Les images qui nous viennent de Gaza et d’Israël sont déplorables et regrettables à tous les niveaux ; elles sont la matérialisation de la folie humaine. Le timing est aussi déplorable car ces évènements se produisent durant le mois béni de Ramadan. Ce conflit qui dure depuis des décennies a créé de la désolation partout, désolation dont les conséquences seront visibles sur une échelle millénaire. Les orphelins, les veuves, les handicapés et les enfants traumatisés des deux côtés de ce conflit se comptent par milliers; des générations entières ont été sacrifiées.
Notre objectif ici n’est pas de situer les responsabilités des uns et des autres dans ce conflit mais plutôt de sortir de l’espace réduit du conflit pour évaluer les réactions dans le monde des musulmans (pour ne pas dire dans le monde musulman). Les tristes évènements en cours dans la bande de Gaza et les manifestations de par le monde nous ont forcés à mener cette réflexion et à se demander pourquoi l’élan de solidarité des musulmans est souvent unidirectionnel et donne même le relent d’un racisme latent.
Avant d’en arriver à ce point, il nous semble d’abord essentiel de rappeler cette triste réalité du moment. Il est en effet troublant de constater de nos jours que chaque fois que vous voyez la lame aiguisée d’une épée posée sur la gorge d’un musulman, à l’autre bout, vous trouverez très probablement, le visage souriant et radieux d’un autre musulman zélé prêt à user du don de ses biceps et du don de privation de cervelle pour que cette lame traverse plusieurs tissus et atterrisse sur le sol. Et pour célébrer cet ‘‘accomplissement’’, le terroriste se servira alors du reflet du lac de sang qui a jailli des entrailles de sa victime musulmane comme miroir pour ajuster son turban ou réarranger sa barbe avant de s’élancer dans la quête d’une autre innocente victime.
Chaque fois que vous voyez le corps d’un musulman déchiqueté par la force d’une explosion quelque part au Mali, au Nigeria, en Somalie, au Kenya, en Egypte, en Libye, en Ouganda, au Pakistan, en Afghanistan, en Irak, au Yémen, en Syrie, etc., quelque part au sein de cette montagne de désolation et de cet Everest de chairs humaines, vous trouverez surement les morceaux du corps du musulman auteur de cet ignoble acte, ou à l’horizon, vous le verrez parmi la foule ou perché sur un tertre le visage fendu par un sourire lui servant de baromètre de satisfaction.
En des termes simples mais cyniques, disons que pour un musulman d’aujourd’hui, la probabilité d’atterrir dans l’Au-delà des mains de son frère musulman est plus élevée que la probabilité d’être tamponné par un Ndiaga Ndiaye sur la route des Niayes ou par un chameau dans un hameau perdu entre Kiffa et Mokhtar Lahjar.
Le pire ennemi d’un musulman ce n’est ni l’adepte des panthéons africains, ni le Chrétien, ni le Bouddhiste, ni le Juif ou l’athée; le pire ennemi du musulman d’aujourd’hui, et la plus grande menace qui pèse sur lui, c’est le comportement né de l’ignorance, du fanatisme, et de l’extrémisme de celui ou de celle qui use de son manteau religieux musulman pour accomplir des actes d’essence et de conséquence sataniques.
Mais le comble de l’ironie réside dans le fait que même ce musulman terroriste à la main tranchante en Syrie, au Pakistan ou en Irak, ou cet autre musulman qui a une bombe sous la robe ou le manteau au Nigeria, au Mali ou en Somalie, s’offusque dès lors qu’il voit un autre être humain prêt à se substituer à lui pour faciliter cette rencontre entre un musulman et son Créateur ou lorsqu’une pluie de bombes tombe sur certains musulmans. Alors là, même le terroriste s’insurge et évoque ‘‘cette solidarité musulmane’’ qui en fait n’existe que dans la tête de celui ou de celle dont l’absence d’un cerveau adéquatement fonctionnel a laissé des espaces vides propices à accueillir ces fadaises.
