Le Sénateur de l’Illinois, Barack Obama se trouve au coude à coude avec sa principale rivale Mme Hillary Clinton pour l’investiture des Démocrates en vue de l’élection présidentielle aux Etats-Unis en novembre prochain.
La communauté africaine basée aux Etats-Unis a manifestement des regards mitigés sur la candidature et les chances de réussite de Barack Obama en tant que président américain et sur ce que son administration pourrait signifier pour l’Afrique.
M. Bolly Bâ, un agent immobilier et homme d’affaires sénégalais basé à Silver Spring dans l’état du Maryland reconnaît son admiration envers Obama mais il émet certaines réserves sur le programme du sénateur de l’Illinois.
"J’admire l’homme mais il me faut voir son programme, notamment sur l’économie et l’immigration. Il me semble qu’il n’a pas de programme. Je ne voudrais pas voter pour lui simplement parce qu’il est noir », a-t-il confié à APA.
En revanche, ajoute-t-il, sceptique :« je ne crois pas que Obama va changer quelque chose en Afrique. Aux Etats-Unis, ce n’est pas l’individu qui gouverne mais plutôt les institutions. Obama peut avoir de bonnes intentions pour l’Afrique mais je ne suis pas convaincu qu’il pourra les réaliser.
M. Bâ espère néanmoins qu’il ne changera pas la politique étrangère. Je crois même qu’il fera moins que l’ancien président américain Bill Clinton. Est-ce qu’il sera élu ou non, on doit se rappeler que 62% de la population des Etats-Unis sont des blancs.
"Je ne crois pas que le Middle West qui a voté pour le Président Georges W. Bush va voter pour un candidat noir », affirme-t-il.
"Obama est la meilleure chance que puisse avoir la communauté noire à travers les Etats-Unis et l’Afrique en général", lance pour sa part, M. Martin Wuno, homme d’affaires camerounais établi à Beltsville, au Maryland.
Selon M. Wuno, le sénateur de l’Illinois peut avoir un impact sur la situation critique que vivent les noirs aux Etats-Unis.
« Il a aussi un grand intérêt en Afrique, il est un produit du patrimoine africain; il a toujours de solides relations familiales au Kenya, il tient à l’Afrique et n’a jamais renié ses racines », a expliqué M. Wuno, ajoutant que « que Obama peut aider l’Afrique ruinée par les dirigeants nationaux ».
M. Wuno a fait allusion aux efforts menés par le Sénateur quand il est intervenu durant la dernière crise au Kenya en invitant Raila Odinga à s’asseoir sans conditions préalables avec le président Mwai Kibaki en vue d’une résolution pacifique de la violence post-électorale qui a secoué le pays.
Quant à la polémique soulevée récemment par le pasteur de Obama de l’Eglise Unie de la Trinité du Christ à Chicago, le Révérend Jeremiah Wright, M. Wuno estime que le sénateur « ne devrait pas subir la foudre des points de vue de son pasteur. Il est son propre maître et ne doit pas nécessairement partager les opinions de son pasteur ».
L’homme d’affaires camerounais reconnaît le manque d’expérience de Obama devant son challenger, Hillary Clinton.
« Il pourra cependant compenser cette lacune quand il accède au pouvoir en s’entourant d’une équipe compétente», a conclu M. Wuno.
Selon M. Ibrahima Guèye, un enseignant sénégalais basé à Los Angeles, en Californie, la force de Obama repose sans doute sur ses talents de grand orateur.
« Il est très populaire auprès des jeunes américains, notamment les étudiants aussi bien blancs et noirs, mais je ne crois pas qu’il va faire quelque chose pour l’Afrique", indique M. Gueye.
Selon lui, e fait que son père soit Kenyan n’est pas important, être noir ne devrait pas être un prétexte pour être élu ou obtenir le soutien de la communauté noire.
Ceux qui mettent la couleur de la peau au premier plan doivent se rappeler qu’il n’est pas 100% noir, précise l’enseignant sénégalais qui n’apprécie l’attitude distante de Obama par rapport à la religion, "surtout quand son père et son beau-père étaient des musulmans ».
« Le couple Clinton a aussi beaucoup fait pour la communauté noire. Obama est jeune et a le temps de mûrir et d’acquérir plus d’expériences en vue d’une autre course à la Maison Blanche. Ses efforts ne sont pas vains ; c’est la première fois qu’un candidat noir arrive à ce stade des investitures », a ajouté M. Guèye.
Il révèle que ses enfants, qui étudient dans des collèges américains, sont horrifiés par ses points de vue sur la question et ne peuvent comprendre ses raisons de ne pas soutenir Obama.
"Je voudrais aller au-delà de la couleur et du charisme. Nous avons besoin d’un dirigeant sûr qui pourra conduire correctement sa mission", cnclut M. Guèye.
Mme Elisabeth Oloo, une professionnelle en ressources humaines à Washington d’origine kenyane indique le Sénateur Obama est un nouveau souffle dans une atmosphère peu enthousiaste de statu quo politique.
