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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Nécessaire Contradiction reçoit Abderrahmane NGAIDE et Hamdou Rabbi SY


Vous êtes de la société civile, vos contributions sont jugées très pertinentes. Vos parcours et vos engagements y sont certainement pour quelque chose ?

Nécessaire Contradiction reçoit Abderrahmane NGAIDE et Hamdou Rabbi SY
Nous allons commencer par vous, Abderrahmane NGAIDE

D’abord je remercie les animateurs de cette rubrique intéressante ; qui change un peu le visage et le contenu des sites et forums mauritaniens de la diaspora. Il serait illogique de ma part de demander aux gens d’avoir la même vision des choses car nous sommes en présence d’un médium extraordinaire et dont l’impact sur nos consciences est encore difficile à mesurer. Pour répondre à votre question, je me sens obligé de faire un détour par l’histoire.

Je ne sais plus où me classer parmi tous ces tiroirs. Mais je sais une chose et à laquelle je tiens et advienne que pourra : mon indépendance d’esprit. Mon parcours est simple et ressemble un peu à celui des jeunes de mon âge même si aujourd’hui j’arbore mes presque 50 ans. Je ne suis plus le jeune Bassel courant les rues et sans aucuns soucis par rapport au monde qui m’entoure. Je pense avoir beaucoup mûri depuis que j’ai choisi, après les réticences paternelles, l’exil en septembre 1989. En effet, quand j’ai décidé de partir c’est non seulement pour pouvoir poursuivre mes études mais c’est aussi pour protester contre ce que nous avons vécu. Je ne pouvais continuer à vivre en Mauritanie même si je ne me sentais pas directement menacé à cause justement de la « couverture » d’un père qui a longtemps servi dans l’administration territoriale, puis centrale et qui je pense a contribué à sa manière à construire ce pays que j’aime malgré tout. Je pense d’ailleurs que c’est cette position non pas de privilégié mais de protégé qui me questionnait. C’est pour vous dire tout simplement que j’ai connu la Mauritanie à travers l’itinéraire administratif de feu mon père. Cela ne me donne aucune gloire ni vanité. Mais il est nécessaire de situer ce parcours pour mieux comprendre car beaucoup accusent sans connaître.

Mon père, s’est toujours opposé depuis Daddah jusqu’au qatari et j’ai vécu avec mes frères et sœurs dans ces « tourments » et j’ai eu la chance de le suivre, l’écouter et surtout être son scribe pendant les périodes où personne n’osait lever le petit doigt ou écrire un mot de protestation contre ce qui se passait dans nos localités. J’en garde les archives écrites par ma petite et frêle main. Des lettres « osées » et quand il me les dictait je ne tremblais pas mais je me concentrais surtout pour ne pas faire de fautes de français car la réprimande est vite arrivée. Je ne mesurais pas encore l’influence de l’engagement de ce père sur ma personne. Je ne pouvais pas savoir qu’il me faisait écrire une petite page d’histoire et qu’il m’inoculait une partie de sa rage contre l’injustice. Donc c’est sous la coupe de ce père intransigeant loin des compromissions que j’ai grandi. Donc je ne pouvais que me piquer ne serait-ce qu’à petites doses de la révolte intérieure de mon père. Il est vrai qu’un adage de chez nous que je considère comme une insulte enseigne ceci : « biddo artata arat ». Mais je pense avoir pris un peu du tempérament de papa chaud, redoutable devant tout ce qu’il considère comme de l’injustice, bagarreur mais en même temps très serein devant l’adversité. C’était un magma. Mais il reste inconnu de beaucoup et c’est tant mieux. Je ne peux avoir vécu sous l’autorité de cet homme et être le mou, le chercheur de poste ou le nègre de service que l’on pense. J’ai une démarche, une rigueur, une éthique et j’essaie de respecter ces vertus indispensables pour garder intacte ma sérénité.

Je me suis exilé avec ce sérum pour me retrouver à Dakar avec tous mes aînés et amis que je connaissais déjà à l’université de Nouakchott : Ciré Bâ, Boubacar Diagana, Alpha Diallo, Maître Diallo, Diagana Ousmane, Amadou Lam, mon désormais marabout Mouhamed Lamine Sakho et mon ami d’enfance Mohamadou Abdoul Diop dit Mody. J’ai connu aussi les AbdaWone et son frère Ibrahima, Kaw Touré, Thiongane, Salah Eddine, Amar Bâ et tant d’autres aujourd’hui dispersés à travers le monde. Ces différentes générations qui portèrent très haut le flambeau de la contestation pendant que les aînés étaient encore en prison. Je garde d’excellents souvenirs de tout ce beau monde. On formait une communauté malgré les divergences de vues et les projets personnels que chacun d’entre nous poursuivait. Quelques temps après beaucoup d’entre eux s’envolèrent pour l’Europe [comme par hasard] et d’autres beaucoup plus tard aux USA. C’est pour vous dire que le centre de gravité du noyau des Flam se déplaça avec toutes les conséquences.

J’avoue, ici, qu’en arrivant à Dakar, mon idée était de militer au sein des FLAM comme tous les jeunes de mon âge meurtris par la blessure. Mais malheureusement la porte me fut fermée de manière incroyable et je ne me l’explique pas encore aujourd’hui. Mais je pense que les luttes alimentaires et de positionnements, teintées d’un régionalisme sourd avaient pris le dessus sur la solidarité. En effet, je me rappelle de cette réunion au département d’allemand de la FLSH où je fus stupéfait d’entendre ces termes : « nouveaux étudiants et anciens boursiers ». Je me sentais déjà exclu. Ce jour-là d’ailleurs je me suis permis de prendre la parole et de brandir ma carte de réfugié et j’étais l’un des rares à en avoir dans la salle. J’ai tenu à peu près ces propos : « Il est incroyable que nous puissions parler de nouveaux et d’anciens étudiants dans cette réunion. Nous sommes tous victimes du même régime et d’ailleurs vous, vous avez choisi de rester et nous nous étions contraints de fuir. Si nous ne pouvons pas nous unir je ne sais pas comment nous pourrons lutter contre le régime ». Depuis ce jour, je pense que j’ai pris mes distances par rapport à toute organisation. J’étais peut être un naïf car les tendances politiques minaient en réalité cette nouvelle association d’étudiants en gestation. J’ai baigné dans cette atmosphère sans faire attention aux enjeux car mon tempérament me fait croire qu’il m’est impossible d’être prisonnier de situations où les tiraillements pour la visibilité battent le plein. C’est pour vous dire que l’union des forces est indispensable pour combattre l’adversité. Elle se fait dans la douleur du renoncement et des compromis. Et les grands hommes ne se reconnaissent que quand ils cèdent une partie d’eux-mêmes pour que le Tout retrouve son unité et sa dynamique.
Finalement je suis devenu un incompris et j’ai du encaisser beaucoup de choses sans pleurnicher sur les rebords de la douleur qui me rongeait. On m’a même soupçonné d’être un agent des renseignements. J’ai l’habitude de pardonner mais franchement cette accusation était lourde car j’en souffre encore aujourd’hui, mais je pardonne à ceux qui ont pensé un jour que je les épiais pour le compte de la police du qatari. C’est avec ce lourd œil sur moi que je continuais à discuter avec tous dans un air qui peut paraître flegmatique alors que c’est simplement un trait de caractère : je n’entre pas dans les salades des autres.

