APERCU HISTORIQUE
La République Islamique de Mauritanie fonde son existence juridique sur un immense territoire d’un million quatre vingt deux mille km² (1.082.000 km²). Limitée au Nord par l’Algérie et le Maroc, elle est bordée à l’Ouest par l’Océan Atlantique, et dans ses flancs Est, Sud – Est et Sud par le Mali et le Sénégal.
La Mauritanie accède à la souveraineté internationale le 28 novembre 1960.
Composée de deux groupes racio-éthniques, la Mauritanie est riche d’une diversité de population (les arabo-berbères et les négro-mauritaniens) qui en fait naturellement un pays tampon entre le monde arabe (Maghreb) et l’Afrique noire et l’installe du coup dans la position privilégiée de pays trait d’union entre les civilisations arabes d’Afrique du Nord et les vieilles civilisations négro-africaines de la partie subsaharienne du continent.
Le 28 novembre 1960, la Mauritanie accède à l’indépendance sous la houlette de Moctar Ould Daddah. En dépit du refus d’un Maroc aux visées territoriales jamais dissimulées, le pays est reconnu par les Nations Unies, le 27 octobre 1961.
En 1966, avec la promulgation d’une loi instituant le bilinguisme, la Mauritanie va connaître de graves affrontements raciaux dans les principales villes du pays. L’année 1973 voit les autorités mauritaniennes réviser les accords signés avec la France depuis 1960. Cette révision embrasse les domaines économiques et socio-culturels et conduit un an plus tard le pays à adhérer à la ligue arabe. Pour mieux raffermir l’option prise d’arabiser le pays, des contingents entiers d’étudiants maures sont envoyés dans les pays arabes pour s’initier à la langue et pour se familiariser avec les techniques de gestion et d’administration.
Le 05 août 1979, mauritaniens et sarahouis se retrouvent à Tripoli et paraphent un accord reconnaissant la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) et entérinant du même coup le retrait de la Mauritanie du conflit. Tout au long de cette guerre ruineuse, la Mauritanie qui ne comptait qu’un effectif faible de trois mille hommes dût recourir à un recrutement massif dans la communauté noire qui paya un lourd tribut à un conflit aux dessins évidents. En raison des affinités tribales et culturelles, les maures rechignaient à tirer sur leurs frères de l’autre bord et montraient un manque de motivation au combat« fort patriotique ».
De 1978 à 1984, diverses juntes ont alterné sur le trône avec une même politique raciste remarquable par sa constance avec Ould Taya, arrivé au pouvoir par les hasards d’une révolution de palais mené en Catimini la politique de ségrégation raciale, connaîtra un supplément de raffinement avec l’adoption de la recette de l’épuration ethnique que ce colonel d’opérette initia dès sa prise de pouvoir. Tous les segments de la communauté négro-africaine furent frappés de plein fouet.
- ETAPE PRECEDENT LES DEPORTATIONS
Les évènements de 1989 furent le paroxysme d’une vieille politique d’épuration ethnique mise en branle depuis des décennies. Déjà en 1979, le système éducatif connut une secousse tellurique avec une célèbre mesure entrée dans l’histoire sous le nom de « circulaire 02 ». Dans celle-ci, l’administration chauvine beydane surélevait les coefficients des matières enseignées en langue arabe dans la sordide fin de léser les élèves négro-africains. Ainsi, les concepteurs d’une telle politique ajoutaient une brique supplémentaire à l’édification d’une Mauritanie totalement arabisée et débarrassée de sa spécificité négro-africaine perçue comme une épine obstruant l’entrée définitive du pays dans la sphère arabophone. C’est dans cette perspective qu’il faut situer le retrait de la Mauritanie de la CDEAO et d’autres mesures annexes, prises plus tard pour éloigner d’avantage la partie d’Ould Daddah de l’Afrique Noire.
Toute cette politique d’arabisation tous azimut trouve son explication dans les résultats d’un recensement de la population effectué en 1976 et qui confirmait l’écrasante majorité des couches négro-mauritaniennes.
Sidérée par des tendances démographiques contraires à ses thèses, l’élite beydane se trouva une nouvelle recette avec la thèse la spoliation des terres fertiles du Sud aux mains des négro-africains.
L’ordonnance n° 83/127 du 05 / 06 / 1983 portant réforme foncière et domaniale sera vite suivie du décret d’application n° 84009 du 19 / 01 / 1984 dans le seul but de légitimer les expropriations.
Cette loi confirmera sa scélératesse en décrétant une exception pour la zone Nord (Atar, Tichit, Tidjikja, Chinguetti, etc.) renfermant l’essentiel des terres de la communauté beydane. Dans la même veine, la circulation ministérielle n° 20/MINT du 20 / 01 / 1985 à diffusion restreinte, strictement administrative et frappée du sceau confidentiel libérait les hordes d’hommes d’affaires maures. Cette nouvelle législation voit une ruée sans précédent vers le Sud. Des terres entières furent expropriées, suscitant une réaction farouche des populations locales déterminées à sauvegarder le dernier pan conservant encore leur identité concassée ailleurs.
