Balas, surnom de Alassane Hamady Soma BA, est un homme remarquable. A bien de points de vue, mais "Rencontre avec ..." en retiendra seulement deux. L'opérateur économique au succès éclatant et depuis quelques temps, le politique qui, tout en animant avec maestria le COPECO 89 RIM, fait ses "premiers pas" à l'AJD-MR.
Alors que tout donnait l'homme comme fini, le voilà qui revient avec plus de foi , d'énergie et de pugnacité rappeler qu'il faut encore compter avec lui. Balas est tel le phénix, une force qui réside en sa capacité de renaître de cendres . Mais il est avant tout un homme humble, un croyant convaincu qui respire la piété et la droiture. Ses prises de parole, parfois incendiaires prônent toujours l’unité des composantes de sa Mauritanie qu’il aime par dessus tout. Enfin, Balas est aussi l’homme de la réconciliation entre différentes composantes de l’opposition et associations de victimes qui, par moments et bien malheureusement, traversent des querelles subjectives et stériles ayant pour résultats d'affaiblir sa communauté, de la détourner des véritables enjeux .
Toujours aux côtés de ses parents et amis dans la détresse, dans les grandes joies, BA Alassane Hamady Soma, être attachant et sensible, à découvrir un petit plus au long de l'entretien qu'il a bien voulu donner en exclusivité à ocvidh.org/
"Rencontre avec BA Alassane Hamady Soma" sera en ligne sur votre site jeudi 13 mars 2008.
[édité par OCVIDH le 2008-03-13 08:28:40]
Alors que tout donnait l'homme comme fini, le voilà qui revient avec plus de foi , d'énergie et de pugnacité rappeler qu'il faut encore compter avec lui. Balas est tel le phénix, une force qui réside en sa capacité de renaître de cendres . Mais il est avant tout un homme humble, un croyant convaincu qui respire la piété et la droiture. Ses prises de parole, parfois incendiaires prônent toujours l’unité des composantes de sa Mauritanie qu’il aime par dessus tout. Enfin, Balas est aussi l’homme de la réconciliation entre différentes composantes de l’opposition et associations de victimes qui, par moments et bien malheureusement, traversent des querelles subjectives et stériles ayant pour résultats d'affaiblir sa communauté, de la détourner des véritables enjeux .
Toujours aux côtés de ses parents et amis dans la détresse, dans les grandes joies, BA Alassane Hamady Soma, être attachant et sensible, à découvrir un petit plus au long de l'entretien qu'il a bien voulu donner en exclusivité à ocvidh.org/
"Rencontre avec BA Alassane Hamady Soma" sera en ligne sur votre site jeudi 13 mars 2008.
[édité par OCVIDH le 2008-03-13 08:28:40]
Alassane Hamady Soma BA, bonjour. Voulez-vous dire à nos amis internautes qui est Balas ?
Depuis mon retour au pays, après ma très longue pérégrination qui m'avait fait voguer jusqu'au Kenya, j'ai répondu au moins dix fois à cette sempiternelle question en donnant mes nom et prénoms, mon cursus scolaire et professionnel.
Cette fois, et pour OCVIDH, je vous dispenserai de cette rengaine en disant réellement qui je suis.
- Je suis Alassane BA fils de Hamady Soma Bâ, lui-même fils de Demba Houleye BA.
Mon défunt père Hamady Soma BA né en 1925, passa sa jeunesse entre Cas-Cas et Aéré-Golléré non loin de Bababé .
C'est à partir de Aéré-Golléré, où il gérait l'unique boutique de la sous région et qui appartenait à son père, qu'il décida d'immigrer pour aboutir à Sélibaby en 1945 .
Attiré à cet autre bout du monde par la présence de son cousin qui y travaillait comme garde de cercle.
Pour immortaliser ce voyage, il organisa un célèbre dîner d'adieu et y invita l'ensemble de ses amis vivants dans tous les villages environnants. Les griots chantèrent cet évènement et le gravèrent dans l'histoire. Arrivé au pays des Soninké, armé de son expérience de gérant des boutiques de son papa cachant un don inné en la matière, il commença son petit commerce qui grandit au fil des années suivantes. Ainsi, il vécut à Sélibaby de 1945 à 1986 .Il était en même temps que les regrettés Adama Diany CAMARA (Père du Docteur Silly CAMARA), les frères DOUCOURE, Bocar MANGASSOUBA et Yéro Diyé DIALLO les premiers commerçants de Sélibaby des années 50. L'emplacement de sa concession où il édifia notre demeure paternelle, où je vis le jour en 1950 et sa boutique se trouvent en plein cœur de Bambaradougou pour ceux qui connaissent Sélibaby, en dit long ; c'est l'épicentre de la ville.
Demba Houleye BA, mon grand père paternel, était le plus grand commerçant de la sous région et avait ses succursales commerciales de Saldé à l'est jusqu'à Sarandogou, grosse bourgade située à l'ouest de Boghé en passant par Aéré-Golléré, Cas-Cas et Aéré-Mbar.
Les registres coloniaux de Aéré Mbar peuvent restituer à qui veut le savoir, les écritures des impôts qu'il acquittait.
Il était l'un des rares opérateurs économiques de cette époque lointaine.
Tout cela, c'est pour vous dire que je suis, celui dont les fils peuvent bomber fièrement leurs torses et se taper sur les poitrines , en disant à haute et intelligible voix que :
la Mauritanie est la terre de leurs ancêtres .
• Je suis l'instituteur Monsieur BA qui a enseigné de 1970 à 1982 à Sélibaby, Kankossa et Nouakchott et ce, durant douze années pleines et bien remplies. En 1981, j'ai obtenu la lettre de félicitations du directeur de l'enseignement de cette époque, Monsieur M'BODJ Samba Beddou pour avoir obtenu la meilleure note d'inspection de Nouakchott.
