Vous lirez, ci-jointe, la réponse du de Monsieur Kane Hamidou Baba, député du Rassemblement des Forces Démocratiques (circonscription de Nouakchott ), en réponse au discours programme du Premier Ministre, le très incompétent Sghaër Ould M'bareck. Le texte est édifiant sur la faillite de l'Etat et l'ampleur des déséquilibres sociaux en Mauritanie.
Merci M. Le Président,
M. Le premier ministre, nous prenons acte de votre discours. Nous avons noté avec intérêt le bilan que vous avez présenté en mettant l’accent sur le climat de prospérité et de stabilité, qui selon vous règne dans notre pays. Vous avez également évoqué votre programme d’infrastructures et d’équipements collectifs comportant cependant plus d’études que de réalisations physiques. De même, votre programme énumère plusieurs actions que vous souhaitez entreprendre, dont la réforme de la justice, la convertibilité, à terme de notre monnaie nationale et la poursuite du renforcement de l’Etat de droit.
Mais, M. Le Premier ministre, notre attention a surtout été attirée par vos silences sur des questions de l’heure, les non-dits et les omissions. D’abord sur le bilan. Lorsqu’on remonte un peu plus loin, c’est-à-dire, depuis le début de cette législature, en 2001, quatre exercices budgétaires nous ont été présentés, totalisant des ressources cumulées de plus de cinq cents milliards d’ouguiyas. Alors, une question simple : Qu’a-t-on fait de tout cet argent ? Oui, nous savons que les traitements et salaires ont représenté en moyenne 21% des budgets de fonctionnement. Nous savons également, que les dépenses de fonctionnement relatives aux biens et services, hors dépenses militaires, ont grevé l’essentiel de ces ressources, se situant à 42%. Nous savons surtout que d’année en année la partie Biens et services a connu une augmentation fulgurante, en moyenne 26,2%, contre 10% pour les traitements et salaires, y compris la toute dernière augmentation. Or, si l’on en croit les chiffres officiels que votre Gouvernement a avancés, l’inflation a été maîtrisée, se situant à moins de 5% par an. La croissance des dépenses sur biens et services 26% pour une inflation de 5%. Autre question simple, M. le Premier ministre : A qui profite le gonflement des ressources destinées aux frais de fonctionnement ? Comme nous ne voulons pas croire que votre Gouvernement encourage volontairement le détournement des deniers publics, qu’estce qui dans votre programme permet concrètement de lutter contre cette réalité ? Nous ne voulons pas non plus croire que votre Gouvernement manipule les chiffres, mais le problème de leur cohérence reste posée.
Monsieur le Premier ministre, il existe d’autres chiffres qui nous préoccupent également. En présentant le budget 2004, vous nous aviez dit que vous disposiez de 9 mois de réserves, il est curieux qu’un tel matelas de devises n’ait rien pu faire pour empêcher l’effondrement de notre monnaie nationale ! Qu’avez-vous fait de cet argent ? Plus que la cohérence des chiffres, c’est le problème de la crédibilité des documents gouvernementaux qui est posée. Beaucoup de nos compatriotes se demandent si nous avons une politique monétaire ; et si oui laquelle ?
Vous avez également évoqué les performances de notre système éducatif. Certes le taux brut de scolarisation est appréciable, mais le défi à relever se situe ailleurs, au niveau du taux net qui fait à peine 60% et de la qualité d’ensemble du système éducatif, particulièrement en matière de gestion des ressources humaines. En revisitant les allocations des cinq cents milliards d’ouguiyas, dépensés au cours de ces quatre dernières années, nous avons constaté que les élèves et les étudiants en ont été les parents pauvres. En effet, les bourses cumulées pour tous les cycles d’enseignements n’ont représentées que 0,33%. Assurément, les priorités de votre Gouvernement sont ailleurs…Cette année a été marquée par un autre scandale, je veux parler du détournement à grande échelle des manuels scolaires et ces pratiques indésirables ne sont pas de nature à améliorer la qualité de notre système éducatif. Nous serons attentifs aux suites que vous donnerez à cette affaire.
