En 1989, après l’épuration physique de milliers de pulaars pendant le conflit sénégalo-mauritanien par persécutions, intimidation, déportations au Sénégal/Mali et assassinats, un vaste programme de repopulation a été destiné aux sahraouis et aux touaregs pour teindre une Mauritanie exclusivement arabe, en violation flagrante du code de la nationalité en vigueur. Cette orientation était soutenue par les idéologies baathiste et nassériste pour la réalisation politique de la grande nation arabe. La Mauritanie s’exclut de la CEDEAO.
La peur récurrente de l’invasion du pays par les noirs sénégalais ou maliens a été déterrée vingt ans plus tard par le Premier Ministre Moulaye Ould Lagdhaf, galvaudé par le certificat de conformité au spécimen arabe délivré en octobre 2009 par Abdallah Al Ahmar, le Secrétaire Adjoint du parti Baath syrien en visite à Nouakchott déclarait « nous sommes arrivés à la conclusion que le peuple mauritanien, comme nous l'avons toujours connu, est un peuple arabe authentique attaché à son identité ». Le rapatriement des mauritaniens déportés au Sénégal est stoppé net. L'accord tripartite avec le HCR ne sera jamais signé pour enclencher le retour des déportés au Mali. Pour le gouvernement, aucun mauritanien n'a été déporté vers ce pays.
Et en décembre 2009, c'est l'indésirable Président Omar El Béchir, sous le coup d'un mandat d'arrêt international pour génocide et crimes contre l'humanité, qui débarque à Nouakchott. On apprendra plus tard par la voie de la Directrice des politiques agricoles l'acquisition par le Soudan de 100 000 hectares dans la vallée pour la culture du sucre, les noirs sont expropriés par de simples notes d'information affichées dans les préfectures. L'Arabie Saoudite emboîte le pas au Soudan, l'arabisation des terres de la Mauritanie du Sud est en marche, c'est la contrepartie de la forte part d'investissement de fonds arabes dans le pays après l'embargo financier de l'Occident sanctionnant le coup d'Etat du Général Mohamed Ould Abdel Aziz.
C'est dans ce contexte, alors que le pays disposait d’un Système d’Etat Civil correct, que Ould Laghdaf prononce le 6 janvier 2010 une déclaration de politique générale devant l'assemblée nationale et le gouvernement mauritanien s'empresse de lancer un appel d’offre international pour acquérir une nouvelle solution biométrique pour la fiabilisation et la sécurisation des documents nationaux, alors que la loi sur le nouveau code de l'Etat Civil n'est pas encore votée.
Sous prétexte que le fichier National des Identités n’est pas fiable, les autorités l’arrêtent brutalement, privant les populations de documents vitaux souvent exigés par l’administration ou les entreprises privées pendant les recrutements, concours etc...
Quelques heures après le discours du Premier Ministre cadrant les objectifs sécuritaires et ultra protectionnistes du futur système, SOS DISCRIMINES, constatant ces dérives nationalistes arabes et chauvines au sein du gouvernement ayant entraîné une proximité suspecte avec Khartoum et Damas, alerte l’opinion sur les risques d’une épuration ethnique administrative par cette phrase : « Nous recommandons la plus grande prudence dans ce que le Premier Ministre appelle ‘épuration de l’Etat Civil’. Le terme est franchement très mal choisi pour qui connaît l’histoire récente et douloureuse de ce pays. »
L'intégralité du communiqué de presse est consultable sur notre forum :
http://fr.dir.groups.yahoo.com/group/StopRacismeMauritanie/message/30
Après plusieurs atermoiements, l’enrôlement de la population est lancé en mai 2011 par le Président de la République, sans aucune concertation préalable avec les élus, les partis politiques et la société civile.
Actuellement les noirs non arabes éprouvent les plus grandes difficultés pour se faire enregistrer dans le nouveau système, confirmant les craintes de SOS DISCRIMINES de transformation du projet biométrique en opération d’épuration ethnique administrative qui viendrait compléter l’épuration physique entamée en 1989.
Beaucoup de citoyens ont des cartes d’identité expirées, perdues, détruites lors des évènements de 89...D'autres n’étaient pas en âge d’en établir au moment de l’arrêt de l’ancien système. Ce sont autant de sans papiers produits par l’Etat.