Si Gaza a fait ces derniers jours près de 500 morts—même si toute mort est une tragédie-- les conflits en Irak, en Syrie et en Afghanistan ont fait des centaines de milliers de victimes. Mais puisque les auteurs des crimes dans ces pays sont des musulmans, cela semble automatiquement susciter moins d’indignation que les victimes de Gaza. Mais laissez-moi vous dire une chose ; le mort s’en fout pas mal de l’appartenance religieuse ou sectaire de celui qui l’a tué. Il regrette simplement qu’il ne soit plus de ce monde. Et ce ne sont sûrement pas les morts de Jreida, Walata, Dubulde ou Sori Malee qui me contrediront, eux qui ont été tués par d’autres musulmans pendant le mois de Ramadan.
Mais il faudra rappeler aussi qu’au même moment où les habitants de Gaza sont soumis aux bombardements quotidiens, d’autres musulmans sont en train de mourir en Mauritanie, au Nigeria, au Mali, dans le Darfour du Soudan, en République Centrafricaine, en Birmanie, en Chine, pour ne citer que ces exemples. Et pourtant vous ne verrez aucune manifestation à Nouakchott, plus proche de nous, à Caire, à Alger, à Bagdad, à Amman, ou dans d’autres contrées du Moyen Orient pour soutenir ces musulmans ; encore moins une résolution introduite par les leaders de ce « monde musulman » à l’Assemblée Générale des Nations Unies pour soutenir les musulmans des contrées oubliées d’Afrique et d’Asie. Bien au contraire, le « monde musulman » observe un silence total sur ces massacres et sur ces injustices. Il faut rappeler ici qu’un pays musulman, en l’occurrence l’Egypte, est partiellement responsable de la souffrance des habitants de Gaza ; la bande de Gaza est soumise à l’embargo de l’Egypte depuis 2007 et la levée de cet embargo est d’ailleurs une des exigences du Hamas avant tout cessez de feu.
En Afrique, les réfugiés de la Mauritanie au Sénégal et au Mali n’ont pas vu cette solidarité non plus. La seule assistance obtenue du « monde musulman » était des carcasses de moutons une fois tous les deux ou trois ans. Donc mathématiquement, biologiquement et physiologiquement, si le refugié noir et musulman de la Mauritanie devrait dépendre de ces carcasses de moutons saoudiens pour survivre, il serait une carcasse humaine avant le prochain tour de distribution de ces carcasses; voilà la solidarité musulmane dans certaine partie du monde. Pire encore, pas un seul de ces réfugiés mauritaniens n’a été réinstallé en Arabie Saoudite, au Koweït, ou au Qatar, tous pourtant des pays musulmans. Au contraire, ils furent accueillis, à bras ouverts, aux Etats-Unis, au Canada, en Europe et en Australie.
En Asie, sur les 22 pays qui ont contribué le plus à l’effort humanitaire lors du Tsunami de Décembre 2004 en Indonésie et qui a tué plus de 230,000 personnes—l’Indonésie étant le pays musulman le plus peuplé du monde—seuls 2 sont des pays musulmans et ils occupent la 20ème et 21ème place sur la liste des contributeurs; il s’agit de l’Arabie Saoudite avec $30 millions et le Qatar avec $25 millions. Les cinq (5) plus importants contributeurs pour assister ces populations musulmanes sont l’Australie avec $810 millions, l’Allemagne avec $689 millions, le Japon avec $500 millions, l’Union Européenne avec $623 millions, et les Etats-Unis avec $350 millions (Source : Global Issues).
