Le discours prononcé mardi à Philadelphie par Barack Obama a consititué le point fort d’une semaine de campagne virevoltante aux Etats-Unis. L’intervention du candidat démocrate, que d’aucuns estiment fondatrice et saluée par sa rivale Hillary Clinton, lui a aussi permis de souligner son appartenance à la communauté chrétienne. Son allocution d’une quarantaine de minutes intitulée "A more perfect Union" (Une Union plus parfaite) a été l’occasion pour le sénateur de l’Illinois d’exprimer son point de vue sur la question raciale aux Etats-Unis. Une thématique devenue incontournable dans cette campagne présidentielle qui pourrait faire de Barack Obama le premier président noir des Etats-Unis. Sa couleur de peau a été plusieurs fois utilisée par le camp adverse, celui de la sénatrice de New York, pour le décrédibiliser en limitant sa candidature à un enjeu racial.
Barack Obama « assume la plénitude de son identité plurielle »
Les propos du pasteur Jeremiah Wright, son guide spirituel pendant « plus d’une vingtaine d’années », qualifiés de « racialement chargés » par Barack Obama, lui ont offert l’opportunité de s’exprimer sur cette thématique que l’Amérique « ne peut se permettre d’ignorer maintenant ». Selon le candidat à l’investiture démocrate, la diatribe du révérend, diffusée en boucle par les médias américains ces derniers jours, « (a) agrandi la fracture raciale » et « offensé aussi bien les Blancs que les Noirs ». D’après un sondage de la chaîne américaine CBS, publié vendredi, 69% des Amércains ont apprécié la manière dont les problèmes raciaux ont été abordés par Barack Obama.
Le sénateur de l’Illinois « sort de la question raciale par le haut », analyse François Durpaire, auteur de L’Amérique de Barack Obama, paru aux éditions Demopolis. « Cette allocution est un véritable exercice de style. Elle a permis à Barack Obama de synthétiser sa pensée sur le sujet. Il aurait pu se contenter d’une posture post-identidaire, ce que la plupart attendent d’un métis, qui se résume à dépasser les clivages identitaires. Cependant, il va plus loin en adoptant un positionnement multi-identitaire : il admet toutes ses identités, il assume la plénitude de son identité plurielle. Barack Obama n’excuse pas les propos de son pasteur, dont l’une des phrases d’un sermon est devenu le titre de son dernier livre, ni le racisme affiché de sa grand-mère maternelle qu’il évoque dans son discours. Barack Obama les explique en les remettant dans le contexte politico-social de l’Amérique dans laquelle ces derniers ont grandi. » Barack Obama a ainsi souligné que la colère exprimée par le révérend Wright était aussi réelle que le ressentiment qu’éprouve les Américains blancs. « Aussi longtemps que je vivrai, je n’oublierai jamais que mon histoire n’aurait été possible dans aucun autre pays sur terre », a déclaré le sénateur de l’Illinois, comme pour rendre hommage à son pays et à ses nombreuses contradictions.