Pour être mauritanien, il suffit que l’un des ascendants, le père ou la mère, soit mauritanien. Le nouveau système présume que tout non arabe a une nationalité douteuse et exige que les parents soient enregistrés d’abord, c’est une violation du code la nationalité.
Le Ministre de l’Intérieur invité à l'assemblée pour répondre à une question orale consécutive à l'explosion du nombre de personnes rejetés, reste évasif sur la procédure appliquée dans les centres de recensement, renforçant les soupçons d'existence de consignes administratives cachées. La faiblesse des moyens humains et matériels déployés est criante bien que le projet ait englouti 6 milliards d'ouguiyas. Il remue à son tour l'épouvantail d'une invasion de la Mauritanie par les étrangers, qui viendrait dédouaner le zèle discriminatoire des membres des commissions départementales.
Acculé par une pluie d'interventions suscitée par ses réponses insuffisantes, le Ministre finit par estimer la durée de l’opération à... vingt ans!
Vingt ans, c’est le temps que les déportés au Sénégal ont attendu pour être rapatriés en Mauritanie sous l’égide du HCR. Prépare-t-on l’opération en sens inverse ?
Et pourtant les mauritaniens s’étaient résolument engagés sur la voie de la paix et de la réconciliation nationale depuis les journées nationales de concertation sur les graves violations de droits humains commis contre les noirstenues en novembre 2007, une solution de règlement consensuel de ce qui est communément appelé le passif humanitaire avait été ébauchée.
La prière de Kaédi pour le repos des victimes de l'extermination et la mesure récente de cartographie de leurs lieux d'inhumation sont des signes timides mais encourageants pour les devoirs de mémoire et de vérité. C'est tout cela que remet en cause les déviances baathistes du chef du gouvernement seul responsable des conséquences de cette problématique solution biométrique de négation de la mauritanité des non arabes. Ses dérapages sur la langue arabe ne sont que la face visible de certains dogmes dangereux et poussiéreux, que l'on ressort des tiroirs quand le rapport des forces est estimé favorable.
SOS DISCRIMINES,
consciente du risque potentiel de conflit ethnique que pourrait entraîner cette opération de recensement;
considérant la coïncidence du lancement de l'appel d'offre pour l'acquisition d'un nouveau système d'Etat Civil avec l'arrêt unilatéral du rapatriement des déportés par les autorités mauritaniennes, au moment où notre diplomatie est tournée vers les pays arabes peu respectueux de la diversité culturelle:
exige la démission du Premier Ministre Moulaye Ould Laghdaf; pour avoir engagé la responsabilité de son gouvernement dans la refonte de l'Etat Civil selon ses visions personnelles;
demande l’arrêt immédiat du projet biométrique pour la fiabilisation et la sécurisation des documents nationaux et le retour à l’ancien système de délivrance de pièces d’Etat civil;nous soutenons toutes les initiatives pour contrer ce projet par des manifestations pacifiques et non violentes ;
demande la reprise du rapatriement des mauritaniens déportés au Sénégal et la signature d’un accord avec le HCR pour ramener les déportés au Mali ;
incite les paysans du Sud de la Mauritanie à la résistance face aux expropriations et à refuser l'installattion de tout projet agricole qui ne tiendrait pas compte de leurs intérêts. Nous sommes farouchement opposés à la soudanisation des terres de la vallée;
encourage les autorités et le parlement à voter une loi criminalisant le racisme et toute autre forme de discrimination;
SOS DISCRIMINES est pour le droit à la nationalité pour tout étranger ayant séjourné dix ans en Mauritanie sans avoir commis un crime ou délit. Les étrangers dans le pays depuis plus de cinq ans doivent pouvoir voter aux élections municipales sans être éligibles.
Ces réformes permettront de dédramatiser la question de la nationalité et amenereront à un meilleur respect des étrangers. Nous ne sommes pas contre l'intégration de nos frères sahraouis ou touaregs, ils sont les bienvenus chez nous. ils ont été cités dans cet article uniquement pour rendre compte de l'histoire de l'épuration ethnique en Mauritanie.