Ce dernier quart de ce siècle de l’humanité historique a été marquée par plusieurs évènements en Afrique, en Asie et dans le monde arabe qui, combinés, ont fait au moins plus d’un million de morts musulmans et ont créé des millions de réfugiés musulmans. Une autopsie de ces évènements montrerait que des musulmans sont la cause d’au moins 95% de ces violences. Pire encore, certains de ces actes ont été commis dans les milieux sensés être les plus sacrés pour un musulman: des mosquées. D’autres actes de violence ont été commis pendant le mois le plus sacré du calendrier musulman: le mois de Ramadan.
En fait le bilan des morts en Irak et en Afghanistan montre que le mois de Ramadan a toujours vu le record de victimes. En Afghanistan, des individus qui se réclament de la religion musulmane pensent que les violences pendant ce mois mènent au paradis. Voilà ce que disent les Taliban : « Le Ramadan a une signification énorme….Allah multiplie les bons actes par 70 [pendant ce mois] ». Et le porte-parole des Taliban, Qari Yousaf Ahmadi, ira même plus loin pour dire: « Pendant le mois béni de Ramadan, jihad a des bénéfices énormes » (Source : Radio Free Europe/Radio Liberty). Et pourtant, 99% des morts des jihad des Taliban sont des musulmans.
En Irak, une étude du Center for Strategic and International Studies intitulée « The Uncertain Security Situation in Iraq: Trends in Violence, Casualties and Iraqi perceptions » et menée par une équipe dirigée par Anthony H. Cordesman montre le même rapport entre violence et mois de Ramadan. Un journal américain de l’Etat de la Caroline du Nord, faisant allusion à l’Irak, avait récemment à sa Une ce titre : « Ramadan is on the horizon, and that usually means trouble » (Source : Commdiginews).
En plus d’être la raison d’une prolifération de cimetières musulmans, ces visions extrémistes ont aussi mis des millions de musulmans sur les routes de l’exil. Et si nous regardons de ce côté-là aussi, le manque de solidarité musulmane est encore plus visible. En effet, selon le rapport UNHCR Global Trends 2013, sur les dix (10) pays qui produisent le plus de réfugiés au monde, cinq (5) sont des pays musulmans. Quatre (4) de ces pays occupent les premières quatre (4) places de cette liste ; il s’agit de l’Afghanistan, de la Syrie, de la Somalie, et du Soudan. Ces quatre (4) pays sont responsables de plus de sept (7) millions de réfugiés ou près de 50% des refugiés du monde. Pendant ces 33 dernières années, l’Afghanistan a occupé sans interruption la première place des pays « producteur de réfugiés » au monde.
Et pourtant, selon ces mêmes sources du UNHCR, 90% des refugiés réinstallés dans un pays tiers le sont grâce aux Etats-Unis, le Canada, et l’Australie ; les autres 10% par les pays européens et quelques rares pays asiatiques (Source : UNHCR). Pourquoi les pays riches du « monde musulman » ne créent-ils pas, au nom de la solidarité musulmane, des programmes de réinstallation pour aider à prendre en charge ces musulmans qui ne peuvent plus retourner dans leurs pays d’origine et surtout leur donner l’opportunité de retrouver le goût à la vie au lieu de les donner des carcasses de moutons?
L’Arabie Saoudite, l’une des puissance du « monde musulman », n’est ni signataire de la Convention sur le Statut des Réfugiés de 1951, ni du Protocol de 1967 et pas même du Protocol de Casablanca de 1965 relatif aux réfugiés palestiniens, pourtant des musulmans comme eux. Le gouvernement saoudien exige que tous les étrangers portent des cartes d’identité avec la mention « musulman » ou « non-musulman » (source : USCRI). Imaginez un instant si la France, les Etats-Unis ou le Canada faisaient autant.
