidence, à la question de l’identité nationale. On pourrait presque en sourire, mais de tous les groupes que vous évoquez, il n’y en a qu’un qui est officiellement reconnu par la constitution dans les termes ainsi déclinés. Et il s’agit du groupe Halpulaar. Ayant pour langue maternelle le Pulaar, je vous répondrai volontiers que je suis Halpulaar, même si j’aurais également pu vous dire que je suis Peulh, car la conscience collective du groupe ethnique auquel j’appartiens veut que Halpulaar et Peulh veuillent dire la même chose dans l’optique d’une définition par rapport aux autres. En interne, on peut admettre un compartimentage articulé autour de repères comme le mode de vie, l’accent, la position sociale ou, par moment, des nuances phénotypiques. Bref, toutes ces considérations anthropologiques qui peuvent ennuyer vos lecteurs n’ont ici de sens que pour montrer combien les logiques politiciennes peuvent souvent conduire les hommes à se ridiculiser sans le savoir.
OCVIDH : Connaissez-vous Bâ Silèye, Ely Ould Dah, Cammara Aly Geladio ou Gabriel Cimper
Il s’avère que je connais tous ces hommes de nom. Et le fait est que dans le contexte d’un bureau de recensement, j’aurais répondu non. Ne serait-ce que parce que compte tenu de nos parcours politiques, permettez-moi de penser que nous n’aimons pas la même Mauritanie. Mais c’est la démocratie qui veut cela ; et je suis suffisamment tolérant pour admettre que nous soyons tous des citoyens mauritaniens égaux devant la loi et ayant les mêmes droits civiques. Et je ne vois donc pas pourquoi ma mauritanité devrait être appréciée à l’aune de mes accointances supposées ou non avec d’autres. De telles provocations ont pour seul but d’humilier.
OCVIDH : Pouvez-vous réciter la sourate « Tabaati Yaada » en six seconde ?
Je suis musulman et plutôt bon pratiquant. On peut donc supposer que je sois en capacité de le faire. Mais justement parce que je me crois bon musulman, je ne me vois pas réciter la parole de Dieu pour servir des visées séparatistes bien loin des valeurs de cette belle religion.
OCVIDH : Savez-vous comment faire le jagwaar ?
Non, je laisse cela aux spécialistes de la torture qui ont déroulé leurs pitoyables talents dans les geôles de Walata, Inal, Jreida et j’en passe.
OCVIDH : Lô Gourmo dit qu’il est Mauritanien, pourtant il y’a beaucoup de Lô au Sénégal, comme beaucoup de Keïta au Mali. Est-ce normal Monsieur Bâ ?
Ce qui n’est pas normal c’est cette situation qui oblige monsieur Lô, par souci de pédagogie, de devoir rappeler de telles banalités que tout le monde connaît dans notre sous région. Je trouve simplement qu’on a eu raison de penser très tôt que la question identitaire est bel bien centrale en Mauritanie. Tout nous le rappelle aujourd’hui…
OCVIDH : La majorité des sahraouis du Polisario sont aussi des Ould, cela signifie-t-il que tous les Ould de la Mauritanie sont des sahraouis ?
Mais bien sûr que non ! Si on rentre dans ce jeu de la localisation géographique des patronymes, le puzzle serait compliqué à reconstituer…
OCVIDH : Comment se fait-il que les harratins soient considérés comme des arabo-berbères alors qu’ils sont toujours marginalisés par les maures dans toutes les structures de l’État mauritanien, et ce depuis toujours
Dans cette histoire il y a trois choses : il y a l’aspect constitutionnel qui ne reconnaît pas les Haratines comme groupe distinct des Arabes. Il y a l’aspect factuel qui fait d’eux une entité visible par sa couleur, distincte de ceux que nous appelons les Beydanes, par son nombre qui en fait le groupe le plus imposant en Mauritanie, et par sa condition qui en fait un groupe fortement discriminé. Et il y a enfin l’aspect revendicatif et identitaire qui reste le plus compliqué à déterminer. Comment les Haratines veulent aujourd’hui être positionnés dans le compartimentage ethnique du pays? Personnellement je n’en sais rien, car je n’ai aucun outil de mesure des opinions. J’entends bien que qu’il y a aujourd’hui une certaine tendance, notamment dans la jeune génération, à revendiquer un groupe Haratine à part. Quel poids a cette revendication au sein de la population haratine, honnêtement je ne saurais le dire. Ma position là-dessus a toujours été très claire. Il ne m’appartient pas de dire qui sont les Haratines. Il n’y a que les Haratines à dire qui ils sont. En tant que militant politique, il ne m’appartient que de soutenir la lutte que mène ce groupe pour l’abolition effective de l’esclavage qui gangrène son tissu et empoisonne son existence.