Enfin, nous invitons les citoyens à rejoindre le mouvement « TOUCHE PAS A MA NATIONALITE » contre le projet biométrique, la prochaine manifestation est prévue pour le 7 juillet 2011 à 10H devant le centre de recensement d’El Mina.
Nouakchott, le 5 juillet 2011
SOS DISCRIMINES Mauritanie
La peur récurrente de l’invasion du pays par les noirs sénégalais ou maliens a été déterrée vingt ans plus tard par le Premier Ministre Moulaye Ould Lagdhaf, galvaudé par le certificat de conformité au spécimen arabe délivré en octobre 2009 par Abdallah Al Ahmar, le Secrétaire Adjoint du parti Baath syrien en visite à Nouakchott déclarait « nous sommes arrivés à la conclusion que le peuple mauritanien, comme nous l'avons toujours connu, est un peuple arabe authentique attaché à son identité ». Le rapatriement des mauritaniens déportés au Sénégal est stoppé net. L'accord tripartite avec le HCR ne sera jamais signé pour enclencher le retour des déportés au Mali. Pour le gouvernement, aucun mauritanien n'a été déporté vers ce pays.
Et en décembre 2009, c'est l'indésirable Président Omar El Béchir, sous le coup d'un mandat d'arrêt international pour génocide et crimes contre l'humanité, qui débarque à Nouakchott. On apprendra plus tard par la voie de la Directrice des politiques agricoles l'acquisition par le Soudan de 100 000 hectares dans la vallée pour la culture du sucre, les noirs sont expropriés par de simples notes d'information affichées dans les préfectures. L'Arabie Saoudite emboîte le pas au Soudan, l'arabisation des terres de la Mauritanie du Sud est en marche, c'est la contrepartie de la forte part d'investissement de fonds arabes dans le pays après l'embargo financier de l'Occident sanctionnant le coup d'Etat du Général Mohamed Ould Abdel Aziz.
C'est dans ce contexte, alors que le pays disposait d’un Système d’Etat Civil correct, que Ould Laghdaf prononce le 6 janvier 2010 une déclaration de politique générale devant l'assemblée nationale et le gouvernement mauritanien s'empresse de lancer un appel d’offre international pour acquérir une nouvelle solution biométrique pour la fiabilisation et la sécurisation des documents nationaux, alors que la loi sur le nouveau code de l'Etat Civil n'est pas encore votée.
Sous prétexte que le fichier National des Identités n’est pas fiable, les autorités l’arrêtent brutalement, privant les populations de documents vitaux souvent exigés par l’administration ou les entreprises privées pendant les recrutements, concours etc...
Quelques heures après le discours du Premier Ministre cadrant les objectifs sécuritaires et ultra protectionnistes du futur système, SOS DISCRIMINES, constatant ces dérives nationalistes arabes et chauvines au sein du gouvernement ayant entraîné une proximité suspecte avec Khartoum et Damas, alerte l’opinion sur les risques d’une épuration ethnique administrative par cette phrase : « Nous recommandons la plus grande prudence dans ce que le Premier Ministre appelle ‘épuration de l’Etat Civil’. Le terme est franchement très mal choisi pour qui connaît l’histoire récente et douloureuse de ce pays. »
L'intégralité du communiqué de presse est consultable sur notre forum :
http://fr.dir.groups.yahoo.com/group/StopRacismeMauritanie/message/30
Après plusieurs atermoiements, l’enrôlement de la population est lancé en mai 2011 par le Président de la République, sans aucune concertation préalable avec les élus, les partis politiques et la société civile.
Actuellement les noirs non arabes éprouvent les plus grandes difficultés pour se faire enregistrer dans le nouveau système, confirmant les craintes de SOS DISCRIMINES de transformation du projet biométrique en opération d’épuration ethnique administrative qui viendrait compléter l’épuration physique entamée en 1989.
Beaucoup de citoyens ont des cartes d’identité expirées, perdues, détruites lors des évènements de 89...D'autres n’étaient pas en âge d’en établir au moment de l’arrêt de l’ancien système. Ce sont autant de sans papiers produits par l’Etat.
Pour être mauritanien, il suffit que l’un des ascendants, le père ou la mère, soit mauritanien. Le nouveau système présume que tout non arabe a une nationalité douteuse et exige que les parents soient enregistrés d’abord, c’est une violation du code la nationalité.