Un candidat racialement fédérateur
« En dépit de la tentation de voir ma candidature (à travers un prisme) purement racial, nous avons remporté des victoires (notables) dans des Etats qui comptaient les populations les plus blanches du pays. En Caroline du Sud (...), nous avons construit une puissante coalition d’Africains-Américains et d’Américains blancs. Cela ne revient pas à dire que la (question raciale) n’est pas un enjeu dans cette campagne », a poursuivi Barack Obama. Si l’on s’en tient à cette problématique, le discours du sénateur de l’Illinois peut être perçu comme « un troisième tournant » dans cette course à la Maison Blanche, estime François Durpaire. La victoire de Barack Obama dans l’Iowa, ses victoires et scores en Caroline du Sud, comme il l’a lui même rappelés, et sa capacité à rallier une majorité de Noirs, dans le Mississippi tout en captant le vote blanc ont constitué les premier et deuxième paliers du débat racial. « Le vote cesse d’être raciste mais il n’en demeure pas moins racial, explique l’historien. Les Blancs sont prêts à voter pour un Noir mais n’en oublient pas pour autant qu’il est Noir. »
Les démocrates bloqués sur le mode offensif
Barack Obama rassemble l’Amérique et son duel avec Hillary Clinton divise les démocrates. Les deux camps ne cessent de s’envoyer des flêches empoisonnées. Vendredi, Merrill McPeak, le codirecteur de campagne du sénateur de l’Illinois, a comparé Bill Clinton à Joseph McCarthy, le sénateur républicain connu pour avoir ouvert la chasse aux communistes dans les années 50, aux Etats-Unis. Il réagissait aux déclarations de l’époux de la sénatrice de New York qui avait remis, quelque heures plus tôt, le patriotisme de Barack Obama en cause. « Je pense que ce serait une excellente chose, a affirmé Bill Clinton, à Charlotte où il faisait campagne, si nous avions une année électorale où nous aurions deux personnes qui aimeraient ce pays et qui seraient dévouées à l’intérêt de ce pays. » « J’étais jeune, je faisais mes études quand Joe McCarthy accusait de bons Américains d’être des traîtres, alors j’ai eu ma dose », a contre-attaqué l’ancien général de l’armée américaine.
Bill Clinton semble s’être encore une fois laissé aller à ces commentaires dont il est désormais coutumier. Une remarque désobligeante qui pourrait faire du tort à Hillary Clinton alors qu’un sondage Gallup, publié jeudi, a prédit qu’elle remporterait l’investiture démocrate avec 49% des voix contre 42% pour Barack Obama, une première depuis le "Super Tuesday". Ce même jeudi, l’équipe de campagne de ce dernier faisait savoir que des agents du département d’Etat avaient accédé, par trois fois, aux données confidentielles utilisées pour établir son passeport. Le lendemain, on apprenait qu’Hillary Clinton et John McCain, le candidat républicain à la Maison Blanche, avaient subi la même atteinte à la vie privée. Le soutien de Bill Richardson, le gouverneur hispanique du Nouveau-Mexique, à Barack Obama est venu compenser cette série de mauvaises nouvelles dans une semaine qui avait si bien commencé. Hillary Clinton convoitait cet appui de poids pour conforter le vote hispanique qui lui est déjà acquis.
Auteur: Falila Gbadamassi
Afrik.com
Barack Obama « assume la plénitude de son identité plurielle »
Les propos du pasteur Jeremiah Wright, son guide spirituel pendant « plus d’une vingtaine d’années », qualifiés de « racialement chargés » par Barack Obama, lui ont offert l’opportunité de s’exprimer sur cette thématique que l’Amérique « ne peut se permettre d’ignorer maintenant ». Selon le candidat à l’investiture démocrate, la diatribe du révérend, diffusée en boucle par les médias américains ces derniers jours, « (a) agrandi la fracture raciale » et « offensé aussi bien les Blancs que les Noirs ». D’après un sondage de la chaîne américaine CBS, publié vendredi, 69% des Amércains ont apprécié la manière dont les problèmes raciaux ont été abordés par Barack Obama.
Le sénateur de l’Illinois « sort de la question raciale par le haut », analyse François Durpaire, auteur de L’Amérique de Barack Obama, paru aux éditions Demopolis. « Cette allocution est un véritable exercice de style. Elle a permis à Barack Obama de synthétiser sa pensée sur le sujet. Il aurait pu se contenter d’une posture post-identidaire, ce que la plupart attendent d’un métis, qui se résume à dépasser les clivages identitaires. Cependant, il va plus loin en adoptant un positionnement multi-identitaire : il admet toutes ses identités, il assume la plénitude de son identité plurielle. Barack Obama n’excuse pas les propos de son pasteur, dont l’une des phrases d’un sermon est devenu le titre de son dernier livre, ni le racisme affiché de sa grand-mère maternelle qu’il évoque dans son discours. Barack Obama les explique en les remettant dans le contexte politico-social de l’Amérique dans laquelle ces derniers ont grandi. » Barack Obama a ainsi souligné que la colère exprimée par le révérend Wright était aussi réelle que le ressentiment qu’éprouve les Américains blancs. « Aussi longtemps que je vivrai, je n’oublierai jamais que mon histoire n’aurait été possible dans aucun autre pays sur terre », a déclaré le sénateur de l’Illinois, comme pour rendre hommage à son pays et à ses nombreuses contradictions.
