De quoi s’agit-il aujourd’hui en Mauritanie ? Il s’agit d’une usurpation du pouvoir par un coup de force organisé par des militaires, à leur tête le général Abdel Aziz. Si ce n’est pas un coup d’Etat militaire, c’est quoi alors ? L’heure n’est pas à la diversion, mais à la condamnation ferme au nom des principes et des convictions. Il est des situations où, devant la gravité de la crise, la seule réponse est la radicalité de la position. Comme au temps du règne de Taya, les positions centristes mi-figue, mi raisin étaient immorales et nulles. C’est la nature même du régime qui déterminait la conduite à adopter. Il en est de même face à la situation actuelle provoquée par les putschistes. On ne peut pas les comprendre et dire qu’on est contre, encore moins rationaliser cet état de fait en évoquant les manquements et les maladresses du président Sidi. La politique, si elle ne relève pas de l’opportunisme et de l’arrivisme, doit procéder des idéaux et des principes, de ce fait, affirmer des positions claires et limpides. Or, le refus du coup d’Etat est de l’ordre du minimalisme démocratique. Le seul combat qui ait un sens aujourd’hui en Mauritanie, c’est l’exigence du retour à l’ordre constitutionnel et le rétablissement du président élu dans ses fonctions. Toute autre exigence serait un signe adressé aux putschistes et une compromission aussi cynique qu’inefficace.
La politique exige une discipline par rapport aux principes qui fondent note combat. Sans l’adhésion à des principes forts, le vent de l’instabilité nous emporte comme des girouettes incapables de se fixer et de s’attacher à des repères. Aussi, faut-il reconnaître que, notre paysage politique a besoin d’un puissant noyau de personnalités identifiées et reconnues par leur intransigeance sur la question des principes. Aucun argument de circonstance ne peut remettre en cause cette fondamentalité non négociable du principe de la démocratie dont la vertu cardinale est le suffrage universel. Toute atteinte au suffrage universel doit être fermement condamnée et sévèrement punie par la loi.
Il importe de rappeler que, s’inscrire dans la mouvance démocratique, c’est se nourrir de la conviction que le verdit des urnes est sacré. Quand on est porteur d’ambitions politiques, dans ce contexte, il faut avoir le courage de respecter le temps des législatures et se porter candidat en se donnant des moyens légitimes de conquérir le pouvoir. Partant, l’ère de la prise de pouvoir par la force est révolue. La culture de la force des armes ne correspond plus aux exigences et aux attentes de nos peuples qui ont soif de justice, de liberté, d’égalité et de bonheur. Idéaux dont la réalisation concrète passe par le respect de la démocratie, son instauration effective et sa préservation. Devant le principe démocratique, aucun argument particulariste ne peut faire poids, qu’il soit tribal ou communautaire. Nos divergences portent d’une part, sur la nature inaliénable et inviolable de la démocratie et, d’autre part sur l’enracinement dans le fatalisme de pratiques politiques fondées sur l’arbitraire. Deux postures politiques inconciliables en droit et dans les faits, c’est-à-dire sur le plan idéologique comme au niveau des valeurs. On ne peut pas être démocrate et accepter l’acte de prise de pouvoir par la force et la violence, acte qui traduit un déni radical du droit et de la légalité qui en résulte.
En effet, à une logique de l’usurpation de la légitimité du pouvoir par la force, il faut opposer une logique du respect de la constitutionnalité du pouvoir et de l’autorité qui l’incarne. Il n’y a pas de salut dans l’usage du non-droit pour s’autoproclamer président. Aucun peuple ne doit se soumettre à l’autorité dont la source est l’arbitraire de la force. Le minimum de bon sens exige des forces politiques, de résister, de façon ferme et radicale, contre l’option du coup d’Etat. C’est à cette condition qu’elles peuvent acquérir une crédibilité aux yeux de l’opinion nationale et internationale. Autrement, elles s’exposeraient à un désaveu du peuple et à un manque de considération de la part de nos partenaires. Il est du devoir des forces politiques d’organiser la résistance contre la remise en cause des maigres acquis démocratiques, afin d’éviter le cycle de la régression dans lequel notre pays s’est enfoncé, depuis trois décennies.
