Une foule de Mauritaniens, estimée entre 600 et 1 000 manifestants ont battu le macadam, avant-hier, à Paris. Ils ont marché de la Place de Trocadéro jusqu'à leur ambassade en dénonçant le recensement en cours dans leur pays. Pour eux, les autorités mauritaniennes font dans la discrimination en refusant de recenser les négro-mauritaniens sous prétexte qu'ils n'ont pas d'état-civil.
(Correspondant permanent à Paris) - Le slogan d'Alioune Tine, Président de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme a fait mouche jusque dans la communauté mauritanienne de France. ‘Touche pas à ma Constitution’ est devenu chez la communauté mauritanienne de Paris ‘Touche pas à ma nationalité’ ou ‘Touche pas à ma mauritanité’. Ces deux slogans ont été scandés durant toute la marche qui s'est déroulée, ce samedi, de la Place Trocadéro à l'Ambassade de Mauritanie à Paris. Les manifestants dénoncent ‘la ségrégation dans le recensement en cours’ en Mauritanie.
Ils estiment que certains Négro-mauritaniens ont été empêchés d'être recensés, sous prétexte qu'ils ne sont pas nés en Mauritanie ou qu'ils n'ont pas d'état-civil. ‘Nous manifestons contre la discrimination des négro-mauritaniens composés de Wolof, Peul, Haratine, etc.) qui sont complètement exclus du recensement. Nous considérons ce projet extrêmement dangereux pour la Mauritanie’, explique Ibrahima Diallo, secrétaire chargé de la presse et de la communication des Forces de libération africaines de Mauritanie (Flam). M. Diallo considère que ‘cette situation est très grave’.
Quand les quelque 1 000 manifestants, selon les organisateurs ou 600 pour la police française, sont arrivés à la hauteur de l'ambassade de leur pays, ils ont redoublé d'ardeur dans la dénonciation du régime du président Abdel Aziz. Les Crs français étaient déjà en place barrant la rue qui mène au portail de la bâtisse diplomatique. Cette fois-ci, les policiers français ont pris les devants et ont renforcé leur effectif, parce que la vieille une autre manifestation avait forcé la porte qui n’était gardée que par trois policiers. Et cette fois-ci également, les policiers étaient armés jusqu'aux dents pour parer à toute éventualité.
Dans cette foule de manifestants surexcités, malgré la fine pluie qui tombait sur eux, Hamdou Rabby Sy, professeur de philo, donnait aussi de la voix. S'il considère que le recensement est une bonne chose quand il s'agit dénombrer le nombre d'habitants d'un pays, il estime que dans le cadre de la Mauritanie, rien ‘n'est neutre’. ‘Il s'agit de créer une majoritaire mécanique de Maures. C'est pourquoi, nous considérons que c'est une opération idéologique et politique qui instrumentalise les Nouvelles technologies de l'information et de la communication et crée une majorité maure incontestable’, soutient Hamdou Rabby Sy. Pour lui, les négro-mauritaniens ne sont pas recensés ‘sous prétexte que ce sont des étrangers, qu'ils n'ont pas d'état-civil’. Avant d'imputer leur manque d'état à ‘la déportation et la répression qui ont fait beaucoup de dégâts’. ‘Beaucoup de noirs n'ont pas leur état-civil. C'est pourquoi, nous mobilisons pour dénoncer cette logique qui sous-tend que nous n'existons’.
Le concept de Mauritanité installe le malaise
Dans le mémorandum, déposé à l'ambassade de Mauritanie par les manifestants, on pouvait lire des critiques très dures contre les autorités mauritaniennes. ‘Présenté par le pouvoir comme un instrument permettant de doter le pays d’un fichier d’état-civil fiable dans le prolongement du Ranvec (1998), ce recensement se révèle être un acte de trahison de l’Etat et un moyen d’épuration identitaire spécialement contre les populations négro-mauritaniennes et haratine, mais également contre certaines tribus du Nord dont la Mauritanité est remise en cause comme en 1976, et contre certaines populations du Tagant et de l’Assaba’, écrit la douzaine d'organisations qui a appelé à la manifestation.
Pour ces organisations mauritaniennes, ce recensement marque ‘la naissance d’une autre Mauritanie, la ‘’vraie fausse Mauritanie’’, celle débarrassée de sa composante négro-mauritanienne et haratine, créant une présomption de Mauritanité pour certains et, à l’inverse, une présomption d’étranger pour d’autres, principalement pour les négro-mauritaniens’. Elles estiment que c'est ‘une menace grave’ qui pèse désormais sur ‘l’avenir de la Mauritanie si le pouvoir ne renonce pas à son sombre dessein’. C'est pourquoi, les manifestants demandent ‘l’arrêt des opérations de recensement à vocation d’état-civil, la concertation nationale sur ce dossier capital pour l’avenir et l’identité de la Mauritanie, l’adoption d’un système de recensement neutre et représentatif de l’état-civil fiable dans un cadre juridique concerté’. Seront-ils entendus ? Ça dépendra, selon Ibrahima Diallo, de leur capacité de mobilisation et de la pression qu'ils mettront sur leurs autorités.