OCVIDH : Sur les 13 membres du conseil d’administration de l’enrôlement on compte 2 négro-africains et 4 sur 54 chefs de centres. Cela ne serait-il pas du racisme tout court
Le problème est plus profond que celui d’une simple représentation ethnique. Car n’eut été la crise de confiance que le système a installé entre lui et les négro-africains, cette sous représentation aurait posé moins d’inquiétude. Mais c’est bien parce que d’avance on craint, et à juste titre, que ce recensement comme tous les autres, va encore être l’occasion de nous exclure, que la nomination des chefs de centres sonne comme un prélude à cette fâcheuse tendance. Et vu ce qui se passe aujourd’hui, tout porte à croire que ce dosage n’est pas innocent. Pour répondre clairement à votre question, je dis qu’il ne faut pas avoir peur des mots : la volonté de certains d’exclure les noirs de ce pays est très claire. Et cela ne s’appelle pas autrement en français que par le mot « racisme ». Il appartient aux décideurs du pays de dire s’ils sont encore attachés à la paix dans ce pays ; car ce qui se dessine là nous conduit vers d’autres objectifs…
OCVIDH : À observer ce qui se passe, peut-on s’interroger sur le rôle des leaders négro-africains ?Sont-ils encore crédibles ?
Je fais confiance aux leaders négro-africains et mauritaniens tout court pour nous éviter une situation chaotique. Je ne serai pas celui qui va déjà désigner des « démissionnaires », ni celui qui va donner des leçons de crédibilité, car je sais que dans ma position de citoyen expatrié cela peut paraître facile. Mais néanmoins, nous pouvons légitimement attirer leur attention sur la profonde inquiétude qui se dégage du peuple et qui peut faire l’objet de crispations dangereuses pour l’unité de ce pays.
En termes plus clairs, dans l’entendement d’un négro-africain victime du régime raciste de TAYA, l’enrôlement de la population, c’est le moment où on dit qui est mauritanien et qui ne l’est pas. Vous comprendrez bien que pour nous ce moment soit traumatique ; surtout quand on sait qu’aujourd’hui encore, bien des nôtres vivant au Sénégal et au Mali sont de facto exclus de leur nationalité, précisément parce que les gouvernants ont décidé d’arrêter l’organisation de leur retour. On ne peut plus laisser faire de telles choses sans réagir. Nous n’allons pas passer toute notre existence à nous battre pour faire accepter notre appartenance à ce pays. Il y aura un moment où les pouvoirs publics devront prendre la mesure du danger d’implosion qui guette ce pays. Et le pire c’est que c’est par le fait même de ceux qu’ils ont désignés pour les représenter auprès des populations. C’est tout juste inadmissible.
OCVIDH : Que reste-t-il dans ce pays si ce n’est l’option de la violence ?
Il faut évidement tout faire pour éviter de tomber dans la violence. Ceux qui sabotent l’opération par de minables provocations ne visent que cela. C’est aux gouvernants de faire en sorte de les en empêcher. Ma conviction c’est que la violence ne doit jamais être une option, mais je suis suffisamment lucide pour savoir qu’elle peut être un état de fait. Car lorsqu’une population, à force de reculades, se retrouve le dos au mur, elle n’a plus qu’une solution : avancer. Et on n’en est plus loin !
OCVIDH : Pour paraphraser quelqu’un, ne peut-on pas dire : « honte à celui qui peut chanter pendant que Rome brûle » ?
