Mbarka l’esclave et la Charia
Note d’information
1. La cause
Mbarka Mint Lekhweidem Aheimed, âgée d’environ 20 ans, fuyait ses maitres, dans la localité de Mbidane, à 45 kilomètres de Kaédi, chef-lieu de la Wilaya du Gorgol où elle se réfugie, il y a quelques semaines. Elle est l’esclave de la famille Ehl Amar, membre de la tribu Touabir.
Mbarka ne possède pas de documents d’état-civil mais, grâce au soutien du correspondant local de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (Ira-Mauritanie), elle décide de porter plainte contre ses exploiteurs qui l’empêchent de venir vivre avec sa mère, dans la ville de Kaédi. Or, cette dernière, complice de Ehl Amar, la pousse à regagner Mbidane et continuer de les servir.
Les autorités – ici Directeur régional de la sûreté, Procureur de la république, Brigade de gendarmerie – se déclarent territorialement incompétentes et renvoient la plaignante, le dimanche 18 septembre 2011. Selon eux, Mbidane, quoique proche de Kaédi, relève de l’autorité de la Wilaya du Brakna.
2. La conséquence
Immédiatement, entre en scène Alioune Ould N’Vakh, policier et parent des maitres qu’il s’empresse d’informer ; il est l’époux de Nevissa Mint Amar, fille de Mansoura Mint Sedigh, toutes les deux esclavagistes présumés. Isselmou Ould Amar, leur cousin gendarme, prête main-forte à la famille, désormais mobilisée et solidaire face à la victime qu’il importe, à présent, de faire taire pour l’empêcher d’aller chercher assistance à Aleg, chef-lieu de la Wilaya de Brakna.
Les maitres, avertis du péril, envoient, alors, deux de leurs esclaves, pour dissuader Mbarka de maintenir son action en justice. Arrive, de Nouakchott, en catastrophe, Imijine Ould Aheimed, pompiste et oncle de la plaigante, particulièrement brutal à son endroit. La mère de celle-ci, Lekhweidem Mint Aheimed, le rejoint, pour renforcer la pression.
Face au refus de Mbarka, les deux messagers lui appliquent une correction physique d’une violence telle que son corps porte encore les traces de blessures. La molestation n’y fait rien et Mbarka persiste. Alors, sous les conseils avisés du policier Alioune, les parents déclarés de la fille la dénoncent pour fornication illégale (Zina) et désobéissance filiale (Oughough), deux crimes passibles, dans la Charia, seule source de loi dans le pays, de flagellation, lapidation ou d’une peine de prison (Taazir). Or, Mbarka est elle-même est née d’une union extraconjugale et n’est plus mineure !
Là, autre retournement miraculeux, les autorités judiciaires se déclarent compétentes et Mbarka se trouve accusée et en état d’arrestation !
Par la même occasion, elle dévoile le calvaire de ses deux frères mineurs, toujours en captivité ; le plus âgé, Brahim, 15 ans, s’est aussi enfui pour rejoindre l’antenne locale de l’Ira; le second, Ethmane, demeure en service, chez Mansoura Mint Sedigh, la belle-mère du policier Alioune Ould N’Vakh.
3. L’épilogue
Considérant la tournure des évènements, Ira – Mauritanie a dépêché une forte délégation dirigée par Brahim ould Bilal et composée de Cheikh Brahim Ould Oudaa et Bilal Ould Samba. Se sont immédiatement joints à eux, sur les lieux, le coordinateur de Sos-Esclaves et le représentant local du parti d’opposition Union des forces de progrès (Ufp).
Un sit-in a été organisé devant la direction régionale de la sureté à Kaédi, obligeant la police à se plier aux exigences des défenseurs des droits humains. Ainsi, sur ordre du Procureur, MBarka a été remise en liberté et confiée aux organisations plaignantes. Un rendez-vous est fixé ce jour, avec le magistrat saisi du dossier et qui maintient les accusations précitées contre la victime.
Une fois le déboire judiciaire de MBarka réglé, elle se rendra, accompagnée par les associations précitées, à Aleg, pour déposer sa plainte en bonne et due forme faire libérer son frère encore sous le joug d’Ehl Amar, à Mbidane.
Le cas de Mbarka interpelle chaque mauritanien par ce qu’il renferme d’injustice flagrante et de cruauté. Aussi, Ira a-t-elle décidé d’attaquer, devant les tribunaux compétents, les parents de Mbarka auteurs de voies de fait et les maitres instigateurs de telles violences; N’échapperaient, non plus, à la rigueur de la norme, le policier et le gendarme complices, le directeur régional de la sûreté, à cause de la non-assistance à personne en danger, singulièrement une victime d’esclavage, que la loi de 2007 leur commande, à tous, de protéger !!! L’Ira poursuivra, également, l’officier de police Cheikh Ould Moulaye Driss, aujourd’hui affecté à Aïoun, en vertu des dispositions de l’article 12 de la loi 0048 / 2011, portant criminalisation de l’esclavage qui stipule que le magistrat, l’administrateur ou l’officier de police judiciaire coupable de non application des textes sur l’esclavage est passible d’une peine de cinq ans de prison en plus de la radiation et des amendes.
