Avec ses petits frères malades du sida, Emmaculate Mhlanga a franchi à pied les montagnes boisées qui séparent le Zimbabwe du Mozambique, où les deux garçons récupèrent peu à peu grâce aux antirétroviraux (ARV) distribués gratuitement par l'hôpital public.
"Nous avons marché toute une journée. Sans bruit, à cause des douaniers. C'était dur pour mes frères", se souvient Emmaculate, réfugiée depuis début février chez une tante mozambicaine, non loin du poste-frontière de Machipanda, dans la province centrale de Manica.
Cette orpheline de 17 ans et ses frères, Evans, 13 ans, Edmond, 8 ans, ont un temps été hébergés par leur grand-mère près de Mutare, à une dizaine de kilomètres de là. "Elle nous a chassés: elle avait peur des garçons parce qu'ils sont malades", lance Emmaculate.
Sans papiers, ils sont passés au Mozambique, fuyant leur pays ruiné où, avec une inflation à plus de 100.000%, nourriture et médicaments sont devenus rares.
Dès leur arrivée, Evans et Edmond ont été mis sous ARV. "Je me sens mieux maintenant", lâche timidement l'aîné, gêné par les pustules d'une infection cutanée qui lui couvrent encore le corps.
Depuis la suppression des visas entre les deux pays en novembre, le nombre de Zimbabwéens se rendant au Mozambique s'accroît sans cesse, celui des clandestins aussi: les frontaliers ne disposent plus comme avant de laissez-passer les dispensant de passeports, désormais obligatoires, mais délivrés au compte-goûte par un Etat zimbabwéen en faillite.
"En janvier, 22.636 Zimbabwéens, surtout des femmes, ont franchi légalement la frontière aux trois postes de la province de Manica, la plupart à Machipanda, contre 8.971 en janvier 2007", précise Felipe Cumbe, directeur provincial du service des migrations.
"Ils peuvent rester 30 jours, mais 85% font des achats et rentrent. Nous ignorons ce que deviennent les 15% restant. Beaucoup d'autres, dont des enfants, de très jeunes filles, passent en fraude", admet Alberto Limeme, chef de la douane de Machipanda.
La frontière n'est pas aisée à surveiller dans cette région accidentée pour la cinquantaine de douaniers qui patrouillent à pied quelque 500 km.
"Des centaines de Zimbabwéens viennent en quête de traitement contre le sida parce qu'au Mozambique c'est gratuit", ajoute Aarao Uaquiço, coordinateur local du Conseil national de lutte contre le Sida (CNCS, gouvernemental).
Officiellement, leur nombre exact n'est pas répertorié. "Nous accueillons tous les malades, sans discrimination", assure le médecin-chef de la province, Marilia Pugas.
Distinguer les Zimbabwéens relève en outre de la gageure: les frontaliers parlent shona, le dialecte local; beaucoup se sont installés, de part et d'autre, au gré des guerres d'indépendance de l'ancienne Rhodésie britannique et du Mozambique portugais dans les années 70.
"Il y a toujours eu des allées et venues. Les habitants de la zone frontalière sont ethniquement très proches", explique Maurico Cysne, représentant de l'Onusida au Mozambique, pays "ouvert, qui pratique une politique de santé socialiste et joue au final un rôle humanitaire".
Plus de 100.000 séropositifs y bénéficient d'ARV gratuits contre 7.000 en 2005. "C'est extraordinaire, souligne-t-il. Mais il y a des coûts énormes. Le traitement coûte 50 dollars par an".
Pays pauvre, le Mozambique est, comme toute l'Afrique australe, très touché par le sida, avec un taux de prévalence moyen de 16%, qui culmine à 23% dans certains secteurs de Manica, point de passage des poids-lourds du Zimbabwe, de Zambie et du Malawi vers le port mozambicain de Beira.