La suite beaucoup la connaissent mieux que moi. Depuis lors j’ai pris la décision de me consacrer à la lecture, la réflexion et l’écriture. Luxe insolent ? Mais très utile pour tous. J’ai l’habitude de prendre l’exemple des Juifs pour me disculper. L’épreuve doit conduire à la réflexion sur la tragédie. Nous avons vécu une tragédie et il nous faut des gens partout et dans tous les domaines pour relever les défis. J’ai pris sur moi cette lourde tâche de réfléchir. On pourrait me dire que c’est égoïste et pourtant non. Il suffit de jeter un coup d’œil sur ma bibliographie pour comprendre que je combats et que je suis engagé. Cette littérature scientifique est accessible. J’écris à partir de notre tragédie. Tout ce que je fais je le fais avec en arrière plan notre situation au point que je suis souvent accusé par mes collègues sénégalais de me lamenter tout le temps et que je dois arrêter de me présenter comme réfugié et plus grave comme mauritanien. Mais j’ai pris sur moi, la décision irrévocable de garder ma nationalité jusqu’à la fin des temps pour signifier à la face du monde mon refus d’entériner la déchéance de ma nationalité tout en étant pas contre la double, triple nationalité. Donc je garde l’originale.

Si mes contributions sont appréciées c’est tant mieux. Je lis toujours les réactions car elles me permettent de continuer à rêver et/ou de rire tout seul car cela me redonne encore envie de vivre. Mais l’objectif n’est point de faire l’unanimité sur mes positions ni pour me faire applaudir ni pour avoir la faveur de qui que ce soit. Je joue mon rôle. C’est ma façon de combattre même si quelques personnes pensent que tout cela relève de blabla d’un usurpateur de position : donneur de leçon. Il faut qu’on se dise la vérité : je n’ai pas besoin du Net pour montrer mes talents, j’ai d’autres tribunes et elles sont plus importantes car c’est avec elles que je serais jugé pour valoir ce que de droit. Je me rappelle bien d’un jeune contradicteur qui me traita de tous les noms d’oiseaux (rendant compte de ma soutenance de thèse) avant de conclure que je voulais passer pour « un intellectuel du Net ». Je pense que lui-même fut victime d’une campagne calomnieuse qui m’a horrifiée et depuis lors je l’ai perdu de vue. Car sur le Net, il faut faire attention. Il n’y a pas plus dangereux que l’écriture. Elle est redoutable. C’est sa situation transitoire qui la rend dangereuse. Donc avant d’écrire il faut bien réfléchir car l’écriture reste là et presque indélébile. Il faut avoir la suite dans les idées pour ne pas tomber dans le piège tendu par le fait de se dédire un jour. Je ne suis pas historien (histoirien dira l’autre) pour rien. Je veille à ce que j’écris et j’en assume les conséquences car elles n’entament pas mes convictions. Mes contributions je les tire du fond de mon âme pour les partager. Mon statut de chercheur m’interdit la complaisance puisque tout simplement je pense que des milliers de gens me lisent et que par respect pour mon métier, je dois savoir de quoi je parle, comment je le fais et à quel moment prendre ma plume. Puisque c’est une décision lourde de conséquences. Ce n’est pas un jeu que d’écrire, de prendre position, de donner un avis, de prétendre analyser une situation. Je pense, sans fanfare, que j’ai les capacités et surtout l’obligation de le faire que cela plaise à x ou que cela déplaise à y ce n’est pas là le problème. Le problème se situe ailleurs : accepter la divergence des idées, être poli et courtois et surtout comprendre une chose qu’on peut être contre l’idée d’une personne sans la haïr, le contraire est aussi valable. C’est-à-dire que je peux haïr une personne (physiquement parlant) et reconnaître ses talents. C’est paradoxale, mais c’est cela la vie aussi. Beaucoup n’aiment pas Alain Finkelkraut mais lisent ses livres et y trouvent de quoi conforter leurs hypothèses. Le problème majeur, dans nos rangs, c’est bien de tracer cette frontière. J’ai honte de dire que c’est typiquement africain. C’est agaçant voire décourageant, mais je reste persuadé que quand j’aurais un avis à donner je ne me l’interdirais jamais.

L’attitude la plus inconséquente c’est que quand un intellectuel prend position on l’insulte et quand il se tait on l’insulte et j’avoue que je ne comprends pas cette sentence maladroite et injuste.

C’est pour vous dire que je continue ce parcours difficile mais exaltant car les résultats sont là et palpables. Actuellement, mon engagement et mes forces sont réservées à la science. Et je suis aussi sûr que je contribue modestement à notre combat et à la marche de mon continent sans crier sur tous les toits.


OCVIDH : A vous Hamdou

A la lecture du parcours d’Abderrahmane, je ne suis pas sûr d’être à la hauteur de l’exercice au regard de la richesse de son périple et des contributions qu’il a apportées en termes de productions intellectuelles aussi bien des articles, des essais que de recueils de poésie. Je remercie les animateurs de cet espace de m’avoir offert l‘opportunité de mener cet échange avec lui.

Par ailleurs, je ne revendique pas mon appartenance à la société civile, du moins ce qu’on entend par « société civile ». Mon engagement politique est radical et bien ancré dans une approche militante qui fait que très tôt , je me suis inscrit dans la logique de la résistance contre le système raciste et esclavagiste qui gouverne notre pays depuis les indépendances jusqu’à ce jour. Le système politique mis en place s’est fondé sur le principe de l’oppression et de la domination des Africains noirs mauritaniens.

Aucun régime ne s’est efficacement démarqué des pratiques politiques qui ont instauré et construit l’appareil d’Etat qui a organisé et structuré notre pays de manière cynique et injuste.

La question est fondamentalement politique avec comme qualification déterminée : l’apartheid à la mauritanienne. La racine culturelle et sociale du système est le tribalisme ; et sa version idéologique, l’arabisme. Les enjeux de la logique de la domination sont clairement identifiés dans notre pays au point qu’il n’y a aucun secteur de la vie publique du pays qui n’illustre pas cet état de fait. Toutes les pratiques institutionnelles de la Mauritanie, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, en constituent une amplification.

Mon parcours politique et intellectuel a pris ses marques à partir de la tragédie barbare faite à la communauté africaine mauritanienne et qui demeure, malheureusement, une déchirure qui ne préoccupe pas les privilégiés du système et leur élite dirigeante.

