Sur la nationale qui mène à Nouakchott et à six Km de Rosso la capitale du Trarza se dresse PK6, l'un des sites des réfugiés mauritaniens rentrés au bercail depuis le mois de janvier 2008.
Au niveau de ce hameau ou tentes et huttes bâchées se côtoient dans un environnement austère, la vie ne fait pas toujours cadeaux à des populations pourtant rompues aux épreuves.
Ici, promiscuité et rigueurs climatiques disputent la vedette à la sobriété alimentaire. Néanmoins, ces dernières gardent le sourire, et veulent rapidement tourner cette page sombre de leur histoire.
Reportage
18 heures. Malgré l'imminence de la tombée de la nuit, une forte canicule règne sur les lieux.
A Pk6, vivent sept familles venant de Richard-Toll dans le département de Dagana depuis le mois de janvier dernier. Partie intégrante du premier contingent convoyé par le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (Hcr) ces populations d'ethnie Peulh tentent de reconstruire leur vie après deux décennies de déportation au Sénégal.
Sous le guide du patriarche, Moussa Amadou Bâ, cette communauté s'organise tant bien que mal pour redémarrer ses activités traditionnelles. Grâce a l'appui de l'Agence nationale d'accueil et d'insertion des réfugiés (Anair) instituée en janvier 2008, les occupants du hameau initient des activités génératrices de revenus.
Ainsi donc, outre 14 vaches laitières et des Kits complets de teinturerie, un magasin communautaire ou banque de céréales a été mis à la disposition de ces populations, confie le responsable de l'accueil et l'insertion, de l'Anair.
D'après Mohamed Ould Sidi Mohamed, l'intérêt de cette première dotation, est de permettre aux rapatriés de s'adonner sans délai à des activités.
« Par le biais d'une gestion collective, les deux coopératives villageoises s'organisent pour un approvisionnement correct en vivres et mènent des activités génératrices de revenus », ajoute M. Ould Sidi Mouhamed, avant de poursuivre que ces actions entrent dans le cadre la phase I du programme de l'agence dite « d'urgence », qui intègrent aussi l'alimentation en eau potable, la fourniture de médicaments de base, entre autres interventions.
L'objectif principal recherché était de rassurer ces populations, leur démontrer que le gouvernement mauritanien, à travers l'outil de mise en oeuvre de sa politique de gestion du dossier des réfugiés, est prêt et disposé à favoriser rapidement leur insertion, commente notre interlocuteur.
Et d'enchaîner : « Nous avons aussi remis une dotation aux habitants de Médina Salame et de Toulel Dieri, suivant les besoins, et préoccupations exprimés par les rapatriés eux-mêmes ».
Quoi que symbolique, cette « dotation de l'accueil » pour les premières familles installées sur le territoire national depuis le 29 janvier dernier, a été bien appréciée par les bénéficiaires.
Comme en témoigne la vielle Rougiyata Bâ. Pour cette sexagénaire dont le visage porte encore stigmates des longues années de galère, c'est un sentiment de joie et de soulagement qui anime aujourd'hui sa communauté. « Le fait de retrouver notre pays est déjà un pas qualitatif en direction de la réparation des nombreux préjudices et torts que nous avons endurés. Il n'est pas aisé d'oublier, mais nous avons pardonné ; car, nous pensons qu'il faut désormais repartir d'un nouveau pied, dans l'intérêt supérieur de la nation », a-t-elle fait remarquer, sur une note très fataliste.
Même sentiment chez la dame Kadiata Bâ, la responsable de l'une des deux coopératives du hameau. A l'en croire, tout doit être fait pour que les victimes dépassent au plus vite ce passé douloureux, avant de poursuivre que le chef de l'Etat Mauritanien Sidi Ould Mohamed Ould Cheikh Abdellahi a fait preuve d'un réel courage politique en s'attaquant dés son élection, au dossier des réfugiés vieux de deux décennies.
Ainsi donc, sous ce rapport, elle considère par exemple que les premières interventions du gouvernement mauritanien sont assez « rassurantes », même s'il reste encore beaucoup de chemin à parcourir afin que les « plaies » se cicatrisent complètement.
D'après elle, aussi bien les vaches laitières que le magasin communautaire ou le matériel de teinturerie, participent d'une reprise diligente des activités des rapatries. « C'est nous-mêmes qui avions exprimé ces préoccupations », tient-elle à rappeler, avant d'expliquer que les femmes du hameau, sobres dans le travail, ne réclament ni plus ni moins qu'une meilleure prise en charge de leurs conditions de vie par le biais d'allégement des travaux et la promotion d'activités génératrices de revenus.
Un avis fortement corroboré par Moussa Amadou Ba, le patriarche du groupe. Ce dernier se dit convaincu que « quand les femmes s'occupent et produisent, c'est toute la communauté qui le ressent ». Et les hommes dans tout cela ? « Nous oeuvrons à côté d'elles avec des activités d'élevage, en attendant de retrouver entièrement nos repères », dit-il, quelque peu nostalgique.
