La volonté affiche par le président de la République de lutter contre la gabegie est certes louable mais elle peine à se matérialiser et à éradiquer ce cancer qui mine notre administration. À cet égard, les propos tenus par notre Raïs, lors de sa récente rencontre avec les secrétaires généraux des départements ministériels, sonnent comme un coup de semonce, pour ne pas dire constat d’échec. Ou plutôt coup…dans l’eau du marigot ? La corruption continue à gangrener le pays et tout le monde ou presque s’y est mis. Vol à ciel ouvert, mécanisme bien huilé…
Il n’est un secret pour personne que les lenteurs et la corruption handicapent fortement l’exécution des tâches administratives. Les secrétaires généraux jouent un rôle plus qu’important dans ce travail : ces hommes et femmes gèrent les budgets et participent donc, d’une certaine façon, à l’octroi des marchés publics, manne, vache à lait que tout un chacun cherche à traire du matin au soir. On ne se soucie guère du sort du veau. Un responsable d’un département ministériel nous a avoué avec amertume que tout cadre mauritanien qui arrive à son bureau pense plus à ce qu’il peut tirer comme profit de l’État qu’à de ce qu’il pourrait lui apporter.
Le luxe et l’exhibitionnisme insolent témoignent de l’ampleur de la gabegie. De petits fonctionnaires s’offrant des villas somptueuses, des châteaux, des palais à Tevragh Zeïna ou à Soukouk… Des gamins de moins de 18 ans et des femmes à bord de bolides à plus de quarante millions d’ouguiyas… Des vacances de luxe à l’étranger : Las Palmas, Istambul, Dubaï…Des troupeaux de camelins, bovins et caprins… Des centaines d’hectares de terre… D’où tirent-ils ces sommes faramineuses, alors que l’écrasante majorité de la population ne trouve même plus le diable pour lui tirer la queue ? Du commerce de luxe, du trafic de drogue, des armes ou des deniers publics ? En fait, de tout et de partout. En tout cas, les marchés publics ont beaucoup contribué à sortir certains mauritaniens du néant.
Des milliards dilapidés
La gabegie se lit sur tout ce qui se passe en notre capitale, notamment les marchés mal exécutés, à l’instar de la voirie. Allez voir la réhabilitation de la rue reliant le Chinguitti-Palace au marché de poissons. À peine terminé, il étale déjà ses défauts. Mauvaise qualité du bitume, dos d’âne, etc. Idem pour le prolongement de cette rue vers la mosquée marocaine et Sebkha, en passant devant la SOMIGEM. Comme si l’on se moquait de la République et du Citoyen ! Les trottoirs qu’on est en train de bâtir le long des goudrons se révèlent bâclés. Les premières pluies tombées sur Nouakchott ont montré les risques qu’ils font peser sur le bitume et les populations : l’eau n’est pas évacuée, il faut la pomper. Les citernes de l’ONAS sont mises à contribution dans les trois wilayas de Nouakchott, aucun quartier n’est épargné. Les changements climatiques n’augurent pas de joyeux lendemains pour notre capitale.
Les juteux marchés distribués à tour de bras, avec complaisance et rétrocommissions, ne règlent pas les problèmes, on le constate depuis 2013. On se hâte à chaque veille de pluie, on bâcle en urgence… pour recommencer l’année suivante. Perpétuel recommencement. Tant de milliards jetés dans les eaux de ruissellement hélas stagnantes !
Les menaces du président de la République pourront-elles dissuader ces brebis galeuses rompues à une triche enseignée dès l’école élémentaire ? On avait pensé que les démêlées judiciaires de l’ex- Président allaient sonner le glas de la gabegie. Las ! Celle-ci est une véritable mafia tentaculaire qui a infiltré puis phagocyté toute l’Administration. Un système bâti sur le faux et l’usage de faux, les magouilles à la chaîne. « Si notre pays n’était pas riche, il se serait écroulé depuis bien longtemps », se navrent à faire remarquer les plus lucides de nos concitoyens. Il est plus facile de sermonner les secrétaires généraux, directeurs généraux ou les chefs de projet que d’en relever et sanctionner un seul. Car ils ont été nommés par quota de tribus, sinon grâce à leur proximité avec un colonel, un général ou un président de chambre. Renvoyer un SG signifie fâcher sa tribu, son mentor ou son clan. D’où la prudence des inspecteurs de l’IGE et de la Cour des Comptes. Ne parlons pas des inspections internes. Comme on le sait, ces secrétaires généraux sont très sollicités pour des voitures et du carburant. Est-ce cela qu’on appelle « l’administration au service des citoyens» clamée sur tous les toits depuis des années ?
À Nouakchott et ailleurs à l’intérieur du pays, les citoyens lambdas peuvent passer des heures, voire des jours, à réclamer leurs droits élémentaires à l’entrée du moindre service public… sans trouver d’interlocuteur. Mais il suffit qu’un haut responsable civil ou des forces de défense et de sécurité s’y présente pour que le portier se hâte d’ouvrir la porte. Ce visiteur pourra passer des heures dans le bureau à raconter tout et n’importe quoi, pendant que les citoyens « ordinaires » poireauteront dans les couloirs ou la salle d’attente. Trop zélés, certains de nos responsables peuvent même se permettre de refuser de régler des problèmes de leurs concitoyens.
