Le décès présumé du patron du groupe paramilitaire privé russe Wagner, Evguéni Prigojine, ne laisse pas indifférent dans certains pays sur le continent.
Selon le ministère russe des Situations d’urgence, le patron du groupe paramilitaire russe Wagner, Evgueni Prigojine, figurait sur la liste de dix passagers d’un avion privé qui s’est écrasé le mercredi 23 août dans la région de Tver, en Russie. Il effectuait une liaison Moscou-Saint-Pétersbourg.
Les secours indiquent qu’aucune des personnes à bord de l'avion n’a survécu au crash. Cette annonce fait réagir en Afrique.
Pas de réel changement en RCA
En Centrafrique où le groupe Wagner est très actif, la mort présumée d'Evguéni Prigojine est commentée notamment par Christian Aimé Ndotah, activiste de la société civile. Selon lui, si elle se confirme, cette disparition n'aura pas vraiment d'incidence sur l'organisation des mercenaires du groupe Wagner en Centrafrique "car Wagner est très bien implanté depuis plusieurs années" explique-t-il.
"Après la tentative de rébellion, on s'attendait à ce que y ait une restructuration au niveau de la gestion de cette structure au niveau de la capitale centrafricaine, une reprise en main par l'ambassade de Russie en République centrafricaine.
Mais là, Prigogine n’était pas encore mort. Mais maintenant s'il est effectivement décédé dans le crash, je pense que la reprise en main sera totale.Et au niveau de Moscou, les choses vont sans doute être revues au niveau de l' organisation administrative, de la tenue de certains secteurs.Ici vous avez le secteur sécuritaire, vous avez la garde rapprochée du président de la République, tout le secteur économique, l'or, le diamant de la bière et bien sûr toutes ses succursales que la Russie, entre guillemets Wagner détient actuellement en République centrafricaine".
A la question de savoir si cette situation de fait va affecter le président de la République Faustin Archange Touadera et aussi la structure de Wagner en République centrafricaine?
"Je ne pense pas qu'il y aura un réel changement. Ils vont toujours avoir cette mainmise,mais peut-être de réorganiser au niveau des hommes qui seront chargés de diriger toutes ces structures.Maintenant, en ce qui concerne le président de la République, je pense qu'il y a eu une rencontre à Saint Pétersbourg lors du sommet Russie Afrique où Prigojine, à la surprise générale, est réapparu dans l'hôtel où se trouvait le président de la République" estime Christian Aimé Ndotah.
Il rappelle par ailleurs qu'on a vu "cette poignée de main entre le directeur de protocole et lui même, Prigojine, et à l'époque j'avais commenté que cette poignée de main n' était pas très bonne publicité pour le président de la République car tout le monde le sait que Prigogine est l'homme à abattre de Moscou".
Du côté des autorités centrafricaines l'annonce du décès présumé d'Evgueni Pigojine ne laisse pas non plus indifférent. Si cette disparition du patron du groupe paramilitaire Wagner se confirme toutefois, Fidèle Gouandjika, ministre conseiller spécial du président centrafricain Faustin Archange Touadéra assure que cela ne changera pas grand-chose aux activités du groupe dans le pays.
"Nous avons un accord de défense avec la Russie et je pense que les paramilitaires qui sont chez nous continueront d’effectuer leur travail comme avant. Ils trouveront un autre chef. La fédération de la Russie a sous-traité avec le groupe Wagner comme il a fait lors de la guerre en Ukraine. Les équipements qu’utilisent les mercenaires Wagner en Centrafrique sont livrés par la fédération de la Russie. Pour nous, c’est la même chose et rien ne va changer. Concernant les relations commerciales, nous avons avec les Russes une brasserie, une permis d’exploitation minière et forestière, donc ces aspects-là vont toujours demeurer, même si Evguéni Prigojine n’est plus là" a t-il expliqué à la DW.
Le groupe Wagner est mis en cause dans plusieurs crimes de guerre et crimes contre l'humanité en cinq ans de présence et de coopération avec la Centrafrique.
Réactions au Burkina
Lassané Sawadogo, coordonnateur du mouvement "La France doit partir" au Burkina Faso a lui aussi réagi à l'annonce du décès du patron du groupe paramilitaire Wagner Evguéni Prigojine.
