Le drame de l’émigration clandestine et ses décomptes macabres quasi-quotidiens se poursuit au Sénégal. Depuis septembre, les chiffres sont vertigineux : plus de 32 000 personnes ont débarqué aux îles Canaries depuis janvier, dont une majorité de Sénégalais, et on compte plus de 600 morts. Mais rien ne semble arrêter l’exode des jeunes Sénégalais par la mer, comme dans la commune de Bargny, à 30 kilomètres de Dakar. Reportage.
Attablé devant un jeu de dame, les pieds dans le sable à l’ombre d’un auvent en tôle, Abdurrahmane, rentre bredouille de sa pêche. Il se souvient avoir eu des sueurs froides lundi 6 novembre quand il a appris qu’une pirogue partie deux jours plus tôt s’était échouée sur une plage de Dakar. "Le fils de mon frère était à bord", explique Abdurrahmane. "Quand on a entendu que le bateau avait chaviré, ça a été un vrai choc, on a eu très peur ! Nombre de gens ont ressenti beaucoup de douleur."
À bord, il y avait au moins 250 personnes. Le neveu d’Abdurrahmane fait partie des 37 qui ont pu être sauvés.
"Bien sûr que je vais repartir"
Saliou, lui, est revenu la veille au Sénégal, rapatrié en voiture après avoir fait naufrage au large de la Mauritanie. Peu lui importe que la traversée en novembre soit de plus en plus dangereuse, en raison des mauvaises conditions météorologiques. Il n’attend qu’une chose : repartir. "Bien sûr que je vais repartir, car ici c’est trop dur, lance-t-il. On n’a plus envie de rester dans ce pays car ici on n’y arrive pas, c’est une question de survie ! Je veux pouvoir nourrir ma femme, ma mère, construire une maison et pour cela je suis prêt à tout".
Parmi les 15 pêcheurs sur cette plage de Bargny, tous ont au moins un membre de leur famille qui a fait la traversée jusqu’en Espagne. Pour Pape Diouf, 40 ans, diplômé en droit des affaires et maçon, c’est un problème structurel : "C’est une mauvaise politique pour la jeunesse, estime-t-il. Parce qu’il faut comprendre que pour le Sénégal, ce sont les jeunes qui dominent. Actuellement, les jeunes ne parviennent pas à trouver quelque chose d'adéquat, pour leur devenir. C’est la raison pour laquelle on voit ce qui se passe avec l’immigration clandestine".
Au Sénégal, 75% de la population a moins de 35 ans, un défi énorme que le gouvernement peine à relever. Pape, lui aussi, promet qu’il partira dès qu’un passeur sera prêt à le faire traverser gratuitement, et ce même s’il a 2 enfants.
Depuis septembre, plus de 32 000 Sénégalais ont débarqué aux îles Canaries en quelques semaines, un record. Pour tenter de mettre fin à l'immigration clandestine, le président Macky Sall a appelé le 9 novembre à la prise de mesures sécuritaires et économiques d’urgence dans son pays.
Avec notre correspondante à Dakar, Léa-Lisa Westerhoff
RFI
Source : Info Migrants (France)
Attablé devant un jeu de dame, les pieds dans le sable à l’ombre d’un auvent en tôle, Abdurrahmane, rentre bredouille de sa pêche. Il se souvient avoir eu des sueurs froides lundi 6 novembre quand il a appris qu’une pirogue partie deux jours plus tôt s’était échouée sur une plage de Dakar. "Le fils de mon frère était à bord", explique Abdurrahmane. "Quand on a entendu que le bateau avait chaviré, ça a été un vrai choc, on a eu très peur ! Nombre de gens ont ressenti beaucoup de douleur."
À bord, il y avait au moins 250 personnes. Le neveu d’Abdurrahmane fait partie des 37 qui ont pu être sauvés.
"Bien sûr que je vais repartir"
Saliou, lui, est revenu la veille au Sénégal, rapatrié en voiture après avoir fait naufrage au large de la Mauritanie. Peu lui importe que la traversée en novembre soit de plus en plus dangereuse, en raison des mauvaises conditions météorologiques. Il n’attend qu’une chose : repartir. "Bien sûr que je vais repartir, car ici c’est trop dur, lance-t-il. On n’a plus envie de rester dans ce pays car ici on n’y arrive pas, c’est une question de survie ! Je veux pouvoir nourrir ma femme, ma mère, construire une maison et pour cela je suis prêt à tout".
Parmi les 15 pêcheurs sur cette plage de Bargny, tous ont au moins un membre de leur famille qui a fait la traversée jusqu’en Espagne. Pour Pape Diouf, 40 ans, diplômé en droit des affaires et maçon, c’est un problème structurel : "C’est une mauvaise politique pour la jeunesse, estime-t-il. Parce qu’il faut comprendre que pour le Sénégal, ce sont les jeunes qui dominent. Actuellement, les jeunes ne parviennent pas à trouver quelque chose d'adéquat, pour leur devenir. C’est la raison pour laquelle on voit ce qui se passe avec l’immigration clandestine".
Au Sénégal, 75% de la population a moins de 35 ans, un défi énorme que le gouvernement peine à relever. Pape, lui aussi, promet qu’il partira dès qu’un passeur sera prêt à le faire traverser gratuitement, et ce même s’il a 2 enfants.
Depuis septembre, plus de 32 000 Sénégalais ont débarqué aux îles Canaries en quelques semaines, un record. Pour tenter de mettre fin à l'immigration clandestine, le président Macky Sall a appelé le 9 novembre à la prise de mesures sécuritaires et économiques d’urgence dans son pays.
Avec notre correspondante à Dakar, Léa-Lisa Westerhoff
RFI
Source : Info Migrants (France)