Les gouverneurs, préfets et sous-préfets entrèrent dans la danse pour épauler les hommes d’affaires maures. Ils légitimèrent les pratiques en leur donnant une caution juridique. Interloqués par des pratiques en porte à faux avec la volonté de vivre ensemble dans le respect réciproque des spécificités nationales, un groupe d’intellectuels négro-mauritaniens publie un document intitulé « Le Manifeste du Négro-mauritanien opprimé » en 1986 et dans lequel il fait un état des lieux sans complaisance de la situation de la Mauritanie. Chiffre à l’appui, les rédacteurs du manifeste étayent la thèse d’un racisme d’Etat et de l’oppression du négro-mauritanien en général et du négro-africain en particulier. En outre, le document a proposé des remèdes à une impasse débilitante et réaffirme le caractère sacré de l’unité nationale. Pour toute réponse, le gouvernement se livrera à une chasse aux sorcières. Des arrestations massives eurent lieu. Des intellectuels furent condamnés et d’autres tout simplement exécutés.
La sortie du manifeste sonnera le glas de quelques avancées obtenues de haute lutte. Dans le domaine éducatif, les autorités gelèrent l’expérience probante des classes expérimentales en langues nationales.
Encore insatisfaits, le Gouvernement s’attaqua à l’armée en 1987 pour parer à toute résistance éventuelle. Celle-ci sera purgée de ses éléments négro-africains sous le prétexte fallacieux d’un coup d’Etat chimérique inventé pour les besoins de chasser les noirs. Trois condamnations à mort furent prononcées et exécutées en violation des règles les plus élémentaires des droits de l’homme. Nonobstant sa tradition démocratique établie depuis belle lurette, le Sénégal fut accusé à tort de soutenir des putschistes n’existant que dans les chimères des forces chauvines. Ce cycle de répressions violentes allait ébranler durablement la conscience collective des mauritaniens. Désormais, jusque dans la grande muette, on doute de pouvoir sauver la république en cas de graves dérives du pouvoir politique.
Le deuxième recensement de 1988 apportera une brique supplémentaire à l’édifice construit par les forces chauvines du pays. Au cours de ces opérations, tous les négro-africains âgées de plus de cinquante ans ne furent pas recensés sous le prétexte fallacieux et calculé de leur origine sénégalaise décrétée par les concepteurs de la politique beydane.
- LES DEPORTATIONS
Pour peaufiner sa politique d’arabisation et procéder à une sanglante épuration ethnique, les autorités racistes de Mauritanie profitèrent de l’incident de Diawara, (au cours duquel deux paisibles sénégalais furent tués), pour assassiner, torturer, violer et déporter des milliers de négro-mauritaniens au Mali et au Sénégal. Avec plus de cent vingt mille négro-mauritaniens vers le Mali et le Sénégal. Dans le lot, figuraient des intellectuels, des fonctionnaires, des hommes d’affaires, des syndicalistes, des ex-militaires, des élèves, des enfants, des femmes et des personnes suspectées de sympathiser avec l’opposition radicale, des paysans et des éleveurs qui arrivèrent par les voies terrestres après avoir été déchus de leurs nationalités et dépouillés de leurs immenses troupeaux par les hordes au service d’Ould Taya.
Devant la pression d’une communauté internationale, interloquée par autant d’ignominie, les autorités mauritaniennes se justifieront en arguant que les expulsés ont acquis de manière frauduleuse la nationalité du pays. La légèreté d’une telle réponse émanant d’autorités promptes à jouer aux fiérs à bras émeut l’opinion qui constate l’arrivée massive des populations chassées. Des villages entiers étaient dépeuplés et aussitôt repeuplés et rebaptisés de noms à résonance beydane ( maures blancs).
En dépit de résistances sporadiques, il y eut des milliers de noirs tués de sang sur les berges du fleuve Sénégal et à la sortie des villages de l’autre rive devenue infréquentable.
Les recettes utilisées par les tortionnaires dépêchés par le Président Ould Taya sont effroyables. Elles dépassent même les limites du cruel et du dégradant : des pères et des mères furent exécutés devant leur progéniture, des femmes furent violées en présence de leurs rejetons et de leurs époux, des hommes furent publiquement castrés, des seins de femmes furent amputés, des notables furent humiliés à vie devant leur protégés, des fosses communes cernèrent la plupart des villages et des exécutions sommaires endeuillèrent au quotidien des collectivités entières impuissantes et hagardes devant la folie du Colonel de Nouakchott qui supervisait depuis son piédestal toute les opérations. Cette épuration s’est poursuivie jusque dans les années 1990 et 1991 en touchant surtout les éléments négro-mauritaniens de l’armée.
- SITUATION DES REFUGIES MAURITANIENS AU SENEGAL
Dans la deuxième quinzaine du mois d’avril 1989, les premiers contingents de déportés arrivent au Sénégal. Les premiers arrivent par pont aérien alors que les suivants empruntent les voies terrestres et fluviales. Trois cent quarante (340) camps de réfugiés furent installés le long de la vallée du fleuve.