Le Ministre de l’Intérieur invité à l'assemblée pour répondre à une question orale consécutive à l'explosion du nombre de personnes rejetés, reste évasif sur la procédure appliquée dans les centres de recensement, renforçant les soupçons d'existence de consignes administratives cachées. La faiblesse des moyens humains et matériels déployés est criante bien que le projet ait englouti 6 milliards d'ouguiyas. Il remue à son tour l'épouvantail d'une invasion de la Mauritanie par les étrangers, qui viendrait dédouaner le zèle discriminatoire des membres des commissions départementales.
Acculé par une pluie d'interventions suscitée par ses réponses insuffisantes, le Ministre finit par estimer la durée de l’opération à... vingt ans!
Vingt ans, c’est le temps que les déportés au Sénégal ont attendu pour être rapatriés en Mauritanie sous l’égide du HCR. Prépare-t-on l’opération en sens inverse ?
Et pourtant les mauritaniens s’étaient résolument engagés sur la voie de la paix et de la réconciliation nationale depuis les journées nationales de concertation sur les graves violations de droits humains commis contre les noirstenues en novembre 2007, une solution de règlement consensuel de ce qui est communément appelé le passif humanitaire avait été ébauchée.
La prière de Kaédi pour le repos des victimes de l'extermination et la mesure récente de cartographie de leurs lieux d'inhumation sont des signes timides mais encourageants pour les devoirs de mémoire et de vérité. C'est tout cela que remet en cause les déviances baathistes du chef du gouvernement seul responsable des conséquences de cette problématique solution biométrique de négation de la mauritanité des non arabes. Ses dérapages sur la langue arabe ne sont que la face visible de certains dogmes dangereux et poussiéreux, que l'on ressort des tiroirs quand le rapport des forces est estimé favorable.
SOS DISCRIMINES,
consciente du risque potentiel de conflit ethnique que pourrait entraîner cette opération de recensement;
considérant la coïncidence du lancement de l'appel d'offre pour l'acquisition d'un nouveau système d'Etat Civil avec l'arrêt unilatéral du rapatriement des déportés par les autorités mauritaniennes, au moment où notre diplomatie est tournée vers les pays arabes peu respectueux de la diversité culturelle:
exige la démission du Premier Ministre Moulaye Ould Laghdaf; pour avoir engagé la responsabilité de son gouvernement dans la refonte de l'Etat Civil selon ses visions personnelles;
demande l’arrêt immédiat du projet biométrique pour la fiabilisation et la sécurisation des documents nationaux et le retour à l’ancien système de délivrance de pièces d’Etat civil;nous soutenons toutes les initiatives pour contrer ce projet par des manifestations pacifiques et non violentes ;
demande la reprise du rapatriement des mauritaniens déportés au Sénégal et la signature d’un accord avec le HCR pour ramener les déportés au Mali ;
incite les paysans du Sud de la Mauritanie à la résistance face aux expropriations et à refuser l'installattion de tout projet agricole qui ne tiendrait pas compte de leurs intérêts. Nous sommes farouchement opposés à la soudanisation des terres de la vallée;
encourage les autorités et le parlement à voter une loi criminalisant le racisme et toute autre forme de discrimination;
SOS DISCRIMINES est pour le droit à la nationalité pour tout étranger ayant séjourné dix ans en Mauritanie sans avoir commis un crime ou délit. Les étrangers dans le pays depuis plus de cinq ans doivent pouvoir voter aux élections municipales sans être éligibles.
Ces réformes permettront de dédramatiser la question de la nationalité et amenereront à un meilleur respect des étrangers. Nous ne sommes pas contre l'intégration de nos frères sahraouis ou touaregs, ils sont les bienvenus chez nous. ils ont été cités dans cet article uniquement pour rendre compte de l'histoire de l'épuration ethnique en Mauritanie.
Enfin, nous invitons les citoyens à rejoindre le mouvement « TOUCHE PAS A MA NATIONALITE » contre le projet biométrique, la prochaine manifestation est prévue pour le 7 juillet 2011 à 10H devant le centre de recensement d’El Mina.
Nouakchott, le 5 juillet 2011
SOS DISCRIMINES Mauritanie