L’enjeu, à l’heure actuelle, est de se mobiliser avec courage et détermination pour obtenir une abdication des putschistes pour renouer avec le processus démocratique amorcé depuis plus d’une année. Il n’est plus possible de revenir en arrière, il faut avancer. Le coup de force du 6 août 2008, est une aberration qui ne peut être tolérée, au risque de remettre au goût du jour la chronique des coups d’Etat, à l’échelle du continent. Le sens de notre combat est à la hauteur des souffrances que nous avons endurées durant les années de dictature sanguinaire et raciste de Ould Taya. Comment ne pas persévérer dans le refus de cet état de fait qui veut se doter d’une légitimité ? Le bien fondé d’une tradition politique, c’est sa constance dans la défense des principes fondamentaux. En conséquence, cette tradition, pour avoir du sens, ne peut être sensible ou compréhensive par rapport à des circonstances contingentes et irréfléchies. En ce sens, la nature de notre combat prend sa source dans la noble et légitime prétention d’inscrire notre pays, dans la tradition des pays qui sont acquis, de manière définitive, au principe démocratique.
En effet, l’espace de l’indétermination et l’horizon de la confusion et de l’amalgame ont structuré une culture politique de l’indécision, du consensualisme au point qu’aucune valeur fondamentale de la politique n’a trouvé droit de cité dans notre pays. Quand on s’interroge sur la politique dans son sens antique et philosophique ou dans son sens moderne, notre ancrage est introuvable. Il y a une capacité d’adaptation et de récupération de notre élite dirigeante dans le sens de la préservation des acquis qui ne trouve son fondement que dans le déni du collectif et de l’autonomie du sujet. La question fondamentale en Mauritanie est la suivante : comment une société peut-elle se construire de façon démocratique en l’absence du respect du collectif et de l’autonomie individuelle ? Deux dimensions essentielles de la société politique moderne et de la socialisation des institutions politiques : le sens de l’intérêt général et l’affirmation de la subjectivité. La sociabilité traditionnelle, elle, repose sur ses avatars que sont la crispation identitaire, tribaliste et égoïste. En combinant le particularisme tribal et l’égoïsme, la société mauritanienne est encore incapable de se donner comme socle de l’organisation du vivre ensemble : la règle de droit. Or, aucune société ne peut triompher dans la construction de son projet d’avenir, sans mettre le droit positif au cœur de son fonctionnement.
La grandeur d’un peuple est à l’aune de la capacité de ses membres à devenir des citoyens et ses dirigeants à être respectueux des choix démocratiques opérés par les électeurs. Pour convertir la subjectivité personnelle et la dépouiller de son aspect partisan, il faut admettre le primat de la citoyenneté, seule détermination de la communauté politique nationale. Cette citoyenneté démocratique se fonde sur un attribut essentiel : être électeur. La voix des urnes est un acquis significatif du combat mené par l’humanité pour mettre fin au règne de l’autorité arbitraire fondée sur la naissance ou la force. D’où la radicalité du principe de la démocratie, dès qu’il est question du suffrage universel qui en constitue le dogme.
Pour qu’il y ait perspective politique d’avenir, le Mauritanien doit devenir citoyen et électeur. Il ne peut être l’un sans l’autre. C’est dans ce sens que la pédagogie politique se doit de sortir de la configuration sociologique primaire, voire primitive, qui entretient des positionnements socio-culturels qui facilitent la soumission et la servitude au crédo tribal et particulariste. C’est ainsi que l’on peut prétendre être opposant et ne pas gêner le coup de force parce que des amis ou des parents proches sont impliqués. Quelle légèreté et immaturité politique ! En quoi des principes, s’ils sont vrais doivent-ils être troqués contre la proximité particulière, qu’il faut admettre, sans pour autant en faire un usage partisan ? Dès lors que penser des convictions ? Dans quel univers axiologique serait-il permis de sacrifier les principes et les convictions au profit de considérations personnelles et partisanes ?
Il faut dire que sans une politique des convictions, des principes, des idéaux et des projets, la Mauritanie restera dans son désert sans aucune victoire ni de l’esprit ni du corps. A l’heure actuelle, il n’y a qu’une seule compétition qui existe en Mauritanie, c’est la course au pouvoir par le recours à la force ou par l’appel du pied de l’opportunisme. Quelle médaille peut-on remporter ? Quel prix peut-on conquérir. Peut-être un jour, le prix ou la médaille, de la médiocrité et de l’opportunisme!