• Je puis affirmer sans être démenti par qui que ce soit, que plus de 900 petits mauritaniens sont, durant leur parcours scolaire, passés par mes mains. On compte parmi eux aujourd'hui plusieurs grands cadres dans notre administration (Ministres, Officiers supérieurs des armées, Walis, Professeurs d'Université, Directeurs de grandes Sociétés d'Etat ,Ingénieurs, Directeurs de Banques ,Fonctionnaires internationaux , etc.….)
• Je suis celui qui malgré tous ces services rendus à son Etat a été lâché par celui-ci le 24 avril 1989 et dont toute la famille n'a eu la vie sauve que grâce à la protection divine,
• Je suis alors, le citoyen pestiféré pour lequel l'Etat mauritanien a volé plus d'un milliard d'ouguiyas depuis ces évènements et refuse de le lui restituer.
• Je suis pourtant , l'homme d'affaires Balas qui a été plagié par les propriétaires de toutes ces multiples épiceries qui inondent les grandes villes de Mauritanie et principalement les grandes artères de la capitale Nouakchott , je suis en droit de réclamer mon droit d'auteur , n'est-ce pas ?
• Je suis celui qui durant mes années d'activités employait plus d'une trentaine de mauritaniens en payant, comme mon grand-père au temps colonial, l'ensemble des droits et taxes que le Trésor réclamait au moment où d'autres trouvaient des moyens non orthodoxes de le contourner jusqu'à la falsification du cachet de L'Etat, chose jamais vue nulle part au monde.
• Je suis cet empêcheur de tourner en rond qu'un commando spécial devait enlever nuitamment devant sa porte en 1993 pour aller le tuer à la plage de Nouakchott et l'incinérer dans son véhicule .
• C'était compter sans la protection divine.
• Par amateurisme et sous l'effet de la précipitation le commando rata sa proie et prit l'ami à mon jeune frère qui était venu me rendre visite, il est encore en vie c'est : Monsieur Bâ Amadou Demba dit Fary actuellement conseiller à la direction de Mauritel.
• Je suis celui qui écrit aux différents chefs d'état (Ely et Sidi) sans jamais obtenir de réponses encore moins leurs audiences, celui qu'aucune autorité ou responsable de l'Etat n'accepte de recevoir,
• Je suis celui qui a honoré son contrat avec son Etat,
• Je suis alors celui qui aujourd'hui du haut de ses 58 ans a la fierté de ne baisser les yeux devant personne, celui qui n'a aucun complexe d'infériorité vis-à-vis d'aucun responsable de cette administration ingrate et irrespectueuse des valeurs citoyennes,
• Je suis celui qui n'a jamais été et ne sera jamais un « SAFFAGUA »
• Je suis celui qui, au jugement dernier, devant le TRES GRAND JUGE portera plainte contre sa Mauritanie et ses principaux responsables, ses chefs d'Etat, pour spoliation de ses biens à l'ici bas, pour non-assistance à sa famille entière de plus de 20 membres en danger le 24 avril 1989, pour victime d'ingratitude de l'Etat,
• Je suis le père génétique de 13 enfants dont 10 ont obtenu leurs M.B.A, Bachelors, Master 1 des grandes universités américaines, françaises et sénégalaises sans que les services du ministère de l'enseignement ne leur ait accordé une seule bourse ,
• Je suis le Papa et le Tonton adoptif de milliers d'autres jeunes mauritaniens pulaar, soninkés, beïdanes et ouolofs, qui ont ramé pour décrocher leurs diplômes universitaires sans bourses de l'état et qui sont contraints de rester à l'étranger pour ne faire que des boulots dégradants d'agents de sécurité, d'employés de mairie, de baby siters alors que leur pays a besoin de leur expertise pour se développer .
• Je suis le « Moulé hamara »qui se dandeline toute la journée sur sa charrette et revient le soir ereinté, le docker qui ne gagne sa pitance qu’au gré des débarquements des marchandises des gros caïmans, le petit fonctionnaire qui ne peut plus joindre les deux bouts, le chômeur qui mendie tous les jours ,le cultivateur dont les récoltes pourrissent au village, le pêcheur qui ne trouve plus de poissons à cause des grands chalutiers des mêmes gros caïmans, la bonne à tout faire qui se réveille à 6 heures du matin pour ne se coucher qu’à minuit ; je suis celui là mais je peux dormir dès que je touche mon lit avec la conscience tranquille dans ma baraque ou ma chambrette , dans mon quartier insalubre ou ma « Kebba » alors que l'autre ,je dis bien l’autre ,dans sa superbe villa qui coûte une centaine de millions, sa 4x4 qui coûte des dizaines de millions ,ses meubles rutilants, ne dort plus à cause du stress permanent ,à moins d'ingurgiter des paquets de somnifères ,
• Je suis celui qui souhaite lutter pour le restant de ma vie et laisser comme héritage aux futures générations, le rétablissement de la VERITABLE DEMOCRATIE en Mauritanie où toutes ses générations disais-je, sans distinction aucune, seront égales en droit et en devoir,
• Je suis celui qui ne veut qu’être le consul honoraire du Mali, l’avocat défenseur de tous les maliens vivants en Mauritanie, leur service social, pour Reconnaissance éternelle à son accueil gratuit du 10 Mai 1989 au 10 Mai 1990 à Bamako,quartier Lafia-Bougou, Sofima carré .
• 1000 Mercis à AMBADIO KASSOUGUE et à l’ensemble du peuple malien .
