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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Reportage : Mauritanie au pays des Imraguen

LE BANC D'ARGUIN (MAURITANIE) ENVOYÉ SPÉCIAL Jean-Pierre Tuquoi, Le Monde


Au banc d'Arguin, en Mauritanie, un peuple maure vit depuis des siècles de la pêche au filet traditionnel.
Au banc d'Arguin, en Mauritanie, un peuple maure vit depuis des siècles de la pêche au filet traditionnel.


Bien sûr, on se sent un peu sot de ne pas connaître, ou si mal, les oiseaux qui, en cette fin de matinée d'hiver, quittent à tire-d'aile les îlots proches de la côte pour aller chercher leur pitance dans les zones envasées que la marée découvre lentement.

Dans la nuée bruyante qui frôle à vive allure la surface de l'eau on aimerait distinguer d'un simple coup d'oeil les sternes, les gravelots, les spatules, les barges rousses, les bécasseaux, les chevaliers aboyeurs... Mais on ne s'improvise pas ornithologue. Surtout au banc d'Arguin, le paradis des oiseaux migrateurs en Afrique de l'Ouest.

Le banc d'Arguin c'est d'abord un parc naturel hors normes créé dans les années 1970 grâce à l'obstination de l'explorateur Théodore Monod et d'un écologiste suisse, Luc Hoffmann. Il occupe le tiers du littoral de la Mauritanie, s'étale sur une superficie équivalente à celle du Liban, avance vers la mer, s'appuie sur les terres, ou plutôt sur un désert de dunes de sable ocre.

"C'est une zone d'une richesse exceptionnelle du point de vue ornithologique", dit son directeur, le docteur Sidi Mohamed Ould Moïne, un ancien ministre. Des spécialistes venus de la lointaine Hollande assurent qu'ici près de 2,5 millions de limicoles - ainsi appelle-t-on les consommateurs de vers de vase qu'ils saisissent grâce à leur long bec - passent l'hiver.

Mais il n'y a pas que les limicoles. D'autres colonies d'oiseaux, d'une taille plus importante - flamants roses, cormorans, pélicans -, qui se nourrissent de poissons fréquentent aussi avec assiduité le littoral de la Mauritanie.

Au total, près de 200 espèces se donnent rendez-vous chaque année entre juillet et mars sur ce bout d'Afrique de l'Ouest. Que la marée monte et les voici réunis, ailes contre ailes, sur une douzaine de mamelons rocheux dans une cohabitation bruyante et pacifique. Qu'elle se retire quelques heures plus tard et c'est l'invasion des vasières environnantes par le peuple migrateur.


CES LIEUX MYTHIQUES

Drôles d'oiseaux que l'abondance exceptionnelle de la nourriture réunit ici. Chaque espèce a ses habitudes. Il y a celles qui dès le mois de février migreront vers l'Espagne, l'Italie, la France, l'Europe du Nord et, pour certaines, la Sibérie. Celles qui, au contraire, mettront cap à l'est et partiront en direction des pays africains limitrophes et du Proche-Orient. Celles enfin qui observeront ce manège et choisiront de rester sur place. Ce ne sont pas les plus nombreuses.

Les oiseaux migrateurs ne fréquenteraient plus le banc d'Arguin que le site continuerait à faire partie de ces lieux mythiques dont parlent les grands voyageurs avec des airs entendus. Car un peuple fascinant vit au banc d'Arguin, en marge du monde extérieur : les Imraguen.

Ils ne sont guère nombreux : un peu plus d'un millier d'hommes et de femmes maures disséminés le long de la côte en une demi-douzaine de minuscules villages faits de baraques de bois bringuebalantes. Depuis des siècles ils vivent exclusivement de la pêche au filet qu'ils pratiquent à bord d'embarcations à voile latine inspirées, dit-on, de celles utilisées naguère dans les îles Canaries, les lanches.

La pêche est aussi une affaire de femmes. Organisées en coopératives artisanales, certaines achètent le poisson frais, le découpent en minuscules filets mis à sécher deux ou trois jours d'affilée sur des fils tendus à l'air libre avant de l'emballer dans des poches. Les touristes de passage ou les nomades raffolent de ces filets séchés que les Maures consomment trempés dans l'huile ; l'extrait d'oeufs séchés de poutargue est un autre mets très apprécié à Nouakchott, la capitale.

Regarder pêcher les Imraguen, c'est remonter le temps. Lorsque les lanches ont repéré au large un banc de poissons, les pêcheurs, certains très jeunes, se jettent à l'eau - forcément peu profonde - un filet sur l'épaule, le déploient et emprisonnent leur prise. L'opération n'a duré qu'une poignée de minutes.

Il y a une ou deux générations, la technique était encore plus subtile. Les pêcheurs sifflaient pour attirer vers le rivage les dauphins qui entraînaient dans leur sillage les bancs de mulets - les poissons les plus communs dans la zone. Ne restaient plus aux pêcheurs imraguen qu'à entrer dans l'eau et à jeter leurs filets.

DES QUOTAS DE PÊCHE

Si les techniques de pêche ont peu évolué au banc d'Arguin, c'est à la suite d'un choix. "La pêche est limitée. C'est une zone de grossissement et de reproduction pour de nombreuses espèces de poissons qui vivent au large de l'Afrique de l'Ouest. Seuls les Imraguen sont autorisés à pêcher mais avec les lanches, et en utilisant les méthodes traditionnelles. L'accès de la zone aux autres bateaux est rigoureusement interdit", résume le directeur du parc.

Pour faire respecter la législation la marine mauritanienne a été mise à contribution. Implantés le long de la côte, trois radars veillent vingt-quatre heures sur vingt-quatre. En cas d'alerte, des embarcations à moteur prennent en chasse le contrevenant, dont le bateau sera saisi en attendant le paiement d'une forte amende. A lire les statistiques des arraisonnements, de moins en moins de bateaux étrangers se risquent dans la zone.

Les Imraguen doivent respecter des quotas de pêche définis saison après saison et espèce par espèce avec l'administration, qui salarie un contrôleur dans chaque village. Pas une lanche ne débarque sa cargaison à terre en dehors de sa présence.

Le bilan de cette cogestion ? Il est mitigé. "Depuis deux ans il y a davantage de bateaux qui sortent et moins de poissons débarqués.

"C'est le signe du début d'une surexploitation", résume un cadre du parc. "On est victimes de la pêche intensive qui se développe en dehors des limites du banc d'Arguin", se défend le chef du village imraguen d'Arkeiss, propriétaire de huit des vingt-quatre lanches qui naviguent dans les parages.

La surexploitation n'est pas le seul danger qui menace le banc d'Arguin. Depuis que du pétrole a été trouvé au large des côtes de la Mauritanie, l'administration du parc redoute l'octroi de permis de recherche d'hydrocarbures dans la zone protégée. Les mêmes voient aussi avec appréhension la route goudronnée qui désormais frôle la limite du parc du banc d'Arguin.

"La zone devient plus accessible au tourisme local et étranger, et aux commerçants", observent avec inquiétude les responsables du parc. Encore ont-ils réussi jusqu'à présent à éviter que le Dakar et sa caravane de voitures de compétition ne viennent troubler la quiétude du site.


Source: Le Monde
(M)

Vendredi 11 Avril 2008 - 22:13
Vendredi 11 Avril 2008 - 22:25
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