"Il y a des prostituées tout le long de la route, précise Uaquiço. Beaucoup de Zimbabwéennes, plus préoccupées de gagner de quoi survivre que de se protéger du sida."
Source: TV5
(M)
"Nous avons marché toute une journée. Sans bruit, à cause des douaniers. C'était dur pour mes frères", se souvient Emmaculate, réfugiée depuis début février chez une tante mozambicaine, non loin du poste-frontière de Machipanda, dans la province centrale de Manica.
Cette orpheline de 17 ans et ses frères, Evans, 13 ans, Edmond, 8 ans, ont un temps été hébergés par leur grand-mère près de Mutare, à une dizaine de kilomètres de là. "Elle nous a chassés: elle avait peur des garçons parce qu'ils sont malades", lance Emmaculate.
Sans papiers, ils sont passés au Mozambique, fuyant leur pays ruiné où, avec une inflation à plus de 100.000%, nourriture et médicaments sont devenus rares.
Dès leur arrivée, Evans et Edmond ont été mis sous ARV. "Je me sens mieux maintenant", lâche timidement l'aîné, gêné par les pustules d'une infection cutanée qui lui couvrent encore le corps.
Depuis la suppression des visas entre les deux pays en novembre, le nombre de Zimbabwéens se rendant au Mozambique s'accroît sans cesse, celui des clandestins aussi: les frontaliers ne disposent plus comme avant de laissez-passer les dispensant de passeports, désormais obligatoires, mais délivrés au compte-goûte par un Etat zimbabwéen en faillite.
"En janvier, 22.636 Zimbabwéens, surtout des femmes, ont franchi légalement la frontière aux trois postes de la province de Manica, la plupart à Machipanda, contre 8.971 en janvier 2007", précise Felipe Cumbe, directeur provincial du service des migrations.
"Ils peuvent rester 30 jours, mais 85% font des achats et rentrent. Nous ignorons ce que deviennent les 15% restant. Beaucoup d'autres, dont des enfants, de très jeunes filles, passent en fraude", admet Alberto Limeme, chef de la douane de Machipanda.
La frontière n'est pas aisée à surveiller dans cette région accidentée pour la cinquantaine de douaniers qui patrouillent à pied quelque 500 km.
"Des centaines de Zimbabwéens viennent en quête de traitement contre le sida parce qu'au Mozambique c'est gratuit", ajoute Aarao Uaquiço, coordinateur local du Conseil national de lutte contre le Sida (CNCS, gouvernemental).
Officiellement, leur nombre exact n'est pas répertorié. "Nous accueillons tous les malades, sans discrimination", assure le médecin-chef de la province, Marilia Pugas.
Distinguer les Zimbabwéens relève en outre de la gageure: les frontaliers parlent shona, le dialecte local; beaucoup se sont installés, de part et d'autre, au gré des guerres d'indépendance de l'ancienne Rhodésie britannique et du Mozambique portugais dans les années 70.
"Il y a toujours eu des allées et venues. Les habitants de la zone frontalière sont ethniquement très proches", explique Maurico Cysne, représentant de l'Onusida au Mozambique, pays "ouvert, qui pratique une politique de santé socialiste et joue au final un rôle humanitaire".
Plus de 100.000 séropositifs y bénéficient d'ARV gratuits contre 7.000 en 2005. "C'est extraordinaire, souligne-t-il. Mais il y a des coûts énormes. Le traitement coûte 50 dollars par an".
Pays pauvre, le Mozambique est, comme toute l'Afrique australe, très touché par le sida, avec un taux de prévalence moyen de 16%, qui culmine à 23% dans certains secteurs de Manica, point de passage des poids-lourds du Zimbabwe, de Zambie et du Malawi vers le port mozambicain de Beira.
"Il y a des prostituées tout le long de la route, précise Uaquiço. Beaucoup de Zimbabwéennes, plus préoccupées de gagner de quoi survivre que de se protéger du sida."
Source: TV5
(M)