C'était il y a 40 ans jour pour jour. Martin Luther King a été assassiné sur le balcon d'un motel de Memphis, un meurtre qui a soulevé l'indignation partout dans le le monde. Que penserait le leader noir de ce qu'est devenu son pays s'il revenait sur Terre? Comment jugerait-il Barack Obama, lui aussi à la merci d'un tireur même s'il est protégé par des gardes du corps des Services secrets?
Le 3 avril 1968, veille de son assassinat, Martin Luther King a prononcé son dernier discours, prophétisant sa propre mort: «Certains ont commencé à parler de menaces qui se profileraient. Qu'est-ce qui pourrait m'arriver de la part d'un de nos frères blancs malades? Eh bien, je ne sais pas ce qui va se passer maintenant. Des jours difficiles nous attendent.»
Héros du mouvement des droits civiques, Prix Nobel de la paix 1964, le pasteur baptiste d'Atlanta s'est retrouvé à Memphis pour soutenir la grève des éboueurs de la ville. Après avoir déclaré un an plus tôt son opposition à la guerre du Vietnam, il a embrassé une nouvelle cause, celle de la pauvreté, promettant de descendre sur Washington avec des dizaines de milliers d'indigents afin de réclamer une plus juste répartition de la richesse américaine.
«Comme tout le monde, j'aimerais vivre une longue vie, a ajouté Martin Luther King, la veille de sa mort. La longévité est importante. Mais je ne m'en soucie pas maintenant. Je veux juste accomplir la volonté de Dieu.»
Le lendemain, à l'âge de 39 ans, il a été tué d'une seule balle dans la tête sur le balcon d'un petit motel du centre de Memphis. On a trouvé dans sa serviette un sermon inachevé dont le titre évoque la déprime d'un visionnaire angoissé, «Pourquoi l'Amérique est promise à l'enfer».
Trop radical
Il y a deux ans, les funérailles de Coretta Scott King, veuve du pasteur assassiné, ont attiré à l'église Ebezener d'Atlanta le président républicain George W. Bush et tous ses prédécesseurs encore vivants. Celles de Martin Luther King n'ont fait bouger ni Lyndon Johnson, ni Dwight Eisenhower, ni Harry Truman, qui avaient pourtant tous joué un rôle dans l'élimination graduelle de la ségrégation raciale dans le Sud, la cause première de son martyre.
«Au moment de sa mort, Martin Luther Ling était perçu aux États-Unis comme un radical», dit Harvard Stikoff, professeur d'histoire à l'Université du New Hampshire et auteur d'un livre récent intitulé King: Pilgrimage To The Mountain Top. «Sa popularité était en chute libre depuis qu'il s'était mis à critiquer le capitalisme et l'impérialisme américains.»
Quarante ans plus tard, les États-Unis ne célèbrent pas ce Martin Luther King, préférant celui du boycottage des autobus de Montgomery, la manifestation de 1955 qui a marqué le début de la lutte pour les droits civiques des Noirs. Une décennie plus tard, après plusieurs autres événements cruciaux, dont un discours intitulé J'ai fait un rêve, le président Johnson a signé les lois garantissant aux Noirs les mêmes droits qu'aux Blancs dans les lieux publics ainsi que dans les bureaux de vote.
Inégalités durables
Né le 15 janvier 1929, quel regard Martin Luther King porterait-il sur les États-Unis aujourd'hui?
«Il aurait des raisons de sourire et des raisons de pleurer», répond Cliff Frazier, directeur d'une organisation new-yorkaise inspirée par l'action du pasteur (New York Metropolitan Martin Luther King Jr. Center for Non-Violence). «En voyant Barack Obama, il sourirait, se félicitant non seulement des succès politiques de ce jeune homme noir mais également de son opposition à la guerre en Irak.
«Il ne pourrait cependant ignorer les revers de sa communauté», ajoute l'ancien acteur, qui a déjà travaillé avec les Sidney Poitier et Ossie Davis. «La prison est devenue un rite de passage honorable pour une partie de notre jeunesse.»
Certaines statistiques mettent en lumière des inégalités durables. Des années 70 à aujourd'hui, le taux de chômage a diminué chez les Noirs, mais il est toujours resté le double de celui des Blancs, selon le gouvernement fédéral. Fin 2007, les Noirs composaient 40% de la population carcérale, eux qui ne représentaient que 13% de la population américaine, selon une étude de Human Rights Watch.
«Si nous croyons vraiment aux idéaux de Martin Luther King, nous avons la responsabilité d'agir, de changer les conditions dans lesquelles notre jeunesse évolue», dit Cliff Frazier.
Richard Hétu
Le 3 avril 1968, veille de son assassinat, Martin Luther King a prononcé son dernier discours, prophétisant sa propre mort: «Certains ont commencé à parler de menaces qui se profileraient. Qu'est-ce qui pourrait m'arriver de la part d'un de nos frères blancs malades? Eh bien, je ne sais pas ce qui va se passer maintenant. Des jours difficiles nous attendent.»