• Je suis le Président du Collectif des opérateurs économiques victimes des évènements de 1989 en Mauritanie
• Je suis le Secrétaire National chargé de l'économie de L'AJD/MR
• -Je suis, je suis …
Vous êtes un opérateur économique de grand talent. Avez-vous été victime du rouleau-compresseur du système Ould Taya ou des grands commerçants maures peu désireux de ' voir un kowri [NDLR : un Noir] piétiner leurs plates-bandes..? '
Je n'ai point besoin de répondre à cette question pour la simple raison que l'ensemble des mauritaniens, majeurs comme petits élèves du primaire des années 1989 se souviennent encore de ce qu'on m'a fait.
Effectivement, le système en place ne m'a pas excusé d'avoir osé briser le mythe, d'avoir prouvé qu'un Noir était aussi capable qu'un autre à se faire une place au soleil en Mauritanie.
La Mauritanie est particulière, c'est le seul pays au monde où les libanais n'ont pas pu s'implanter alors que même sur la lune les américains les y ont trouvés qui vendaient du Coca Cola.
Plus grave, pour ce qui me concerne, cet ostracisme commercial a même pu embrigader les grands imams des mosquées de Nouakchott qui ont participé à la danse en stigmatisant la vente des cuisses de poulets, quand j'étais ici le principal importateur de ce produit.
Des sermons spéciaux étaient prononcées les vendredis dans les grandes mosquées de Nouakchott et des tracts avaient inondés les rues de Nouakchott, pour dire que c'est une viande « harame », qui a été égorgée par des catholiques, hors le rite islamique « hallal »;
Il avait fallu la sincérité et l'arbitrage du grand Hamden Ould Tah pour faire voler en éclat leur machination et leur rappeler que les chrétiens aussi pratiquent une religion révélée.
C'est pour moi ici l'occasion de le remercier.
Je ne peux pas vous citer tous les blocages que je devais endurer quotidiennement durant toutes ces cinq années de 1984 à 1989 à Nouakchott, aux postes de contrôle de police routière ainsi qu'aux frontières.
Pendant quelques années, ce fut le black-out sur votre personne et vos activités. Une description de cette 'traversée du désert' ?
Avec ma maman, je devais effectuer ma Oumra le 24 avril 1989; c'est ce jour même que l'on a attaqué le Supermarché Balas. Cela ne me retint pas, une semaine après, j'envoyai toute ma famille à Sélibaby, croyant qu'elle y serait en sécurité et moi je pris l'avion pour Jeddah .
Sur le chemin du retour de la Mecque, entre Ndjaména et Niamey, c'est là que commença ma traversée du désert .
J'étais assis, pensif, dans l'avion qui me ramenait de la Mecque , à plus de 10 000 mètres d'altitude, quand le Commandant de bord fit une annonce pour demander à un certain Monsieur Balas de se présenter à l'avant de l'appareil .
Quand, je suis arrivé à sa cabine de pilotage et après que lui et son copilote se soient levés pour me serrer la main avec les plus grands honneurs pour me dire qu'il venait d'avoir l'ordre de dérouter l'avion, même s'il était sur la verticale de Nouakchott pour aller se poser sur un autre aéroport pour me sécuriser.
Il faut rappeler qu'en ce temps j'étais un client VIP d'Air Afrique dont le cargo venait chaque semaine d'Abidjan empli de produits exotiques pour le supermarché Balas.
Il me fit comprendre que si je descendais à Nouakchott, c'en était fini de moi, un détachement de police qui avait l'ordre m'attendait à l'aéroport ; ils se posèrent alors à Niamey où on me débarqua avant de m'acheminer à Bamako trois jours plus tard.
Après une escale d'un an complet à Bamako, la situation en Mauritanie s'empirant, j'ai continué ma tournée africaine : Abidjan, Lomé, Cotonou, Lagos, Brazzaville , Kinshasa, Goma et l'aéroport de Nairobi que je ne pus franchir à cause de mon passeport de réfugié qui m'avait été délivré au Zaïre.
Je revins sur mes pas jusqu'à Dakar en 1992 où mon frère et ami BA Bocar Baba Harane (Qu'Allah aie pitié de son âme) me convainc que je pouvais revenir sans risque à Nouakchott.
C'est pour moi l'occasion et à titre posthume de remercier ici Bocar Baba Harane Bâ qui prit mon passeport expiré à Dakar pour venir le proroger et pratiquement m'escorta pour me ramener dans mon propre pays. Qu'ALLAH ait pitié de son âme, qu'il repose en ce moment au paradis ! ! ! Amine ! ! !
Ce n'est pas fini ma traversée du désert, j'y suis toujours en plein, mais laissons-en pour mes mémoires.
COPECO 89 RIM, nouvelle structure parmi tant d'autres ou outil résolu de réinvestissement de la sphère économique par des acteurs –noirs, il faut bien le préciser- écartés sans ménagement ?
Avant qu'on eût déporté, violé, radié qui que ce soit, nous, opérateurs économiques avons été les premiers a être détruits, les premiers à être humiliés ;
Allah ! ! ! N'a-t-il pas interdit formellement de toucher aux biens, au sang et à l'honneur d'autrui ????
Ce matin du 24 avril 1989, nous étions les premières cibles, celles qui étaient les premières à être abandonnées par l'ÉTAT qui avait pourtant les moyens et l'obligation de nous protéger; Nous fûmes les premières victimes à payer les frais de la lâcheté doublée de traîtrise la plus abjecte de nos protecteurs, la démission la plus totale de notre Etat et de l'hérésie des vampires qui, la veille nous côtoyaient comme des frères.
Outil de réinvestissement ? Oui ! Tant que nous serons en vie on s'attellera à cela malgré la présence à ce jour du système et de la mentalité qui nous a combattus.
Pourquoi votre choix de l'AJD-MR comme parti ?
Je le disais, il y'a quelques jours.
