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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

O C I ] - Entretien avec... Penda Mbow : « Nous n’avons pas besoin de nous déguiser le temps d’une conférence, il faut respecter notre culture »


 O C I ] - Entretien avec... Penda Mbow : « Nous n’avons pas besoin de nous déguiser le temps d’une conférence, il faut respecter notre culture »
Peut-on imposer un statut à la femme musulmane, lui fixer une place dans la société ? Quels sont ses droits, ses devoirs ? Ces questions sont présentes dans bien des débats et les femmes s’en emparent de plus en plus. Alors que s’ouvre cette semaine le 11ème sommet de l’Oci, Penda Mbow, historienne et enseignante à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar jette un regard sur la situation de la femme musulmane. Au-delà de la question féministe, elle considère la réduction des inégalités entre l’homme et la femme comme un préalable indispensable au progrès


« La Sentinelle » : Cette semaine s’est ouvert à Dakar le 11 ème sommet de l’Organisation de la conférence islamique (Oci). Cette organisation peut-elle permettre de réduire les inégalités entre l’homme et la femme ?

Penda Mbow : L’Oci n’est rien d’autre que le reflet des Etats. Et dans les Etats, à l’intérieur des Etats, s’il n’y a pas véritablement une politique allant dans le sens de réduire les inégalités entre l’homme et la femme, naturellement, cela va se répercuter sur la composition même de l’Oci. Il faudra bien observer la composition des différentes délégations qui vont prendre part à cette réunion. Je pense qu’il y aura très peu de femmes. Parce que tout simplement, les Etats arabes dans leur majorité, sont des Etats où les femmes ne sont pas aux commandes. Et mieux, là où il y a une politique pour intégrer les femmes dans les instances de prise de décisions, on fera de telle sorte que les femmes ne se retrouvent pas au devant de la scène. On a affaire à des Etats qui mettent en avant la virilité. Les femmes sont exclues. On ne discute pas, au niveau de l’Oci, de certaines questions sociales. C’est une institution éminemment politique. J’ai été frappée, lors de la semaine culturelle de l’Arabie Saoudite. Je n’ai pas vu une seule femme se produire sur scène. Cela veut dire que dans ces pays, c’est une question qui n’est même pas à l’ordre du jour. Un pays comme le Sénégal sera obligé d’en tenir compte pour la composition de sa délégation. Et puis un autre phénomène. Quand je vois aujourd’hui, et ça je le dénonce de toutes mes forces, les hôtesses qui ont été recrutées. On dit qu’on va les voiler. J’espère qu’elles ne seront pas voilées car j’estime que la tenue vestimentaire au Sénégal peut refléter notre identité propre. Ce sont des tenues décentes que nous avons dans notre propre culture et nous n’avons pas besoin de nous déguiser le temps d’une conférence. Il faut respecter notre culture.

« La Sentinelle » : Quelle est la place de l’Islam dans la lutte des femmes aujourd’hui ?

P.M : L’Islam est une religion qui a beaucoup fait pour les femmes. Au XIIème siècle, et jusqu’à la seconde guerre mondiale, dans le pourtour de la Méditerranée, la femme musulmane était celle qui avait le plus de droits. Les choses ont commencé à changer après la seconde guerre mondiale, lorsqu’en Europe, les besoins de reconstruction ont fait qu’on a donné plus de droits à la femme. Le problème avec le monde musulman est qu’il a très peu avancé par rapport à ses acquis d’avant la période moderne. Les musulmans ont très peu fait pour réduire l’inégalité. Mais la situation est différente d’un pays à l’autre. Quand on considère un pays comme l’Iran, la mixité existe. Mais par ailleurs, le pouvoir de décision reste très patriarcal. Donc on ne peut pas comparer la situation de la femme en Iran à celle de la femme en Arabie Saoudite ou au Sénégal. Les cultures locales font la différence. Quand on considère l’Islam, il y a beaucoup de débats. Dans l’Islam des origines, la femme participait à tout. Elle jouait un rôle. Aujourd’hui, un certain nombre de droits sont restés. Il est évident que des débats, comme celui qui porte sur la polygamie, ne se pose pas dans des pays comme l’Iran ou l’Arabie Saoudite. Ce ne sont pas des sociétés où la polygamie est un phénomène commun. Alors qu’en Afrique, c’est un problème qu’on vit mais dont on ne discute pas et on le lègue à l’Islam. Mais ce n’est pas vraiment le fait de l’Islam. Je pense qu’une conférence comme celle de l’Oci devrait être précédée d’une grande conférence des femmes ressortissantes des pays musulmans pour leur permettre d’avancer et de faire des propositions à leur pays pour que la situation de la femme connaisse une certaine évolution.

« La Sentinelle » : Que répondriez vous à ceux qui affirment s’appuyer sur les textes sacrés, sur la tradition islamique, pour dire que la femme n’est pas l’égale de l’homme ?