Lors de l’opération « Rattrapage » en cours, des cadis ou des greffiers auraient ainsi refusé d’établir des filiations pour des quidams venus se faire enrôler, alors que la tutelle nous rebat les oreilles des « instructions » du président de la République. La fondation du département « transformation numérique » ne réussira pas à couper la tête de la pieuvre. Ce sont les hommes qui manipulent les machines et non le contraire : ils n’y introduisent que ce qui ne nuit pas au système…
DL
Source : Le Calame
Il n’est un secret pour personne que les lenteurs et la corruption handicapent fortement l’exécution des tâches administratives. Les secrétaires généraux jouent un rôle plus qu’important dans ce travail : ces hommes et femmes gèrent les budgets et participent donc, d’une certaine façon, à l’octroi des marchés publics, manne, vache à lait que tout un chacun cherche à traire du matin au soir. On ne se soucie guère du sort du veau. Un responsable d’un département ministériel nous a avoué avec amertume que tout cadre mauritanien qui arrive à son bureau pense plus à ce qu’il peut tirer comme profit de l’État qu’à de ce qu’il pourrait lui apporter.
Le luxe et l’exhibitionnisme insolent témoignent de l’ampleur de la gabegie. De petits fonctionnaires s’offrant des villas somptueuses, des châteaux, des palais à Tevragh Zeïna ou à Soukouk… Des gamins de moins de 18 ans et des femmes à bord de bolides à plus de quarante millions d’ouguiyas… Des vacances de luxe à l’étranger : Las Palmas, Istambul, Dubaï…Des troupeaux de camelins, bovins et caprins… Des centaines d’hectares de terre… D’où tirent-ils ces sommes faramineuses, alors que l’écrasante majorité de la population ne trouve même plus le diable pour lui tirer la queue ? Du commerce de luxe, du trafic de drogue, des armes ou des deniers publics ? En fait, de tout et de partout. En tout cas, les marchés publics ont beaucoup contribué à sortir certains mauritaniens du néant.
Des milliards dilapidés
La gabegie se lit sur tout ce qui se passe en notre capitale, notamment les marchés mal exécutés, à l’instar de la voirie. Allez voir la réhabilitation de la rue reliant le Chinguitti-Palace au marché de poissons. À peine terminé, il étale déjà ses défauts. Mauvaise qualité du bitume, dos d’âne, etc. Idem pour le prolongement de cette rue vers la mosquée marocaine et Sebkha, en passant devant la SOMIGEM. Comme si l’on se moquait de la République et du Citoyen ! Les trottoirs qu’on est en train de bâtir le long des goudrons se révèlent bâclés. Les premières pluies tombées sur Nouakchott ont montré les risques qu’ils font peser sur le bitume et les populations : l’eau n’est pas évacuée, il faut la pomper. Les citernes de l’ONAS sont mises à contribution dans les trois wilayas de Nouakchott, aucun quartier n’est épargné. Les changements climatiques n’augurent pas de joyeux lendemains pour notre capitale.
Les juteux marchés distribués à tour de bras, avec complaisance et rétrocommissions, ne règlent pas les problèmes, on le constate depuis 2013. On se hâte à chaque veille de pluie, on bâcle en urgence… pour recommencer l’année suivante. Perpétuel recommencement. Tant de milliards jetés dans les eaux de ruissellement hélas stagnantes !
Les menaces du président de la République pourront-elles dissuader ces brebis galeuses rompues à une triche enseignée dès l’école élémentaire ? On avait pensé que les démêlées judiciaires de l’ex- Président allaient sonner le glas de la gabegie. Las ! Celle-ci est une véritable mafia tentaculaire qui a infiltré puis phagocyté toute l’Administration. Un système bâti sur le faux et l’usage de faux, les magouilles à la chaîne. « Si notre pays n’était pas riche, il se serait écroulé depuis bien longtemps », se navrent à faire remarquer les plus lucides de nos concitoyens. Il est plus facile de sermonner les secrétaires généraux, directeurs généraux ou les chefs de projet que d’en relever et sanctionner un seul. Car ils ont été nommés par quota de tribus, sinon grâce à leur proximité avec un colonel, un général ou un président de chambre. Renvoyer un SG signifie fâcher sa tribu, son mentor ou son clan. D’où la prudence des inspecteurs de l’IGE et de la Cour des Comptes. Ne parlons pas des inspections internes. Comme on le sait, ces secrétaires généraux sont très sollicités pour des voitures et du carburant. Est-ce cela qu’on appelle « l’administration au service des citoyens» clamée sur tous les toits depuis des années ?
À Nouakchott et ailleurs à l’intérieur du pays, les citoyens lambdas peuvent passer des heures, voire des jours, à réclamer leurs droits élémentaires à l’entrée du moindre service public… sans trouver d’interlocuteur. Mais il suffit qu’un haut responsable civil ou des forces de défense et de sécurité s’y présente pour que le portier se hâte d’ouvrir la porte. Ce visiteur pourra passer des heures dans le bureau à raconter tout et n’importe quoi, pendant que les citoyens « ordinaires » poireauteront dans les couloirs ou la salle d’attente. Trop zélés, certains de nos responsables peuvent même se permettre de refuser de régler des problèmes de leurs concitoyens.
Lors de l’opération « Rattrapage » en cours, des cadis ou des greffiers auraient ainsi refusé d’établir des filiations pour des quidams venus se faire enrôler, alors que la tutelle nous rebat les oreilles des « instructions » du président de la République. La fondation du département « transformation numérique » ne réussira pas à couper la tête de la pieuvre. Ce sont les hommes qui manipulent les machines et non le contraire : ils n’y introduisent que ce qui ne nuit pas au système…
DL
Source : Le Calame