Je ne doute pas qu’il y a eu des hauts fonctionnaires rigoureux et honnêtes, mais que le régime a marginalisés depuis les indépendances et qui ont résisté contre le système, dans la solitude de leur conscience. Mais l’initiative historique et la décision politique ont constamment été du côté des oppresseurs. De manière efficace et redoutable, l’élite africaine noire a été divisée et continue encore à éprouver la difficulté à travailler ensemble. De manière significative jusqu’à ma mise à l’écart par mes camarades de l’AJD, je me suis toujours situé sur le terrain de l’opposition. Ces dernières années, par l’amitié et la confiance du Président de l’AVOMM, Ousmane Sarr, de son bureau et des militants, j’ai participé à l’animation de cette association en tant que conseiller. C’est une expérience formidable qui m’a permis de réfléchir et de contribuer à la dynamique du combat pour le devoir de mémoire, de la lutte contre l’impunité et de la mobilisation en faveur de l’avancement de la plainte contre Ould Taya déposée devant les tribunaux belges.



L’actualité sur les fora de notre diaspora est largement dominée par la tenue du prochain congrès des Forces de Libération Africaines de Mauritanie (FLAM). Pouvez-vous nous expliquer cet engouement ? Qu’attendez-vous de ce congrès ?

Nécessaire Contradiction reçoit Abderrahmane NGAIDE et Hamdou Rabbi SY
HAMDOU: Il est indéniable que les FLAM constituent l’organisation politique la plus représentative du combat contre le système raciste qui a sévi dans notre pays. A ce titre, les différentes péripéties de cette organisation nous concernent tous et ne laissent personne indifférent. Concernant l’engouement par rapport au prochain congrès, il est clair que la morosité politique générale de l’opposition en exil y est pour quelque chose. A cela s’ajoute la crise qui secoue les FLAM depuis le congrès de Cincinnati.

Il est triste de constater que des divergences ont eu raison de la vitale cohésion et du consensus pratique qui sont nécessaires à une organisation qui a reçu énormément de coups des partisans du régime et des adversaires de tous bords dont le seul objectif était de liquider toute perspective de résistance organisée contre le système devenu sanguinaire et barbare. Avoir porté un idéal aussi noble que l’éradication du racisme d’Etat et de l’esclavage, n’allait pas sans une éthique de la discussion au risque de sombrer dans des enjeux stratégiques qui ont fini par perdre de vue le socle de notre combat.

Un travail immense a été effectué et contribué à faire connaître au monde, l’apartheid à la mauritanienne. Les tensions qui traversent en interne les FLAM, alimentées par la difficulté d’un débat serein partagé ne font que susciter des passions, qui, me semble-t-il, provoquent un engouement certain. Il y a toujours eu une difficulté à faire un débat démocratique dans nos organisations au point que, c’est la dispersion qui en constitue la seule issue pour finir dans la dislocation. La culture de la préservation des épreuves communes partagées n’a pas encore fait son chemin dans notre façon de pratiquer la politique. Il nous manque l’esprit de tolérance et de rigueur pour faire vivre les contradictions sans pour autant tomber dans l’hostilité et l’animosité qui n’ont pas favorisé un climat sain et serein dans l’animation et l’encadrement de nos organisations politiques. Une culture de l’ostracisme s’est installée inhibant ainsi l’opportunité d’une victoire qui ne fait que se transformer en défaitisme.

Ainsi à travers des échanges peu courtois, s’expriment des batailles par procuration qui sont le lot quotidien des exilés et autres apatrides. Quand l’exil se prolonge, faute de perspective, l’enlisement nourrit une nostalgie qui favorise, par la lassitude, l’intolérance en lieu et place de l’ouverture d’esprit. A l’héroïsme du combat succède le fatalisme de la déception et de l’affaiblissement des forces.

Qu’est-ce que j’attends du prochain congrès des FLAM ? Rien, parce que je dispose de peu d’informations qui me permettent de formuler une mise en perspective conséquente. Si les dirigeants et les militants essaient de se serrer les rangs et de remettre au goût du jour la tragédie de notre peuple qui continue à subir l’injustice, le racisme et l’exclusion, il sera possible de remobiliser les énergies. Il est difficile de présager ce qui va en advenir au regard du contexte dans lequel va se tenir le congrès.


OCVIDH : Qu’en pensez-vous Abderrahmane ?

Il est très souvent difficile de se prononcer sur la vie du mouvement tellement les passions se déchaînent, les humeurs se réveillent et un langage injuste s’instaure. Je l’ai déjà dit mille fois et je le dirais encore : les FLAM est un mouvement national et si nous ne pouvons pas nous prononcer sur la vie d’un mouvement qui veut changer notre vie en Mauritanie je ne sais pas sur quel mouvement nous aurons droit. Je sais que ce ne sont pas les tenants du mouvement qui agissent et loin de moi cet amalgame malsain car je connais tous les dirigeants soit ils furent mes professeurs soit ce sont des parents proches soit des amis avec lesquels j’entretiens des relations cordiales depuis très longtemps. Au-delà de ces considérations, je pense que sérieusement ce mouvement a besoin de se réorienter encore et encore. Je ne nie pas les progrès enregistrés, les étapes franchies et les avancées notées. Mais il reste un travail colossal à abattre : le dépassement du sentimentalisme et du trauma. Soyons raisonnables enfin et regardons l’avenir avec plus de sérénité.

Si nous ne pouvons pas nous accorder sur le minimum, c’est-à-dire nous respecter mutuellement nous ne pourrons rien construire pour nos enfants et nos petits enfants.

Vous savez ce seul engouement prouve la vitalité des FLAM et cet amour que tout le monde voue à ses animateurs contrairement à ce que beaucoup croient. En effet, nombreux sont ceux qui croient que des gens comme moi, par exemple, sont contre les FLAM et plus grave contre certaines personnes. Le penser un seul instant c’est insulter ma mémoire et manquer de conséquence. Il est très difficile de prendre cette position sinon on croirait que je suis sur la défensive.

Donc la passion que suscite le congrès est légitime à plus d’un titre car il va de notre image générale en Mauritanie. Il ne faut pas oublier que les détracteurs du mouvement affinent une partie de la politique intérieure voire extérieure en fonction du discours et de la vitalité des FLAM. Je pense que beaucoup oublient cette dimension La vie du mouvement intéresse tout le monde, comme l’a souligné Hamdou, et c’est pourquoi je m’insurge très souvent contre la tentative de privatisation de son discours. C’est inacceptable voire inconséquent. Bon les soubresauts internes et strictement internes au mouvement doivent rester à l’intérieur et ceux qui détiennent quelques informations sensibles ont l’obligation d’observer le droit de réserve jusqu’à la fin de leur vie. Contrairement au philosophe, j’attends un sursaut salvateur : la conciliation des différences et un début de rajeunissement. C’est indispensable pour la survie du mouvement car la classe politique mauritanienne elle même est en phase de rajeunissement (en Afrique de manière générale) et donc le mouvement a besoin lui aussi d’un sang tout neuf, vigoureux, intelligent et tacticien qui rivalisera avec cette nouvelle élite montante. Des hommes capables existent si jamais les égos personnels sont sacrifiés et que la lucidité politique est convoquée. L’histoire des semaines à venir nous permettra d’y voir plus clair.

Récemment, des affrontements ont opposé des étudiants de l’Université de Nouakchott. Peut-on dire que la question nationale reste entière ? Quelles (s) solution(s) préconisez-vous pour la résoudre ?

