Dans trop de pays encore, les femmes restent exclues de l'état de droit et subissent des discriminations face à la loi, a souligné mercredi Michelle Bachelet, directrice d'ONU femmes, en présentant un premier rapport sur la condition féminine.
"Bien que l'état de droit soit un principe sacré et une pierre angulaire des gouvernements démocratiques, dans bien trop de pays encore les femmes en sont exclues (...) et lorsque nous avons des lois en place dans certaines de ces régions, il y a de vastes écarts de mise en oeuvre", a-t-elle dit lors d'un point de presse le jour de la publication du rapport.
"En même temps, la justice, la police, les tribunaux et le système judiciaire trop souvent ne satisfont pas les besoins des femmes", a ajouté Mme Bachelet.
Plus de la moitié des pays ne punissent toujours pas le viol dans le mariage et près d'un tiers restreignent le droit des femmes à l'avortement, dénonce ONU femmes dans son rapport.
L'étude révèle ainsi que 127 pays ne punissent pas le viol au sein du couple, que 61 pays restreignent le droit des femmes à l'avortement, et qu'en règle générale il y a une différence de 10 à 30% dans les salaires versés aux femmes comparés aux hommes.
ONU femmes, qui a pris ses fonctions le 1er janvier 2011, est une nouvelle entité de l'ONU qui rassemble les activités de plusieurs organes des Nations unies déjà existants concernant les droits des femmes dans le monde. Elle est présidée par l'ex-présidente chilienne Michelle Bachelet.
"En dépit de progrès majeurs dans les lois, des millions de femmes font état de violences dans leur vie, en général de la part de leur partenaire", souligne ce premier rapport annuel.
La nouvelle agence assure en outre que "quelque 600 millions de femmes, soit plus de la moitié de celles exerçant une activité professionnelle, sont cantonnées dans des emplois vulnérables et peu sûrs, souvent en dehors de toute législation".
"La non-divulgation des crimes contre les femmes est un grave problème dans toutes les régions" du monde, relève encore ONU femmes. Dans 57 pays, des études sur la criminalité montrent qu'en moyenne 10% des femmes ont été victimes d'agressions sexuelles, mais que seulement 11% en font état.
L'étude rappelle en outre que la violence sexuelle est utilisée depuis des siècles comme arme de guerre. "Elle est utilisée contre les populations civiles afin de transmettre délibérément le HIV avec pour objectif la contamination forcée, les déplacements de population et la terreur sur des communautés entières".
La loi sur l'égalité des sexes "est la base de l'accès des femmes à la justice", estime le rapport. "Sans une base légale solide, les tentatives pour rendre les tribunaux plus accessibles aux femmes et la police moins hostile à leurs plaintes (...) sont de nature à s'effondrer".
Le rapport, intitulé "Les progrès des femmes dans le monde", souligne cependant des avancées. "Les femmes exercent une plus grande influence dans la prise de décision que jamais auparavant", ce qui conduit à une "reconnaissance croissante des droits des femmes, non seulement politiques et civils, mais aussi économiques, sociaux et culturels".
"Aujourd'hui, 186 pays à travers les monde ont ratifié la convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination contre les femmes".
Le rapport souligne aussi que 173 pays garantissent une allocation maternité, 139 ont adopté une constitution qui garantit l'égalité des sexes et 125 rendent illégales les violences conjugales.
Source: AFP