La déportation ébranle les expulsés et les populations accueillantes. L’équilibre socio-économique et écologique de la zone est gravement rompu.
Par milliers, les noirs des zones sud débarquent, chassés comme des chiens atteints de rage par les autorités de Nouakchott.
L’accueil de la population sénégalaise et son gouvernement est spontané.
L’Etat sénégalais a déployé une grosse logistique pour assister les populations sinistrées. Un plan d’urgence de trois mois fut décrété par les autorités de concert avec le CICR, la Croix Rouge Internationale et d’autres organismes afin de juguler une probable catastrophe humanitaire.
Face au nombre croissant des déportés échouant sur les berges du Sénégal, les autorités, en dépit de leur bonne volonté, furent vite dépassées par la tournure des événements. Prenant ses responsabilités, le gouvernement de l’époque lance alors un appel à la Communauté Internationale pour une aide urgente et conséquente.
Cet appel reçu un écho favorable de la part des pays arabes qui se signalèrent les premiers par la spontanéité de leur réaction et par le volume de leur contribution. Des pays occidentaux suivirent leur sillage et apportèrent des aides variées par le canal de l’UNHCR, de « Médecins sans Frontières »et de « Médecins du Monde », etc.
Cette phase d’urgence sonne le commencement des enregistrements des déportés mauritaniens, des rapatriés sénégalais et des autres ressortissants de la sous-région qui n’avaient pas échappé à la folie raciste du régime mauritanien.
- LA PHASE D’IDENTIFICATION
Dès l’entame du mois de septembre 1989, le gouvernement du Sénégal procède à l’identification des réfugiés mauritaniens et rapatriés sénégalais sur l’ensemble du territoire national. Des récépissés de dépôts pour une demande de cartes d’identités de réfugiés seront délivrés et elles seront valables pour trois mois renouvelables. La série des « 600 » a été omise aux archives de la DAF (au Ministère de l’Intérieur). Ce document servira au HCR de base pour distribuer des vivres aux réfugiés mauritaniens. La dotation alimentaire fut de 15 kg de sorgho, de 3 kilos de riz, de 0,6 litre d’huile, de 1,5 kg de sel, de 0,25 kg de poisson sec par personne et par mois jusqu’à l’an 1992 revue à la baisse, l’assistance sera arrêtée définitivement en décembre 1995.
- LE DESENGAGEMENT DU HCR
En décembre 1995, les réfugiés mauritaniens furent abandonnés à eux-mêmes par le HCR qui s’est désengagé sur les plans alimentaire, médico-social et social. Selon l’organisme humanitaire en charge des réfugiés, la responsabilité revient aux politiques sous-régionales et aux bailleurs de fonds. En d’autres termes, la mesure cachait une volonté de geler l’assistance pour contraindre les réfugiés à rentrer clandestinement dans leur pays. La main des autorités mauritaniennes n’est pas étrangère à une telle décision.
En dépit du retour en catimini de quelques réfugiés instrumentalisés, le trébuchement n’a pas fonctionné aussi heureusement comme l’escomptaient ses initiateurs ; des milliers de réfugiés stationnent toujours sur les berges du fleuve Sénégal et exigent un retour organisé. L’arrêt de l’assistance a engendré divers problèmes au sein de la communauté des réfugiés mauritaniens. On peut citer entre autres :
- un nombre élevé d’enfants malnutris
- la rupture de la scolarité de milliers d’élèves
- une enfance abandonnée aux travaux dégradants et à la délinquance juvénile
- la fermeture des cases de santé
- l’absence de ressources pour accéder aux hôpitaux.
Les nombreux cas de décès sont essentiellement dûs au paludisme à la tuberculose à la poliomyélite, à la rougeole, à la bilharziose et à la malnutrition dans les couches les plus vulnérables, notamment les femmes, les handicapés physiques et les enfants.
Les femmes en état de grossesse manquent de soins prénataux et des suivis médicaux indispensables. Plusieurs d’entre elles continuent d’être les victimes de nombreuses complications emportant aussi souvent leurs enfants à peine arrivés dans les nervures de la vie.
Entre autres conséquences :
• il faut citer les heurts entre réfugiés et autochtones à propos de l’occupation, de la gestion et de l’exploitation des espaces et des ressources disponibles
• l’absence de délimitation des camps qui a conduit quelques autorités locales à récupérer certains espaces jadis gérés par les réfugiés pour les remettre aux autochtones au mépris des principes du droit humanitaire international (cas de Ourossogui, Bokidiawé, Dodel)
• il faut noter aussi les pressions exercées sur des réfugiés pour les contraindre à la naturalisation
• des autorités poussent la démesure jusqu’au non respect des récépissés de dépôt pour une demande de cartes d’identité de réfugiés, détenus par les réfugiés. Ainsi, ces pauvres populations sont exposées aux tracasseries administratives, à l’humiliation et même au rackettage.
- L’ASPECT JURIDIQUE
Dans la foulée de la déportation et de l’installation des réfugiés sur le territoire sénégalais, le pouvoir d’alors avait pris un certain nombre de mesures pour faciliter la présence des expulsés sur le sol sénégalaise et pour donner une assise légale à leur existence.