"Au moment où on aurait appris - avant que l'avion ne se soit écrasé, que Prigojine est en Afrique ou en Occident, les journalistes français décryptent. Ils ont pris l'image en décryptant s'il y serait oui ou pas", déclare-t-il.
"(...) J'ai appris que l'avion s'est écrasé. Il se pourrait que Prigojine soit dans l'avion. Donc franchement, j'ai appris la nouvelle avec beaucoup d'inquiétude et je me posais la question pourquoi cela est arrivé. Mon point de vue? Beaucoup de personnes parlent de Prigojine seul, oubliant qu'il y a neuf personnes qui sont là", ajoute Lassané Sawadogo qui appelle à la prudence : " je vais demander à l'opinion nationale et internationale d'être vigilant parce qu'à l'heure actuelle, moi, je ne fais jamais confiance à qui que ce soit parce qu'il se peut que ces personnes diront que Prigojine est en Afrique pour une mission, mais il faut l'éliminer".
Lundi, des vidéos, dont l'authenticité et la date n'ont pas été confirmée, ont été diffusées sur les réseaux sociaux. Elles montraient Evgueni Prigojine qui affirmait se trouver en Afrique. Il a déclaré vouloir travailler à "rendre la Russie encore plus grande sur tous les continents et l’Afrique encore plus.
L'information de la disparition présumée de Prigojine suscite le doute chez Sidi Mohamed, membre du mouvement les patriotes du Nord."Nous, en tous cas, les patriotes du Nord, nous prenons cette information comme une fake news" estime-t-il.
Environ 10.000 mercenaires de Wagner seraient déployés dans plusieurs pays en Afrique : Mali, Libye, Soudan, République Centrafricaine, Mozambique. La Russie mène également des opérations d'influence dans plusieurs autres pays : Niger, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Zimbabwe et Madagascar.
Le Burkina s'est rapproché de la Russie le 4 mai 2023. Le capitaine Ibrahim Traoré, chef de la junte militaire avait déclaré que Moscou était devenu "un allié stratégique" comme d'autres. Cependant, les autorités militaires de la transition n'ont pas confirmé la présence des mercenaires de Wagner.
Eric Topona | Jean-Fernand Koena | Charles Bako | Carole Assignon | Avec agences
Source : Deutsche Welle (Allemagne)
Selon le ministère russe des Situations d’urgence, le patron du groupe paramilitaire russe Wagner, Evgueni Prigojine, figurait sur la liste de dix passagers d’un avion privé qui s’est écrasé le mercredi 23 août dans la région de Tver, en Russie. Il effectuait une liaison Moscou-Saint-Pétersbourg.
Les secours indiquent qu’aucune des personnes à bord de l'avion n’a survécu au crash. Cette annonce fait réagir en Afrique.
Pas de réel changement en RCA
En Centrafrique où le groupe Wagner est très actif, la mort présumée d'Evguéni Prigojine est commentée notamment par Christian Aimé Ndotah, activiste de la société civile. Selon lui, si elle se confirme, cette disparition n'aura pas vraiment d'incidence sur l'organisation des mercenaires du groupe Wagner en Centrafrique "car Wagner est très bien implanté depuis plusieurs années" explique-t-il.
"Après la tentative de rébellion, on s'attendait à ce que y ait une restructuration au niveau de la gestion de cette structure au niveau de la capitale centrafricaine, une reprise en main par l'ambassade de Russie en République centrafricaine.
Mais là, Prigogine n’était pas encore mort. Mais maintenant s'il est effectivement décédé dans le crash, je pense que la reprise en main sera totale.Et au niveau de Moscou, les choses vont sans doute être revues au niveau de l' organisation administrative, de la tenue de certains secteurs.Ici vous avez le secteur sécuritaire, vous avez la garde rapprochée du président de la République, tout le secteur économique, l'or, le diamant de la bière et bien sûr toutes ses succursales que la Russie, entre guillemets Wagner détient actuellement en République centrafricaine".
A la question de savoir si cette situation de fait va affecter le président de la République Faustin Archange Touadera et aussi la structure de Wagner en République centrafricaine?
"Je ne pense pas qu'il y aura un réel changement. Ils vont toujours avoir cette mainmise,mais peut-être de réorganiser au niveau des hommes qui seront chargés de diriger toutes ces structures.Maintenant, en ce qui concerne le président de la République, je pense qu'il y a eu une rencontre à Saint Pétersbourg lors du sommet Russie Afrique où Prigojine, à la surprise générale, est réapparu dans l'hôtel où se trouvait le président de la République" estime Christian Aimé Ndotah.
