Boat people . Plus d’un millier de migrants auraient péri depuis janvier en tentant de rejoindre l’archipel des Canaries.
Sept cents kilomètres à plusieurs dizaines, sur une barque, en pleine mer. Objectif Europe. Leurs chances de survie sont infimes. Pourtant chaque nuit, un nombre croissant de migrants, prêts à tout risquer pour gagner l’archipel des Canaries, quittent les côtes mauritaniennes sur des embarcations achetées collectivement à des pêcheurs artisanaux. Depuis que l’attention internationale s’est portée vers les enclaves de Melilla et Ceuta, et que le Maroc a renforcé la surveillance de ses frontières sur les demandes de l’Union européenne, la tragédie s’est déplacée plus au sud, en Mauritanie. Au coeur de cette tragédie, Nouâdhibou, la capitale économique du pays, à la frontière avec le Sahara occidental, où les migrants refoulés par le Maroc ont rejoint les postulants à la traversée maritime. D’après les estimations de la Croix-Rouge espagnole, plus d’un millier de migrants ont perdu la vie pendant la traversée depuis janvier dernier. Et neuf cents auraient rejoint les Canaries depuis une semaine.
« Depuis des années des clandestins passaient par Nouâdhibou pour rejoindre l’Europe, témoigne un habitant. Ils partaient à pied, vers le Maroc, d’où ils embarquaient ensuite vers l’archipel. Depuis quelques mois, ils se mettent à vingt ou trente, rachètent des embarcations plus chères que leur prix neuf. Ils forment l’un d’eux à la navigation, et ils partent d’ici. »
Difficile de chiffrer de façon précise le nombre de clandestins en attente dans la ville et dans l’ensemble du territoire. « Mais des flux de plus en plus intenses transitent par notre pays, témoigne le docteur Moustapha Taher Ould Saleh, volontaire auprès du Croissant-Rouge mauritanien où il est responsable des relations internationales. Ils sont à Nouâdhibou, mais aussi dans d’autres villes comme Zouérate, plus au nord. Ils sont aussi dans le centre du pays. Et tout le long des sept cents kilomètres de côte, à Nouakchott, la capitale. »
Des employés de la Croix-Rouge espagnole font même état de départs plus au sud, à partir des côtes sénégalaises, gambiennes et même bissau-guinéennes. « L’ampleur du phénomène et la diversité des localités touchées rendent plus difficile notre mission d’assistance, reprend le docteur Ould Saleh. Il s’agit de populations très vulnérables, qui viennent de plusieurs zones du continent africain, et même du Sud-Est asiatique pour certains. Il y a parmi eux des femmes et des enfants. Une stratégie d’envergure nationale est mise en oeuvre par le Croissant-Rouge en collaboration avec le gouvernement, des partenaires comme les Croix-Rouge espagnole et française, ainsi que le CICR. Nous sommes débordés. »
Face à la multiplication des tragédies, le gouvernement mauritanien a réclamé l’aide de l’Europe, et de l’Espagne en particulier. Cette dernière, dont une délégation s’est rendue en fin de semaine en Mauritanie, a annoncé une série de mesures afin d’aider à contenir le flux : des vedettes devraient notamment venir appuyer la gendarmerie maritime mauritanienne pour surveiller les côtes.
Anne Roy
Sept cents kilomètres à plusieurs dizaines, sur une barque, en pleine mer. Objectif Europe. Leurs chances de survie sont infimes. Pourtant chaque nuit, un nombre croissant de migrants, prêts à tout risquer pour gagner l’archipel des Canaries, quittent les côtes mauritaniennes sur des embarcations achetées collectivement à des pêcheurs artisanaux. Depuis que l’attention internationale s’est portée vers les enclaves de Melilla et Ceuta, et que le Maroc a renforcé la surveillance de ses frontières sur les demandes de l’Union européenne, la tragédie s’est déplacée plus au sud, en Mauritanie. Au coeur de cette tragédie, Nouâdhibou, la capitale économique du pays, à la frontière avec le Sahara occidental, où les migrants refoulés par le Maroc ont rejoint les postulants à la traversée maritime. D’après les estimations de la Croix-Rouge espagnole, plus d’un millier de migrants ont perdu la vie pendant la traversée depuis janvier dernier. Et neuf cents auraient rejoint les Canaries depuis une semaine.
« Depuis des années des clandestins passaient par Nouâdhibou pour rejoindre l’Europe, témoigne un habitant. Ils partaient à pied, vers le Maroc, d’où ils embarquaient ensuite vers l’archipel. Depuis quelques mois, ils se mettent à vingt ou trente, rachètent des embarcations plus chères que leur prix neuf. Ils forment l’un d’eux à la navigation, et ils partent d’ici. »
Difficile de chiffrer de façon précise le nombre de clandestins en attente dans la ville et dans l’ensemble du territoire. « Mais des flux de plus en plus intenses transitent par notre pays, témoigne le docteur Moustapha Taher Ould Saleh, volontaire auprès du Croissant-Rouge mauritanien où il est responsable des relations internationales. Ils sont à Nouâdhibou, mais aussi dans d’autres villes comme Zouérate, plus au nord. Ils sont aussi dans le centre du pays. Et tout le long des sept cents kilomètres de côte, à Nouakchott, la capitale. »
Des employés de la Croix-Rouge espagnole font même état de départs plus au sud, à partir des côtes sénégalaises, gambiennes et même bissau-guinéennes. « L’ampleur du phénomène et la diversité des localités touchées rendent plus difficile notre mission d’assistance, reprend le docteur Ould Saleh. Il s’agit de populations très vulnérables, qui viennent de plusieurs zones du continent africain, et même du Sud-Est asiatique pour certains. Il y a parmi eux des femmes et des enfants. Une stratégie d’envergure nationale est mise en oeuvre par le Croissant-Rouge en collaboration avec le gouvernement, des partenaires comme les Croix-Rouge espagnole et française, ainsi que le CICR. Nous sommes débordés. »
Face à la multiplication des tragédies, le gouvernement mauritanien a réclamé l’aide de l’Europe, et de l’Espagne en particulier. Cette dernière, dont une délégation s’est rendue en fin de semaine en Mauritanie, a annoncé une série de mesures afin d’aider à contenir le flux : des vedettes devraient notamment venir appuyer la gendarmerie maritime mauritanienne pour surveiller les côtes.
Anne Roy