Une année après l’organisation des premières élections libres de l’histoire de la Mauritanie, le nouveau pouvoir du Président Sidi Ould Cheikh Abdellahi se cherche encore. Entre un front social marqué par une flambée sans précédent du prix des denrées de première nécessité, des problèmes sécuritaires qui ont eu des répercussions négatives sur l’image du pays et le tourisme en particulier, le retour des caciques de l’ancien régime qui ont fini d’embastiller le Président, la délicate question du retour des réfugiés etc., la marge de manœuvre des nouvelles autorités semble bien étroite. Il faut dire que depuis sa mise en place, le Gouvernement de Zein Ould Zeidane, au trois quart hémiplégique, s’est montré incapable d’améliorer le vécu des Mauritaniens dont le rang des mécontents ne cesse de croître. Les critiques à l’endroit du nouveau régime se font au grand jour même dans le camp de la majorité présidentielle. L’Etat de disgrâce commence-t-il à sonner pour le Président Ould Cheikh Abdellahi ?
Au lendemain de sa victoire à la présidentielle de mars 2007, le Président Sidi Ould Cheikh Abdellahi confiait les rennes de l’attelage gouvernemental à Zein Ould Zeidane, arrivé troisième à cette présidentielle et dont le soutien avait été décisif lors du deuxième tour. Ce choix était déjà fortement critiqué par la coalition El Mithaq (plus de 18 partis politiques), principal soutien du Président, largement majoritaire à l’Assemblée et au Sénat, qui estimait que ce poste revenait de droit à son camp.
Faut-il rappeler que cette coalition est un ramassis d’hommes d’affaires, grands commerçants, hauts cadres, politicards, etc., ayant soutenu avec becs et ongles le régime du Président Ould Taya. Obligé de composer avec cette nébuleuse politique dont le principal fait d’arme retentissait encore dans les oreilles des Mauritaniens : mise à sac générale du pays, le Président Sidi savait déjà qu’il aurait fort à faire. Le changement promis se ferait avec les anciens et il n’était point question de revenir sur les crimes économiques commis avant son élection. De quoi blanchir ses soutiens, insatiables budgétivores, qui salivaient déjà à l’idée de se voir confier de nouveaux gâteaux à engloutir. Neutralisés lors de la composition du Gouvernement ‘technocrate’ de Ould Zeidane, les anciens de Ould Taya revenaient par la grande porte en imposant au Président la création d’un parti. La vue des anciens visages dans ce nouveau parti, PNDD, ne laissait aucun doute quant à la pugnacité des zombies de l’ère Ould Taya qui estimaient qu’ils n’en avaient pas assez fait.
Entre temps, en raison d’une flambée des prix des denrées de première nécessité, de nombreuses villes entraient en ébullition. De nombreux blessés et même des pertes en vie humaines étaient enregistrés. La timide et tardive réponse du Gouvernement ne fera pas infléchir la situation : les Mauritaniens vivent de plus en plus mal et le lot de pauvres ne cesse de croître. Le plan d’urgence mis en place ne semble pas apporter les solutions attendues. Pis, la gestion de ce fonds (quelques milliards d’UM) est soumise à critique si bien qu’une commission parlementaire vient d’être constituée afin de faire la lumière sur ce dossier.
En dépit d’une conjoncture intérieure de plus en plus difficile, les autorités ont quand même remporté deux succès : le retour des déportés et le vote d’une loi criminalisant l’esclavage. Deux succès à relativiser car le retour des déportés connaît encore des ratés alors que des cas d’esclavage sont dénoncés pratiquement tous les jours. Alors que la situation était bien morose du fait de la baisse de la production pétrolière et d’une conjoncture internationale difficile, des Mauritaniens jihadistes assassinaient quatre touristes français à Aleg (Près de 250 km de Nouakchott). Trois jours après ce drame, des militaires mauritaniens se faisaient massacrer par des prétendus salafistes au Nord-Est du pays. Ces deux événements portaient un coup dur à l’image du pays, jusque là présenté comme un havre de paix. L’annonce de l’annulation du rallye Paris Dakar pour raison de sécurité dans le pays, enfonçait le clou d’une situation déjà pénible. Pris en étau par les politiques de l’ancien régime qui contrôlent les deux chambres du Parlement et les exigences de changement voulu par le peuple, le nouveau Président mauritanien est bien embarrassé. Un embarras d’autant plus manifeste que le Gouvernement de Zein Ould Zeidane bat les records d’impopularité. Cas poignant, c’est la majorité qui exige le départ du jeune Premier Ministre qui n’en finit plus de prendre des coups depuis sa désignation.