Tous, je dis bien tous les autres partis, n'étant constitués que de « douilles politiques » ont montré la limite de leur ingéniosité, de leur perspicacité et ont fait preuve de leur incapacité à solutionner les problèmes mauritaniens.
Pour preuve, regardez dans qu'elle situation nous nous trouvons aujourd'hui et personne ne lève le plus petit doigt :
-La cherté de la vie, le sac de riz à 10 000 UM alors qu'il coûtait il y'a peu de temps 6 000 UM, le sac de lait 35 000 UM au lieu de 25 000, le litre d'Huile à 500 UM, le Kg de sucre, l'essence et j'en passe….
- La cohabitation entre les différentes communautés,
- La cartellisation des régions de la république en populations de l'est, populations du Nord qui, si on y prend garde nous conduira à la fédéralisation
- Le retard du rétablissement de la JUSTICE .Je vais me permettre de rappeler à mon aîné, l'ancien candidat Sidi devenu Président , qu'il avait promis devant ALLAH, de gérer la Mauritanie en bon père de famille .
Le bon père de famille met tous ses enfants, toutes ses épouses sur le même pied d'égalité. C'est à dire, il rétablit et instaure la justice.
Il sait plus que moi que LA JUSTICE est le seul pylône qui soutient la toiture céleste qui protège notre espace territorial; si ce pylône craquelle et s'écroule, ce sont les foudres célestes qui vont tomber sur nos têtes .
Plus grave, phénomène récent, la désertion organisée en plein jour, le mercenariat civil, le troc de la nationalité mauritanienne au su et au vu de tout le monde, contre quelques dirhams seulement.
Pour ma part, seules des «cartouches politiques» pourront redresser la barre et sauver la Mauritanie. A mon aîné Sidi, je dis que la pirogue prend de l'eau de toutes parts.
Au-delà des terribles constats que vous dressez, quels conseils donnez-vous à ceux qui se destinent aux en affaires en Mauritanie ?
Je n'ai point la prétention de donner conseils, j'ai toujours été pragmatique c'est-à-dire prêcher par l'exemple et malheureusement le mien est semé d'embûches qui vont dissuader plus d'un
Les JNC (Journées Nationales de Concertation) sont closes depuis près de quatre mois et toujours rien. Que vous inspire cette situation ?
J'ose espérer que je me trompe; j'espère que ce n'était pas seulement un faire-valoir à la veille de la rencontre du Club de Paris où il fallait de l'oxygène à la Mauritanie qui commençait à s'asphyxier et un premier trophée à notre jeune premier ministre Zeïne ould Zeïdane dont je loue la pugnacité.
Comment ressentez-vous le retour des 102 premiers déportés sur le total des 24.000 admis par les sources officielles ?
Avec grande amertume; on aurait pu nous passer de ce macabre souvenir.
Hélas, beaucoup d'autres ont été fauchés par la mort et n'ont pas eu cette immense joie de revenir chez eux.
Je ne peux m'empêcher de penser à eux tous mais surtout à mon frère et ami, SOW Amadou dit Ama plus Sélibabien que n'importe qui du Guidimaka et qui repose dans les cimetières lointains de Pikine au Sénégal, loin de sa ville et à son fils aîné Dr SOW Mamadou Amadou décédé aussi en exil ces jours-ci en France.
S'ils étaient de la fête du retour, elle allait être très agréable et belle.
Nous appartenons tous à Dieu et nous lui retournerons.
Le PNDD-ADDIL est né.[ Parti dirigé par le Secrétaire général de la Présidence et présenté comme celui du Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi.NDLR]Cela ne fait-il pas désordre de la part d'un homme qui se voulait au-dessus de structures partisanes ?
Le désordre est à la place publique du village et le ridicule ne tue plus ; il est envahi par les douilles politiques qui n'ont plus aucune efficacité et dont plusieurs d'entre eux partagent entièrement avec Maouya toute la responsabilité de ce qui s'était passé dans le pays .In Cha'Allah ! ! ! Eux aussi, un jour dégusteront le goût amer de l'exil comme Maouya le fait en ce moment au QATAR.
Comment pourront-ils faire du neuf avec du vieux et en plus des vieux chevaux de retour ?
Le peuple mauritanien n'est pas dupe, il sait qui est qui, qui représente quoi.
Quant à la deuxième partie de votre question je confierai au frère Sidi cet adage :
"Dis moi qui tu hantes je te dirai qui tu es". Evitons tant que faire se peut, la mauvaise compagnie, surtout quand on y est pas obligé.
Lui, il est un fervent musulman qui a promis devant ALLAH et de ce fait a suscité un espoir à l'ensemble du peuple ainsi qu'à nos partenaires étrangers, il n'a pas droit à l'erreur.
Vous rentrez d'un séjour en France. Point d'orgue de votre visite, une mission délicate de réconciliation au sein de AVOMM (Association d'Aide aux Veuves et Orphelins de Militaires Mauritaniens) Voulez-vous en dire plus ?
Je vais dire Merci avec M majuscule pour l'honneur qu'il ont fait à ma modeste personne en me permettant de réussir ou d'autres plus méritants que moi n'avaient pas pu aboutir.
Vous le savez, ce n'est point à moi que le mérite revient, mais plutôt à la Fatiha et Salat el Fatiha avec lesquelles on avait ouvert les discussions.
Cette réconciliation doit être le prélude à d'autres aussi importantes : AVOMM /CAMME/OCVIDH et encore sur le plan politique Les FLAM et L'AJD/MR.
Quand nous y arriverons, nous aurions abattu le plus grand mur qui nous séparait.
Ce mur est celui du narcissisme, de l'égoïsme et de l'infantilisme que traîne les membres de notre communauté.
Quand cette image, par ses fils de l'extérieur, abordera la communauté, nous de l'intérieur, enfourcherons le cheval de l'unité seul gage de notre réussite.