L’urgence est à la résistance contre le coup d’Etat afin de ne pas rester, dans quelques décennies, les seuls Terriens attardés et arriérés, à la vitesse à laquelle le monde avance, inversement à notre régression. La Mauritanie aurait-elle choisi de ne pas entrer dans la compétition de l’effort, du sacrifice, du mérite, de la compétence, du travail, du progrès et du développement ? Si non, nous devons accepter que seule l’instauration définitive des piliers de la démocratie, dont le pilier fondamental, est le respect du mandat du président reconnu démocratiquement élu. Non à la facilité de l’usage des armes pour usurper le pouvoir ! Oui à la rigueur, à la discipline et à la patience, vertus fondatrices d’une humanité moderne et souveraine et garantes de la paix civile et sociale. La démocratie doit triompher sur une mentalité fondée sur « l’éternel hier », source de tous nos malheurs et de toutes nos impasses. Il n’y a qu’une seule issue pour tous les peuples, c’est l’avènement du régime démocratique et l’édification d’un Etat de droit.
Oui à la force de la loi et Non à la loi de la force.
SY Hamdou Rabby
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15 août 2008
La politique exige une discipline par rapport aux principes qui fondent note combat. Sans l’adhésion à des principes forts, le vent de l’instabilité nous emporte comme des girouettes incapables de se fixer et de s’attacher à des repères. Aussi, faut-il reconnaître que, notre paysage politique a besoin d’un puissant noyau de personnalités identifiées et reconnues par leur intransigeance sur la question des principes. Aucun argument de circonstance ne peut remettre en cause cette fondamentalité non négociable du principe de la démocratie dont la vertu cardinale est le suffrage universel. Toute atteinte au suffrage universel doit être fermement condamnée et sévèrement punie par la loi.
Il importe de rappeler que, s’inscrire dans la mouvance démocratique, c’est se nourrir de la conviction que le verdit des urnes est sacré. Quand on est porteur d’ambitions politiques, dans ce contexte, il faut avoir le courage de respecter le temps des législatures et se porter candidat en se donnant des moyens légitimes de conquérir le pouvoir. Partant, l’ère de la prise de pouvoir par la force est révolue. La culture de la force des armes ne correspond plus aux exigences et aux attentes de nos peuples qui ont soif de justice, de liberté, d’égalité et de bonheur. Idéaux dont la réalisation concrète passe par le respect de la démocratie, son instauration effective et sa préservation. Devant le principe démocratique, aucun argument particulariste ne peut faire poids, qu’il soit tribal ou communautaire. Nos divergences portent d’une part, sur la nature inaliénable et inviolable de la démocratie et, d’autre part sur l’enracinement dans le fatalisme de pratiques politiques fondées sur l’arbitraire. Deux postures politiques inconciliables en droit et dans les faits, c’est-à-dire sur le plan idéologique comme au niveau des valeurs. On ne peut pas être démocrate et accepter l’acte de prise de pouvoir par la force et la violence, acte qui traduit un déni radical du droit et de la légalité qui en résulte.
En effet, à une logique de l’usurpation de la légitimité du pouvoir par la force, il faut opposer une logique du respect de la constitutionnalité du pouvoir et de l’autorité qui l’incarne. Il n’y a pas de salut dans l’usage du non-droit pour s’autoproclamer président. Aucun peuple ne doit se soumettre à l’autorité dont la source est l’arbitraire de la force. Le minimum de bon sens exige des forces politiques, de résister, de façon ferme et radicale, contre l’option du coup d’Etat. C’est à cette condition qu’elles peuvent acquérir une crédibilité aux yeux de l’opinion nationale et internationale. Autrement, elles s’exposeraient à un désaveu du peuple et à un manque de considération de la part de nos partenaires. Il est du devoir des forces politiques d’organiser la résistance contre la remise en cause des maigres acquis démocratiques, afin d’éviter le cycle de la régression dans lequel notre pays s’est enfoncé, depuis trois décennies.
L’enjeu, à l’heure actuelle, est de se mobiliser avec courage et détermination pour obtenir une abdication des putschistes pour renouer avec le processus démocratique amorcé depuis plus d’une année. Il n’est plus possible de revenir en arrière, il faut avancer. Le coup de force du 6 août 2008, est une aberration qui ne peut être tolérée, au risque de remettre au goût du jour la chronique des coups d’Etat, à l’échelle du continent. Le sens de notre combat est à la hauteur des souffrances que nous avons endurées durant les années de dictature sanguinaire et raciste de Ould Taya. Comment ne pas persévérer dans le refus de cet état de fait qui veut se doter d’une légitimité ? Le bien fondé d’une tradition politique, c’est sa constance dans la défense des principes fondamentaux. En conséquence, cette tradition, pour avoir du sens, ne peut être sensible ou compréhensive par rapport à des circonstances contingentes et irréfléchies. En ce sens, la nature de notre combat prend sa source dans la noble et légitime prétention d’inscrire notre pays, dans la tradition des pays qui sont acquis, de manière définitive, au principe démocratique.