Un candidat racialement fédérateur
« En dépit de la tentation de voir ma candidature (à travers un prisme) purement racial, nous avons remporté des victoires (notables) dans des Etats qui comptaient les populations les plus blanches du pays. En Caroline du Sud (...), nous avons construit une puissante coalition d’Africains-Américains et d’Américains blancs. Cela ne revient pas à dire que la (question raciale) n’est pas un enjeu dans cette campagne », a poursuivi Barack Obama. Si l’on s’en tient à cette problématique, le discours du sénateur de l’Illinois peut être perçu comme « un troisième tournant » dans cette course à la Maison Blanche, estime François Durpaire. La victoire de Barack Obama dans l’Iowa, ses victoires et scores en Caroline du Sud, comme il l’a lui même rappelés, et sa capacité à rallier une majorité de Noirs, dans le Mississippi tout en captant le vote blanc ont constitué les premier et deuxième paliers du débat racial. « Le vote cesse d’être raciste mais il n’en demeure pas moins racial, explique l’historien. Les Blancs sont prêts à voter pour un Noir mais n’en oublient pas pour autant qu’il est Noir. »
Les démocrates bloqués sur le mode offensif
Barack Obama rassemble l’Amérique et son duel avec Hillary Clinton divise les démocrates. Les deux camps ne cessent de s’envoyer des flêches empoisonnées. Vendredi, Merrill McPeak, le codirecteur de campagne du sénateur de l’Illinois, a comparé Bill Clinton à Joseph McCarthy, le sénateur républicain connu pour avoir ouvert la chasse aux communistes dans les années 50, aux Etats-Unis. Il réagissait aux déclarations de l’époux de la sénatrice de New York qui avait remis, quelque heures plus tôt, le patriotisme de Barack Obama en cause. « Je pense que ce serait une excellente chose, a affirmé Bill Clinton, à Charlotte où il faisait campagne, si nous avions une année électorale où nous aurions deux personnes qui aimeraient ce pays et qui seraient dévouées à l’intérêt de ce pays. » « J’étais jeune, je faisais mes études quand Joe McCarthy accusait de bons Américains d’être des traîtres, alors j’ai eu ma dose », a contre-attaqué l’ancien général de l’armée américaine.
Bill Clinton semble s’être encore une fois laissé aller à ces commentaires dont il est désormais coutumier. Une remarque désobligeante qui pourrait faire du tort à Hillary Clinton alors qu’un sondage Gallup, publié jeudi, a prédit qu’elle remporterait l’investiture démocrate avec 49% des voix contre 42% pour Barack Obama, une première depuis le "Super Tuesday". Ce même jeudi, l’équipe de campagne de ce dernier faisait savoir que des agents du département d’Etat avaient accédé, par trois fois, aux données confidentielles utilisées pour établir son passeport. Le lendemain, on apprenait qu’Hillary Clinton et John McCain, le candidat républicain à la Maison Blanche, avaient subi la même atteinte à la vie privée. Le soutien de Bill Richardson, le gouverneur hispanique du Nouveau-Mexique, à Barack Obama est venu compenser cette série de mauvaises nouvelles dans une semaine qui avait si bien commencé. Hillary Clinton convoitait cet appui de poids pour conforter le vote hispanique qui lui est déjà acquis.
Auteur: Falila Gbadamassi
Afrik.com