Le Sénégal n’a fait en vérité que respecter les conventions qu’il a ratifiées pour rester dans la droite ligne de son option démocratique irréversible.
Se conformant donc à ses engagements internationaux, l’autorité sort le décret n° 891582 du 30 décembre 1989 modifiant le n° 78484 du 05 juin 1978 publié au journal officiel n° 5338 du 17 mars 1990. Les réfugiés ont toujours bénéficié par ces différents décrets de récépissés de dépôts de demande pour carte d’identité renouvelable de trois mois de 1989 à 1999. En février 2000, l’Etat du Sénégal entame l’opération d’identification des réfugiés sur la base des conventions de l’OUA et de Genève. L’opération n’ira pas jusqu’à son terme pour cause d’élection présidentielle et sera programmée pour mai 2000 à Dagana.
A cette date, le Préfet de la localité informe les réfugiés, les techniciens et les officiels du HCR que le Ministère de l’intérieur vient de prendre la décision du report de l’identification jusqu’à nouvel ordre.
Dans la même sillage, le gouvernement sénégalais refuse d’accorder la reconnaissance juridique à des associations de réfugiés mauritaniens à caractère humanitaire.
A ces frustrations, viendra s’ajouter l’interdiction de célébrer la journée mondiale des réfugiés, entrepris par les dites associations, au cours des années 2001, 2002 et 2003 dans les départements de Podor et de Matam et principalement dans les localités de Médina Moussa, de Dioly, de Ngawlé et de Nabadji Civol et puis en 2006, l’arrestation de quatre réfugiés suite aux manifestations lors de la conférence de presse de Ely Ould Mohamed Wall.
Après l’interdiction de manifester en 2001, le journal télévisé de 20 h 30 du 20 / 06 de la même année diffusait un élément tiré des archives et daté de 1994 montrant des femmes réfugiées chantant et dansant tout en louant la générosité du HCR et du Gouvernement du Sénégal.
- LA REACTION DES REFUGIES MAURITANIENS
Réagissant à l’arrêt des opérations d’identification les réfugiés mauritaniens ont organisé un séminaire au terme duquel un document est libellé puis remis aux autorités dans le but de les alerter sur la situation catastrophique et précaire qu’ils vivent.
La réaction des autorités sénégalaises se révélera fort timide. Quelques mois après l’étude du document, un bureau est ouvert au Ministère de l’Intérieur pour prendre en charge les problèmes inhérents aux réfugiés mauritaniens. Hormis cette mesure, rien de concret n’a été entrepris pour solutionner les problèmes majeurs exposés dans ledit document.
Depuis plus d’une décennie, les réfugiés mauritaniens au Sénégal sont alors encliquetés dans une grave impasse. A la léthargie du gouvernement presque amnésique, vient s’ajouter, une volonté affichée de pourrir la situation en ménageant le voisin sur l’autre rive. Tous les efforts consentis par les réfugiés pour signaler leur triste sort ont été vains. Réagissant à cette attitude de défiance, les réfugiés mauritaniens dans leur unanimité observèrent les 02 ; 03 et 04 février 2005 une grève de la faim qui n’est qu’un prélude à d’autres combats pour sensibiliser l’opinion sénégalaise et internationale sur leur drame quotidien.
- LES PERSPECTIVES
La question des réfugiés mauritaniens est un véritable probléme politique.Aujourd´hui les mauritaniens déportés au Sénégal et au Mali exigent un retour assorti de conditions: que la Mauritanie ne veut pas prendre en compte:
-la reconnaissance de leur citoyenneté mauritanienne.
-Le retour organisé sous l´égide du HCR demeure une priorité.
-la restitution de leurs biens
-le rétablissement dans tous leurs droits.
-la garantie de sécurité une fois dans leur pays.
D’ailleurs, il est inutile de préciser que ces réfugiés n’ont jamais demandé à quitter leur pays, encore moins des "aventuriers".
Cependant en 1989, l’Etat de la RIM avait nié d’avoir déporté ses propres citoyens et comme l’a repris Ely Ould Vall, lors de sa conférence à Dakar .
Mais en fait, il y a eu bel et bien des déportations des mauritaniens de façon massive par les forces de l’ordre.
Mieux, lors de sa 30ème session, la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples tenue en 2001 à Banjul (République de Gambie), le Consul Mauritanien a confirmé cette déportation en refusant toutefois l’idée d’un retour organisé sous l’égide de la Communauté Internationale et du Gouvernement du Sénégal.
Le Fond du probléme réside dans le réglement global de la question nationale en Mauritanie. Cette situation assainie suprimerait le « phénoméne réfugié ». A défaut de quoi la Mauritanie constituera sans aucun doute une source permanente d´instabilité sous – régionale et régionale.
Il importe que les autorités mauritaniennes comprennent que l´édification d´une Mauritanie prospére et stable se fera par et avec tous ses fils et filles ou ne sera pas.
Dakar le 09 / 04 /2006
Le Collectif des Associations des Réfugiés Mauritaniens au Sénégal (LE CAREMS).