Nécessaire Contradiction reçoit Abderrahmane NGAIDE et Hamdou Rabbi SY
Abderrahmane : J’ai l’habitude de dire que la Mauritanie n’est pas un pays singulier. Il forme avec d’autres l’exemple type de l’échec de la construction d’une nation unie. Sa seule spécificité et qu’il partage encore avec d’autres c’est qu’il rassemble deux communautés chromatiquement parlant. Dans ces affrontements on a vite parlé de Noirs contre Blancs. Je ne sais plus que signifie noir dans ce cas quand on se réfère au discours politique et social dominant depuis quelques années : lutte contre le racisme et l’esclavage. Où est placée la communauté haratine ? Donc ces affrontement reposent un autre problème crucial et que nous tentons généralement de nous dissimuler : les rapports étriqués entre haratin et négro-mauritaniens (dans mon acception, ici, négro-mauritaniens rassemblent les Haalpulaar, Sononke et wolof, les Bambara posent aussi problème). Ils posent aussi un autre problème plus endémique : l’identité mauritanienne, le choix d’orientation dans l’enseignement et un tas d’autres problèmes insolubles depuis plus de cinquante ans. C’est dramatique tout cela.

Je ne sais pas aussi si le revers de votre question occulte les Haratins car quand on parle de question nationale, les Haratins me semblent exclus. Le singulier le prouve et l’événement convoqué le valide. Il y a problème. Je suis très sérieux en le disant de cette manière car il me semble nécessaire de vider les sens de ce « mensonge utile » que nous véhiculons par commodité. Pour être franc avec moi-même et au risque de créer un scandale et m’attirer les foudres des internautes, je vais m’exercer à une lecture froide de la situation. Il me semble que l’amalgame n’a que trop duré et qu’il faut rectifier le tire et faire des choix judicieux pour sortir de cet imbroglio qui entache les luttes. Oui il s’agit des luttes et non d’une lutte. Les affrontements à l’université en déclinent le sens. Je me pose depuis plusieurs décennies la question de savoir si les luttes des Haratin et des autres noirs se recouvrent réellement, se chevauchent et qu’elles forment finalement une seule lutte ? Cette question a un sens dans la mesure où chaque jour nous peinons de savoir de quoi il s’agit. S’il s’agit du racisme en tant que tel est-il dirigé contre les Haratin ? S’il s’agit de l’arabisation est-elle réellement dirigée contre les Haratin ? Il ne faut pas que les gens me sortent le chromatisme comme valeur unifiante. Non je m’insurge contre ce raccourci qui n’a aucun sens. Les deux luttes sont totalement différentes et il faut l’avouer, mais cela n’exclut nullement une possibilité d’unir les forces et là on parlera de stratégie, de tactique et de compromis établis autour d’une plateforme commune discutée, planifiée et signée conjointement. Il ne faut pas continuer à se leurrer et à se mentir pour rien. Il me semble que quelque chose d’important doit se faire entre les états-majors des organisations sinon nous perdons notre temps dans des soutiens qui voleront en éclats dès qu’une manche sera gagnée par l’un ou l’autre des protagonistes. C’est cela qui me pose problème. Quand j’entends ou je lis les communiqués je me pose trop de questions parce que tout simplement je suis d’avis que les deux luttent divergent et profondément. Plusieurs contentieux restent encore dans les mémoires et les mémoires sont têtues. Je le dis par la petite expérience que j’ai des conflits de ce genre et sur lesquels je travaille nuit et jour.

Donc la question nationale se résumerait pour moi à la difficulté de mise en place d’un Etat de droit qui garantit aux citoyens, pris individuellement, - je dis bien individuellement - leur place dans la république.

Quelles solutions préconiser ? La question se complique. Mais je vais répondre simplement : je pense en avoir longuement discuté avec Hamdou Rabby Sy trois ans durant sous notre petit toit de Dammarie-Les-Lys. Je disais au philosophe que seule la démocratie effective pourrait sauver la Mauritanie et je pense avoir lu l’un de ses textes argumentant cette idée. Existe-t-elle ? La construction d’une nation est douloureuse. Poser la question à la France. Comment a-t-elle fait pour l’atteindre ? 1789 y est pour quelque chose. 1870 y est pour quelque chose. Et cela me rappelle les idées d’Ernest Renan sur la nation au moment du rattachement de l’Alsace et de la Lorraine. Jusqu’au jour d’aujourd’hui la nation française se construit et se reconstruit car les « cultures diasporiques » la perturbent : l’islam est là pour le prouver. Pour une histoire de choix vestimentaire les lois sont mises en branle. C’est pour dire qu’il nous faut des lois pour tous, reconnus par tous, appliqués sur tous sans possibilité de discrimination. C’est un vœu pieux je le concède, mais c’est la voie la plus sage pour sortir de ce tunnel. Il n’y a pas un autre salut possible. Je ne le vois pas en tout cas. Nous devons vivre ensemble et sur un territoire uni et indivisible même si par ailleurs l’indépendance problématique du sud Soudan peut allécher.

OCVIDH : Partagez-vous ce point de vue, Hamdou ?

L’espace universitaire mauritanien est le reflet du système raciste et un terrain d’expérimentation de la logique de domination qui favorise les étudiants maures qui ont toujours bénéficié des avantages du système. L’Université de Nouakchott est une illustration de la médiocrité régnante dans la mesure où le centre de décision est confié au recteur et aux professeurs maures. Les étudiants africains mauritaniens sont, en général, dépossédés des ressources et des conditions qui leur permettent de mener à bien leurs études. Combien de majors de promo ont vu leur déclassement au profit de leurs compatriotes maures selon la logique du favoritisme. Un exemple flagrant est le nombre impressionnant d’étudiants maures boursiers à l’Etranger et le peu d’étudiants noirs bénéficiaires d’une bourse de l’Etat mauritanien.

En effet, l’Université n’échappe pas à la fracture instaurée et entretenue par le racisme d’Etat et l’esclavage. La production des savoirs et leur transmission ne constituent pas les priorités de l’Université de Nouakchott. Temple de la médiocrité et gardienne de la reproduction de la domination et de l’injustice, notre Université est le terreau du chauvinisme tribal et clanique, sève nourricière du racisme et de la perpétuation de l’oppression culturelle et idéologique.

S’agissant du traitement de la problématique de l’esclavage et de sa spécificité, à mon avis, il s’agit de reconsidérer cette question dans sa dimension historique. Les Haratines, ce sont des Africains noirs qui ont été volés et arrachés à leur peuple d’origine. Ils ne sont pas arabes ; ils doivent se débarrasser de cette filiation négative qui consiste à se revendiquer de l’arabité par culture. La culture du maître est une spoliation, une négation de la dignité de l’opprimé. La reconquête de leur identité historique est la condition même d’une éthique de la résistance. L’esclavage est une spoliation, une violation, en conséquence, l’affirmation d’une identité ne peut pas procéder de la négation. La reconnaissance par la contestation et la négation des sources culturelles et historiques de l’esclavage est un devoir de tous les porteurs de la conscience des droits fondamentaux de la personne humaine. L’esclavage est un préjudice subi par des peuples noirs. La personnalité haratine résulte donc de l’idéologie esclavagiste et raciste dont furent victimes les peuples noirs dans l’histoire. Les Haratines et les Africains mauritaniens sont dépositaires de cette histoire : leur destin est commun et leur combat se doit de l’être. C’est la seule issue pour vaincre le racisme d’Etat et l’esclavage. Il n’y a guère de sens à se diviser par rapport à cet objectif qui est le plus important et qui est le marqueur de leur maturité politique.

