Une chose est sûre : depuis Moktar Ould Daddah et Marième Daddah, il n'y a pas eu de vrai ‘couple présidentiel' en Mauritanie. L'arrivée au pouvoir de Sidi Ould Cheikh Abdallahi va-t-elle changer la chose ?
Beaucoup de supputations avant, pendant et après la présidentielle sur le rôle de chacun au sein de cette famille qui a fantasmé l'opinion dans les salons de Nouakchott. A telle enseigne que les mouvements de tous les membres de la famille Ould Cheikh Abdallahi sont suivis à la loupe. ‘Scrutateurs' malintentionnés et observateurs sont du même avis : un nouveau style est en train de voir le jour à la présidence.
Pour lui, cela a commencé par la prière du vendredi à la mosquée centrale de Nouakchott. Du jamais vu depuis le milieu des années 60. Cet acte qui aurait dû être salué sans réserve, a été l'objet de critiques et de scepticisme. Cela s'est poursuivi avec les visites de terrain. Notamment dans les hôpitaux. La dernière est celle effectuée le jour de la fête du Fitr à l'hôpital Zayed. Il a voulu en faire ‘une visite d'information'.
Dans sa déclaration à la presse, il a dit avoir ‘jugé nécessaire d'effectuer cette visite en ce jour béni qui nous est cher en tant que musulmans, car étant une occasion d'échange d'excuses et de tolérance'. ‘J'aurai voulu visiter tous les malades pour leur faire part de ma sympathie, mais, a-t-il dit, la visite s'est limitée cette fois-ci à cet hôpital'. Même s'il a appelé ‘à une amélioration des prestations dispensées aux patients', certains lui reprochent de n'avoir ‘rien amené, en ce jour d'offrandes, aux malades'.
Nonobstant tous ces reproches, justifiés ou non, le style de l'homme est là : simplicité, humilité et vérité. On se souvient encore de son interview où il s'était refusé de verser dans la démagogie, préférant parler vrai quitte à servir à ses détracteurs des raisons de le critiquer.
Pour elle, le champ de l'action est beaucoup moins aisé à investir. D'abord les préjugés développés dans les salons par ses détracteurs, ensuite les relents négatifs du carcan social institué ces dernières années. Quand elle crée la Fondation Khattou Mint el Boukhari (Fondation KB), c'est une levée de boucliers de toute part. Les uns et les autres refusent d'y voir la volonté d'aider son mari dans l'exercice de sa charge présidentielle. Ce qui, ailleurs, est un acte d'engagement louable, devient vite une ‘hérésie sociale'.
Mais pour Mme Khattou Mint el Boukhari, ‘le temps est à l'action, pas aux bavardages', comme on dit dans son entourage. Distributions de vivres dans les quartiers pauvres de Nouakchott. Puis intervention en pleine crise de l'eau avec les navettes des citernes qui ravitaillent la périphérie de la capitale, là où l'eau coûte le plus cher, là où elle manque le plus. C'est la catastrophe de Tintane qui révèle au grand jour la Fondation KB. Puis Kaédi, où la Première dame se rend en personne.
Tout en étant aux côtés de son mari dans ses principaux déplacements, Mint el Boukhari prend ses bureaux au siège de la Fondation. Là, elle reçoit continuellement, écoute les plaintes, répond aux doléances, compatit aux douleurs. ‘Une manière pour elle de maintenir le contact avec les populations'. Elle est un peu le bras ‘social' de l'exercice du pouvoir par son mari. Elle se veut, quant à elle, ‘une promesse tenue'. ‘Pendant la campagne beaucoup de promesses ont été faites à des gens qui avaient l'habitude de perdre de vue ceux qui viennent demander leurs voix dès leur élection. Ce ne sera pas le cas avec nous'. Ce qui importe à la Présidente ? ‘Ce sont les pauvres et en quoi la Fondation peut le aider'. C'est seulement ainsi que le volet social du programme du Président Ould Cheikh Abdallahi peut être mis en œuvre.
La Fondation est en fait un complément d'action pour le nouveau pouvoir. Une sorte de porte ouverte par la présidence sur le terrain. Une main tendue aux nécessiteux. A l'occasion justement de la fête du Fitr, Mme Khattou Mint el Boukhari a fait le déplacement dans un centre médical de Sebkha. L'occasion de passer à la maternité, compatir aux douleurs des mères et apporter cadeaux et nourritures. L'occasion aussi de faire un geste envers un centre d'accueil des enfants abandonnés qui vivent un drame réel et qui souffrent dans l'indifférence totale.
La Fondation KB qui est naissante il est vrai, a bénéficié du mécénat de quelques hommes d'affaires comme Bahaye Ould Ghadde qui a gracieusement fourni des produits alimentaires destinés à combler le déficit alimentaire dans certaines zones sinistrées, Mohamed Ould Bouamatou qui a offert des 4×4 pour acheminer les produits sur place et Ahmed Baba Ould Azizi qui a offert des citernes pour le ravitaillement en eau des zones assoiffées. D'autres donations ont été enregistrées. Une offre qui a permis d'équiper la Fondation et de la lancer sur le terrain de l'action.
La Fondation ne compte justement que sur les donations du genre et sur la coopération internationale pour mettre en œuvre son ambitieux programme (voir encadré). En aucun cas elle ne peut donc gêner l'action du gouvernement en la matière. Au contraire, elle ne peut qu'en être l'appui.