Quid de l'éducation et de la santé ?
Pour l'heure, les deux élèves de cette communauté sont pris en charge au niveau des établissements scolaires de Rosso (distant de 6 Km ) mais le hameau ne dispose d'aucune structure sanitaire.
Même si, au niveau de L'Anair, on s'empresse d'annoncer qu'un dispensaire va être bientôt construit au PK6 en sus d'autres actions prévues dans le cadre de la deuxième phase du programme. Celle-ci comporte d'autres volets pour un dévéloppement durable des zones d'accueil des rapatriés et des études sont en cours pour une meilleure valorisation du potentiel de ces sites où l'agriculture irriguée, la pêche continentale et l'élevage occupent une place essentielle à côté de l'électrification et de la densification du réseau routier, entre autres axes de développement.
Pour y arriver, l'Agence que dirige Moussa Fall depuis le 02 Janvier 2008 (date de sa création) compte s'appuyer sur les forces vives du pays, mais aussi les partenaires au développement.
D'ailleurs, une grande conférence sera organisée les prochains mois et où bailleurs de fonds et parties impliquée dans le règlement du dossier, plancheront sur les voies et moyens susceptibles, viables et durables à ces populations qui ont « volontairement » choisi de rentrer au bercail. D'autant plus que le patron de l'Anair donne l'assurance que n'importe quel nombre de rapatriés sera pris en considération, pourvu seulement qu'ils intègrent les dispositions de l'Accord tripartite (HCR/ Mauritanie /Sénégal) signé au mois de Novembre 2007 à Nouakchott.
Toutefois, en dépit de toutes ces mesures à l'actif de l'Anair, il demeure que les populations de Pk6 croulent aujourd'hui, sous le poids de la chaleur, sous les tentes où s'entassent plusieurs personnes. Ceci, sans occulter ces conditions incommodantes de promiscuité et de mal-vivre qui font que le chef de famille se voit « obligé » de partager le même logis que sa progéniture. Il urge de mettre un terme à cette situation très déplorable.
Car, il y va de la respectabilité, et de la dignité tout court de ces victimes d'événements qu'elles n'ont jamais provoqués. Aussi, sont-ils déterminées à tourner la page de ce sombre passé. Surtout que le gros bataillon des rapatriés est attendu dans un proche avenir.
Fara Sylla (envoyé spécial)
L'Office
Via CRIDEM
(M)
Au niveau de ce hameau ou tentes et huttes bâchées se côtoient dans un environnement austère, la vie ne fait pas toujours cadeaux à des populations pourtant rompues aux épreuves.
Ici, promiscuité et rigueurs climatiques disputent la vedette à la sobriété alimentaire. Néanmoins, ces dernières gardent le sourire, et veulent rapidement tourner cette page sombre de leur histoire.
Reportage
18 heures. Malgré l'imminence de la tombée de la nuit, une forte canicule règne sur les lieux.
A Pk6, vivent sept familles venant de Richard-Toll dans le département de Dagana depuis le mois de janvier dernier. Partie intégrante du premier contingent convoyé par le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (Hcr) ces populations d'ethnie Peulh tentent de reconstruire leur vie après deux décennies de déportation au Sénégal.
Sous le guide du patriarche, Moussa Amadou Bâ, cette communauté s'organise tant bien que mal pour redémarrer ses activités traditionnelles. Grâce a l'appui de l'Agence nationale d'accueil et d'insertion des réfugiés (Anair) instituée en janvier 2008, les occupants du hameau initient des activités génératrices de revenus.
Ainsi donc, outre 14 vaches laitières et des Kits complets de teinturerie, un magasin communautaire ou banque de céréales a été mis à la disposition de ces populations, confie le responsable de l'accueil et l'insertion, de l'Anair.
D'après Mohamed Ould Sidi Mohamed, l'intérêt de cette première dotation, est de permettre aux rapatriés de s'adonner sans délai à des activités.
« Par le biais d'une gestion collective, les deux coopératives villageoises s'organisent pour un approvisionnement correct en vivres et mènent des activités génératrices de revenus », ajoute M. Ould Sidi Mouhamed, avant de poursuivre que ces actions entrent dans le cadre la phase I du programme de l'agence dite « d'urgence », qui intègrent aussi l'alimentation en eau potable, la fourniture de médicaments de base, entre autres interventions.
L'objectif principal recherché était de rassurer ces populations, leur démontrer que le gouvernement mauritanien, à travers l'outil de mise en oeuvre de sa politique de gestion du dossier des réfugiés, est prêt et disposé à favoriser rapidement leur insertion, commente notre interlocuteur.