La République Islamique de Mauritanie fonde son existence juridique sur un immense territoire d’un million quatre vingt deux mille km² (1.082.000 km²). Limitée au Nord par l’Algérie et le Maroc, elle est bordée à l’Ouest par l’Océan Atlantique, et dans ses flancs Est, Sud – Est et Sud par le Mali et le Sénégal.
La Mauritanie accède à la souveraineté internationale le 28 novembre 1960.
Composée de deux groupes racio-éthniques, la Mauritanie est riche d’une diversité de population (les arabo-berbères et les négro-mauritaniens) qui en fait naturellement un pays tampon entre le monde arabe (Maghreb) et l’Afrique noire et l’installe du coup dans la position privilégiée de pays trait d’union entre les civilisations arabes d’Afrique du Nord et les vieilles civilisations négro-africaines de la partie subsaharienne du continent.
Le 28 novembre 1960, la Mauritanie accède à l’indépendance sous la houlette de Moctar Ould Daddah. En dépit du refus d’un Maroc aux visées territoriales jamais dissimulées, le pays est reconnu par les Nations Unies, le 27 octobre 1961.
En 1966, avec la promulgation d’une loi instituant le bilinguisme, la Mauritanie va connaître de graves affrontements raciaux dans les principales villes du pays. L’année 1973 voit les autorités mauritaniennes réviser les accords signés avec la France depuis 1960. Cette révision embrasse les domaines économiques et socio-culturels et conduit un an plus tard le pays à adhérer à la ligue arabe. Pour mieux raffermir l’option prise d’arabiser le pays, des contingents entiers d’étudiants maures sont envoyés dans les pays arabes pour s’initier à la langue et pour se familiariser avec les techniques de gestion et d’administration.
Le 05 août 1979, mauritaniens et sarahouis se retrouvent à Tripoli et paraphent un accord reconnaissant la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) et entérinant du même coup le retrait de la Mauritanie du conflit. Tout au long de cette guerre ruineuse, la Mauritanie qui ne comptait qu’un effectif faible de trois mille hommes dût recourir à un recrutement massif dans la communauté noire qui paya un lourd tribut à un conflit aux dessins évidents. En raison des affinités tribales et culturelles, les maures rechignaient à tirer sur leurs frères de l’autre bord et montraient un manque de motivation au combat« fort patriotique ».
De 1978 à 1984, diverses juntes ont alterné sur le trône avec une même politique raciste remarquable par sa constance avec Ould Taya, arrivé au pouvoir par les hasards d’une révolution de palais mené en Catimini la politique de ségrégation raciale, connaîtra un supplément de raffinement avec l’adoption de la recette de l’épuration ethnique que ce colonel d’opérette initia dès sa prise de pouvoir. Tous les segments de la communauté négro-africaine furent frappés de plein fouet.
- ETAPE PRECEDENT LES DEPORTATIONS
Les évènements de 1989 furent le paroxysme d’une vieille politique d’épuration ethnique mise en branle depuis des décennies. Déjà en 1979, le système éducatif connut une secousse tellurique avec une célèbre mesure entrée dans l’histoire sous le nom de « circulaire 02 ». Dans celle-ci, l’administration chauvine beydane surélevait les coefficients des matières enseignées en langue arabe dans la sordide fin de léser les élèves négro-africains. Ainsi, les concepteurs d’une telle politique ajoutaient une brique supplémentaire à l’édification d’une Mauritanie totalement arabisée et débarrassée de sa spécificité négro-africaine perçue comme une épine obstruant l’entrée définitive du pays dans la sphère arabophone. C’est dans cette perspective qu’il faut situer le retrait de la Mauritanie de la CDEAO et d’autres mesures annexes, prises plus tard pour éloigner d’avantage la partie d’Ould Daddah de l’Afrique Noire.
Toute cette politique d’arabisation tous azimut trouve son explication dans les résultats d’un recensement de la population effectué en 1976 et qui confirmait l’écrasante majorité des couches négro-mauritaniennes.
Sidérée par des tendances démographiques contraires à ses thèses, l’élite beydane se trouva une nouvelle recette avec la thèse la spoliation des terres fertiles du Sud aux mains des négro-africains.
L’ordonnance n° 83/127 du 05 / 06 / 1983 portant réforme foncière et domaniale sera vite suivie du décret d’application n° 84009 du 19 / 01 / 1984 dans le seul but de légitimer les expropriations.
Cette loi confirmera sa scélératesse en décrétant une exception pour la zone Nord (Atar, Tichit, Tidjikja, Chinguetti, etc.) renfermant l’essentiel des terres de la communauté beydane. Dans la même veine, la circulation ministérielle n° 20/MINT du 20 / 01 / 1985 à diffusion restreinte, strictement administrative et frappée du sceau confidentiel libérait les hordes d’hommes d’affaires maures. Cette nouvelle législation voit une ruée sans précédent vers le Sud. Des terres entières furent expropriées, suscitant une réaction farouche des populations locales déterminées à sauvegarder le dernier pan conservant encore leur identité concassée ailleurs.
