La profusion des langues en Afrique interdit de disposer d’une langue africaine ‘capable de servir de trait d’union’, estime la romancière sénégalaise Fatou Diome pour qui, les langues héritées de la colonisation ne doivent pas avoir de connotation étrangère.
Pour la romancière sénégalaise, Fatou Diome la nouvelle génération d’auteurs africains peut ‘tout à fait revendiquer la fin du complexe colonial’ lié au fait d’écrire en français ou anglais. ‘Quand j’utilise la langue de Voltaire, je n’ai pas le sentiment de l’emprunter aux Français. Cette langue nous appartient autant qu’à eux. Kateb Yacine disait que le français est un butin de guerre. Un butin de guerre, on le garde’, a soutenu Fatou Diome dans le dernier numéro de l’hebdomadaire Jeune Afrique. ‘Même si je suis d’origine sérère, le français n’est pas, pour moi, une langue étrangère puisque, quand j’étais petite, je l’entendais’, a fait valoir la native de Niodior, dans les îles du Saloum. ‘Je ne vis pas le français comme une langue subie, mais comme une langue désirée, aimée, savourée, adulée et, comme Senghor, je la mange (…) comme de la confiture’, a-t-elle assuré. Interrogée sur le fait que certains continuent de revendiquer l’utilisation de leurs langues maternelles, un demi-siècle après les indépendances, Fatou Diome se demande : ‘Avec quelle grammaire ? Quelle variété lexicale ?’. ‘Je ne sais pas dire épistémologie en sérère, non pas parce que ça n’existe pas dans ma langue maternelle, mais parce que personne ne s’est donné la peine de me l’enseigner’, a-t-il fait observer. ‘Et comme je veux atteindre un but, autant le faire dans la langue capable d’exprimer au plus prés ma pensée profonde’, poursuit l’auteur du Ventre de l’Atlantique. ‘Sans être vendus aux anciens colons, on peut objectivement reconnaître que, sans l’anglais et le français, les chefs d’Etat réunis au sein de l’Union africaine continueraient de communiquer avec un tam-tam’, a-t-elle encore soutenu.
Pour Fatou Diome, cela n’empêche que ‘nous pouvons tout à fait continuer à défendre nos langues locales, à les développer’. ‘Mais il faut assimiler, par cercles concentriques de plus en plus larges, toutes les autres cultures du monde’, a-t-elle souligné. ‘Le français offre cette possibilité-là’ et de plus ‘il n’y a aucune raison que les marchandises circulent et que la pensée, elle, reste immobile’, a-t-elle dit. ’Si j’avais écrit en sérère, je n’aurais jamais été lue au Japon’ par exemple.
‘C’est l’écriture en français qui m’a donné accès au monde’, fait-elle encore valoir.
Maiintenant, un Africain qui veut faire du populisme dira ‘écrivez dans vos langues, pas dans celle des Blancs’. C’est stupide. Bien sûr que, si on a des raisons de taper sur les Blancs, on ne va pas s’en priver. Mais ce n’est pas l’unique raison de notre écriture’, a indiqué Fatou Diome.
Source: walfad
(M)
Pour la romancière sénégalaise, Fatou Diome la nouvelle génération d’auteurs africains peut ‘tout à fait revendiquer la fin du complexe colonial’ lié au fait d’écrire en français ou anglais. ‘Quand j’utilise la langue de Voltaire, je n’ai pas le sentiment de l’emprunter aux Français. Cette langue nous appartient autant qu’à eux. Kateb Yacine disait que le français est un butin de guerre. Un butin de guerre, on le garde’, a soutenu Fatou Diome dans le dernier numéro de l’hebdomadaire Jeune Afrique. ‘Même si je suis d’origine sérère, le français n’est pas, pour moi, une langue étrangère puisque, quand j’étais petite, je l’entendais’, a fait valoir la native de Niodior, dans les îles du Saloum. ‘Je ne vis pas le français comme une langue subie, mais comme une langue désirée, aimée, savourée, adulée et, comme Senghor, je la mange (…) comme de la confiture’, a-t-elle assuré. Interrogée sur le fait que certains continuent de revendiquer l’utilisation de leurs langues maternelles, un demi-siècle après les indépendances, Fatou Diome se demande : ‘Avec quelle grammaire ? Quelle variété lexicale ?’. ‘Je ne sais pas dire épistémologie en sérère, non pas parce que ça n’existe pas dans ma langue maternelle, mais parce que personne ne s’est donné la peine de me l’enseigner’, a-t-il fait observer. ‘Et comme je veux atteindre un but, autant le faire dans la langue capable d’exprimer au plus prés ma pensée profonde’, poursuit l’auteur du Ventre de l’Atlantique. ‘Sans être vendus aux anciens colons, on peut objectivement reconnaître que, sans l’anglais et le français, les chefs d’Etat réunis au sein de l’Union africaine continueraient de communiquer avec un tam-tam’, a-t-elle encore soutenu.
Pour Fatou Diome, cela n’empêche que ‘nous pouvons tout à fait continuer à défendre nos langues locales, à les développer’. ‘Mais il faut assimiler, par cercles concentriques de plus en plus larges, toutes les autres cultures du monde’, a-t-elle souligné. ‘Le français offre cette possibilité-là’ et de plus ‘il n’y a aucune raison que les marchandises circulent et que la pensée, elle, reste immobile’, a-t-elle dit. ’Si j’avais écrit en sérère, je n’aurais jamais été lue au Japon’ par exemple.
‘C’est l’écriture en français qui m’a donné accès au monde’, fait-elle encore valoir.
Maiintenant, un Africain qui veut faire du populisme dira ‘écrivez dans vos langues, pas dans celle des Blancs’. C’est stupide. Bien sûr que, si on a des raisons de taper sur les Blancs, on ne va pas s’en priver. Mais ce n’est pas l’unique raison de notre écriture’, a indiqué Fatou Diome.
Source: walfad
(M)