M. le Premier ministre, il y aurait également beaucoup à dire sur la qualité des dépenses et sur la qualité des prestations de services, notamment en matière de santé. Trop de négligences coupables se passent dans nos structures de santé ! On ne sait plus si c’est la maladie ou le médecin qui tue ?
Enfin, vous avez évoqué l’Etat de droit. L’Etat de droit ne se décrète pas, il se vit au quotidien. M. le Premier ministre, l’Etat est fort lorsqu’il est juste, j’allais dire, il n’est fort que lorsqu’il est juste. Nous avons encore la peur du policier qui nous réveille en pleine nuit et qui lui-même à certainement peur… Nous avons encore peur du juge qui torpille les lois de la République et qui lui-même a certainement peur. En bref, nous avons peur pour notre pays. Nous sommes tous des prisonniers en sursis ! L’année 2004, s’achève comme elle avait commencé, c’est-à-dire avec des procès politiques. Au cours de ces quinze derniers mois, la justice a eu à connaître quatre affaires d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Que les complots soient vrais ou imaginaires, il n’est pas besoin de se prononcer sur le fond pour constater qu’il y a problèmes ! Cette année, vous avez multiplié les dépenses militaires par trois. Nous osons croire que ce n’est pas un budget de guerre et que ces ressources seront utilisées pour reconstruire notre armée, cette armée qui dévore ses propres soldats.
M. le Premier ministre, allons-nous persévérer dans une sorte de comptabilité macabre ou devons nous chercher ensemble, les voies et moyens permettant de tourner les pages sombres de notre armée, cette armée qui n’aurait jamais dû cesser d’être nationale ? Car, une armée ethnicisée, une armée régionalisée, une armée tribalisée, est tout - sauf une armée nationale.
Mais, parce que le pire n’est jamais sûr, si vous vous engagez dans la voie de la réconciliation nationale, la seule qui compte aujourd’hui, à nos yeux, nous prendrons toute notre part de responsabilités.
Je vous remercie.
Kane Hamidou Baba
Source : Conscience et Résistance
http://www.conscienceresistance.org/tableau_noir.htm
Merci M. Le Président,
M. Le premier ministre, nous prenons acte de votre discours. Nous avons noté avec intérêt le bilan que vous avez présenté en mettant l’accent sur le climat de prospérité et de stabilité, qui selon vous règne dans notre pays. Vous avez également évoqué votre programme d’infrastructures et d’équipements collectifs comportant cependant plus d’études que de réalisations physiques. De même, votre programme énumère plusieurs actions que vous souhaitez entreprendre, dont la réforme de la justice, la convertibilité, à terme de notre monnaie nationale et la poursuite du renforcement de l’Etat de droit.
Mais, M. Le Premier ministre, notre attention a surtout été attirée par vos silences sur des questions de l’heure, les non-dits et les omissions. D’abord sur le bilan. Lorsqu’on remonte un peu plus loin, c’est-à-dire, depuis le début de cette législature, en 2001, quatre exercices budgétaires nous ont été présentés, totalisant des ressources cumulées de plus de cinq cents milliards d’ouguiyas. Alors, une question simple : Qu’a-t-on fait de tout cet argent ? Oui, nous savons que les traitements et salaires ont représenté en moyenne 21% des budgets de fonctionnement. Nous savons également, que les dépenses de fonctionnement relatives aux biens et services, hors dépenses militaires, ont grevé l’essentiel de ces ressources, se situant à 42%. Nous savons surtout que d’année en année la partie Biens et services a connu une augmentation fulgurante, en moyenne 26,2%, contre 10% pour les traitements et salaires, y compris la toute dernière augmentation. Or, si l’on en croit les chiffres officiels que votre Gouvernement a avancés, l’inflation a été maîtrisée, se situant à moins de 5% par an. La croissance des dépenses sur biens et services 26% pour une inflation de 5%. Autre question simple, M. le Premier ministre : A qui profite le gonflement des ressources destinées aux frais de fonctionnement ? Comme nous ne voulons pas croire que votre Gouvernement encourage volontairement le détournement des deniers publics, qu’estce qui dans votre programme permet concrètement de lutter contre cette réalité ? Nous ne voulons pas non plus croire que votre Gouvernement manipule les chiffres, mais le problème de leur cohérence reste posée.