Les Haratines et les Africains mauritaniens noirs sont victimes de la logique de la domination et de la négation de leur dignité humaine. Ils doivent se rassembler pour porter ensemble l’exigence de justice et de démocratie avec d’autres citoyens mauritaniens qui aspirent à l’avènement d’une autre Mauritanie.


On sait que vous êtes très attentifs aux termes et aux mots. Doit-on, par exemple, requalifier le pudique Passif humanitaire en Génocide ?

Nécessaire Contradiction reçoit Abderrahmane NGAIDE et Hamdou Rabbi SY
HAMDOU : Etre philosophe, c’est avoir la susceptibilité des mots, ce qui se traduit par une certaine rigueur dans leur emploi. Il en est ainsi quand il s’agit de caractériser la tragédie du peuple africain noir de Mauritanie. Je n’ai pas été à l’aise avec le terme de « passif humanitaire », qui ne me semblait pas rendre compte de l’ampleur et de l’intensité de cette tragédie. Partant, j’ai essayé de faire un travail d’investigation et de réflexion pour identifier le concept qui traduirait au mieux la nature des pratiques d’extermination et de mises à mort qui ont été effectuées sur notre peuple. Il en a résulté que par l’intention et la mobilisation politique, idéologique et matérielle, il s’est bien agi d’un génocide. Je sais que pour des raisons diverses et variées, même du côté des victimes, des réticences existent quant à l’usage de la catégorie de génocide en lieu et place de « passif humanitaire ». Cette distinction conceptuelle ou notionnelle n’entame en rien la réalité du crime commis contre l’humanité par le système politique raciste institué depuis les indépendances.

Il faudra travailler dans le sens de montrer que la tragédie vécue par les africains noirs mauritaniens, surtout de 1986 à 1991 est un chapitre à part entière de l’histoire des peuples qui ont été victimes du génocide. Nous devons nous mobiliser dans cette perspective d’un point éthique, scientifique et politique. Les avancées de la plainte contre OuldTaya devant les tribunaux belges doivent nous encourager afin de faire triompher la justice et la vérité. La reconnaissance universelle d’un génocide perpétré contre un peuple, est un long processus qui nécessite la mobilisation des militants de défense des droits humains, des intellectuels, des historiens et des politiques. C’est un long combat qui ne peut s’accommoder d’aucune forme de négociation stratégique ou politicienne.


OCVIDH : Que dites-vous de cette réponse, Abderrahmane ?


Contrairement à mon grand frère, le hégélien dans l’âme Hamdou, je me méfie de d’utiliser le terme de génocide et beaucoup d’autres d’ailleurs qui sont entrés dans notre langage. Ce n’est pas puisque la définition primaire du génocide cadre à peu près avec ce que nous avons vécu qu’il nous est loisible de lui octroyer cette carte d’identité. C’est un terme lourd et dont l’historicité rend compte d’une longue démarche. Il qualifie des événements et pour qu’un événement soit identifié comme tel il demande une longue procédure juridique qui peut prendre des années voire des siècles après de longs combats. La vie des concepts « désignateurs » est tumultueuse, c’est comme le terme diaspora qu’on utilise pour désigner tout aujourd’hui. Comme le souligne le philosophe c’est « un long processus qui nécessite la mobilisation des militants de défense des droits humains, des intellectuels, des historiens et des politiques ».

Le cas des Arméniens me vient à l’esprit. En effet, beaucoup sont ceux qui qualifient le drame des Arméniens comme un génocide, mais la Turquie se refuse encore de l’entériner et je pense que ce refus fait partie des causes qui empêchent l’acceptation de la demande d’adhésion à l’union européenne. Rares sont les événements qualifiés ainsi dans le monde et en Afrique nous avons un seul cas celui des Tutsis du Rwanda suite aux événements de 1994. Il va de soi, pour moi, de me méfier de tomber dans le piège de la mode et des analogies tant que les instances qui nomment n’ont pas pris cette tragédie en main par notre biais et là il faut un véritable lobbying, des couloirs, des réunions entre historiens, philosophes et juristes. Cependant, chacun, est libre de le nommer comme tel mais tant que la reconnaissance internationale ne viendra le valider je me méfie. Je ne peux pas le décréter comme tel car je n’en ai pas la compétence juridique. Vous comprendrez aisément ma posture. Il ne s’agit pas seulement ici d’un combat des acteurs des droits de l’homme mais un véritable combat intellectuel. Cette dimension de la démarche est importante car il faut des preuves, des théorisations en un mot il s’agit d’adopter une démarche qui prendra en charge le processus de rationalisation de cette tragédie. Et là, la contribution de l’hégélien est fortement convoquée.

J’adhère pleinement à l’idée, pour terminer avec le concept, que la « distinction conceptuelle ou notionnelle n’entame en rien la réalité du crime commis …». Nous sommes à ce stade du combat et il est dangereux de brûler les étapes si nous ne sommes pas outillés avec un dossier solide qui ne souffrira point du soupçon de manque d’objectivité scientifique. En effet, aujourd’hui la reconnaissance de la réalité du crime, par tous les acteurs, est plus importante avant d’entamer le long processus de sa dénomination.Voyez-vous (le débat entamé depuis les années 1990 et ne doit point échapper à ceux d’entre vous qui vivent en France) il y a quelques jours seulement que le Sénat français a rejeté une loi de reconnaissance pleine et entière du génocide arménien par la France alors qu’il a consacré celui perpétré contre les Juifs. Voyez-vous aussi la commémoration de la journée du 10 mai (esclavage) est vertement critiquée à cause de sa mollesse. Plein d’autres choses doivent servir de leçons pour que nous ne tombions pas dans les travers de la précipitation et du volontarisme.


La disparition d’Oussama Ben LADEN aura-t-elle des répercussions sur notre pays et sur ceux de la sous région qui sont confrontés aux activités de l’AQMI ?

Nécessaire Contradiction reçoit Abderrahmane NGAIDE et Hamdou Rabbi SY
Abderrahmane : Je me permets des commentaires. D’abord les gens ont beaucoup exulté en Occident. Je me posais la question de savoir si la mort de Ben Laden me préoccupait sérieusement. La violence de l’Occident m’intrigue à plus d’un titre : l’Irak est là. Je ne soutiens pas qu’il faille faire recours à la violence pour résoudre les problèmes du monde, mais il est impossible d’empêcher quelques illuminés de le penser. Ensuite Ben Laden a longtemps joué un rôle prépondérant dans l’échec spectaculaire de l’URSS dans cette partie du monde, en Afghanistan. Il ne faut pas oublier qu’il fut un agent de la CIA et que tout cela peut prendre la figure d’une querelle de désamour après que les USA l’aient trahi dans sa mission. Il ne faut pas aussi oublier que la famille de Ben Laden finance à coup de milliards quelques campagnes politiques aux USA avec la bénédiction des rois saoudiens.