Les gouverneurs, préfets et sous-préfets entrèrent dans la danse pour épauler les hommes d’affaires maures. Ils légitimèrent les pratiques en leur donnant une caution juridique. Interloqués par des pratiques en porte à faux avec la volonté de vivre ensemble dans le respect réciproque des spécificités nationales, un groupe d’intellectuels négro-mauritaniens publie un document intitulé « Le Manifeste du Négro-mauritanien opprimé » en 1986 et dans lequel il fait un état des lieux sans complaisance de la situation de la Mauritanie. Chiffre à l’appui, les rédacteurs du manifeste étayent la thèse d’un racisme d’Etat et de l’oppression du négro-mauritanien en général et du négro-africain en particulier. En outre, le document a proposé des remèdes à une impasse débilitante et réaffirme le caractère sacré de l’unité nationale. Pour toute réponse, le gouvernement se livrera à une chasse aux sorcières. Des arrestations massives eurent lieu. Des intellectuels furent condamnés et d’autres tout simplement exécutés.
La sortie du manifeste sonnera le glas de quelques avancées obtenues de haute lutte. Dans le domaine éducatif, les autorités gelèrent l’expérience probante des classes expérimentales en langues nationales.
Encore insatisfaits, le Gouvernement s’attaqua à l’armée en 1987 pour parer à toute résistance éventuelle. Celle-ci sera purgée de ses éléments négro-africains sous le prétexte fallacieux d’un coup d’Etat chimérique inventé pour les besoins de chasser les noirs. Trois condamnations à mort furent prononcées et exécutées en violation des règles les plus élémentaires des droits de l’homme. Nonobstant sa tradition démocratique établie depuis belle lurette, le Sénégal fut accusé à tort de soutenir des putschistes n’existant que dans les chimères des forces chauvines. Ce cycle de répressions violentes allait ébranler durablement la conscience collective des mauritaniens. Désormais, jusque dans la grande muette, on doute de pouvoir sauver la république en cas de graves dérives du pouvoir politique.
Le deuxième recensement de 1988 apportera une brique supplémentaire à l’édifice construit par les forces chauvines du pays. Au cours de ces opérations, tous les négro-africains âgées de plus de cinquante ans ne furent pas recensés sous le prétexte fallacieux et calculé de leur origine sénégalaise décrétée par les concepteurs de la politique beydane.
- LES DEPORTATIONS
Pour peaufiner sa politique d’arabisation et procéder à une sanglante épuration ethnique, les autorités racistes de Mauritanie profitèrent de l’incident de Diawara, (au cours duquel deux paisibles sénégalais furent tués), pour assassiner, torturer, violer et déporter des milliers de négro-mauritaniens au Mali et au Sénégal. Avec plus de cent vingt mille négro-mauritaniens vers le Mali et le Sénégal. Dans le lot, figuraient des intellectuels, des fonctionnaires, des hommes d’affaires, des syndicalistes, des ex-militaires, des élèves, des enfants, des femmes et des personnes suspectées de sympathiser avec l’opposition radicale, des paysans et des éleveurs qui arrivèrent par les voies terrestres après avoir été déchus de leurs nationalités et dépouillés de leurs immenses troupeaux par les hordes au service d’Ould Taya.
Devant la pression d’une communauté internationale, interloquée par autant d’ignominie, les autorités mauritaniennes se justifieront en arguant que les expulsés ont acquis de manière frauduleuse la nationalité du pays. La légèreté d’une telle réponse émanant d’autorités promptes à jouer aux fiérs à bras émeut l’opinion qui constate l’arrivée massive des populations chassées. Des villages entiers étaient dépeuplés et aussitôt repeuplés et rebaptisés de noms à résonance beydane ( maures blancs).
En dépit de résistances sporadiques, il y eut des milliers de noirs tués de sang sur les berges du fleuve Sénégal et à la sortie des villages de l’autre rive devenue infréquentable.
Les recettes utilisées par les tortionnaires dépêchés par le Président Ould Taya sont effroyables. Elles dépassent même les limites du cruel et du dégradant : des pères et des mères furent exécutés devant leur progéniture, des femmes furent violées en présence de leurs rejetons et de leurs époux, des hommes furent publiquement castrés, des seins de femmes furent amputés, des notables furent humiliés à vie devant leur protégés, des fosses communes cernèrent la plupart des villages et des exécutions sommaires endeuillèrent au quotidien des collectivités entières impuissantes et hagardes devant la folie du Colonel de Nouakchott qui supervisait depuis son piédestal toute les opérations. Cette épuration s’est poursuivie jusque dans les années 1990 et 1991 en touchant surtout les éléments négro-mauritaniens de l’armée.
- SITUATION DES REFUGIES MAURITANIENS AU SENEGAL
Dans la deuxième quinzaine du mois d’avril 1989, les premiers contingents de déportés arrivent au Sénégal. Les premiers arrivent par pont aérien alors que les suivants empruntent les voies terrestres et fluviales. Trois cent quarante (340) camps de réfugiés furent installés le long de la vallée du fleuve.