Monsieur le Premier ministre, il existe d’autres chiffres qui nous préoccupent également. En présentant le budget 2004, vous nous aviez dit que vous disposiez de 9 mois de réserves, il est curieux qu’un tel matelas de devises n’ait rien pu faire pour empêcher l’effondrement de notre monnaie nationale ! Qu’avez-vous fait de cet argent ? Plus que la cohérence des chiffres, c’est le problème de la crédibilité des documents gouvernementaux qui est posée. Beaucoup de nos compatriotes se demandent si nous avons une politique monétaire ; et si oui laquelle ?
Vous avez également évoqué les performances de notre système éducatif. Certes le taux brut de scolarisation est appréciable, mais le défi à relever se situe ailleurs, au niveau du taux net qui fait à peine 60% et de la qualité d’ensemble du système éducatif, particulièrement en matière de gestion des ressources humaines. En revisitant les allocations des cinq cents milliards d’ouguiyas, dépensés au cours de ces quatre dernières années, nous avons constaté que les élèves et les étudiants en ont été les parents pauvres. En effet, les bourses cumulées pour tous les cycles d’enseignements n’ont représentées que 0,33%. Assurément, les priorités de votre Gouvernement sont ailleurs…Cette année a été marquée par un autre scandale, je veux parler du détournement à grande échelle des manuels scolaires et ces pratiques indésirables ne sont pas de nature à améliorer la qualité de notre système éducatif. Nous serons attentifs aux suites que vous donnerez à cette affaire.
M. le Premier ministre, il y aurait également beaucoup à dire sur la qualité des dépenses et sur la qualité des prestations de services, notamment en matière de santé. Trop de négligences coupables se passent dans nos structures de santé ! On ne sait plus si c’est la maladie ou le médecin qui tue ?
Enfin, vous avez évoqué l’Etat de droit. L’Etat de droit ne se décrète pas, il se vit au quotidien. M. le Premier ministre, l’Etat est fort lorsqu’il est juste, j’allais dire, il n’est fort que lorsqu’il est juste. Nous avons encore la peur du policier qui nous réveille en pleine nuit et qui lui-même à certainement peur… Nous avons encore peur du juge qui torpille les lois de la République et qui lui-même a certainement peur. En bref, nous avons peur pour notre pays. Nous sommes tous des prisonniers en sursis ! L’année 2004, s’achève comme elle avait commencé, c’est-à-dire avec des procès politiques. Au cours de ces quinze derniers mois, la justice a eu à connaître quatre affaires d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Que les complots soient vrais ou imaginaires, il n’est pas besoin de se prononcer sur le fond pour constater qu’il y a problèmes ! Cette année, vous avez multiplié les dépenses militaires par trois. Nous osons croire que ce n’est pas un budget de guerre et que ces ressources seront utilisées pour reconstruire notre armée, cette armée qui dévore ses propres soldats.
M. le Premier ministre, allons-nous persévérer dans une sorte de comptabilité macabre ou devons nous chercher ensemble, les voies et moyens permettant de tourner les pages sombres de notre armée, cette armée qui n’aurait jamais dû cesser d’être nationale ? Car, une armée ethnicisée, une armée régionalisée, une armée tribalisée, est tout - sauf une armée nationale.
Mais, parce que le pire n’est jamais sûr, si vous vous engagez dans la voie de la réconciliation nationale, la seule qui compte aujourd’hui, à nos yeux, nous prendrons toute notre part de responsabilités.
Je vous remercie.
Kane Hamidou Baba
Source : Conscience et Résistance
http://www.conscienceresistance.org/tableau_noir.htm