Si Barack Obama semble aimer les projecteurs, les projecteurs l’aiment aussi. Le candidat démocrate est devenu la coqueluche médiatique des primaires américaines dans le monde, révèle un nouveau rapport d’Influence communication.
Tous les continents le privilégient, à l’exception de l’Europe, qui fait couler davantage d’encre pour Hillary Clinton. Or, comme on compte davantage de quotidiens en Europe que sur les autres continents, c’est Mme Clinton qui se retrouve en avance dans cette recension menée entre le 1er et le 31 janvier.
Depuis le 12 janvier, toutefois, on constate que Barack Obama a reçu 20% plus d’espace que sa principale rivale dans les médias internationaux.
«Puisque la présence dans les médias est en général proportionnelle avec les intentions de vote, ça donne une bonne idée des préférences de chaque continent», indique le président d’Influence communication, Jean-François Dumas. Son entreprise a colligé plus de 16 000 articles parus dans 118 pays.
Les primaires américaines demeurent la nouvelle numéro 1 dans le monde depuis un mois, révèle également le rapport. «C’est de loin les primaires qui bénéficient du plus important traitement», indique Jean-François Dumas.
L’intérêt des médias internationaux est davantage dirigé vers le Parti démocrate, qui a occupé 61% de l’espace le mois dernier.
«Ça ne me surprend pas, dit le directeur exécutif du Centre d’études et de recherches internationales (CÉRIUM), Jean-François Lisée. Les journaux s’intéressent d’abord à la nouveauté.»
«Et dans la tête des gens, c’est au tour des démocrates d’aller à la Maison-Blanche», croit pour sa part Thierry Giasson, professeur au département d’information et communication de l’Université Laval.
Du côté des républicains, John McCain récolte le plus d’attention sur tous les continents.
Barack Obama est bien sûr la vedette de la campagne en Afrique (voir graphique). Ses origines kenyanes ne seraient pas étrangères à cet engouement. «Une partie de Barack appartient à l’Afrique», a titré une journaliste sud-africaine du quotidien The Star, le 22 janvier.
Les journaux du Moyen-Orient privilégient également le candidat afro-américain dans leur couverture. «Barack Hussein Obama est assurément meilleur que tous les candidats républicains rivaux», a écrit un chroniqueur du journal Al Hayat. Le fait que le père de Barack Obama était musulman expliquerait cet engouement, selon Jean-François Lisée.
«Le deuxième nom de Barack Obama est Hussein, souligne-t-il. Et au Moyen-Orient, ce n’est pas négatif.» La presse israélienne souligne aussi plusieurs fois le vrai nom d’Obama, indique Jean-François Dumas.
L’Europe est la seule région du monde qui s’intéresse plus à Hillary Clinton, bien qu’Obama gagne un peu de terrain depuis la mi-janvier. Pourquoi? «La France et l’Allemagne sont habituées à l’idée d’une femme au pouvoir», croit Jean-François Lisée. «Hillary Clinton est connue en Europe en raison du rôle que son mari y a joué lorsqu’il était au pouvoir», dit Thierry Giasson.
Du côté de l’Asie, la plupart des observateurs estiment que la campagne n’aura pas d’impact sur le continent, souligne Jean-François Dumas d’Influence communication. Barack Obama y fait toutefois couler plus d’encre.
En Océanie, les Néo-Zélandais s’intéressent particulièrement aux primaires américaines. «Ils trouvent plus d’intérêt à la campagne américaine qu’à leur politique locale», indique Jean-François Dumas.
Les Australiens se disent pour leur part préoccupés par l’impact d’un nouveau président sur la guerre en Irak. «Réveille-toi Australie, nous sommes aussi dans la course», a titré hier un chroniqueur de The Advertiser.
L’Amérique latine,la plus intéressée
Si tous les continents produisaient le même nombre d’articles, c’est l’Amérique latine qui parlerait le plus des primaires américaines.
«C’est une question de proximité et du rôle historique joué par les États-Unis dans le continent, indique Thierry Giasson. Le résultat des élections pourrait les toucher directement.»
Si tous les continents se sentent impliqués dans les investitures américaines, l’inverse est moins vrai. «Pour les candidats, l’importance de l’espace médiatique dans la presse internationale est nul, indique Jean-François Lisée. C’est avant tout l’électeur américain qu’il faut rejoindre.»
Catherine Handfield, La Presse
Source: cyberpresse
(M)