Une année après sa victoire, le Président Ould Cheikh Abdellahi est confronté à une multitude de difficultés. L’une des premières mesures qui urgent serait un changement de cap avec une nouvelle équipe ministérielle.
Birome Guèye
Source: africanglob
(M)
Au lendemain de sa victoire à la présidentielle de mars 2007, le Président Sidi Ould Cheikh Abdellahi confiait les rennes de l’attelage gouvernemental à Zein Ould Zeidane, arrivé troisième à cette présidentielle et dont le soutien avait été décisif lors du deuxième tour. Ce choix était déjà fortement critiqué par la coalition El Mithaq (plus de 18 partis politiques), principal soutien du Président, largement majoritaire à l’Assemblée et au Sénat, qui estimait que ce poste revenait de droit à son camp.
Faut-il rappeler que cette coalition est un ramassis d’hommes d’affaires, grands commerçants, hauts cadres, politicards, etc., ayant soutenu avec becs et ongles le régime du Président Ould Taya. Obligé de composer avec cette nébuleuse politique dont le principal fait d’arme retentissait encore dans les oreilles des Mauritaniens : mise à sac générale du pays, le Président Sidi savait déjà qu’il aurait fort à faire. Le changement promis se ferait avec les anciens et il n’était point question de revenir sur les crimes économiques commis avant son élection. De quoi blanchir ses soutiens, insatiables budgétivores, qui salivaient déjà à l’idée de se voir confier de nouveaux gâteaux à engloutir. Neutralisés lors de la composition du Gouvernement ‘technocrate’ de Ould Zeidane, les anciens de Ould Taya revenaient par la grande porte en imposant au Président la création d’un parti. La vue des anciens visages dans ce nouveau parti, PNDD, ne laissait aucun doute quant à la pugnacité des zombies de l’ère Ould Taya qui estimaient qu’ils n’en avaient pas assez fait.
Entre temps, en raison d’une flambée des prix des denrées de première nécessité, de nombreuses villes entraient en ébullition. De nombreux blessés et même des pertes en vie humaines étaient enregistrés. La timide et tardive réponse du Gouvernement ne fera pas infléchir la situation : les Mauritaniens vivent de plus en plus mal et le lot de pauvres ne cesse de croître. Le plan d’urgence mis en place ne semble pas apporter les solutions attendues. Pis, la gestion de ce fonds (quelques milliards d’UM) est soumise à critique si bien qu’une commission parlementaire vient d’être constituée afin de faire la lumière sur ce dossier.
En dépit d’une conjoncture intérieure de plus en plus difficile, les autorités ont quand même remporté deux succès : le retour des déportés et le vote d’une loi criminalisant l’esclavage. Deux succès à relativiser car le retour des déportés connaît encore des ratés alors que des cas d’esclavage sont dénoncés pratiquement tous les jours. Alors que la situation était bien morose du fait de la baisse de la production pétrolière et d’une conjoncture internationale difficile, des Mauritaniens jihadistes assassinaient quatre touristes français à Aleg (Près de 250 km de Nouakchott). Trois jours après ce drame, des militaires mauritaniens se faisaient massacrer par des prétendus salafistes au Nord-Est du pays. Ces deux événements portaient un coup dur à l’image du pays, jusque là présenté comme un havre de paix. L’annonce de l’annulation du rallye Paris Dakar pour raison de sécurité dans le pays, enfonçait le clou d’une situation déjà pénible. Pris en étau par les politiques de l’ancien régime qui contrôlent les deux chambres du Parlement et les exigences de changement voulu par le peuple, le nouveau Président mauritanien est bien embarrassé. Un embarras d’autant plus manifeste que le Gouvernement de Zein Ould Zeidane bat les records d’impopularité. Cas poignant, c’est la majorité qui exige le départ du jeune Premier Ministre qui n’en finit plus de prendre des coups depuis sa désignation.
Une année après sa victoire, le Président Ould Cheikh Abdellahi est confronté à une multitude de difficultés. L’une des premières mesures qui urgent serait un changement de cap avec une nouvelle équipe ministérielle.
Birome Guèye
Source: africanglob
(M)