Oui Lamartine, car que c’est de lui qu’il s’agit, avait raison de dire « Honte à qui peut chanter pendant que Rome brûle, s’il n’a l’âme et la lyre et les yeux de Néron». Et c’est bien pour cette raison qu’il me parait important sur cette question de l’enrôlement qui, pour nous, est une question identitaire forte, de reprendre ma liberté de ton pour dire le fond de ma pensée
OCVIDH : En conclusion, que souhaiteriez-vous dire aux Mauritaniens ?
Je souhaite encore une fois marteler mon inquiétude. Voyez vous, ce qui me fait mal dans cette histoire, c’est qu’en Mauritanie, nous autres négro-africains avons l’impression de toujours courir après un nouveau défi pour réaffirmer notre existence. C’est comme si c’était une stratégie de la part du système qui nous exclut. Pour nous priver de la tranquillité nécessaire pour réclamer nos droits légitime au partage du pouvoir et des biens dans ce pays, j’ai l’impression qu’il y a une volonté de nous trouver à chaque fois des blocages qui nous forcent à concentrer notre énergie à défendre notre mauritanité ou le caractère bipolaire du pays. C’est par exemple le retrait insensé et incompréhensible de notre pays de la CEDEAO. Un retrait qui ne se justifie ni culturellement, ni économiquement. Par contre il obligera les négro-africains, plus sensibles à la question, à avoir un autre point de revendication pour les occuper. Et pendant ce temps, le pouvoir et les biens se distribuent exclusivement au sein de la communauté arabe. Il est bien grand temps de tirer les choses au clair et de dire une bonne fois pour toute quelle Mauritanie nous souhaitons bâtir. Et cette question se pose à l’ensemble des mauritaniens, même si la nécessité de la réponse est plus pressante pour les négro-africains. Car au moment où le monde bruit de révolutions pour la liberté des peuples, les négro-mauritaniens ne supportent plus d’être enfermés éternellement dans les enjeux du congrès d’Aleg.
L'équipe de "Rencontre avec ..." vous remercie d’avoir bien voulu répondre à ses questions.
Propos recueillis par Moulaye DIOUM
Responsable de la Communication de l'OCVIDH
Source: OCVIDH
Il y a dans la terminologie que vous employez à dessein sur un ton humoristique, une allusion plus ou moins claire à l’ambiance du recensement national qui lui-même renvoie, à l’évidence, à la question de l’identité nationale. On pourrait presque en sourire, mais de tous les groupes que vous évoquez, il n’y en a qu’un qui est officiellement reconnu par la constitution dans les termes ainsi déclinés. Et il s’agit du groupe Halpulaar. Ayant pour langue maternelle le Pulaar, je vous répondrai volontiers que je suis Halpulaar, même si j’aurais également pu vous dire que je suis Peulh, car la conscience collective du groupe ethnique auquel j’appartiens veut que Halpulaar et Peulh veuillent dire la même chose dans l’optique d’une définition par rapport aux autres. En interne, on peut admettre un compartimentage articulé autour de repères comme le mode de vie, l’accent, la position sociale ou, par moment, des nuances phénotypiques. Bref, toutes ces considérations anthropologiques qui peuvent ennuyer vos lecteurs n’ont ici de sens que pour montrer combien les logiques politiciennes peuvent souvent conduire les hommes à se ridiculiser sans le savoir.
OCVIDH : Connaissez-vous Bâ Silèye, Ely Ould Dah, Cammara Aly Geladio ou Gabriel Cimper
Il s’avère que je connais tous ces hommes de nom. Et le fait est que dans le contexte d’un bureau de recensement, j’aurais répondu non. Ne serait-ce que parce que compte tenu de nos parcours politiques, permettez-moi de penser que nous n’aimons pas la même Mauritanie. Mais c’est la démocratie qui veut cela ; et je suis suffisamment tolérant pour admettre que nous soyons tous des citoyens mauritaniens égaux devant la loi et ayant les mêmes droits civiques. Et je ne vois donc pas pourquoi ma mauritanité devrait être appréciée à l’aune de mes accointances supposées ou non avec d’autres. De telles provocations ont pour seul but d’humilier.
OCVIDH : Pouvez-vous réciter la sourate « Tabaati Yaada » en six seconde ?