Le Président Ousmane SARR de AVOMM vient de lancer un appel au rapprochement AJD-MR et FLAM.
Comment cela a t-il été reçu au sein de votre formation ?
Cet appel a été bien entendu à l'AJD/MR et à mon retour je l'ai relayé. On en a débattu au bureau politique qui a chargé une commission spécialisée de s'occuper de la mise en forme de ces retrouvailles fraternelles.
Mieux L'AJD/MR s'est associé aux FLAM dans le deuil qui les a frappé avec la disparut ion de notre fils Docteur Sow Mamadou Amadou et a prié pour le repos de son âme.
Un message officiel de condoléances a été envoyé aux FLAM.
Un message à l'endroit de l'OCVIDH ?
Merci pour l'appui et l'aide colossale que OCVIDH et d'autres formations m'ont apportés pour faire se réconcilier les frères de AVOMM.
Je compte sur OCVIDH pour parachever l'accord scellé.
Merci pour l'interview qui m'a permis de me vider, de m'éclater, comme jamais je n'avais accepté de le faire.
Pour illustration, je vous propose les images désolantes de la destruction du Supermarché Balas le 24 Avril 1989
Merci d'avoir bien voulu répondre à nos questions
Propos recueillis par Almouda KEBE, Oumar SY et El Hadj Mady DRAME
Copyright © 2008 OCVIDH
Images du Supermarché Balas, datées du 24 avril 1989
Depuis mon retour au pays, après ma très longue pérégrination qui m'avait fait voguer jusqu'au Kenya, j'ai répondu au moins dix fois à cette sempiternelle question en donnant mes nom et prénoms, mon cursus scolaire et professionnel.
Cette fois, et pour OCVIDH, je vous dispenserai de cette rengaine en disant réellement qui je suis.
- Je suis Alassane BA fils de Hamady Soma Bâ, lui-même fils de Demba Houleye BA.
Mon défunt père Hamady Soma BA né en 1925, passa sa jeunesse entre Cas-Cas et Aéré-Golléré non loin de Bababé .
C'est à partir de Aéré-Golléré, où il gérait l'unique boutique de la sous région et qui appartenait à son père, qu'il décida d'immigrer pour aboutir à Sélibaby en 1945 .
Attiré à cet autre bout du monde par la présence de son cousin qui y travaillait comme garde de cercle.
Pour immortaliser ce voyage, il organisa un célèbre dîner d'adieu et y invita l'ensemble de ses amis vivants dans tous les villages environnants. Les griots chantèrent cet évènement et le gravèrent dans l'histoire. Arrivé au pays des Soninké, armé de son expérience de gérant des boutiques de son papa cachant un don inné en la matière, il commença son petit commerce qui grandit au fil des années suivantes. Ainsi, il vécut à Sélibaby de 1945 à 1986 .Il était en même temps que les regrettés Adama Diany CAMARA (Père du Docteur Silly CAMARA), les frères DOUCOURE, Bocar MANGASSOUBA et Yéro Diyé DIALLO les premiers commerçants de Sélibaby des années 50. L'emplacement de sa concession où il édifia notre demeure paternelle, où je vis le jour en 1950 et sa boutique se trouvent en plein cœur de Bambaradougou pour ceux qui connaissent Sélibaby, en dit long ; c'est l'épicentre de la ville.
Demba Houleye BA, mon grand père paternel, était le plus grand commerçant de la sous région et avait ses succursales commerciales de Saldé à l'est jusqu'à Sarandogou, grosse bourgade située à l'ouest de Boghé en passant par Aéré-Golléré, Cas-Cas et Aéré-Mbar.
Les registres coloniaux de Aéré Mbar peuvent restituer à qui veut le savoir, les écritures des impôts qu'il acquittait.
Il était l'un des rares opérateurs économiques de cette époque lointaine.
Tout cela, c'est pour vous dire que je suis, celui dont les fils peuvent bomber fièrement leurs torses et se taper sur les poitrines , en disant à haute et intelligible voix que :
la Mauritanie est la terre de leurs ancêtres .
• Je suis l'instituteur Monsieur BA qui a enseigné de 1970 à 1982 à Sélibaby, Kankossa et Nouakchott et ce, durant douze années pleines et bien remplies. En 1981, j'ai obtenu la lettre de félicitations du directeur de l'enseignement de cette époque, Monsieur M'BODJ Samba Beddou pour avoir obtenu la meilleure note d'inspection de Nouakchott.
• Je puis affirmer sans être démenti par qui que ce soit, que plus de 900 petits mauritaniens sont, durant leur parcours scolaire, passés par mes mains. On compte parmi eux aujourd'hui plusieurs grands cadres dans notre administration (Ministres, Officiers supérieurs des armées, Walis, Professeurs d'Université, Directeurs de grandes Sociétés d'Etat ,Ingénieurs, Directeurs de Banques ,Fonctionnaires internationaux , etc.….)
• Je suis celui qui malgré tous ces services rendus à son Etat a été lâché par celui-ci le 24 avril 1989 et dont toute la famille n'a eu la vie sauve que grâce à la protection divine,
• Je suis alors, le citoyen pestiféré pour lequel l'Etat mauritanien a volé plus d'un milliard d'ouguiyas depuis ces évènements et refuse de le lui restituer.
• Je suis pourtant , l'homme d'affaires Balas qui a été plagié par les propriétaires de toutes ces multiples épiceries qui inondent les grandes villes de Mauritanie et principalement les grandes artères de la capitale Nouakchott , je suis en droit de réclamer mon droit d'auteur , n'est-ce pas ?
• Je suis celui qui durant mes années d'activités employait plus d'une trentaine de mauritaniens en payant, comme mon grand-père au temps colonial, l'ensemble des droits et taxes que le Trésor réclamait au moment où d'autres trouvaient des moyens non orthodoxes de le contourner jusqu'à la falsification du cachet de L'Etat, chose jamais vue nulle part au monde.