En effet, l’espace de l’indétermination et l’horizon de la confusion et de l’amalgame ont structuré une culture politique de l’indécision, du consensualisme au point qu’aucune valeur fondamentale de la politique n’a trouvé droit de cité dans notre pays. Quand on s’interroge sur la politique dans son sens antique et philosophique ou dans son sens moderne, notre ancrage est introuvable. Il y a une capacité d’adaptation et de récupération de notre élite dirigeante dans le sens de la préservation des acquis qui ne trouve son fondement que dans le déni du collectif et de l’autonomie du sujet. La question fondamentale en Mauritanie est la suivante : comment une société peut-elle se construire de façon démocratique en l’absence du respect du collectif et de l’autonomie individuelle ? Deux dimensions essentielles de la société politique moderne et de la socialisation des institutions politiques : le sens de l’intérêt général et l’affirmation de la subjectivité. La sociabilité traditionnelle, elle, repose sur ses avatars que sont la crispation identitaire, tribaliste et égoïste. En combinant le particularisme tribal et l’égoïsme, la société mauritanienne est encore incapable de se donner comme socle de l’organisation du vivre ensemble : la règle de droit. Or, aucune société ne peut triompher dans la construction de son projet d’avenir, sans mettre le droit positif au cœur de son fonctionnement.
La grandeur d’un peuple est à l’aune de la capacité de ses membres à devenir des citoyens et ses dirigeants à être respectueux des choix démocratiques opérés par les électeurs. Pour convertir la subjectivité personnelle et la dépouiller de son aspect partisan, il faut admettre le primat de la citoyenneté, seule détermination de la communauté politique nationale. Cette citoyenneté démocratique se fonde sur un attribut essentiel : être électeur. La voix des urnes est un acquis significatif du combat mené par l’humanité pour mettre fin au règne de l’autorité arbitraire fondée sur la naissance ou la force. D’où la radicalité du principe de la démocratie, dès qu’il est question du suffrage universel qui en constitue le dogme.
Pour qu’il y ait perspective politique d’avenir, le Mauritanien doit devenir citoyen et électeur. Il ne peut être l’un sans l’autre. C’est dans ce sens que la pédagogie politique se doit de sortir de la configuration sociologique primaire, voire primitive, qui entretient des positionnements socio-culturels qui facilitent la soumission et la servitude au crédo tribal et particulariste. C’est ainsi que l’on peut prétendre être opposant et ne pas gêner le coup de force parce que des amis ou des parents proches sont impliqués. Quelle légèreté et immaturité politique ! En quoi des principes, s’ils sont vrais doivent-ils être troqués contre la proximité particulière, qu’il faut admettre, sans pour autant en faire un usage partisan ? Dès lors que penser des convictions ? Dans quel univers axiologique serait-il permis de sacrifier les principes et les convictions au profit de considérations personnelles et partisanes ?
Il faut dire que sans une politique des convictions, des principes, des idéaux et des projets, la Mauritanie restera dans son désert sans aucune victoire ni de l’esprit ni du corps. A l’heure actuelle, il n’y a qu’une seule compétition qui existe en Mauritanie, c’est la course au pouvoir par le recours à la force ou par l’appel du pied de l’opportunisme. Quelle médaille peut-on remporter ? Quel prix peut-on conquérir. Peut-être un jour, le prix ou la médaille, de la médiocrité et de l’opportunisme!
L’urgence est à la résistance contre le coup d’Etat afin de ne pas rester, dans quelques décennies, les seuls Terriens attardés et arriérés, à la vitesse à laquelle le monde avance, inversement à notre régression. La Mauritanie aurait-elle choisi de ne pas entrer dans la compétition de l’effort, du sacrifice, du mérite, de la compétence, du travail, du progrès et du développement ? Si non, nous devons accepter que seule l’instauration définitive des piliers de la démocratie, dont le pilier fondamental, est le respect du mandat du président reconnu démocratiquement élu. Non à la facilité de l’usage des armes pour usurper le pouvoir ! Oui à la rigueur, à la discipline et à la patience, vertus fondatrices d’une humanité moderne et souveraine et garantes de la paix civile et sociale. La démocratie doit triompher sur une mentalité fondée sur « l’éternel hier », source de tous nos malheurs et de toutes nos impasses. Il n’y a qu’une seule issue pour tous les peuples, c’est l’avènement du régime démocratique et l’édification d’un Etat de droit.
Oui à la force de la loi et Non à la loi de la force.
SY Hamdou Rabby
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15 août 2008