Je suis musulman et plutôt bon pratiquant. On peut donc supposer que je sois en capacité de le faire. Mais justement parce que je me crois bon musulman, je ne me vois pas réciter la parole de Dieu pour servir des visées séparatistes bien loin des valeurs de cette belle religion.
OCVIDH : Savez-vous comment faire le jagwaar ?
Non, je laisse cela aux spécialistes de la torture qui ont déroulé leurs pitoyables talents dans les geôles de Walata, Inal, Jreida et j’en passe.
OCVIDH : Lô Gourmo dit qu’il est Mauritanien, pourtant il y’a beaucoup de Lô au Sénégal, comme beaucoup de Keïta au Mali. Est-ce normal Monsieur Bâ ?
Ce qui n’est pas normal c’est cette situation qui oblige monsieur Lô, par souci de pédagogie, de devoir rappeler de telles banalités que tout le monde connaît dans notre sous région. Je trouve simplement qu’on a eu raison de penser très tôt que la question identitaire est bel bien centrale en Mauritanie. Tout nous le rappelle aujourd’hui…
OCVIDH : La majorité des sahraouis du Polisario sont aussi des Ould, cela signifie-t-il que tous les Ould de la Mauritanie sont des sahraouis ?
Mais bien sûr que non ! Si on rentre dans ce jeu de la localisation géographique des patronymes, le puzzle serait compliqué à reconstituer…
OCVIDH : Comment se fait-il que les harratins soient considérés comme des arabo-berbères alors qu’ils sont toujours marginalisés par les maures dans toutes les structures de l’État mauritanien, et ce depuis toujours
Dans cette histoire il y a trois choses : il y a l’aspect constitutionnel qui ne reconnaît pas les Haratines comme groupe distinct des Arabes. Il y a l’aspect factuel qui fait d’eux une entité visible par sa couleur, distincte de ceux que nous appelons les Beydanes, par son nombre qui en fait le groupe le plus imposant en Mauritanie, et par sa condition qui en fait un groupe fortement discriminé. Et il y a enfin l’aspect revendicatif et identitaire qui reste le plus compliqué à déterminer. Comment les Haratines veulent aujourd’hui être positionnés dans le compartimentage ethnique du pays? Personnellement je n’en sais rien, car je n’ai aucun outil de mesure des opinions. J’entends bien que qu’il y a aujourd’hui une certaine tendance, notamment dans la jeune génération, à revendiquer un groupe Haratine à part. Quel poids a cette revendication au sein de la population haratine, honnêtement je ne saurais le dire. Ma position là-dessus a toujours été très claire. Il ne m’appartient pas de dire qui sont les Haratines. Il n’y a que les Haratines à dire qui ils sont. En tant que militant politique, il ne m’appartient que de soutenir la lutte que mène ce groupe pour l’abolition effective de l’esclavage qui gangrène son tissu et empoisonne son existence.
OCVIDH : Sur les 13 membres du conseil d’administration de l’enrôlement on compte 2 négro-africains et 4 sur 54 chefs de centres. Cela ne serait-il pas du racisme tout court
Le problème est plus profond que celui d’une simple représentation ethnique. Car n’eut été la crise de confiance que le système a installé entre lui et les négro-africains, cette sous représentation aurait posé moins d’inquiétude. Mais c’est bien parce que d’avance on craint, et à juste titre, que ce recensement comme tous les autres, va encore être l’occasion de nous exclure, que la nomination des chefs de centres sonne comme un prélude à cette fâcheuse tendance. Et vu ce qui se passe aujourd’hui, tout porte à croire que ce dosage n’est pas innocent. Pour répondre clairement à votre question, je dis qu’il ne faut pas avoir peur des mots : la volonté de certains d’exclure les noirs de ce pays est très claire. Et cela ne s’appelle pas autrement en français que par le mot « racisme ». Il appartient aux décideurs du pays de dire s’ils sont encore attachés à la paix dans ce pays ; car ce qui se dessine là nous conduit vers d’autres objectifs…
OCVIDH : À observer ce qui se passe, peut-on s’interroger sur le rôle des leaders négro-africains ?Sont-ils encore crédibles ?