« Il incarne une alternance positive et je crois que c’est à cause de son héritage et ses origines raciaux », a-t-elle déclaré à APA.
La Kenyane croit que Obama pourrait apporter un changement politique en Afrique du fait qu’il "voit les choses sur différents angles", soulignant que sa vision du partenariat entre les secteurs privé et public dans le domaine de la santé avec plus de subventions aux personnes qui ne peuvent se prendre en charge.
Déplorant l’injustice des médias américaines au détriment de Obama, Mme Oloo « croit que c’est le milieu des affaires avec l’interférence des candidats de l’opposition qui cherchent à régler leur propre compte en fomentant toutes sortes de coups bas pour gagner les élections ».
« Le fait que le Sénateur Obama ait renoué avec son héritage africain est un bon signe" fait-elle remarquer.
Répondant à la question de savoir si les Américains sont prêts à élire un président noir, Mme Oloo estime que l’ancienne Amérique n’est encline à aucun changement.
«Si vous interrogez des Américains vivant dans les cités métropolitaines et les grandes villes, vous pouvez rencontrer des gens cosmopolites et assez ouverts pour tolérer (Obama) comme président, mais en milieu rural, vous verrez qu’il y a une grande majorité qui ne saurait accepter un président qui n’est pas anglo-saxon », a fait remarquer Mme Oloo.
« La popularité de Obama auprès des jeunes électeurs est sans doute ce qui lui donne son dynamisme dans le processus d’investiture des Démocrates », a ajouté la Kenyane.
Selon un autre Kenyan, un conseiller financier international basé à Alexandrie en Virginie, le Sénateur Obama est un brillant politicien qui a fait naître l’espoir au sein de la communauté afro-américaine.
«Obama peut apporter une nouvelle vision aux relations interraciales en Amérique ainsi que les questions africaines puisqu’il a embrassé ses origines kenyanes avant de devenir politicien », a expliqué M. PM qui se soucie cependant de la survie politique du sénateur.
«Vu mes racines africaines, mon cœur est fier de Obama et supporte sa candidature mais ma raison me dit qu’un nuage a éclipsé ses beaux jours et pourrait entacher sa candidature présidentielle », a-t-il conclu.
Les points de vue de la communauté africaine aux Etats-Unis sur le Sénateur Obama sont en fait très mitigés et parfois extrêmes.
Pour certains, Obama devrait bénéficier du vote et du soutien de toute la communauté noire simplement parce qu’il est noir et d’origine kenyane. D’autres, par contre, se disent convaincus qu’un noir ne réussira jamais à occuper le prestigieux fauteuil de la Maison blanche.
Source: APA
(M)
La communauté africaine basée aux Etats-Unis a manifestement des regards mitigés sur la candidature et les chances de réussite de Barack Obama en tant que président américain et sur ce que son administration pourrait signifier pour l’Afrique.
M. Bolly Bâ, un agent immobilier et homme d’affaires sénégalais basé à Silver Spring dans l’état du Maryland reconnaît son admiration envers Obama mais il émet certaines réserves sur le programme du sénateur de l’Illinois.
"J’admire l’homme mais il me faut voir son programme, notamment sur l’économie et l’immigration. Il me semble qu’il n’a pas de programme. Je ne voudrais pas voter pour lui simplement parce qu’il est noir », a-t-il confié à APA.
En revanche, ajoute-t-il, sceptique :« je ne crois pas que Obama va changer quelque chose en Afrique. Aux Etats-Unis, ce n’est pas l’individu qui gouverne mais plutôt les institutions. Obama peut avoir de bonnes intentions pour l’Afrique mais je ne suis pas convaincu qu’il pourra les réaliser.
M. Bâ espère néanmoins qu’il ne changera pas la politique étrangère. Je crois même qu’il fera moins que l’ancien président américain Bill Clinton. Est-ce qu’il sera élu ou non, on doit se rappeler que 62% de la population des Etats-Unis sont des blancs.
"Je ne crois pas que le Middle West qui a voté pour le Président Georges W. Bush va voter pour un candidat noir », affirme-t-il.
"Obama est la meilleure chance que puisse avoir la communauté noire à travers les Etats-Unis et l’Afrique en général", lance pour sa part, M. Martin Wuno, homme d’affaires camerounais établi à Beltsville, au Maryland.
Selon M. Wuno, le sénateur de l’Illinois peut avoir un impact sur la situation critique que vivent les noirs aux Etats-Unis.
« Il a aussi un grand intérêt en Afrique, il est un produit du patrimoine africain; il a toujours de solides relations familiales au Kenya, il tient à l’Afrique et n’a jamais renié ses racines », a expliqué M. Wuno, ajoutant que « que Obama peut aider l’Afrique ruinée par les dirigeants nationaux ».
M. Wuno a fait allusion aux efforts menés par le Sénateur quand il est intervenu durant la dernière crise au Kenya en invitant Raila Odinga à s’asseoir sans conditions préalables avec le président Mwai Kibaki en vue d’une résolution pacifique de la violence post-électorale qui a secoué le pays.