P.M : Je travaille sur ces questions depuis très longtemps. Je crois qu’on a fait beaucoup d’avancées en matière de réflexion dans ce domaine. Tout dépend. Les femmes musulmanes intellectuelles ont élaboré au moins depuis les années 80, toute une réflexion sur ce qu’on peut appeler la pensée féministe en Islam. La publication du livre de Fatima Mernissi dans les années 80 a été un tournant. Il y a beaucoup de choses qui ont été discutées pour démontrer au fond, que c’est surtout l’interprétation qui impute à la femme musulmane cette situation d’infériorité. Quand on considère toutes les sourates qui parlent de dogmes, on ne peut pas dire qu’il n’y a pas égalité entre l’homme et la femme. Dieu s’adresse à l’homme et à la femme. C’est sur les questions de sociétés qu’il y a débat. Comme les sociétés évoluent, on ne peut pas réfléchir sur la société musulmane actuelle comme on réfléchissait au XIIème siècle.Il y a même une interprétation féministe des sourates du Coran. De ce point de vue, les femmes ont développé énormément d’arguments pour juguler cette vision qui fait appel à l’infériorité.

« La Sentinelle » : Il y aurait donc un fossé entre les prescriptions du Coran pour la femme musulmane et ce qui se fait dans la pratique, en particulier dans des pays comme l’Afghanistan ou l’Iran ?

P.M : Dans les différents pays, la coutume joue un rôle. Dans des pays comme l’Afghanistan, le Pakistan, ou même l’Inde, on applique ce qu’on appelle l’ « honor killing ». Les femmes sont tuées parce qu’elles auraient attenté à l’honneur de la famille. Cela, je crois que ce n’est pas le fait de l’Islam. Ce sont des sociétés patriarcales. Effectivement, l’Islam est né dans une société patriarcale et cela à une conséquence sur la perception que l’on en a. L’Islam est toujours convoqué pour ralentir le progrès, pour limiter les femmes dans l’espace public. Mais c’est très difficile de le faire et les évolutions sont notoires. Je crois qu’il n’y a pas un seul pays au monde où la femme n’aspire pas à plus de liberté et d’égalité.

« La Sentinelle » : Peut-on retrouver dans les livres Saints, des prescriptions qui correspondraient à un code de la famille, ou à un statut de la femme ?

P.M : Dans les livres Saints, il y a effectivement beaucoup de sourates. Il y a des codes de conduite expliquant comment gérer la femme, comment gérer les relations familiales, les relations sociales… Surtout comment régler les questions de l’héritage, les divorces. On le retrouve dans la sourate Al-Baqarah. Ce qui est important pour nous historiens, c’est de savoir quel était le contexte de l’époque, le contexte qui commandait l’arrivée de cette sourate. L’interprétation du Coran et des textes nécessite un certain nombre de compétences. Il faut connaître l’histoire de l’époque. Il faut connaître les conditions dans lesquelles les écoles juridiques se sont développées. A partir de ce moment on peut relativiser un certain nombre de choses.

« La Sentinelle » : Quel a été l’impact de la modernisation sur les sociétés musulmanes ?

P.M : Le contact entre les civilisations est très important. Déjà en Egypte, au XIXème siècle, le débat s’était posé. Le fait d’être en contact avec la civilisation occidentale, l’interpellation de la culture des droits de l’homme a poussé les musulmans à réagir. C’est une opposition très vive entre le monde musulman et l’Occident et la femme se trouve un peu prise en tenaille entre les différentes cultures. La femme joue un rôle extrêmement important dans la modernisation des sociétés. Maintenant elles mêmes se sont emparées du débat car au fond, elles veulent gagner en terme de maturité, gagner en terme d’autonomie, en terme d’indépendance, d’émancipation… Je pense que le monde musulman ne peut pas être un monde refermé sur lui-même et doit absolument s’ouvrir. Ce n’est pas un hasard si le débat sur le voile est un débat si passionné, y compris au cœur de l’Occident.

« La Sentinelle » : Quel rôle doit jouer la femme dans ce que l’on peut considérer comme son propre combat ? Un combat pour l’égalité d’accès au travail, à l’éducation…

P.M : Je crois que c’est un débat de société. Quand on parle de débat de société, tout le monde doit en faire partie. Aussi bien les femmes que les hommes. Tout le monde doit comprendre la nécessité de participer à ce débat parce que c’est le sens du progrès qui le commande. Les femmes intellectuelles doivent constituer l’avant-garde.

« La Sentinelle » : Mais les hommes sont- ils prêts à aller dans le sens du progrès ?

P.M : Ah oui !! Il y a des hommes qui sont prêts. Il y a des hommes qui se battent pour faire bouger les choses. Comme il y a des femmes qui sont conservatrices et qui ont peur du changement. Mais plus que les hommes, ce sont les femmes qui doivent se mobiliser pour défendre leur cause.



Source: Seneweb
(M)
Samedi 15 Mars 2008 - 16:08
Samedi 15 Mars 2008 - 16:18
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