• Je suis cet empêcheur de tourner en rond qu'un commando spécial devait enlever nuitamment devant sa porte en 1993 pour aller le tuer à la plage de Nouakchott et l'incinérer dans son véhicule .
• C'était compter sans la protection divine.
• Par amateurisme et sous l'effet de la précipitation le commando rata sa proie et prit l'ami à mon jeune frère qui était venu me rendre visite, il est encore en vie c'est : Monsieur Bâ Amadou Demba dit Fary actuellement conseiller à la direction de Mauritel.
• Je suis celui qui écrit aux différents chefs d'état (Ely et Sidi) sans jamais obtenir de réponses encore moins leurs audiences, celui qu'aucune autorité ou responsable de l'Etat n'accepte de recevoir,
• Je suis celui qui a honoré son contrat avec son Etat,
• Je suis alors celui qui aujourd'hui du haut de ses 58 ans a la fierté de ne baisser les yeux devant personne, celui qui n'a aucun complexe d'infériorité vis-à-vis d'aucun responsable de cette administration ingrate et irrespectueuse des valeurs citoyennes,
• Je suis celui qui n'a jamais été et ne sera jamais un « SAFFAGUA »
• Je suis celui qui, au jugement dernier, devant le TRES GRAND JUGE portera plainte contre sa Mauritanie et ses principaux responsables, ses chefs d'Etat, pour spoliation de ses biens à l'ici bas, pour non-assistance à sa famille entière de plus de 20 membres en danger le 24 avril 1989, pour victime d'ingratitude de l'Etat,
• Je suis le père génétique de 13 enfants dont 10 ont obtenu leurs M.B.A, Bachelors, Master 1 des grandes universités américaines, françaises et sénégalaises sans que les services du ministère de l'enseignement ne leur ait accordé une seule bourse ,
• Je suis le Papa et le Tonton adoptif de milliers d'autres jeunes mauritaniens pulaar, soninkés, beïdanes et ouolofs, qui ont ramé pour décrocher leurs diplômes universitaires sans bourses de l'état et qui sont contraints de rester à l'étranger pour ne faire que des boulots dégradants d'agents de sécurité, d'employés de mairie, de baby siters alors que leur pays a besoin de leur expertise pour se développer .
• Je suis le « Moulé hamara »qui se dandeline toute la journée sur sa charrette et revient le soir ereinté, le docker qui ne gagne sa pitance qu’au gré des débarquements des marchandises des gros caïmans, le petit fonctionnaire qui ne peut plus joindre les deux bouts, le chômeur qui mendie tous les jours ,le cultivateur dont les récoltes pourrissent au village, le pêcheur qui ne trouve plus de poissons à cause des grands chalutiers des mêmes gros caïmans, la bonne à tout faire qui se réveille à 6 heures du matin pour ne se coucher qu’à minuit ; je suis celui là mais je peux dormir dès que je touche mon lit avec la conscience tranquille dans ma baraque ou ma chambrette , dans mon quartier insalubre ou ma « Kebba » alors que l'autre ,je dis bien l’autre ,dans sa superbe villa qui coûte une centaine de millions, sa 4x4 qui coûte des dizaines de millions ,ses meubles rutilants, ne dort plus à cause du stress permanent ,à moins d'ingurgiter des paquets de somnifères ,
• Je suis celui qui souhaite lutter pour le restant de ma vie et laisser comme héritage aux futures générations, le rétablissement de la VERITABLE DEMOCRATIE en Mauritanie où toutes ses générations disais-je, sans distinction aucune, seront égales en droit et en devoir,
• Je suis celui qui ne veut qu’être le consul honoraire du Mali, l’avocat défenseur de tous les maliens vivants en Mauritanie, leur service social, pour Reconnaissance éternelle à son accueil gratuit du 10 Mai 1989 au 10 Mai 1990 à Bamako,quartier Lafia-Bougou, Sofima carré .
• 1000 Mercis à AMBADIO KASSOUGUE et à l’ensemble du peuple malien .
• Je suis le Président du Collectif des opérateurs économiques victimes des évènements de 1989 en Mauritanie
• Je suis le Secrétaire National chargé de l'économie de L'AJD/MR
• -Je suis, je suis …
Vous êtes un opérateur économique de grand talent. Avez-vous été victime du rouleau-compresseur du système Ould Taya ou des grands commerçants maures peu désireux de ' voir un kowri [NDLR : un Noir] piétiner leurs plates-bandes..? '
Je n'ai point besoin de répondre à cette question pour la simple raison que l'ensemble des mauritaniens, majeurs comme petits élèves du primaire des années 1989 se souviennent encore de ce qu'on m'a fait.
Effectivement, le système en place ne m'a pas excusé d'avoir osé briser le mythe, d'avoir prouvé qu'un Noir était aussi capable qu'un autre à se faire une place au soleil en Mauritanie.
La Mauritanie est particulière, c'est le seul pays au monde où les libanais n'ont pas pu s'implanter alors que même sur la lune les américains les y ont trouvés qui vendaient du Coca Cola.
Plus grave, pour ce qui me concerne, cet ostracisme commercial a même pu embrigader les grands imams des mosquées de Nouakchott qui ont participé à la danse en stigmatisant la vente des cuisses de poulets, quand j'étais ici le principal importateur de ce produit.
Des sermons spéciaux étaient prononcées les vendredis dans les grandes mosquées de Nouakchott et des tracts avaient inondés les rues de Nouakchott, pour dire que c'est une viande « harame », qui a été égorgée par des catholiques, hors le rite islamique « hallal »;
Il avait fallu la sincérité et l'arbitrage du grand Hamden Ould Tah pour faire voler en éclat leur machination et leur rappeler que les chrétiens aussi pratiquent une religion révélée.