Quant à la polémique soulevée récemment par le pasteur de Obama de l’Eglise Unie de la Trinité du Christ à Chicago, le Révérend Jeremiah Wright, M. Wuno estime que le sénateur « ne devrait pas subir la foudre des points de vue de son pasteur. Il est son propre maître et ne doit pas nécessairement partager les opinions de son pasteur ».
L’homme d’affaires camerounais reconnaît le manque d’expérience de Obama devant son challenger, Hillary Clinton.
« Il pourra cependant compenser cette lacune quand il accède au pouvoir en s’entourant d’une équipe compétente», a conclu M. Wuno.
Selon M. Ibrahima Guèye, un enseignant sénégalais basé à Los Angeles, en Californie, la force de Obama repose sans doute sur ses talents de grand orateur.
« Il est très populaire auprès des jeunes américains, notamment les étudiants aussi bien blancs et noirs, mais je ne crois pas qu’il va faire quelque chose pour l’Afrique", indique M. Gueye.
Selon lui, e fait que son père soit Kenyan n’est pas important, être noir ne devrait pas être un prétexte pour être élu ou obtenir le soutien de la communauté noire.
Ceux qui mettent la couleur de la peau au premier plan doivent se rappeler qu’il n’est pas 100% noir, précise l’enseignant sénégalais qui n’apprécie l’attitude distante de Obama par rapport à la religion, "surtout quand son père et son beau-père étaient des musulmans ».
« Le couple Clinton a aussi beaucoup fait pour la communauté noire. Obama est jeune et a le temps de mûrir et d’acquérir plus d’expériences en vue d’une autre course à la Maison Blanche. Ses efforts ne sont pas vains ; c’est la première fois qu’un candidat noir arrive à ce stade des investitures », a ajouté M. Guèye.
Il révèle que ses enfants, qui étudient dans des collèges américains, sont horrifiés par ses points de vue sur la question et ne peuvent comprendre ses raisons de ne pas soutenir Obama.
"Je voudrais aller au-delà de la couleur et du charisme. Nous avons besoin d’un dirigeant sûr qui pourra conduire correctement sa mission", cnclut M. Guèye.
Mme Elisabeth Oloo, une professionnelle en ressources humaines à Washington d’origine kenyane indique le Sénateur Obama est un nouveau souffle dans une atmosphère peu enthousiaste de statu quo politique.
« Il incarne une alternance positive et je crois que c’est à cause de son héritage et ses origines raciaux », a-t-elle déclaré à APA.
La Kenyane croit que Obama pourrait apporter un changement politique en Afrique du fait qu’il "voit les choses sur différents angles", soulignant que sa vision du partenariat entre les secteurs privé et public dans le domaine de la santé avec plus de subventions aux personnes qui ne peuvent se prendre en charge.
Déplorant l’injustice des médias américaines au détriment de Obama, Mme Oloo « croit que c’est le milieu des affaires avec l’interférence des candidats de l’opposition qui cherchent à régler leur propre compte en fomentant toutes sortes de coups bas pour gagner les élections ».
« Le fait que le Sénateur Obama ait renoué avec son héritage africain est un bon signe" fait-elle remarquer.
Répondant à la question de savoir si les Américains sont prêts à élire un président noir, Mme Oloo estime que l’ancienne Amérique n’est encline à aucun changement.
«Si vous interrogez des Américains vivant dans les cités métropolitaines et les grandes villes, vous pouvez rencontrer des gens cosmopolites et assez ouverts pour tolérer (Obama) comme président, mais en milieu rural, vous verrez qu’il y a une grande majorité qui ne saurait accepter un président qui n’est pas anglo-saxon », a fait remarquer Mme Oloo.
« La popularité de Obama auprès des jeunes électeurs est sans doute ce qui lui donne son dynamisme dans le processus d’investiture des Démocrates », a ajouté la Kenyane.
Selon un autre Kenyan, un conseiller financier international basé à Alexandrie en Virginie, le Sénateur Obama est un brillant politicien qui a fait naître l’espoir au sein de la communauté afro-américaine.
«Obama peut apporter une nouvelle vision aux relations interraciales en Amérique ainsi que les questions africaines puisqu’il a embrassé ses origines kenyanes avant de devenir politicien », a expliqué M. PM qui se soucie cependant de la survie politique du sénateur.
«Vu mes racines africaines, mon cœur est fier de Obama et supporte sa candidature mais ma raison me dit qu’un nuage a éclipsé ses beaux jours et pourrait entacher sa candidature présidentielle », a-t-il conclu.
Les points de vue de la communauté africaine aux Etats-Unis sur le Sénateur Obama sont en fait très mitigés et parfois extrêmes.
Pour certains, Obama devrait bénéficier du vote et du soutien de toute la communauté noire simplement parce qu’il est noir et d’origine kenyane. D’autres, par contre, se disent convaincus qu’un noir ne réussira jamais à occuper le prestigieux fauteuil de la Maison blanche.
Source: APA
(M)