La déportation ébranle les expulsés et les populations accueillantes. L’équilibre socio-économique et écologique de la zone est gravement rompu.
Par milliers, les noirs des zones sud débarquent, chassés comme des chiens atteints de rage par les autorités de Nouakchott.
L’accueil de la population sénégalaise et son gouvernement est spontané.
L’Etat sénégalais a déployé une grosse logistique pour assister les populations sinistrées. Un plan d’urgence de trois mois fut décrété par les autorités de concert avec le CICR, la Croix Rouge Internationale et d’autres organismes afin de juguler une probable catastrophe humanitaire.
Face au nombre croissant des déportés échouant sur les berges du Sénégal, les autorités, en dépit de leur bonne volonté, furent vite dépassées par la tournure des événements. Prenant ses responsabilités, le gouvernement de l’époque lance alors un appel à la Communauté Internationale pour une aide urgente et conséquente.
Cet appel reçu un écho favorable de la part des pays arabes qui se signalèrent les premiers par la spontanéité de leur réaction et par le volume de leur contribution. Des pays occidentaux suivirent leur sillage et apportèrent des aides variées par le canal de l’UNHCR, de « Médecins sans Frontières »et de « Médecins du Monde », etc.
Cette phase d’urgence sonne le commencement des enregistrements des déportés mauritaniens, des rapatriés sénégalais et des autres ressortissants de la sous-région qui n’avaient pas échappé à la folie raciste du régime mauritanien.
- LA PHASE D’IDENTIFICATION
Dès l’entame du mois de septembre 1989, le gouvernement du Sénégal procède à l’identification des réfugiés mauritaniens et rapatriés sénégalais sur l’ensemble du territoire national. Des récépissés de dépôts pour une demande de cartes d’identités de réfugiés seront délivrés et elles seront valables pour trois mois renouvelables. La série des « 600 » a été omise aux archives de la DAF (au Ministère de l’Intérieur). Ce document servira au HCR de base pour distribuer des vivres aux réfugiés mauritaniens. La dotation alimentaire fut de 15 kg de sorgho, de 3 kilos de riz, de 0,6 litre d’huile, de 1,5 kg de sel, de 0,25 kg de poisson sec par personne et par mois jusqu’à l’an 1992 revue à la baisse, l’assistance sera arrêtée définitivement en décembre 1995.
- LE DESENGAGEMENT DU HCR
En décembre 1995, les réfugiés mauritaniens furent abandonnés à eux-mêmes par le HCR qui s’est désengagé sur les plans alimentaire, médico-social et social. Selon l’organisme humanitaire en charge des réfugiés, la responsabilité revient aux politiques sous-régionales et aux bailleurs de fonds. En d’autres termes, la mesure cachait une volonté de geler l’assistance pour contraindre les réfugiés à rentrer clandestinement dans leur pays. La main des autorités mauritaniennes n’est pas étrangère à une telle décision.
En dépit du retour en catimini de quelques réfugiés instrumentalisés, le trébuchement n’a pas fonctionné aussi heureusement comme l’escomptaient ses initiateurs ; des milliers de réfugiés stationnent toujours sur les berges du fleuve Sénégal et exigent un retour organisé. L’arrêt de l’assistance a engendré divers problèmes au sein de la communauté des réfugiés mauritaniens. On peut citer entre autres :
- un nombre élevé d’enfants malnutris
- la rupture de la scolarité de milliers d’élèves
- une enfance abandonnée aux travaux dégradants et à la délinquance juvénile
- la fermeture des cases de santé
- l’absence de ressources pour accéder aux hôpitaux.
Les nombreux cas de décès sont essentiellement dûs au paludisme à la tuberculose à la poliomyélite, à la rougeole, à la bilharziose et à la malnutrition dans les couches les plus vulnérables, notamment les femmes, les handicapés physiques et les enfants.
Les femmes en état de grossesse manquent de soins prénataux et des suivis médicaux indispensables. Plusieurs d’entre elles continuent d’être les victimes de nombreuses complications emportant aussi souvent leurs enfants à peine arrivés dans les nervures de la vie.
Entre autres conséquences :
• il faut citer les heurts entre réfugiés et autochtones à propos de l’occupation, de la gestion et de l’exploitation des espaces et des ressources disponibles
• l’absence de délimitation des camps qui a conduit quelques autorités locales à récupérer certains espaces jadis gérés par les réfugiés pour les remettre aux autochtones au mépris des principes du droit humanitaire international (cas de Ourossogui, Bokidiawé, Dodel)
• il faut noter aussi les pressions exercées sur des réfugiés pour les contraindre à la naturalisation
• des autorités poussent la démesure jusqu’au non respect des récépissés de dépôt pour une demande de cartes d’identité de réfugiés, détenus par les réfugiés. Ainsi, ces pauvres populations sont exposées aux tracasseries administratives, à l’humiliation et même au rackettage.
- L’ASPECT JURIDIQUE
Dans la foulée de la déportation et de l’installation des réfugiés sur le territoire sénégalais, le pouvoir d’alors avait pris un certain nombre de mesures pour faciliter la présence des expulsés sur le sol sénégalaise et pour donner une assise légale à leur existence.