Je fais confiance aux leaders négro-africains et mauritaniens tout court pour nous éviter une situation chaotique. Je ne serai pas celui qui va déjà désigner des « démissionnaires », ni celui qui va donner des leçons de crédibilité, car je sais que dans ma position de citoyen expatrié cela peut paraître facile. Mais néanmoins, nous pouvons légitimement attirer leur attention sur la profonde inquiétude qui se dégage du peuple et qui peut faire l’objet de crispations dangereuses pour l’unité de ce pays.
En termes plus clairs, dans l’entendement d’un négro-africain victime du régime raciste de TAYA, l’enrôlement de la population, c’est le moment où on dit qui est mauritanien et qui ne l’est pas. Vous comprendrez bien que pour nous ce moment soit traumatique ; surtout quand on sait qu’aujourd’hui encore, bien des nôtres vivant au Sénégal et au Mali sont de facto exclus de leur nationalité, précisément parce que les gouvernants ont décidé d’arrêter l’organisation de leur retour. On ne peut plus laisser faire de telles choses sans réagir. Nous n’allons pas passer toute notre existence à nous battre pour faire accepter notre appartenance à ce pays. Il y aura un moment où les pouvoirs publics devront prendre la mesure du danger d’implosion qui guette ce pays. Et le pire c’est que c’est par le fait même de ceux qu’ils ont désignés pour les représenter auprès des populations. C’est tout juste inadmissible.
OCVIDH : Que reste-t-il dans ce pays si ce n’est l’option de la violence ?
Il faut évidement tout faire pour éviter de tomber dans la violence. Ceux qui sabotent l’opération par de minables provocations ne visent que cela. C’est aux gouvernants de faire en sorte de les en empêcher. Ma conviction c’est que la violence ne doit jamais être une option, mais je suis suffisamment lucide pour savoir qu’elle peut être un état de fait. Car lorsqu’une population, à force de reculades, se retrouve le dos au mur, elle n’a plus qu’une solution : avancer. Et on n’en est plus loin !
OCVIDH : Pour paraphraser quelqu’un, ne peut-on pas dire : « honte à celui qui peut chanter pendant que Rome brûle » ?
Oui Lamartine, car que c’est de lui qu’il s’agit, avait raison de dire « Honte à qui peut chanter pendant que Rome brûle, s’il n’a l’âme et la lyre et les yeux de Néron». Et c’est bien pour cette raison qu’il me parait important sur cette question de l’enrôlement qui, pour nous, est une question identitaire forte, de reprendre ma liberté de ton pour dire le fond de ma pensée
OCVIDH : En conclusion, que souhaiteriez-vous dire aux Mauritaniens ?
Je souhaite encore une fois marteler mon inquiétude. Voyez vous, ce qui me fait mal dans cette histoire, c’est qu’en Mauritanie, nous autres négro-africains avons l’impression de toujours courir après un nouveau défi pour réaffirmer notre existence. C’est comme si c’était une stratégie de la part du système qui nous exclut. Pour nous priver de la tranquillité nécessaire pour réclamer nos droits légitime au partage du pouvoir et des biens dans ce pays, j’ai l’impression qu’il y a une volonté de nous trouver à chaque fois des blocages qui nous forcent à concentrer notre énergie à défendre notre mauritanité ou le caractère bipolaire du pays. C’est par exemple le retrait insensé et incompréhensible de notre pays de la CEDEAO. Un retrait qui ne se justifie ni culturellement, ni économiquement. Par contre il obligera les négro-africains, plus sensibles à la question, à avoir un autre point de revendication pour les occuper. Et pendant ce temps, le pouvoir et les biens se distribuent exclusivement au sein de la communauté arabe. Il est bien grand temps de tirer les choses au clair et de dire une bonne fois pour toute quelle Mauritanie nous souhaitons bâtir. Et cette question se pose à l’ensemble des mauritaniens, même si la nécessité de la réponse est plus pressante pour les négro-africains. Car au moment où le monde bruit de révolutions pour la liberté des peuples, les négro-mauritaniens ne supportent plus d’être enfermés éternellement dans les enjeux du congrès d’Aleg.
L'équipe de "Rencontre avec ..." vous remercie d’avoir bien voulu répondre à ses questions.
Propos recueillis par Moulaye DIOUM
Responsable de la Communication de l'OCVIDH
Source: OCVIDH