Dans la plupart de ces pays musulmans qui accueillent de nombreux réfugiés musulmans, les enfants réfugiés nés dans ces pays ne bénéficient pas de la nationalité du pays d’accueil ; ils demeurent des refugiés à perpétuité. Dans d’autres pays, la moquerie est telle qu’on exige que les deux parents de l’enfant soient de la nationalité du pays d’accueil avant que le nouveau-né ne puisse acquérir la nationalité du pays. Or, en tant que refugiés, ces parents ne peuvent pas remplir cette condition. Donc même si un refugié musulman mariait une citoyenne du pays d’accueil, les enfants nés de cette union n’auront pas la nationalité du pays d’accueil car le père ne peut remplir la condition exigée. En d’autres termes, on demande à l’être qui n’est pas encore né d’influencer ou même de contrôler le lieu de naissance de ses parents avant qu’il n’obtienne la nationalité du pays où il est pourtant né. Où est alors la solidarité musulmane ou tout simplement le bon sens musulman?
Et pourtant les dirigeants de ces pays musulmans et auteurs de ces lois scélérates amènent leurs épouses aux Etats-Unis, au Canada, en Australie et dans d’autres pays européens pour que leur progéniture bénéficie de la générosité et de la nationalité de ces pays. Quelle hypocrisie !
Voilà pourquoi, nous musulmans, devons faire une autocritique objective et accepter que cette image d’un « Islam violent » qui « choisit le mois le plus sacré de son calendrier pour tuer », qui ne se solidarise pas avec beaucoup de musulmans, eh bien que cette image-là, n’est pas une invention des non-musulmans ; ce serait très simple et même hypocrite d’accuser les Américains, « les lobbies juifs » ou même Satan. Cette réalité est soutenue par des statistiques irréfutables.
Certes la violence au nom de cette religion est l’œuvre d’un groupuscule et n’est nullement codifiée par ses textes, mais elle est malheureusement largement validée par le silence complice de la majorité des pays musulmans; les plus grands financiers de cet extrémisme et de cette violence sont des musulmans. Et malheureusement les premières victimes aussi. Et quant à cette notion de « solidarité musulmane », les évènements de Gaza et la réaction parcellaire et partielle du monde des musulmans sont là pour montrer que cette solidarité est, pour le moment, un concept sélectif et non opératoire. Et ceci est profondément et terriblement regrettable.
Dr. Mamadou Ibra Sy ‘‘Siikam’’
Egyptologue et Chercheur
Consultant Régional en Immigration
Maryland, USA
Source: Mamadou Ibra Sy "Siikam"
Notre objectif ici n’est pas de situer les responsabilités des uns et des autres dans ce conflit mais plutôt de sortir de l’espace réduit du conflit pour évaluer les réactions dans le monde des musulmans (pour ne pas dire dans le monde musulman). Les tristes évènements en cours dans la bande de Gaza et les manifestations de par le monde nous ont forcés à mener cette réflexion et à se demander pourquoi l’élan de solidarité des musulmans est souvent unidirectionnel et donne même le relent d’un racisme latent.
Avant d’en arriver à ce point, il nous semble d’abord essentiel de rappeler cette triste réalité du moment. Il est en effet troublant de constater de nos jours que chaque fois que vous voyez la lame aiguisée d’une épée posée sur la gorge d’un musulman, à l’autre bout, vous trouverez très probablement, le visage souriant et radieux d’un autre musulman zélé prêt à user du don de ses biceps et du don de privation de cervelle pour que cette lame traverse plusieurs tissus et atterrisse sur le sol. Et pour célébrer cet ‘‘accomplissement’’, le terroriste se servira alors du reflet du lac de sang qui a jailli des entrailles de sa victime musulmane comme miroir pour ajuster son turban ou réarranger sa barbe avant de s’élancer dans la quête d’une autre innocente victime.
Chaque fois que vous voyez le corps d’un musulman déchiqueté par la force d’une explosion quelque part au Mali, au Nigeria, en Somalie, au Kenya, en Egypte, en Libye, en Ouganda, au Pakistan, en Afghanistan, en Irak, au Yémen, en Syrie, etc., quelque part au sein de cette montagne de désolation et de cet Everest de chairs humaines, vous trouverez surement les morceaux du corps du musulman auteur de cet ignoble acte, ou à l’horizon, vous le verrez parmi la foule ou perché sur un tertre le visage fendu par un sourire lui servant de baromètre de satisfaction.
