Dominique Strauss-Kahn et ses avocats dans la salle d'audience, le 6 juin 2011 à New York
"Non coupable", a déclaré en anglais M. Strauss-Kahn, après lecture de l'acte d'accusation par le juge Michael Obus dans une salle d'audience du tribunal pénal de Manhattan pleine à craquer de journalistes, surtout français.
Vêtu d'un costume et d'une cravate sombres, "DSK", 62 ans, était arrivé au tribunal vers 8H40 (12H40 GMT) dans une grosse voiture noire, accompagné par son épouse Anne Sinclair, sous les regards de dizaines de journalistes et photographes.
"DSK" a eu droit à un comité d'accueil plutôt inhabituel: un groupe de personnes habillées en femmes de chambre, profession de la victime présumée, qui manifestait devant le tribunal, et dont les cris "Honte à vous!" étaient audibles à l'intérieur de la salle d'audience 12 étages plus haut.
L'ancien ministre socialiste français a rejeté l'ensemble des sept chefs d'accusation, dont crimes sexuels, tentative de viol et séquestration, dont il fait l'objet suites au témoignage sous serment d'une femme de chambre de 32 ans d'origine guinéenne de l'hôtel Sofitel à New York.
En plaidant non coupable, "DSK" ouvre la voie à l'organisation de son procès public, qui pourrait avoir lieu dans les prochains mois et lors duquel il devra affronter la victime présumée, dont les autorités américaines n'ont pas révélé l'identité.
S'il avait plaidé coupable --ce qui eût été un coup de théâtre, ses avocats ayant toujours affirmé qu'il niait les faits-- M. Strauss-Kahn aurait pu négocier une réduction de peine avec l'accusation. Il garde toutefois la possibilité de le faire jusqu'à son procès.
Sa prochaine audience a été fixée au 18 juillet.
Cette brève audience (7 minutes) était la troisième depuis l'arrestation de DSK il y a trois semaines. Sitôt celle-ci terminée, les avocats des deux parties se sont affrontés devant la presse, donnant un avant-goût des joutes juridiques qui devraient avoir lieu jusqu'au procès.
La décision de "DSK" de plaider non coupable est "une déclaration forte et éloquente", a dit un de ses avocats, Benjamin Brafman, un ténor du barreau de New York, dont la stratégie consiste depuis le début de l'affaire à rejeter les accusations dont fait l'objet son client.
"Il va apparaître clairement qu'il n'y a pas d'élément fort montrant qu'il y a eu contrainte dans cette affaire, toute suggestion du contraire n'est tout simplement pas crédible", a-t-il assuré.
Riposte, par média interposé, de l'avocat de la victime présumée: "c'était une agression sexuelle terrible", a affirmé Me Kenneth Thompson. La victime présumée "est une femme digne et respectable" qui témoignera contre l'ancien patron du FMI, a-t-il ajouté.
De nombreux journalistes étaient arrivés au tribunal plusieurs heures avant le début de l'audience pour tenter d'avoir une place dans la salle. Nombre ont couvert l'événement directement via le site de micro-blogs Twitter, en écrivant frénétiquement sur les claviers de leurs smartphones.
Dominique Strauss-Kahn, qui a quitté le tribunal vers 09H30 (13H30 GMT), devait rejoindre la maison luxueuse qu'il occupe depuis le 25 mai avec sa femme, à TriBeCa, un quartier "bourgeois-bohême" du sud de Manhattan.
L'ancien patron du FMI y est résidence surveillée depuis sa libération contre une caution d'un million de dollars. Il doit également porter un bracelet électroniques.
La chute de "DSK", une des personnalités les plus influentes du monde jusqu'à son interpellation le 14 mai dernier à bord d'un avion Air France en partance pour Paris, a provoqué un coup de tonnerre politique en France, où les sondages le donnaient favori dans la course à la présidentielle 2012.
En France, au Parti socialiste, Elisabeth Guigou, députée de Seine-Saint-Denis, a déclaré qu'elle avait "autre chose à faire" que de regarder la retransmission de l'audience.
"Je pense que les Françaises et les Français feront très bien la différence entre cette affaire qui est une affaire privée et le Parti socialiste", a-t-elle dit sur i-TELE.
Le porte-parole du PS Benoît Hamon a admis de son côté que la comparution de Dominique Strauss-Kahn constituait "évidemment une journée particulière pour les socialistes".
Source: AFP