Au moment où les avions tombaient sur les tours jumelles, les membres de sa famille étaient en train de négocier avec un lobby puissant et incontournable aux USA et qui contrôle une partie de l’industrie militaire. Je me demande toujours dans ma naïveté comment a-t-il pu échapper dix ans durant à la traque américaine alors qu’il était seulement au Pakistan un allié de taille des USA dans la région. Beaucoup pensent à un deal américano-américain : Bush commence, Obama finit la tâche et obtient son second mandat : l’Amérique sort grandie car ayant reconduit un noir. La nomination du patron de la CIA quelques jours avant l’attaque mérite aussi réflexion, mais je suis loin de connaître la politique américaine et donc je ne vais me hasarder sur ce terrain. Il fallait que les USA reviennent en force sur la scène internationale et par tous les moyens et les reconfigurations physiques des ambassades américaines en Afrique en dit long sur les nouvelles orientations USA dans le monde.

La reprise des activités de terrorismes (attentat de Marrakech et l’embuscade en Algérie) mérite attention. Ben Laden est mort mais il a réussi à créer des démembrements partout avec le système des cellules dormantes. AQMI plus actif dans la bande saharo-sahélienne peut bien se radicaliser et reprendre ses activités. Le spectre de Ben Laden planera encore longtemps sur nos têtes car la disparition d’un homme ne signifie point l’évanouissement de ses idées dans la mesure où la situation dans le monde dit arabe continue de faire couler du sang avec la bénédiction des occidentaux. Le cas de la Lybie est là pour nous faire craindre le pire.

Les pays de la sous-région ne sont pas bien armés pour faire face à la déferlante d’AQMI qui réussit ses coups dans des pays comme le Mali, la Mauritanie et le Niger. Toute cette zone est difficile à surveiller et où les jeunes désoeuvrés sont prêts à donner leur corps pour des causes dites souvent incomprises. Les instabilités de nos pays sont un véritable terreau pour des mouvements qui s’infiltrent avec beaucoup de tact.

La Mauritanie est une zone « opératoire » propice et n’oublions pas que la branche AQMI a subi il y a quelques mois un revers terrible et que le principe du terrorisme est d’hiberner un moment avant de surgir avec d’autres techniques plus mortelles que les premières. Il est à craindre que les stratèges trouvent d’autres moyens pour venger celui qui a été immergé en mer « selon le rite musulman ». Nous vivons dans un monde déréglé pour reprendre les termes d’Amin Maalouf. L’incertitude règne partout et tout cela est lié au libéralisme débridé qui a rompu les frontières et celles du malheur en profitent largement pour nous éprouver. Mais espérons que la mise en commun des intelligences arrivera au bout de cette soif de violence qui règne sur le monde. Les débuts du XXIe siècle ne pouvaient qu’épouser cette forme tragique.

OCVIDH: Votre point de vue Hamdou ?

La disparition de Ben Laden est la fin d’une « utopie meurtrière » et la preuve éclatante de la fin de l’idéologie de l’impasse fondée sur le désir du néant. Avoir comme idéal l’anéantissement de l’adversaire quelle qu’en soit la cause relève d’une logique criminelle, contraire à la politique de la civilisation et du progrès. L’avenir de l’humanité n’est pas dans la mise en pratique de l’extrémisme. L’intégrisme est contraire aux aspirations de nos peuples. Le mouvement des peuples contre les dictatures l’a prouvé. La mort de Ben Laden entamera inévitablement la détermination des groupes parce que la mort d’un leader charismatique affaiblit toujours la continuation d’une lutte dans sa vigueur. Ils doivent se saisir de cette opportunité pour se libérer de la longue nuit de l’obscurantisme. La piété n’est pas l’intolérance comme principe d’un appel au meurtre.

La stratégie la plus efficace est celle de répondre aux aspirations démocratiques des peuples. L’analyse d’Abderrahmane est pertinente de ce point de vue. C’est en améliorant les conditions de vie des peuples que l’on fait reculer l’idéologie du désespoir et qu’on inscrit leur devenir dans une ambiance apaisée du vivre ensemble. De nouvelles perspectives peuvent s’ouvrir avec le rétablissement de la sécurité et de la paix dans nos régions. Nos peuples en ont besoin de manière vitale, afin de s’engager dans des batailles décisives : celle de la culture, de la science, du développement économique et de la prospérité sociale. C’est à cette condition que l’humanité de nos peuples peut s’épanouir et se déployer dans la créativité et obtenir le respect de leur dignité.


Un dernier mot sur des sujets que nous n’avons pas abordés ?

Nécessaire Contradiction reçoit Abderrahmane NGAIDE et Hamdou Rabbi SY
HAMDOU : La nature du régime de Ould Abdoul Aziz et ce qu’on appelé les révolutions démocratiques arabes sont des événements qui méritent d’être appréciés.

Le régime actuel est en train de révéler sa nature, notamment la continuation, par d’autres méthodes, du régime de Ould Taya dans lequel, Ould Abdoul Aziz et ses amis ont grandi et acquis leurs galons. L’espoir d’une alternative semble s’éloigner au regard du maintien du conservatisme et du déni de la réalité de la déportation. Le nouveau régime a considéré que le dossier du rapatriement est clos alors que des milliers d’Africains noirs mauritaniens continuent de survivre au Sénégal et au Mali. Le sort des rapatriés en Mauritanie n’est pas plus enviable, n’ayant pas recouvré leurs droits et récupéré leurs biens. La tragédie se poursuit pendant que le président mauritanien joue à fond la carte de la démagogie et la récupération des élites par la corruption et l’intimidation.

Une diplomatie utilisant la ruse comme stratégie manipule l’opinion internationale pour masquer une politique de consolidation des acquis du régime sanguinaire et raciste de Ould Taya. La mission de l’actuel président est l’expropriation définitive des terres de la vallée pour les mettre dans les mains des hommes d’affaires saoudiens. La nation arabe fait son chemin au grand dam des populations noires de la vallée du fleuve Sénégal. La Mauritanie raciste poursuit tranquillement son chemin sans aucune forme d’inquiétude.

S’agissant du printemps arabe, il est difficile d’apprécier ce qui se passe, quand on observe la violence avec laquelle les dictateurs ont réagi. Nous devons être heureux de constater que les peuples égyptien et tunisien se sont débarrassés de leurs dictateurs. Ce qui constitue un événement important. Nous espérons que le peuple lybien finira par vaincre. La leçon que l’on peut en tirer, c’est le fanatisme des dictateurs et leur incapacité à envisager une vie en dehors du pouvoir. C’est impressionnant de voir comment ces hommes s’accrochent au pourvoir au prix de l’extermination totale de leur peuple. La dictature est une forme d’intégrisme au pouvoir dont la logique meurtrière ne souffre aucune alternance. C’est la perpétuation du système ou le néant. Ce désir du néant est le dénominateur commun entre la dictature et le fanatisme. Ce sera le tour de la Mauritanie, même s’il faudra attendre que les révolutions démocratiques fassent le tour du monde.