En des termes simples mais cyniques, disons que pour un musulman d’aujourd’hui, la probabilité d’atterrir dans l’Au-delà des mains de son frère musulman est plus élevée que la probabilité d’être tamponné par un Ndiaga Ndiaye sur la route des Niayes ou par un chameau dans un hameau perdu entre Kiffa et Mokhtar Lahjar.
Le pire ennemi d’un musulman ce n’est ni l’adepte des panthéons africains, ni le Chrétien, ni le Bouddhiste, ni le Juif ou l’athée; le pire ennemi du musulman d’aujourd’hui, et la plus grande menace qui pèse sur lui, c’est le comportement né de l’ignorance, du fanatisme, et de l’extrémisme de celui ou de celle qui use de son manteau religieux musulman pour accomplir des actes d’essence et de conséquence sataniques.
Mais le comble de l’ironie réside dans le fait que même ce musulman terroriste à la main tranchante en Syrie, au Pakistan ou en Irak, ou cet autre musulman qui a une bombe sous la robe ou le manteau au Nigeria, au Mali ou en Somalie, s’offusque dès lors qu’il voit un autre être humain prêt à se substituer à lui pour faciliter cette rencontre entre un musulman et son Créateur ou lorsqu’une pluie de bombes tombe sur certains musulmans. Alors là, même le terroriste s’insurge et évoque ‘‘cette solidarité musulmane’’ qui en fait n’existe que dans la tête de celui ou de celle dont l’absence d’un cerveau adéquatement fonctionnel a laissé des espaces vides propices à accueillir ces fadaises.
Si Gaza a fait ces derniers jours près de 500 morts—même si toute mort est une tragédie-- les conflits en Irak, en Syrie et en Afghanistan ont fait des centaines de milliers de victimes. Mais puisque les auteurs des crimes dans ces pays sont des musulmans, cela semble automatiquement susciter moins d’indignation que les victimes de Gaza. Mais laissez-moi vous dire une chose ; le mort s’en fout pas mal de l’appartenance religieuse ou sectaire de celui qui l’a tué. Il regrette simplement qu’il ne soit plus de ce monde. Et ce ne sont sûrement pas les morts de Jreida, Walata, Dubulde ou Sori Malee qui me contrediront, eux qui ont été tués par d’autres musulmans pendant le mois de Ramadan.
Mais il faudra rappeler aussi qu’au même moment où les habitants de Gaza sont soumis aux bombardements quotidiens, d’autres musulmans sont en train de mourir en Mauritanie, au Nigeria, au Mali, dans le Darfour du Soudan, en République Centrafricaine, en Birmanie, en Chine, pour ne citer que ces exemples. Et pourtant vous ne verrez aucune manifestation à Nouakchott, plus proche de nous, à Caire, à Alger, à Bagdad, à Amman, ou dans d’autres contrées du Moyen Orient pour soutenir ces musulmans ; encore moins une résolution introduite par les leaders de ce « monde musulman » à l’Assemblée Générale des Nations Unies pour soutenir les musulmans des contrées oubliées d’Afrique et d’Asie. Bien au contraire, le « monde musulman » observe un silence total sur ces massacres et sur ces injustices. Il faut rappeler ici qu’un pays musulman, en l’occurrence l’Egypte, est partiellement responsable de la souffrance des habitants de Gaza ; la bande de Gaza est soumise à l’embargo de l’Egypte depuis 2007 et la levée de cet embargo est d’ailleurs une des exigences du Hamas avant tout cessez de feu.