La Commission de la Communication de IRA-Mauritanie
Nouakchott le 20 septembre 2011
Source: Biram Dah
Note d’information
1. La cause
Mbarka Mint Lekhweidem Aheimed, âgée d’environ 20 ans, fuyait ses maitres, dans la localité de Mbidane, à 45 kilomètres de Kaédi, chef-lieu de la Wilaya du Gorgol où elle se réfugie, il y a quelques semaines. Elle est l’esclave de la famille Ehl Amar, membre de la tribu Touabir.
Mbarka ne possède pas de documents d’état-civil mais, grâce au soutien du correspondant local de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (Ira-Mauritanie), elle décide de porter plainte contre ses exploiteurs qui l’empêchent de venir vivre avec sa mère, dans la ville de Kaédi. Or, cette dernière, complice de Ehl Amar, la pousse à regagner Mbidane et continuer de les servir.
Les autorités – ici Directeur régional de la sûreté, Procureur de la république, Brigade de gendarmerie – se déclarent territorialement incompétentes et renvoient la plaignante, le dimanche 18 septembre 2011. Selon eux, Mbidane, quoique proche de Kaédi, relève de l’autorité de la Wilaya du Brakna.
2. La conséquence
Immédiatement, entre en scène Alioune Ould N’Vakh, policier et parent des maitres qu’il s’empresse d’informer ; il est l’époux de Nevissa Mint Amar, fille de Mansoura Mint Sedigh, toutes les deux esclavagistes présumés. Isselmou Ould Amar, leur cousin gendarme, prête main-forte à la famille, désormais mobilisée et solidaire face à la victime qu’il importe, à présent, de faire taire pour l’empêcher d’aller chercher assistance à Aleg, chef-lieu de la Wilaya de Brakna.
Les maitres, avertis du péril, envoient, alors, deux de leurs esclaves, pour dissuader Mbarka de maintenir son action en justice. Arrive, de Nouakchott, en catastrophe, Imijine Ould Aheimed, pompiste et oncle de la plaigante, particulièrement brutal à son endroit. La mère de celle-ci, Lekhweidem Mint Aheimed, le rejoint, pour renforcer la pression.
Face au refus de Mbarka, les deux messagers lui appliquent une correction physique d’une violence telle que son corps porte encore les traces de blessures. La molestation n’y fait rien et Mbarka persiste. Alors, sous les conseils avisés du policier Alioune, les parents déclarés de la fille la dénoncent pour fornication illégale (Zina) et désobéissance filiale (Oughough), deux crimes passibles, dans la Charia, seule source de loi dans le pays, de flagellation, lapidation ou d’une peine de prison (Taazir). Or, Mbarka est elle-même est née d’une union extraconjugale et n’est plus mineure !
Là, autre retournement miraculeux, les autorités judiciaires se déclarent compétentes et Mbarka se trouve accusée et en état d’arrestation !
Par la même occasion, elle dévoile le calvaire de ses deux frères mineurs, toujours en captivité ; le plus âgé, Brahim, 15 ans, s’est aussi enfui pour rejoindre l’antenne locale de l’Ira; le second, Ethmane, demeure en service, chez Mansoura Mint Sedigh, la belle-mère du policier Alioune Ould N’Vakh.
3. L’épilogue
Considérant la tournure des évènements, Ira – Mauritanie a dépêché une forte délégation dirigée par Brahim ould Bilal et composée de Cheikh Brahim Ould Oudaa et Bilal Ould Samba. Se sont immédiatement joints à eux, sur les lieux, le coordinateur de Sos-Esclaves et le représentant local du parti d’opposition Union des forces de progrès (Ufp).
Un sit-in a été organisé devant la direction régionale de la sureté à Kaédi, obligeant la police à se plier aux exigences des défenseurs des droits humains. Ainsi, sur ordre du Procureur, MBarka a été remise en liberté et confiée aux organisations plaignantes. Un rendez-vous est fixé ce jour, avec le magistrat saisi du dossier et qui maintient les accusations précitées contre la victime.
Une fois le déboire judiciaire de MBarka réglé, elle se rendra, accompagnée par les associations précitées, à Aleg, pour déposer sa plainte en bonne et due forme faire libérer son frère encore sous le joug d’Ehl Amar, à Mbidane.
Le cas de Mbarka interpelle chaque mauritanien par ce qu’il renferme d’injustice flagrante et de cruauté. Aussi, Ira a-t-elle décidé d’attaquer, devant les tribunaux compétents, les parents de Mbarka auteurs de voies de fait et les maitres instigateurs de telles violences; N’échapperaient, non plus, à la rigueur de la norme, le policier et le gendarme complices, le directeur régional de la sûreté, à cause de la non-assistance à personne en danger, singulièrement une victime d’esclavage, que la loi de 2007 leur commande, à tous, de protéger !!! L’Ira poursuivra, également, l’officier de police Cheikh Ould Moulaye Driss, aujourd’hui affecté à Aïoun, en vertu des dispositions de l’article 12 de la loi 0048 / 2011, portant criminalisation de l’esclavage qui stipule que le magistrat, l’administrateur ou l’officier de police judiciaire coupable de non application des textes sur l’esclavage est passible d’une peine de cinq ans de prison en plus de la radiation et des amendes.
La Commission de la Communication de IRA-Mauritanie
Nouakchott le 20 septembre 2011
Source: Biram Dah