C'est sans doute cette sortie de ‘la voie consacrée' depuis trente ans, qui est à l'origine des médisances et autres commentaires qui relèvent plus de la malveillance que de reproches fondés et argumentés. Il faut simplement croire qu'après avoir conquis le pouvoir, le couple présidentiel s'en va à la conquête des cœurs. De ceux qui en ont encore…
MFO
Source : La Tribune (Mauritanie)
via cridem
Beaucoup de supputations avant, pendant et après la présidentielle sur le rôle de chacun au sein de cette famille qui a fantasmé l'opinion dans les salons de Nouakchott. A telle enseigne que les mouvements de tous les membres de la famille Ould Cheikh Abdallahi sont suivis à la loupe. ‘Scrutateurs' malintentionnés et observateurs sont du même avis : un nouveau style est en train de voir le jour à la présidence.
Pour lui, cela a commencé par la prière du vendredi à la mosquée centrale de Nouakchott. Du jamais vu depuis le milieu des années 60. Cet acte qui aurait dû être salué sans réserve, a été l'objet de critiques et de scepticisme. Cela s'est poursuivi avec les visites de terrain. Notamment dans les hôpitaux. La dernière est celle effectuée le jour de la fête du Fitr à l'hôpital Zayed. Il a voulu en faire ‘une visite d'information'.
Dans sa déclaration à la presse, il a dit avoir ‘jugé nécessaire d'effectuer cette visite en ce jour béni qui nous est cher en tant que musulmans, car étant une occasion d'échange d'excuses et de tolérance'. ‘J'aurai voulu visiter tous les malades pour leur faire part de ma sympathie, mais, a-t-il dit, la visite s'est limitée cette fois-ci à cet hôpital'. Même s'il a appelé ‘à une amélioration des prestations dispensées aux patients', certains lui reprochent de n'avoir ‘rien amené, en ce jour d'offrandes, aux malades'.
Nonobstant tous ces reproches, justifiés ou non, le style de l'homme est là : simplicité, humilité et vérité. On se souvient encore de son interview où il s'était refusé de verser dans la démagogie, préférant parler vrai quitte à servir à ses détracteurs des raisons de le critiquer.
Pour elle, le champ de l'action est beaucoup moins aisé à investir. D'abord les préjugés développés dans les salons par ses détracteurs, ensuite les relents négatifs du carcan social institué ces dernières années. Quand elle crée la Fondation Khattou Mint el Boukhari (Fondation KB), c'est une levée de boucliers de toute part. Les uns et les autres refusent d'y voir la volonté d'aider son mari dans l'exercice de sa charge présidentielle. Ce qui, ailleurs, est un acte d'engagement louable, devient vite une ‘hérésie sociale'.
Mais pour Mme Khattou Mint el Boukhari, ‘le temps est à l'action, pas aux bavardages', comme on dit dans son entourage. Distributions de vivres dans les quartiers pauvres de Nouakchott. Puis intervention en pleine crise de l'eau avec les navettes des citernes qui ravitaillent la périphérie de la capitale, là où l'eau coûte le plus cher, là où elle manque le plus. C'est la catastrophe de Tintane qui révèle au grand jour la Fondation KB. Puis Kaédi, où la Première dame se rend en personne.
Tout en étant aux côtés de son mari dans ses principaux déplacements, Mint el Boukhari prend ses bureaux au siège de la Fondation. Là, elle reçoit continuellement, écoute les plaintes, répond aux doléances, compatit aux douleurs. ‘Une manière pour elle de maintenir le contact avec les populations'. Elle est un peu le bras ‘social' de l'exercice du pouvoir par son mari. Elle se veut, quant à elle, ‘une promesse tenue'. ‘Pendant la campagne beaucoup de promesses ont été faites à des gens qui avaient l'habitude de perdre de vue ceux qui viennent demander leurs voix dès leur élection. Ce ne sera pas le cas avec nous'. Ce qui importe à la Présidente ? ‘Ce sont les pauvres et en quoi la Fondation peut le aider'. C'est seulement ainsi que le volet social du programme du Président Ould Cheikh Abdallahi peut être mis en œuvre.
La Fondation est en fait un complément d'action pour le nouveau pouvoir. Une sorte de porte ouverte par la présidence sur le terrain. Une main tendue aux nécessiteux. A l'occasion justement de la fête du Fitr, Mme Khattou Mint el Boukhari a fait le déplacement dans un centre médical de Sebkha. L'occasion de passer à la maternité, compatir aux douleurs des mères et apporter cadeaux et nourritures. L'occasion aussi de faire un geste envers un centre d'accueil des enfants abandonnés qui vivent un drame réel et qui souffrent dans l'indifférence totale.
La Fondation KB qui est naissante il est vrai, a bénéficié du mécénat de quelques hommes d'affaires comme Bahaye Ould Ghadde qui a gracieusement fourni des produits alimentaires destinés à combler le déficit alimentaire dans certaines zones sinistrées, Mohamed Ould Bouamatou qui a offert des 4×4 pour acheminer les produits sur place et Ahmed Baba Ould Azizi qui a offert des citernes pour le ravitaillement en eau des zones assoiffées. D'autres donations ont été enregistrées. Une offre qui a permis d'équiper la Fondation et de la lancer sur le terrain de l'action.
La Fondation ne compte justement que sur les donations du genre et sur la coopération internationale pour mettre en œuvre son ambitieux programme (voir encadré). En aucun cas elle ne peut donc gêner l'action du gouvernement en la matière. Au contraire, elle ne peut qu'en être l'appui.
C'est sans doute cette sortie de ‘la voie consacrée' depuis trente ans, qui est à l'origine des médisances et autres commentaires qui relèvent plus de la malveillance que de reproches fondés et argumentés. Il faut simplement croire qu'après avoir conquis le pouvoir, le couple présidentiel s'en va à la conquête des cœurs. De ceux qui en ont encore…
MFO
Source : La Tribune (Mauritanie)
via cridem