En Afrique, les réfugiés de la Mauritanie au Sénégal et au Mali n’ont pas vu cette solidarité non plus. La seule assistance obtenue du « monde musulman » était des carcasses de moutons une fois tous les deux ou trois ans. Donc mathématiquement, biologiquement et physiologiquement, si le refugié noir et musulman de la Mauritanie devrait dépendre de ces carcasses de moutons saoudiens pour survivre, il serait une carcasse humaine avant le prochain tour de distribution de ces carcasses; voilà la solidarité musulmane dans certaine partie du monde. Pire encore, pas un seul de ces réfugiés mauritaniens n’a été réinstallé en Arabie Saoudite, au Koweït, ou au Qatar, tous pourtant des pays musulmans. Au contraire, ils furent accueillis, à bras ouverts, aux Etats-Unis, au Canada, en Europe et en Australie.
En Asie, sur les 22 pays qui ont contribué le plus à l’effort humanitaire lors du Tsunami de Décembre 2004 en Indonésie et qui a tué plus de 230,000 personnes—l’Indonésie étant le pays musulman le plus peuplé du monde—seuls 2 sont des pays musulmans et ils occupent la 20ème et 21ème place sur la liste des contributeurs; il s’agit de l’Arabie Saoudite avec $30 millions et le Qatar avec $25 millions. Les cinq (5) plus importants contributeurs pour assister ces populations musulmanes sont l’Australie avec $810 millions, l’Allemagne avec $689 millions, le Japon avec $500 millions, l’Union Européenne avec $623 millions, et les Etats-Unis avec $350 millions (Source : Global Issues).
Ce dernier quart de ce siècle de l’humanité historique a été marquée par plusieurs évènements en Afrique, en Asie et dans le monde arabe qui, combinés, ont fait au moins plus d’un million de morts musulmans et ont créé des millions de réfugiés musulmans. Une autopsie de ces évènements montrerait que des musulmans sont la cause d’au moins 95% de ces violences. Pire encore, certains de ces actes ont été commis dans les milieux sensés être les plus sacrés pour un musulman: des mosquées. D’autres actes de violence ont été commis pendant le mois le plus sacré du calendrier musulman: le mois de Ramadan.
En fait le bilan des morts en Irak et en Afghanistan montre que le mois de Ramadan a toujours vu le record de victimes. En Afghanistan, des individus qui se réclament de la religion musulmane pensent que les violences pendant ce mois mènent au paradis. Voilà ce que disent les Taliban : « Le Ramadan a une signification énorme….Allah multiplie les bons actes par 70 [pendant ce mois] ». Et le porte-parole des Taliban, Qari Yousaf Ahmadi, ira même plus loin pour dire: « Pendant le mois béni de Ramadan, jihad a des bénéfices énormes » (Source : Radio Free Europe/Radio Liberty). Et pourtant, 99% des morts des jihad des Taliban sont des musulmans.
En Irak, une étude du Center for Strategic and International Studies intitulée « The Uncertain Security Situation in Iraq: Trends in Violence, Casualties and Iraqi perceptions » et menée par une équipe dirigée par Anthony H. Cordesman montre le même rapport entre violence et mois de Ramadan. Un journal américain de l’Etat de la Caroline du Nord, faisant allusion à l’Irak, avait récemment à sa Une ce titre : « Ramadan is on the horizon, and that usually means trouble » (Source : Commdiginews).
En plus d’être la raison d’une prolifération de cimetières musulmans, ces visions extrémistes ont aussi mis des millions de musulmans sur les routes de l’exil. Et si nous regardons de ce côté-là aussi, le manque de solidarité musulmane est encore plus visible. En effet, selon le rapport UNHCR Global Trends 2013, sur les dix (10) pays qui produisent le plus de réfugiés au monde, cinq (5) sont des pays musulmans. Quatre (4) de ces pays occupent les premières quatre (4) places de cette liste ; il s’agit de l’Afghanistan, de la Syrie, de la Somalie, et du Soudan. Ces quatre (4) pays sont responsables de plus de sept (7) millions de réfugiés ou près de 50% des refugiés du monde. Pendant ces 33 dernières années, l’Afghanistan a occupé sans interruption la première place des pays « producteur de réfugiés » au monde.