C'est pour moi ici l'occasion de le remercier.
Je ne peux pas vous citer tous les blocages que je devais endurer quotidiennement durant toutes ces cinq années de 1984 à 1989 à Nouakchott, aux postes de contrôle de police routière ainsi qu'aux frontières.
Pendant quelques années, ce fut le black-out sur votre personne et vos activités. Une description de cette 'traversée du désert' ?
Avec ma maman, je devais effectuer ma Oumra le 24 avril 1989; c'est ce jour même que l'on a attaqué le Supermarché Balas. Cela ne me retint pas, une semaine après, j'envoyai toute ma famille à Sélibaby, croyant qu'elle y serait en sécurité et moi je pris l'avion pour Jeddah .
Sur le chemin du retour de la Mecque, entre Ndjaména et Niamey, c'est là que commença ma traversée du désert .
J'étais assis, pensif, dans l'avion qui me ramenait de la Mecque , à plus de 10 000 mètres d'altitude, quand le Commandant de bord fit une annonce pour demander à un certain Monsieur Balas de se présenter à l'avant de l'appareil .
Quand, je suis arrivé à sa cabine de pilotage et après que lui et son copilote se soient levés pour me serrer la main avec les plus grands honneurs pour me dire qu'il venait d'avoir l'ordre de dérouter l'avion, même s'il était sur la verticale de Nouakchott pour aller se poser sur un autre aéroport pour me sécuriser.
Il faut rappeler qu'en ce temps j'étais un client VIP d'Air Afrique dont le cargo venait chaque semaine d'Abidjan empli de produits exotiques pour le supermarché Balas.
Il me fit comprendre que si je descendais à Nouakchott, c'en était fini de moi, un détachement de police qui avait l'ordre m'attendait à l'aéroport ; ils se posèrent alors à Niamey où on me débarqua avant de m'acheminer à Bamako trois jours plus tard.
Après une escale d'un an complet à Bamako, la situation en Mauritanie s'empirant, j'ai continué ma tournée africaine : Abidjan, Lomé, Cotonou, Lagos, Brazzaville , Kinshasa, Goma et l'aéroport de Nairobi que je ne pus franchir à cause de mon passeport de réfugié qui m'avait été délivré au Zaïre.
Je revins sur mes pas jusqu'à Dakar en 1992 où mon frère et ami BA Bocar Baba Harane (Qu'Allah aie pitié de son âme) me convainc que je pouvais revenir sans risque à Nouakchott.
C'est pour moi l'occasion et à titre posthume de remercier ici Bocar Baba Harane Bâ qui prit mon passeport expiré à Dakar pour venir le proroger et pratiquement m'escorta pour me ramener dans mon propre pays. Qu'ALLAH ait pitié de son âme, qu'il repose en ce moment au paradis ! ! ! Amine ! ! !
Ce n'est pas fini ma traversée du désert, j'y suis toujours en plein, mais laissons-en pour mes mémoires.
COPECO 89 RIM, nouvelle structure parmi tant d'autres ou outil résolu de réinvestissement de la sphère économique par des acteurs –noirs, il faut bien le préciser- écartés sans ménagement ?
Avant qu'on eût déporté, violé, radié qui que ce soit, nous, opérateurs économiques avons été les premiers a être détruits, les premiers à être humiliés ;
Allah ! ! ! N'a-t-il pas interdit formellement de toucher aux biens, au sang et à l'honneur d'autrui ????
Ce matin du 24 avril 1989, nous étions les premières cibles, celles qui étaient les premières à être abandonnées par l'ÉTAT qui avait pourtant les moyens et l'obligation de nous protéger; Nous fûmes les premières victimes à payer les frais de la lâcheté doublée de traîtrise la plus abjecte de nos protecteurs, la démission la plus totale de notre Etat et de l'hérésie des vampires qui, la veille nous côtoyaient comme des frères.
Outil de réinvestissement ? Oui ! Tant que nous serons en vie on s'attellera à cela malgré la présence à ce jour du système et de la mentalité qui nous a combattus.
Pourquoi votre choix de l'AJD-MR comme parti ?
Je le disais, il y'a quelques jours.
Tous, je dis bien tous les autres partis, n'étant constitués que de « douilles politiques » ont montré la limite de leur ingéniosité, de leur perspicacité et ont fait preuve de leur incapacité à solutionner les problèmes mauritaniens.
Pour preuve, regardez dans qu'elle situation nous nous trouvons aujourd'hui et personne ne lève le plus petit doigt :
-La cherté de la vie, le sac de riz à 10 000 UM alors qu'il coûtait il y'a peu de temps 6 000 UM, le sac de lait 35 000 UM au lieu de 25 000, le litre d'Huile à 500 UM, le Kg de sucre, l'essence et j'en passe….
- La cohabitation entre les différentes communautés,
- La cartellisation des régions de la république en populations de l'est, populations du Nord qui, si on y prend garde nous conduira à la fédéralisation
- Le retard du rétablissement de la JUSTICE .Je vais me permettre de rappeler à mon aîné, l'ancien candidat Sidi devenu Président , qu'il avait promis devant ALLAH, de gérer la Mauritanie en bon père de famille .
Le bon père de famille met tous ses enfants, toutes ses épouses sur le même pied d'égalité. C'est à dire, il rétablit et instaure la justice.
Il sait plus que moi que LA JUSTICE est le seul pylône qui soutient la toiture céleste qui protège notre espace territorial; si ce pylône craquelle et s'écroule, ce sont les foudres célestes qui vont tomber sur nos têtes .
