Menaces d'expulsion : Les catholiques de Mbao battent le macadam

Le chemin de croix, en ce vendredi de carême, a été l’occasion pour les milliers de chrétiens de Mbao de manifester leur colère suite aux sérieuses menaces d’expulsion qui planent sur eux. Me Wade qui avait pourtant promis de les laisser occuper le centre de Mbao, ne semble pas tenir sa promesse.

Alors que le sommet de l’Organisation de la conférence islamique battait son plein, les catholiques du Sénégal ont manifesté hier à Mbao pour faire libérer leurs parcelles englouties par la boulimie foncière des gouvernants sénégalais. Le chemin de croix de ce vendredi de carême était l’occasion pour des milliers de catholiques, de manifester leur mécontentement, leur inquiétude face aux problèmes fonciers qui les assaillent. Après le cimetière Saint Lazare, sis à la Vdn, c’est en effet au tour du centre Pie XII de recevoir la visite des spéculateurs fonciers. Cette fois, ils veulent construire des villas grand standing, dénommées lotissements Baobabs, visibles sur la nationale 1, à hauteur de la mairie de Mbao.

Hier, vendredi donc, des milliers de fidèles ont porté des foulards rouges autour du bras et des badges où on pouvait lire ‘Ne touchez pas aux biens de l’Eglise’ pour demander au président Wade de respecter sa promesse, dans ce litige foncier. Un prêtre parmi la foule dirige les prières. La foule s’est d’abord déplacée vers la nationale 1 pour bénir les quelques lieux symboliques. Puis démarre la prière à mi-chemin. Sur le lieu exact de la prière, des chaises étaient bien rangées attendant les fidèles. Tous étaient alors en rouge. C’est dans la foi et la discipline que les milliers de fidèles ont écouté le message du prêtre, message de paix et d’engagement.

Il y a un an, jour pour jour, Me Wade, ayant eu écho des litiges fonciers auxquels faisaient face les catholiques de Mbao qui occupent le centre Pie XII depuis 1953 et qui allaient perdre ses locaux au profit des spéculateurs fonciers, avait réagi. François Ngor Ndiaye, président du conseil du secteur pastoral de Mbao, témoigne : ‘Suite à notre premier plan d’action, le président Wade a exigé que les terres nous soient restituées. Mieux, il nous avait promis de nous remettre des documents de propriété dignement signés qui nous mettraient à l’abri de toutes menaces. Mais depuis ce jour, nous n’avons rien vu, ni rien entendu. C’est pour lui rappeler sa promesse que nous avons arboré ces foulards rouges’.

En 2007, alors que le projet Baobab qui appartient, selon nos sources, à une grande personnalité de la musique sénégalaise, allait démarrer, les chrétiens étaient expulsés par des promoteurs. Il fallait trouver une zone d’extension pour les constructions Baobabs. Le centre Pie XII était alors le mieux placé. Mais les catholiques gagnent la bataille, en faisant même adhérer le président de la République à l’idée de leur céder définitivement les locaux. Mais aujourd’hui, cette menace d’expulsion pèse toujours sur les chrétiens de Mbao. ‘Nous allons continuer notre plan d’action avec le port des brassards rouges, jusqu’à ce que le président Wade tienne sa promesse de nous livrer des documents clairs’, explique François Ngor Ndiaye.

Le centre Pie XII a été acquis par la communauté catholique de Mbao en 1953. Il était alors destiné à la formation des jeunes catholiques et des mouvements de jeunesses tels que les scouts, la jeunesse ouvrière catholique, la jeunesse estudiantine catholique et tant d’autres mouvements de jeunesse et même des mouvements laïcs tels que les éclaireurs. Aujourd’hui, personne ne peut dire le nombre exact de jeunes sénégalais formés dans ce centre. Mais depuis l’alternance, des promoteurs privés s’attèlent, de connivence avec l’Etat du Sénégal, à s’emparer du centre. Pourquoi seulement les catholiques ?

Après le cimetière de Mbao, c’est aujourd’hui au tour du centre pie 12 de Mbao. Jamais l’alternance ne s’est attaquée à un lieu de culte des musulmans. Pourtant, les mosquées et autres lieux de cultes fleurissent comme des champignons partout dans le pays. Cette minorité religieuse silencieuse a pourtant un droit de culte. Mais si l’Etat et ses complices le dépossèdent de tous ses lieux de cultes, comment prier donc Dieu ? Dans tout Etat, une minorité est protégée. L’Onu est allée plus loin en mettant sur pied une déclaration sur les minorités qui est une sorte de charte. Mais depuis l’alternance, les droits de cette minorité religieuse sont comme bafoués. Les catholiques victimes de l’intolérance de nos gouvernants sont comme marginalisés, exclus de la gestion foncière.


Source: seneseb
(M)