Accusé d’être à l’origine des maux de tout d’un village, le jeune Wend Kuuni entreprend un voyage initiatique pour retrouver l’homme à la tisane de lion. Cette mystérieuse potion qui doit guérir sa sœur adoptive et soulager les siens.
C’est un film magnifique que le réalisateur burkinabé, Gaston Kaboré a présenté mercredi à l’Institut français. Son long métrage Buud Yam, sorti en 1997, est une fiction qui voyage dans les profondeurs du Burkina. Un adolescent, Wend Kuuni, doit traverser plusieurs villages pour retrouver le guérisseur qui sauvera sa sœur adoptive, Poghnéré. Il quitte sa famille et commence un parcours initiatique. Il escalade des rochers et des montagnes, traverse des forets et des déserts pour rencontrer ‘l’homme à la tisane de lion’.
La caméra suit l’adolescent timide, mais déterminé à atteindre son but. Le film est garni de plans panoramiques ou rapprochés sur un paysage tropical exotique. Car au-delà de son histoire, Buud Yam est une sorte de présentoir de la richesse du patrimoine africain. Au fil des images, l’on contemple une architecture ancestrale faite de terre cuite ou d’argile. Une volonté d’exhibition qui transparaît aussi dans l’accoutrement des personnages. Les femmes se distinguent par leurs pagnes tissés, teints à l’indigo. La trame du film même s’adosse sur des valeurs ou croyances bien africaines. Buud Yam défend les vertus de la médecine traditionnelle. C’est avec une bouillie de feuilles et d’écorces de racines que ‘l’homme à la tisane de lion’ délivre Poghnéré de sa maladie.
Mais Wend Kuuni, héros furtif est vite rattrapé par son passé. Enfant, il a été recueilli, inconscient et presque mort, dans les bois. Son statut de fils adoptif l’expose à la vindicte villageoise. Sa mère a été lynchée à mort, accusée de sorcellerie. Les souvenirs le hantent. Ces scènes sont illustrées par des images empruntées au premier long métrage de Gaston Kaboré, Wênd Kûudi. Avec 15 ans d’écart, Buud Yam se présente donc comme la suite logique de ce film sorti en 1982. Y aura-t-il un troisième volet ?
En tout cas dans Buud Yam, Wend Kuuni promet d’aller à la recherche de son père disparu inconnu. Le réalisateur burkinabé montre ainsi l’attachement des Africains aux relations humaines. Dans son voyage, le jeune garçon vient en aide à une vieille femme, sympathise avec un Prince en fuite dans la forêt. Ce long périple initiatique (99 mn) est traversé par des sonorités de percussion, de kora, etc. Le film est joué en langue Moré - parlée par les Mossis - qui a aussi une certaine musicalité.
‘Buud Yam’, sacré meilleur long métrage au Fespaco 1997 est le deuxième film projeté dans le cadre du premier cycle ‘Des Etalons de Yennenga’, initié par l’Institut français de Dakar du 26 au 29 mars.
Fatou K. SENE
Source: walfad
(M)
C’est un film magnifique que le réalisateur burkinabé, Gaston Kaboré a présenté mercredi à l’Institut français. Son long métrage Buud Yam, sorti en 1997, est une fiction qui voyage dans les profondeurs du Burkina. Un adolescent, Wend Kuuni, doit traverser plusieurs villages pour retrouver le guérisseur qui sauvera sa sœur adoptive, Poghnéré. Il quitte sa famille et commence un parcours initiatique. Il escalade des rochers et des montagnes, traverse des forets et des déserts pour rencontrer ‘l’homme à la tisane de lion’.
La caméra suit l’adolescent timide, mais déterminé à atteindre son but. Le film est garni de plans panoramiques ou rapprochés sur un paysage tropical exotique. Car au-delà de son histoire, Buud Yam est une sorte de présentoir de la richesse du patrimoine africain. Au fil des images, l’on contemple une architecture ancestrale faite de terre cuite ou d’argile. Une volonté d’exhibition qui transparaît aussi dans l’accoutrement des personnages. Les femmes se distinguent par leurs pagnes tissés, teints à l’indigo. La trame du film même s’adosse sur des valeurs ou croyances bien africaines. Buud Yam défend les vertus de la médecine traditionnelle. C’est avec une bouillie de feuilles et d’écorces de racines que ‘l’homme à la tisane de lion’ délivre Poghnéré de sa maladie.
Mais Wend Kuuni, héros furtif est vite rattrapé par son passé. Enfant, il a été recueilli, inconscient et presque mort, dans les bois. Son statut de fils adoptif l’expose à la vindicte villageoise. Sa mère a été lynchée à mort, accusée de sorcellerie. Les souvenirs le hantent. Ces scènes sont illustrées par des images empruntées au premier long métrage de Gaston Kaboré, Wênd Kûudi. Avec 15 ans d’écart, Buud Yam se présente donc comme la suite logique de ce film sorti en 1982. Y aura-t-il un troisième volet ?
En tout cas dans Buud Yam, Wend Kuuni promet d’aller à la recherche de son père disparu inconnu. Le réalisateur burkinabé montre ainsi l’attachement des Africains aux relations humaines. Dans son voyage, le jeune garçon vient en aide à une vieille femme, sympathise avec un Prince en fuite dans la forêt. Ce long périple initiatique (99 mn) est traversé par des sonorités de percussion, de kora, etc. Le film est joué en langue Moré - parlée par les Mossis - qui a aussi une certaine musicalité.
‘Buud Yam’, sacré meilleur long métrage au Fespaco 1997 est le deuxième film projeté dans le cadre du premier cycle ‘Des Etalons de Yennenga’, initié par l’Institut français de Dakar du 26 au 29 mars.
Fatou K. SENE
Source: walfad
(M)
"Comment vois-je le cinéma en cette fin de siècle ? Ce que je vois ne m'enchante guère... je ne vois que la montée irrésistible d'un cinéma qui range l'homme au rang d'accessoire dramaturgique pendant que l'ordinateur et les effets spéciaux prennent le pouvoir et nous en mettent plein la vue et les oreilles. Pendant ce temps, une majorité des peuples de la terre sont dépossédés de leur mémoire filmique potentielle et assistent impuissants, à l'étouffement de leurs imaginaires. Que de visions interdites, de songes démantelés, de rêves broyés, de regards hébétés, que de légendes, de mythes, de récits condamnés à l'oubli du cinéma ! Le gâchis est immense... "Le cinéma de déprédation" a une puissance de séduction redoutable et semble vouloir en arriver à la solution finale : un cinéma pour tous, tous pour un cinéma. Et déjà dans nos cerveaux, on a implanté le mythe du village planétaire. Voilà ce que je vois... C'est gai ! J'aurais aimé voir autre chose... j'aurais aimé croire que tout reste possible... j'aurais aimé pouvoir affirmer que le cinéma demeure un support formidable sur lequel s'inscrivent égalitairement des vécus humains, individuels et collectifs tous engagés dans un unique élan de mémoire... à l'infini."
Gaston Kabore
Octobre 1998
Gaston Kabore
Octobre 1998