Il rappelle par ailleurs qu'on a vu "cette poignée de main entre le directeur de protocole et lui même, Prigojine, et à l'époque j'avais commenté que cette poignée de main n' était pas très bonne publicité pour le président de la République car tout le monde le sait que Prigogine est l'homme à abattre de Moscou".
Du côté des autorités centrafricaines l'annonce du décès présumé d'Evgueni Pigojine ne laisse pas non plus indifférent. Si cette disparition du patron du groupe paramilitaire Wagner se confirme toutefois, Fidèle Gouandjika, ministre conseiller spécial du président centrafricain Faustin Archange Touadéra assure que cela ne changera pas grand-chose aux activités du groupe dans le pays.
"Nous avons un accord de défense avec la Russie et je pense que les paramilitaires qui sont chez nous continueront d’effectuer leur travail comme avant. Ils trouveront un autre chef. La fédération de la Russie a sous-traité avec le groupe Wagner comme il a fait lors de la guerre en Ukraine. Les équipements qu’utilisent les mercenaires Wagner en Centrafrique sont livrés par la fédération de la Russie. Pour nous, c’est la même chose et rien ne va changer. Concernant les relations commerciales, nous avons avec les Russes une brasserie, une permis d’exploitation minière et forestière, donc ces aspects-là vont toujours demeurer, même si Evguéni Prigojine n’est plus là" a t-il expliqué à la DW.
Le groupe Wagner est mis en cause dans plusieurs crimes de guerre et crimes contre l'humanité en cinq ans de présence et de coopération avec la Centrafrique.
Réactions au Burkina
Lassané Sawadogo, coordonnateur du mouvement "La France doit partir" au Burkina Faso a lui aussi réagi à l'annonce du décès du patron du groupe paramilitaire Wagner Evguéni Prigojine.
"Au moment où on aurait appris - avant que l'avion ne se soit écrasé, que Prigojine est en Afrique ou en Occident, les journalistes français décryptent. Ils ont pris l'image en décryptant s'il y serait oui ou pas", déclare-t-il.
"(...) J'ai appris que l'avion s'est écrasé. Il se pourrait que Prigojine soit dans l'avion. Donc franchement, j'ai appris la nouvelle avec beaucoup d'inquiétude et je me posais la question pourquoi cela est arrivé. Mon point de vue? Beaucoup de personnes parlent de Prigojine seul, oubliant qu'il y a neuf personnes qui sont là", ajoute Lassané Sawadogo qui appelle à la prudence : " je vais demander à l'opinion nationale et internationale d'être vigilant parce qu'à l'heure actuelle, moi, je ne fais jamais confiance à qui que ce soit parce qu'il se peut que ces personnes diront que Prigojine est en Afrique pour une mission, mais il faut l'éliminer".
Lundi, des vidéos, dont l'authenticité et la date n'ont pas été confirmée, ont été diffusées sur les réseaux sociaux. Elles montraient Evgueni Prigojine qui affirmait se trouver en Afrique. Il a déclaré vouloir travailler à "rendre la Russie encore plus grande sur tous les continents et l’Afrique encore plus.
L'information de la disparition présumée de Prigojine suscite le doute chez Sidi Mohamed, membre du mouvement les patriotes du Nord."Nous, en tous cas, les patriotes du Nord, nous prenons cette information comme une fake news" estime-t-il.
Environ 10.000 mercenaires de Wagner seraient déployés dans plusieurs pays en Afrique : Mali, Libye, Soudan, République Centrafricaine, Mozambique. La Russie mène également des opérations d'influence dans plusieurs autres pays : Niger, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Zimbabwe et Madagascar.
Le Burkina s'est rapproché de la Russie le 4 mai 2023. Le capitaine Ibrahim Traoré, chef de la junte militaire avait déclaré que Moscou était devenu "un allié stratégique" comme d'autres. Cependant, les autorités militaires de la transition n'ont pas confirmé la présence des mercenaires de Wagner.
Eric Topona | Jean-Fernand Koena | Charles Bako | Carole Assignon | Avec agences
Source : Deutsche Welle (Allemagne)