Et d'enchaîner : « Nous avons aussi remis une dotation aux habitants de Médina Salame et de Toulel Dieri, suivant les besoins, et préoccupations exprimés par les rapatriés eux-mêmes ».
Quoi que symbolique, cette « dotation de l'accueil » pour les premières familles installées sur le territoire national depuis le 29 janvier dernier, a été bien appréciée par les bénéficiaires.
Comme en témoigne la vielle Rougiyata Bâ. Pour cette sexagénaire dont le visage porte encore stigmates des longues années de galère, c'est un sentiment de joie et de soulagement qui anime aujourd'hui sa communauté. « Le fait de retrouver notre pays est déjà un pas qualitatif en direction de la réparation des nombreux préjudices et torts que nous avons endurés. Il n'est pas aisé d'oublier, mais nous avons pardonné ; car, nous pensons qu'il faut désormais repartir d'un nouveau pied, dans l'intérêt supérieur de la nation », a-t-elle fait remarquer, sur une note très fataliste.
Même sentiment chez la dame Kadiata Bâ, la responsable de l'une des deux coopératives du hameau. A l'en croire, tout doit être fait pour que les victimes dépassent au plus vite ce passé douloureux, avant de poursuivre que le chef de l'Etat Mauritanien Sidi Ould Mohamed Ould Cheikh Abdellahi a fait preuve d'un réel courage politique en s'attaquant dés son élection, au dossier des réfugiés vieux de deux décennies.
Ainsi donc, sous ce rapport, elle considère par exemple que les premières interventions du gouvernement mauritanien sont assez « rassurantes », même s'il reste encore beaucoup de chemin à parcourir afin que les « plaies » se cicatrisent complètement.
D'après elle, aussi bien les vaches laitières que le magasin communautaire ou le matériel de teinturerie, participent d'une reprise diligente des activités des rapatries. « C'est nous-mêmes qui avions exprimé ces préoccupations », tient-elle à rappeler, avant d'expliquer que les femmes du hameau, sobres dans le travail, ne réclament ni plus ni moins qu'une meilleure prise en charge de leurs conditions de vie par le biais d'allégement des travaux et la promotion d'activités génératrices de revenus.
Un avis fortement corroboré par Moussa Amadou Ba, le patriarche du groupe. Ce dernier se dit convaincu que « quand les femmes s'occupent et produisent, c'est toute la communauté qui le ressent ». Et les hommes dans tout cela ? « Nous oeuvrons à côté d'elles avec des activités d'élevage, en attendant de retrouver entièrement nos repères », dit-il, quelque peu nostalgique.
Quid de l'éducation et de la santé ?
Pour l'heure, les deux élèves de cette communauté sont pris en charge au niveau des établissements scolaires de Rosso (distant de 6 Km ) mais le hameau ne dispose d'aucune structure sanitaire.
Même si, au niveau de L'Anair, on s'empresse d'annoncer qu'un dispensaire va être bientôt construit au PK6 en sus d'autres actions prévues dans le cadre de la deuxième phase du programme. Celle-ci comporte d'autres volets pour un dévéloppement durable des zones d'accueil des rapatriés et des études sont en cours pour une meilleure valorisation du potentiel de ces sites où l'agriculture irriguée, la pêche continentale et l'élevage occupent une place essentielle à côté de l'électrification et de la densification du réseau routier, entre autres axes de développement.
Pour y arriver, l'Agence que dirige Moussa Fall depuis le 02 Janvier 2008 (date de sa création) compte s'appuyer sur les forces vives du pays, mais aussi les partenaires au développement.
D'ailleurs, une grande conférence sera organisée les prochains mois et où bailleurs de fonds et parties impliquée dans le règlement du dossier, plancheront sur les voies et moyens susceptibles, viables et durables à ces populations qui ont « volontairement » choisi de rentrer au bercail. D'autant plus que le patron de l'Anair donne l'assurance que n'importe quel nombre de rapatriés sera pris en considération, pourvu seulement qu'ils intègrent les dispositions de l'Accord tripartite (HCR/ Mauritanie /Sénégal) signé au mois de Novembre 2007 à Nouakchott.
Toutefois, en dépit de toutes ces mesures à l'actif de l'Anair, il demeure que les populations de Pk6 croulent aujourd'hui, sous le poids de la chaleur, sous les tentes où s'entassent plusieurs personnes. Ceci, sans occulter ces conditions incommodantes de promiscuité et de mal-vivre qui font que le chef de famille se voit « obligé » de partager le même logis que sa progéniture. Il urge de mettre un terme à cette situation très déplorable.
Car, il y va de la respectabilité, et de la dignité tout court de ces victimes d'événements qu'elles n'ont jamais provoqués. Aussi, sont-ils déterminées à tourner la page de ce sombre passé. Surtout que le gros bataillon des rapatriés est attendu dans un proche avenir.
Fara Sylla (envoyé spécial)
L'Office
Via CRIDEM
(M)