Le Sénégal n’a fait en vérité que respecter les conventions qu’il a ratifiées pour rester dans la droite ligne de son option démocratique irréversible.
Se conformant donc à ses engagements internationaux, l’autorité sort le décret n° 891582 du 30 décembre 1989 modifiant le n° 78484 du 05 juin 1978 publié au journal officiel n° 5338 du 17 mars 1990. Les réfugiés ont toujours bénéficié par ces différents décrets de récépissés de dépôts de demande pour carte d’identité renouvelable de trois mois de 1989 à 1999. En février 2000, l’Etat du Sénégal entame l’opération d’identification des réfugiés sur la base des conventions de l’OUA et de Genève. L’opération n’ira pas jusqu’à son terme pour cause d’élection présidentielle et sera programmée pour mai 2000 à Dagana.
A cette date, le Préfet de la localité informe les réfugiés, les techniciens et les officiels du HCR que le Ministère de l’intérieur vient de prendre la décision du report de l’identification jusqu’à nouvel ordre.
Dans la même sillage, le gouvernement sénégalais refuse d’accorder la reconnaissance juridique à des associations de réfugiés mauritaniens à caractère humanitaire.
A ces frustrations, viendra s’ajouter l’interdiction de célébrer la journée mondiale des réfugiés, entrepris par les dites associations, au cours des années 2001, 2002 et 2003 dans les départements de Podor et de Matam et principalement dans les localités de Médina Moussa, de Dioly, de Ngawlé et de Nabadji Civol et puis en 2006, l’arrestation de quatre réfugiés suite aux manifestations lors de la conférence de presse de Ely Ould Mohamed Wall.
Après l’interdiction de manifester en 2001, le journal télévisé de 20 h 30 du 20 / 06 de la même année diffusait un élément tiré des archives et daté de 1994 montrant des femmes réfugiées chantant et dansant tout en louant la générosité du HCR et du Gouvernement du Sénégal.
- LA REACTION DES REFUGIES MAURITANIENS
Réagissant à l’arrêt des opérations d’identification les réfugiés mauritaniens ont organisé un séminaire au terme duquel un document est libellé puis remis aux autorités dans le but de les alerter sur la situation catastrophique et précaire qu’ils vivent.
La réaction des autorités sénégalaises se révélera fort timide. Quelques mois après l’étude du document, un bureau est ouvert au Ministère de l’Intérieur pour prendre en charge les problèmes inhérents aux réfugiés mauritaniens. Hormis cette mesure, rien de concret n’a été entrepris pour solutionner les problèmes majeurs exposés dans ledit document.
Depuis plus d’une décennie, les réfugiés mauritaniens au Sénégal sont alors encliquetés dans une grave impasse. A la léthargie du gouvernement presque amnésique, vient s’ajouter, une volonté affichée de pourrir la situation en ménageant le voisin sur l’autre rive. Tous les efforts consentis par les réfugiés pour signaler leur triste sort ont été vains. Réagissant à cette attitude de défiance, les réfugiés mauritaniens dans leur unanimité observèrent les 02 ; 03 et 04 février 2005 une grève de la faim qui n’est qu’un prélude à d’autres combats pour sensibiliser l’opinion sénégalaise et internationale sur leur drame quotidien.
- LES PERSPECTIVES
La question des réfugiés mauritaniens est un véritable probléme politique.Aujourd´hui les mauritaniens déportés au Sénégal et au Mali exigent un retour assorti de conditions: que la Mauritanie ne veut pas prendre en compte:
-la reconnaissance de leur citoyenneté mauritanienne.
-Le retour organisé sous l´égide du HCR demeure une priorité.
-la restitution de leurs biens
-le rétablissement dans tous leurs droits.
-la garantie de sécurité une fois dans leur pays.
D’ailleurs, il est inutile de préciser que ces réfugiés n’ont jamais demandé à quitter leur pays, encore moins des "aventuriers".
Cependant en 1989, l’Etat de la RIM avait nié d’avoir déporté ses propres citoyens et comme l’a repris Ely Ould Vall, lors de sa conférence à Dakar .
Mais en fait, il y a eu bel et bien des déportations des mauritaniens de façon massive par les forces de l’ordre.
Mieux, lors de sa 30ème session, la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples tenue en 2001 à Banjul (République de Gambie), le Consul Mauritanien a confirmé cette déportation en refusant toutefois l’idée d’un retour organisé sous l’égide de la Communauté Internationale et du Gouvernement du Sénégal.
Le Fond du probléme réside dans le réglement global de la question nationale en Mauritanie. Cette situation assainie suprimerait le « phénoméne réfugié ». A défaut de quoi la Mauritanie constituera sans aucun doute une source permanente d´instabilité sous – régionale et régionale.
Il importe que les autorités mauritaniennes comprennent que l´édification d´une Mauritanie prospére et stable se fera par et avec tous ses fils et filles ou ne sera pas.
Dakar le 09 / 04 /2006
Le Collectif des Associations des Réfugiés Mauritaniens au Sénégal (LE CAREMS).