Héros du mouvement des droits civiques, Prix Nobel de la paix 1964, le pasteur baptiste d'Atlanta s'est retrouvé à Memphis pour soutenir la grève des éboueurs de la ville. Après avoir déclaré un an plus tôt son opposition à la guerre du Vietnam, il a embrassé une nouvelle cause, celle de la pauvreté, promettant de descendre sur Washington avec des dizaines de milliers d'indigents afin de réclamer une plus juste répartition de la richesse américaine.
«Comme tout le monde, j'aimerais vivre une longue vie, a ajouté Martin Luther King, la veille de sa mort. La longévité est importante. Mais je ne m'en soucie pas maintenant. Je veux juste accomplir la volonté de Dieu.»
Le lendemain, à l'âge de 39 ans, il a été tué d'une seule balle dans la tête sur le balcon d'un petit motel du centre de Memphis. On a trouvé dans sa serviette un sermon inachevé dont le titre évoque la déprime d'un visionnaire angoissé, «Pourquoi l'Amérique est promise à l'enfer».
Trop radical
Il y a deux ans, les funérailles de Coretta Scott King, veuve du pasteur assassiné, ont attiré à l'église Ebezener d'Atlanta le président républicain George W. Bush et tous ses prédécesseurs encore vivants. Celles de Martin Luther King n'ont fait bouger ni Lyndon Johnson, ni Dwight Eisenhower, ni Harry Truman, qui avaient pourtant tous joué un rôle dans l'élimination graduelle de la ségrégation raciale dans le Sud, la cause première de son martyre.
«Au moment de sa mort, Martin Luther Ling était perçu aux États-Unis comme un radical», dit Harvard Stikoff, professeur d'histoire à l'Université du New Hampshire et auteur d'un livre récent intitulé King: Pilgrimage To The Mountain Top. «Sa popularité était en chute libre depuis qu'il s'était mis à critiquer le capitalisme et l'impérialisme américains.»
Quarante ans plus tard, les États-Unis ne célèbrent pas ce Martin Luther King, préférant celui du boycottage des autobus de Montgomery, la manifestation de 1955 qui a marqué le début de la lutte pour les droits civiques des Noirs. Une décennie plus tard, après plusieurs autres événements cruciaux, dont un discours intitulé J'ai fait un rêve, le président Johnson a signé les lois garantissant aux Noirs les mêmes droits qu'aux Blancs dans les lieux publics ainsi que dans les bureaux de vote.
Inégalités durables
Né le 15 janvier 1929, quel regard Martin Luther King porterait-il sur les États-Unis aujourd'hui?
«Il aurait des raisons de sourire et des raisons de pleurer», répond Cliff Frazier, directeur d'une organisation new-yorkaise inspirée par l'action du pasteur (New York Metropolitan Martin Luther King Jr. Center for Non-Violence). «En voyant Barack Obama, il sourirait, se félicitant non seulement des succès politiques de ce jeune homme noir mais également de son opposition à la guerre en Irak.
«Il ne pourrait cependant ignorer les revers de sa communauté», ajoute l'ancien acteur, qui a déjà travaillé avec les Sidney Poitier et Ossie Davis. «La prison est devenue un rite de passage honorable pour une partie de notre jeunesse.»
Certaines statistiques mettent en lumière des inégalités durables. Des années 70 à aujourd'hui, le taux de chômage a diminué chez les Noirs, mais il est toujours resté le double de celui des Blancs, selon le gouvernement fédéral. Fin 2007, les Noirs composaient 40% de la population carcérale, eux qui ne représentaient que 13% de la population américaine, selon une étude de Human Rights Watch.
«Si nous croyons vraiment aux idéaux de Martin Luther King, nous avons la responsabilité d'agir, de changer les conditions dans lesquelles notre jeunesse évolue», dit Cliff Frazier.
Richard Hétu
Les moments clés
15 janvier 1929: naissance de Martin Luther King Jr.
5 juin 1955: obtention d'un doctorat en philosophie à l'Université de Boston
1er décembre 1955: arrestation de Rosa Parks à Montgomery
20 décembre 1956: fin du boycottage des autobus de Montgomery
28 août 1963: discours à Washington sur le thème J'ai fait un rêve
10 décembre 1964: obtention du prix Nobel de la paix
25 mars 1965: marche de Selma à Montgomery
4 avril 1967: discours à New York contre la guerre du Vietnam
4 avril 1968: assassinat de Martin Luther King
8 juin 1968: arrestation de James Earl Ray, reconnu coupable par la suite du meurtre de King
Source: cyberpresse
(M)
15 janvier 1929: naissance de Martin Luther King Jr.
5 juin 1955: obtention d'un doctorat en philosophie à l'Université de Boston
1er décembre 1955: arrestation de Rosa Parks à Montgomery
20 décembre 1956: fin du boycottage des autobus de Montgomery
28 août 1963: discours à Washington sur le thème J'ai fait un rêve
10 décembre 1964: obtention du prix Nobel de la paix
25 mars 1965: marche de Selma à Montgomery
4 avril 1967: discours à New York contre la guerre du Vietnam
4 avril 1968: assassinat de Martin Luther King
8 juin 1968: arrestation de James Earl Ray, reconnu coupable par la suite du meurtre de King
Source: cyberpresse
(M)