Plus grave, phénomène récent, la désertion organisée en plein jour, le mercenariat civil, le troc de la nationalité mauritanienne au su et au vu de tout le monde, contre quelques dirhams seulement.
Pour ma part, seules des «cartouches politiques» pourront redresser la barre et sauver la Mauritanie. A mon aîné Sidi, je dis que la pirogue prend de l'eau de toutes parts.
Au-delà des terribles constats que vous dressez, quels conseils donnez-vous à ceux qui se destinent aux en affaires en Mauritanie ?
Je n'ai point la prétention de donner conseils, j'ai toujours été pragmatique c'est-à-dire prêcher par l'exemple et malheureusement le mien est semé d'embûches qui vont dissuader plus d'un
Les JNC (Journées Nationales de Concertation) sont closes depuis près de quatre mois et toujours rien. Que vous inspire cette situation ?
J'ose espérer que je me trompe; j'espère que ce n'était pas seulement un faire-valoir à la veille de la rencontre du Club de Paris où il fallait de l'oxygène à la Mauritanie qui commençait à s'asphyxier et un premier trophée à notre jeune premier ministre Zeïne ould Zeïdane dont je loue la pugnacité.
Comment ressentez-vous le retour des 102 premiers déportés sur le total des 24.000 admis par les sources officielles ?
Avec grande amertume; on aurait pu nous passer de ce macabre souvenir.
Hélas, beaucoup d'autres ont été fauchés par la mort et n'ont pas eu cette immense joie de revenir chez eux.
Je ne peux m'empêcher de penser à eux tous mais surtout à mon frère et ami, SOW Amadou dit Ama plus Sélibabien que n'importe qui du Guidimaka et qui repose dans les cimetières lointains de Pikine au Sénégal, loin de sa ville et à son fils aîné Dr SOW Mamadou Amadou décédé aussi en exil ces jours-ci en France.
S'ils étaient de la fête du retour, elle allait être très agréable et belle.
Nous appartenons tous à Dieu et nous lui retournerons.
Le PNDD-ADDIL est né.[ Parti dirigé par le Secrétaire général de la Présidence et présenté comme celui du Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi.NDLR]Cela ne fait-il pas désordre de la part d'un homme qui se voulait au-dessus de structures partisanes ?
Le désordre est à la place publique du village et le ridicule ne tue plus ; il est envahi par les douilles politiques qui n'ont plus aucune efficacité et dont plusieurs d'entre eux partagent entièrement avec Maouya toute la responsabilité de ce qui s'était passé dans le pays .In Cha'Allah ! ! ! Eux aussi, un jour dégusteront le goût amer de l'exil comme Maouya le fait en ce moment au QATAR.
Comment pourront-ils faire du neuf avec du vieux et en plus des vieux chevaux de retour ?
Le peuple mauritanien n'est pas dupe, il sait qui est qui, qui représente quoi.
Quant à la deuxième partie de votre question je confierai au frère Sidi cet adage :
"Dis moi qui tu hantes je te dirai qui tu es". Evitons tant que faire se peut, la mauvaise compagnie, surtout quand on y est pas obligé.
Lui, il est un fervent musulman qui a promis devant ALLAH et de ce fait a suscité un espoir à l'ensemble du peuple ainsi qu'à nos partenaires étrangers, il n'a pas droit à l'erreur.
Vous rentrez d'un séjour en France. Point d'orgue de votre visite, une mission délicate de réconciliation au sein de AVOMM (Association d'Aide aux Veuves et Orphelins de Militaires Mauritaniens) Voulez-vous en dire plus ?
Je vais dire Merci avec M majuscule pour l'honneur qu'il ont fait à ma modeste personne en me permettant de réussir ou d'autres plus méritants que moi n'avaient pas pu aboutir.
Vous le savez, ce n'est point à moi que le mérite revient, mais plutôt à la Fatiha et Salat el Fatiha avec lesquelles on avait ouvert les discussions.
Cette réconciliation doit être le prélude à d'autres aussi importantes : AVOMM /CAMME/OCVIDH et encore sur le plan politique Les FLAM et L'AJD/MR.
Quand nous y arriverons, nous aurions abattu le plus grand mur qui nous séparait.
Ce mur est celui du narcissisme, de l'égoïsme et de l'infantilisme que traîne les membres de notre communauté.
Quand cette image, par ses fils de l'extérieur, abordera la communauté, nous de l'intérieur, enfourcherons le cheval de l'unité seul gage de notre réussite.
Le Président Ousmane SARR de AVOMM vient de lancer un appel au rapprochement AJD-MR et FLAM.
Comment cela a t-il été reçu au sein de votre formation ?
Cet appel a été bien entendu à l'AJD/MR et à mon retour je l'ai relayé. On en a débattu au bureau politique qui a chargé une commission spécialisée de s'occuper de la mise en forme de ces retrouvailles fraternelles.
Mieux L'AJD/MR s'est associé aux FLAM dans le deuil qui les a frappé avec la disparut ion de notre fils Docteur Sow Mamadou Amadou et a prié pour le repos de son âme.
Un message officiel de condoléances a été envoyé aux FLAM.
Un message à l'endroit de l'OCVIDH ?
Merci pour l'appui et l'aide colossale que OCVIDH et d'autres formations m'ont apportés pour faire se réconcilier les frères de AVOMM.
Je compte sur OCVIDH pour parachever l'accord scellé.
Merci pour l'interview qui m'a permis de me vider, de m'éclater, comme jamais je n'avais accepté de le faire.
Pour illustration, je vous propose les images désolantes de la destruction du Supermarché Balas le 24 Avril 1989
Merci d'avoir bien voulu répondre à nos questions
Propos recueillis par Almouda KEBE, Oumar SY et El Hadj Mady DRAME
Copyright © 2008 OCVIDH
Images du Supermarché Balas, datées du 24 avril 1989