A vous Abderrahmane :

Je reviendrai sur un premier aspect considéré par le philosophe comme la continuité du régime du qatari: « L’expropriation définitive ». Vous savez au risque encore une fois de choquer par mon penchant comparatiste et un peu froid. J’avoue que depuis vingt ans l’un des aspects qui structure ma démarche scientifique est justement de réfléchir sur le foncier. Déformation ou préoccupation sanctionnée par un diplôme sur la question foncière dans la vallée en 1990. J’ai eu un grand privilège de travailler aussi sur l’évaluation de la loi foncière sénégalaise sous la direction de mon regretté grand frère Idy Carras Niane en 1994 qui m’a permis de sillonner la vallée du delta à Bakel et à m’intéresser de plus prêt à cette question dans le sud du Sénégal dans la région de Kolda de 1995 à nos jours. Le constat est alarmant et pose un réel problème qui renvoie encore une fois à la notion d’Etat-nation dans lequel l’ensemble des citoyens doivent jouir, selon les lois de la république, de droits de propriété sur toute portion de terre du territoire national. Mais il se trouve qu’un problème insoluble surgit entre « autochtones » et « allochtones », posant la question de la citoyenneté pleine et entière. Ceci dit pour m’éviter l’incompréhension, je ne cautionne point les expropriations (je pense bien que le premier problème foncier et le plus sérieux s’est posé dans la région de Boghé en 1988 en prélude à l’événement de 1989. Je me rappelle encore ces longues réunions, les arrestations des propriétaires terriens et toutes les restrictions qui suivirent).

Pour mieux comprendre cette situation qui ressemble à une « expropriation définitive », il faut bien la replacer dans le contexte mondial actuel encore une fois où le libéralisme sauvage booste les régimes particularistes et désarticule l’ensemble des leviers économiques. Il est impossible de comprendre cette boulimie foncière « moderne » sans la rattacher à ce qui se passe dans des pays comme le Kenya, la Sierra Leone et ailleurs en Afrique où la course aux investissements tous azimuts bat son plein avec toutes les conséquences désastreuses que cela engendre. Les milliardaires Indiens, Chinois et Saoudiens envahissent toutes les terres fertiles africaines et la Mauritanie n’est point une exception en la matière ; et d’ailleurs les Grands domaines de Mauritanie et leurs pendants les Grands domaines du Sénégal (« propriétés » de Mitterrand fils) sont là depuis quelques décennies de manière « furtives » sans que personne ne crie. Ils démontrent cette nouvelle « forme » d’investissement dont les travers sont la prolétarisation de paysans déjà fortement prolétaires. C’est à coup de milliards que ces nouveaux propriétaires fonciers nous « envahissent » et les dictateurs, comme le dit le philosophe, assoiffés d’argents captent cette manne financière sans la redistribuer, accentuant le fossé entre citoyens d’un même pays. Si la guerre du foncier est plus colorée en Mauritanie, il n’en reste pas moins qu’elle soulève de sérieux problèmes ailleurs en Afrique : l’exemple de ce qui se passe dans la sous-région ouest-africaine est dramatique (Sierra Leone). D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que les grands manitous des réformes foncières des années 1980 (sous l’égide la Banque mondiale et du FMI) sont revenus sur leurs brouillons en publiant des ouvrages évocateurs de leurs erreurs (Le retour du foncier) et que de nouvelles productions sur cette question sont en cours de publication. C’est une question assez sérieuse et qui prend l’allure d’un drame en Mauritanie. Terres et citoyenneté en Afrique, pour reprendre le titre d’un ouvrage en cours de publication, revient sur cette question éminemment préoccupante. Les chercheurs ne dorment pas et investissent les champs qui nous préoccupent. Sans une réflexion sérieuse autour de ces questions rien ne peut pointer à l’horizon sauf le constat et l’amertume : deux choses en dehors desquels je me situe.

Si j’ai tenu à faire ce rappel c’est pour dire, sans pessimisme exagéré, que les conflits des années à venir, en Afrique et pas exclusivement en Mauritanie, risquent fort de s’alimenter à la sève de cette ressource qu’est la terre.

Et pour le printemps dit arabe je suis pour la prudence encore. Ne chantons pas trop vite victoire car le départ des hommes clés ne résout rien. Il s’agit de s’attaquer aux systèmes mis en place de longue date et qui ont leurs réseaux internationaux solides et souvent incompréhensibles vu du côté du peuple. Si le philosophe parle de continuité en Mauritanie c’est qu’il s’agissait et il s’agit encore d’un système qui refuse de céder sur ses privilèges (je pense que le philosophe en a si bien parlé dans cette sentence : « C’est la perpétuation du système ou le néant »). C’est pourquoi j’ai toujours émis des réserves dans la dénomination de ce qui se passait et se passe encore dans les pays dits arabes : révolutions démocratiques. Il s’agit, à mon sens, de revendications pour plus de démocratie et non de bouleversements réels tant que le système instauré survit à l’homme qui l’a produit. Les manifestations répétées en Tunisie, et les affrontements meurtriers sur fond de religion en Egypte nous offrent cette image de revendications inachevées car les systèmes Ben Ali et Moubarak sont encore vivaces et il faut du temps pour les éradiquer et mettre à leur place des régimes moins onéreux civiquement parlant.

Je me réjouis de rediscuter encore avec Hamdou, esprit libre, intransigeant et vif. Je constate qu’il tient toujours avec sa verve engagée et c’est tant mieux. Nous avions eu de longues soirées d’empoignades amicales desquelles j’ai tiré des leçons intéressantes. Il ne pouvait en être autrement car le philosophe et l’historien font bon ménage. Ils sont souvent interchangeables du moins dans leurs résultats scientifiques. Nos divergences, heureusement que nous en avons, relèvent d’une question purement méthodologique dans le traitement des problèmes que nous vivons.

Propos recueillis par Moulaye DIOUM et Ciré BA

Source: le site officiel de OCVIDH
OCVIDH.FR
Vendredi 30 Décembre 2011 - 08:52
Jeudi 29 Mars 2012 - 09:00
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1.Posté par Moussa le 15/05/2011 19:54
Enfin des gens qui reconnaissent que les FLAM ont fait beaucoup de choses. Merci beaucoup et vive le débat.
Moussa

2.Posté par Haby le 15/05/2011 20:01
Felicitations à nos intellectuels Hamdou et Ngaidé. Merci Avomm et Ocvidh pour ce travail de sensibilation. Les questions sont tres reflechis et donc merci Moulaye et Ciré. Ce débat est tres riche et ne vexe personne. Vive l'unité et continuons le combat. Il ne faut pas oublier les femmes.
Haby la déportée de NDIOUM.

