Décédé vendredi dernier dans sa ville de Thiès, Kounta Mame Cheikh a été l’un des précurseurs de la chanson Wolof dans la musique sénégalaise moderne. Idole du Cayor dans les années 60 et 70, il interrompt brusquement une carrière à succès pour se recycler dans l’éducation des masses.
Jeune instituteur à l'école ‘Amadou Coly Diop’ où il exerce à la vieille des Indépendances, Kounta Mame Cheikh éprouve de la peine à dominer ses pulsions artistiques. Il ne résiste pas à l’appel de la scène. C'est ainsi qu'en 1957, il intègre la formation musicale, le Tropico Jazz de Thiès. Il fait ses premiers pas dans la chanson avec cet orchestre. Il montre alors un penchant remarqué pour la musique cubaine. De sa voix douce et suave, il reprend avec une aisance déconcertante les tubes venus de La Havane. Ce qui lui vaut très vite le sobriquet de ‘Rossignol’. L'élégant jeune-homme de l'époque fait alors le bonheur des mélomanes de son temps. Pendant les trois années qu'il passe au sein du Tropico Jazz, il se produit chaque soir à la place Agora de Thiès, qui se trouvait en face du cinéma du même nom. Son public est composé en grande partie de colons, des membres de la bourgeoisie locale et des militaires.
Malgré son succès, Kounta Mame Cheikh rompt son aventure avec le Tropico Jazz. Il quitte ses camarades de scène : Sagar Dia, Al Seye etc. Il forme alors, avec Michel Diouf, son propre groupe, le Cayor rythme. C'est d’ailleurs avec cette formation qu'il fera une participation remarquée à la Semaine de la jeunesse, en 1969. Il y interprète des titres restés célèbres dans l’histoire de la musique sénégalaise, comme Mélo, Dial Mbombé, Timis Baakoula Guène, Radio Sénégal reuy nga té tarou Nga. Le fond musical reste la salsa, mais les paroles sont chantées en Wolof, une nouveauté dans les oreilles des mélomanes. En effet, renseigne Ablaye Ndiaye du Thiossane Club, même si Kounta Mame Cheikh n'a pas été le premier à introduire les paroles en Wolof dans la musique sénégalaise moderne, il fait partie des précurseurs. ‘Après le chanteur Jean-Baptiste avec son titre Tiéré bala nèkh toye ; Badara Maye Kaba qui a chanté Birane Yacine Madior Sala Bigué et Pape Seck Dagana, auteur de Yakal lakh bi niorna, rappelle Ablaye Ndiaye, Kounta Mame Cheikh est l’un des tout premiers chanteurs sénégalais à lancer sur le marché sénégalais des morceaux chantés en Wolof’. Et dans ce registre, son titre Dial Mbombé Yacine Dial restera un tube fétiche, qui aura marqué beaucoup de générations de mélomanes.
Coup de théâtre ! Dans les années 70, le musicien à la notoriété affirmée surprend son monde. Il décide de mettre un terme à une carrière bien prometteuse. Une décision largement influencée par ses origines. Car, Kounta Mame Cheikh est issu d'une famille religieuse, très conservatrice. Son éducation prend, pendant qu'il est au summum de son art, le dessus sur ses amours de jeunesse, pour le pousser définitivement hors de la scène musicale. La transition s’est faite cependant en douceur, puisque l'homme conservera toujours d’étroits liens avec le monde artistique.
Après la scène, sa reconversion sera rapide. Il met à profit ses talents naturels de communicateur pour se consacrer à l’éducation populaire dans les domaines religieux ou social. Animateur de radio vers sa fin, il était très courant de le rencontrer sur le terrain, en reportage, malgré son âge très avancé et sa maladie qui l’a terrassé vendredi dernier.
Sidy Dieng
Source: walfad
(M)
Jeune instituteur à l'école ‘Amadou Coly Diop’ où il exerce à la vieille des Indépendances, Kounta Mame Cheikh éprouve de la peine à dominer ses pulsions artistiques. Il ne résiste pas à l’appel de la scène. C'est ainsi qu'en 1957, il intègre la formation musicale, le Tropico Jazz de Thiès. Il fait ses premiers pas dans la chanson avec cet orchestre. Il montre alors un penchant remarqué pour la musique cubaine. De sa voix douce et suave, il reprend avec une aisance déconcertante les tubes venus de La Havane. Ce qui lui vaut très vite le sobriquet de ‘Rossignol’. L'élégant jeune-homme de l'époque fait alors le bonheur des mélomanes de son temps. Pendant les trois années qu'il passe au sein du Tropico Jazz, il se produit chaque soir à la place Agora de Thiès, qui se trouvait en face du cinéma du même nom. Son public est composé en grande partie de colons, des membres de la bourgeoisie locale et des militaires.
Malgré son succès, Kounta Mame Cheikh rompt son aventure avec le Tropico Jazz. Il quitte ses camarades de scène : Sagar Dia, Al Seye etc. Il forme alors, avec Michel Diouf, son propre groupe, le Cayor rythme. C'est d’ailleurs avec cette formation qu'il fera une participation remarquée à la Semaine de la jeunesse, en 1969. Il y interprète des titres restés célèbres dans l’histoire de la musique sénégalaise, comme Mélo, Dial Mbombé, Timis Baakoula Guène, Radio Sénégal reuy nga té tarou Nga. Le fond musical reste la salsa, mais les paroles sont chantées en Wolof, une nouveauté dans les oreilles des mélomanes. En effet, renseigne Ablaye Ndiaye du Thiossane Club, même si Kounta Mame Cheikh n'a pas été le premier à introduire les paroles en Wolof dans la musique sénégalaise moderne, il fait partie des précurseurs. ‘Après le chanteur Jean-Baptiste avec son titre Tiéré bala nèkh toye ; Badara Maye Kaba qui a chanté Birane Yacine Madior Sala Bigué et Pape Seck Dagana, auteur de Yakal lakh bi niorna, rappelle Ablaye Ndiaye, Kounta Mame Cheikh est l’un des tout premiers chanteurs sénégalais à lancer sur le marché sénégalais des morceaux chantés en Wolof’. Et dans ce registre, son titre Dial Mbombé Yacine Dial restera un tube fétiche, qui aura marqué beaucoup de générations de mélomanes.
Coup de théâtre ! Dans les années 70, le musicien à la notoriété affirmée surprend son monde. Il décide de mettre un terme à une carrière bien prometteuse. Une décision largement influencée par ses origines. Car, Kounta Mame Cheikh est issu d'une famille religieuse, très conservatrice. Son éducation prend, pendant qu'il est au summum de son art, le dessus sur ses amours de jeunesse, pour le pousser définitivement hors de la scène musicale. La transition s’est faite cependant en douceur, puisque l'homme conservera toujours d’étroits liens avec le monde artistique.
Après la scène, sa reconversion sera rapide. Il met à profit ses talents naturels de communicateur pour se consacrer à l’éducation populaire dans les domaines religieux ou social. Animateur de radio vers sa fin, il était très courant de le rencontrer sur le terrain, en reportage, malgré son âge très avancé et sa maladie qui l’a terrassé vendredi dernier.
Sidy Dieng
Source: walfad
(M)