Et pourtant, selon ces mêmes sources du UNHCR, 90% des refugiés réinstallés dans un pays tiers le sont grâce aux Etats-Unis, le Canada, et l’Australie ; les autres 10% par les pays européens et quelques rares pays asiatiques (Source : UNHCR). Pourquoi les pays riches du « monde musulman » ne créent-ils pas, au nom de la solidarité musulmane, des programmes de réinstallation pour aider à prendre en charge ces musulmans qui ne peuvent plus retourner dans leurs pays d’origine et surtout leur donner l’opportunité de retrouver le goût à la vie au lieu de les donner des carcasses de moutons?
L’Arabie Saoudite, l’une des puissance du « monde musulman », n’est ni signataire de la Convention sur le Statut des Réfugiés de 1951, ni du Protocol de 1967 et pas même du Protocol de Casablanca de 1965 relatif aux réfugiés palestiniens, pourtant des musulmans comme eux. Le gouvernement saoudien exige que tous les étrangers portent des cartes d’identité avec la mention « musulman » ou « non-musulman » (source : USCRI). Imaginez un instant si la France, les Etats-Unis ou le Canada faisaient autant.
Dans la plupart de ces pays musulmans qui accueillent de nombreux réfugiés musulmans, les enfants réfugiés nés dans ces pays ne bénéficient pas de la nationalité du pays d’accueil ; ils demeurent des refugiés à perpétuité. Dans d’autres pays, la moquerie est telle qu’on exige que les deux parents de l’enfant soient de la nationalité du pays d’accueil avant que le nouveau-né ne puisse acquérir la nationalité du pays. Or, en tant que refugiés, ces parents ne peuvent pas remplir cette condition. Donc même si un refugié musulman mariait une citoyenne du pays d’accueil, les enfants nés de cette union n’auront pas la nationalité du pays d’accueil car le père ne peut remplir la condition exigée. En d’autres termes, on demande à l’être qui n’est pas encore né d’influencer ou même de contrôler le lieu de naissance de ses parents avant qu’il n’obtienne la nationalité du pays où il est pourtant né. Où est alors la solidarité musulmane ou tout simplement le bon sens musulman?
Et pourtant les dirigeants de ces pays musulmans et auteurs de ces lois scélérates amènent leurs épouses aux Etats-Unis, au Canada, en Australie et dans d’autres pays européens pour que leur progéniture bénéficie de la générosité et de la nationalité de ces pays. Quelle hypocrisie !
Voilà pourquoi, nous musulmans, devons faire une autocritique objective et accepter que cette image d’un « Islam violent » qui « choisit le mois le plus sacré de son calendrier pour tuer », qui ne se solidarise pas avec beaucoup de musulmans, eh bien que cette image-là, n’est pas une invention des non-musulmans ; ce serait très simple et même hypocrite d’accuser les Américains, « les lobbies juifs » ou même Satan. Cette réalité est soutenue par des statistiques irréfutables.
Certes la violence au nom de cette religion est l’œuvre d’un groupuscule et n’est nullement codifiée par ses textes, mais elle est malheureusement largement validée par le silence complice de la majorité des pays musulmans; les plus grands financiers de cet extrémisme et de cette violence sont des musulmans. Et malheureusement les premières victimes aussi. Et quant à cette notion de « solidarité musulmane », les évènements de Gaza et la réaction parcellaire et partielle du monde des musulmans sont là pour montrer que cette solidarité est, pour le moment, un concept sélectif et non opératoire. Et ceci est profondément et terriblement regrettable.
Dr. Mamadou Ibra Sy ‘‘Siikam’’
Egyptologue et Chercheur
Consultant Régional en Immigration
Maryland, USA
Source: Mamadou Ibra Sy "Siikam"