3.Posté par gaby le 15/05/2011 22:30
C'est parti pour être un vrai débat.

4.Posté par nganouma le 16/05/2011 06:32
Concretement qu'est ce que vous proposez?Que doit faire cette jeunesse meurtrie et qui ne peut plus attendre?Continuer a vous ecoutez? attendre a ce que les FLAM AJD ou PLEJ viennent la librez?
xxxx

5.Posté par hachim le 16/05/2011 12:53
Belles prestations.
Ce débat est bien et participe à l'expression démocratique. Je suis fier de la Mauritanie. Merci l'AVOMM et l'OCVIDH. Je suis pour un front uni FLAM/AJD.
Merci Ousmane Sarr et merci Ngaide, SY, ciré et Moulayé

Ahmed

6.Posté par Dembel le 16/05/2011 18:20
C'est du travail bien. Il n'yaura pas de réactions haineuses, tout le monde trouve son compte. On en redemande et dommage que ce n'est pas accessible à tous.

En tout cas félicitations aux quatres: Ngaidé, Hamdou Avomm, Ciré BA et Moulaye.

Dembel

7.Posté par Jeunesse le 16/05/2011 18:29
Je joins mes félicitations aux autres et remercie les conferenciers.
Yo ALLAH junnu balde. Ce débat aide nous les jeunes qui pensions que nos ainés n'avaient pas fait grande chose.
Je vais lire l'interview de ousmane Sarr avec mes camarades. Nous envoyons tout par mail aux copains de l'Université de NKTT.

Jeunesse

8.Posté par Jeunesse le 16/05/2011 18:37
J'oubliais de vous demander d'inviter le groupe JAM MIN TEKKI

9.Posté par ALPHA le 17/05/2011 17:09
@Moussa : relis tout ...
faut pas exagérer .

10.Posté par Ganndal buri le 17/05/2011 18:52
Alpha a raison.
Ngaidé est originale est courageux sur la diference entre notre lutte et le combat des Haratines. On mélange tout et on cache tout.
Débat exceptionnel, questions pertinentes. Merci à tous: Dioum, Ciré BA, Ngaide Abderrahmane et Hamdou conseiller de l'Avomm qui est entre de bonnes mains.
J'attends yewtéré Ousmane Sarr. Le mois de mai 2011 a été riche en informations. Merci Poullori.

Ganndal buri

11.Posté par ko le 18/05/2011 17:48
Remercions ces deux intellect qui sont les portes etendard de cette jeunesse victime de l oppression
ce que je demande a ces deux de continuer sans entendre ces paroles colomnieuse s q on le veuille ou non vous n'etes pas comme ceux qui ont tronqué leurs tenues de combat pour faire allegeance a un regime des mediocres

12.Posté par BA Djibril le 19/05/2011 20:24
Abderahmane a dit

"Je me pose depuis plusieurs décennies la question de savoir si les luttes des Haratin et des autres noirs se recouvrent réellement, se chevauchent et qu’elles forment finalement une seule lutte ?
Cette question a un sens dans la mesure où chaque jour nous peinons de savoir de quoi il s’agit. S’il s’agit du racisme en tant que tel est-il dirigé contre les Haratin ? S’il s’agit de l’arabisation est-elle réellement dirigée contre les Haratin ? "

et hamdou a répondu

"Les Haratines, ce sont des Africains noirs qui ont été volés et arrachés à leur peuple d’origine. Ils ne sont pas arabes ; ils doivent se débarrasser de cette filiation négative qui consiste à se revendiquer de l’arabité par culture. La culture du maître est une spoliation, une négation de la dignité de l’opprimé. La reconquête de leur identité historique est la condition même d’une éthique de la résistance. L’esclavage est une spoliation, une violation, en conséquence, l’affirmation d’une identité ne peut pas procéder de la négation. La reconnaissance par la contestation et la négation des sources culturelles et historiques de l’esclavage est un devoir de tous les porteurs de la conscience des droits fondamentaux de la personne humaine. L’esclavage est un préjudice subi par des peuples noirs. La personnalité haratine résulte donc de l’idéologie esclavagiste et raciste dont furent victimes les peuples noirs dans l’histoire. Les Haratines et les Africains mauritaniens sont dépositaires de cette histoire : leur destin est commun et leur combat se doit de l’être. C’est la seule issue pour vaincre le racisme d’Etat et l’esclavage. "

A mon humble avis l'un et l'autre des combats sont indisociables.

Dans l'une de mes réponses à N'Gaïdé je disais ceci
" Ne pas faire l'amalgame entre un exclusivisme racial et la nécessité de faire bloc autour de causes communes et consensuelles. Le système pernicieux qui nous dirige depuis toujours s'arrange toujours à nous dissuader d'une telle formation en brandissant le spectre de l'exclusivisme racial. "

Cette abomination et ses séquelles combattues et éliminées c'est, et le maître, et l'esclave qui sont libérés. Et dans tous les deux cas, né un homme nouveau une femme nouvelle. Malheureusement, toute vraie libération dans ce cas est toujours suscitée par la victime et payée chèrement par la victime. Les causes des noirs en Mauritanie sont indissociables.

Le racisme l'esclavage, et la traite sont des faits légitimés par ceux qui en ont le plus largement bénéficié et une catastrophe pour l'ensemble de la communauté noire.

La ponction et les séquelles affectent l'ensemble de la communauté noire.

Comment déconstruire cette légitimation constitue l'une des tâches principales qui incombe à l'ensemble de la communauté hélas largement NOIR.

Qui s'est affaiblie dans cette histoire ? LE NOIR
Qui en porte lourdement les séquelles ? LE NOIR.
Qui en est potentiellement handicapé ? LE NOIR.

Serait-se seul le hartani, le abd, le diam, le maccudo, le komo lémé ?

Serait-se seul l'autre frère noir "libre" et qui s'est rendu compte de son drame après avoir participé et s'être accommodé à l'abominable ?

Ou serait-ce tout simplement l'ensemble de la communauté affectée ?

Comment aujourd'hui, le noir "libre" ne prendrait-il pas fait et cause pour le hartani, le abd, le diam, le maccudo, le komo lémé ?

Le hartani, le abd, le diam, le maccudo, le komo lémé ne sont-ils pas issus du wolof, du soninké, du hall pullar, du bamabara etc ... ?

Comment se fait-il que le noir conscient de son drame ne peut-il pas prendre fait et cause pour lui même ?

Serait t-il encore inconscient à ce point ?
Se refuserait-il à assumer son histoire ?
Serait-il à tout jamais abonné à la trahison?

La libération de l'homme noir, de l'homme blanc, de l'homme tout court dépend de cette prise de conscience.

L'unité des négro-africains (hratins,wolofs, pullar, soninké, bambara) est une obligation morale. Elle devient une responsabilité devant l'histoire face aux abominations que représentent le racisme, l'esclavage et leurs séquelles.

Djibril BA

13.Posté par Fama Baba ly le 27/05/2011 09:48
Cette rubrique est vraiment extraordinaire

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