Moustapha BARRY
Walfadjri
(Correspondant permanent à Paris) - Le slogan d'Alioune Tine, Président de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme a fait mouche jusque dans la communauté mauritanienne de France. ‘Touche pas à ma Constitution’ est devenu chez la communauté mauritanienne de Paris ‘Touche pas à ma nationalité’ ou ‘Touche pas à ma mauritanité’. Ces deux slogans ont été scandés durant toute la marche qui s'est déroulée, ce samedi, de la Place Trocadéro à l'Ambassade de Mauritanie à Paris. Les manifestants dénoncent ‘la ségrégation dans le recensement en cours’ en Mauritanie.
Ils estiment que certains Négro-mauritaniens ont été empêchés d'être recensés, sous prétexte qu'ils ne sont pas nés en Mauritanie ou qu'ils n'ont pas d'état-civil. ‘Nous manifestons contre la discrimination des négro-mauritaniens composés de Wolof, Peul, Haratine, etc.) qui sont complètement exclus du recensement. Nous considérons ce projet extrêmement dangereux pour la Mauritanie’, explique Ibrahima Diallo, secrétaire chargé de la presse et de la communication des Forces de libération africaines de Mauritanie (Flam). M. Diallo considère que ‘cette situation est très grave’.
Quand les quelque 1 000 manifestants, selon les organisateurs ou 600 pour la police française, sont arrivés à la hauteur de l'ambassade de leur pays, ils ont redoublé d'ardeur dans la dénonciation du régime du président Abdel Aziz. Les Crs français étaient déjà en place barrant la rue qui mène au portail de la bâtisse diplomatique. Cette fois-ci, les policiers français ont pris les devants et ont renforcé leur effectif, parce que la vieille une autre manifestation avait forcé la porte qui n’était gardée que par trois policiers. Et cette fois-ci également, les policiers étaient armés jusqu'aux dents pour parer à toute éventualité.
Dans cette foule de manifestants surexcités, malgré la fine pluie qui tombait sur eux, Hamdou Rabby Sy, professeur de philo, donnait aussi de la voix. S'il considère que le recensement est une bonne chose quand il s'agit dénombrer le nombre d'habitants d'un pays, il estime que dans le cadre de la Mauritanie, rien ‘n'est neutre’. ‘Il s'agit de créer une majoritaire mécanique de Maures. C'est pourquoi, nous considérons que c'est une opération idéologique et politique qui instrumentalise les Nouvelles technologies de l'information et de la communication et crée une majorité maure incontestable’, soutient Hamdou Rabby Sy. Pour lui, les négro-mauritaniens ne sont pas recensés ‘sous prétexte que ce sont des étrangers, qu'ils n'ont pas d'état-civil’. Avant d'imputer leur manque d'état à ‘la déportation et la répression qui ont fait beaucoup de dégâts’. ‘Beaucoup de noirs n'ont pas leur état-civil. C'est pourquoi, nous mobilisons pour dénoncer cette logique qui sous-tend que nous n'existons’.
Le concept de Mauritanité installe le malaise
Dans le mémorandum, déposé à l'ambassade de Mauritanie par les manifestants, on pouvait lire des critiques très dures contre les autorités mauritaniennes. ‘Présenté par le pouvoir comme un instrument permettant de doter le pays d’un fichier d’état-civil fiable dans le prolongement du Ranvec (1998), ce recensement se révèle être un acte de trahison de l’Etat et un moyen d’épuration identitaire spécialement contre les populations négro-mauritaniennes et haratine, mais également contre certaines tribus du Nord dont la Mauritanité est remise en cause comme en 1976, et contre certaines populations du Tagant et de l’Assaba’, écrit la douzaine d'organisations qui a appelé à la manifestation.
Pour ces organisations mauritaniennes, ce recensement marque ‘la naissance d’une autre Mauritanie, la ‘’vraie fausse Mauritanie’’, celle débarrassée de sa composante négro-mauritanienne et haratine, créant une présomption de Mauritanité pour certains et, à l’inverse, une présomption d’étranger pour d’autres, principalement pour les négro-mauritaniens’. Elles estiment que c'est ‘une menace grave’ qui pèse désormais sur ‘l’avenir de la Mauritanie si le pouvoir ne renonce pas à son sombre dessein’. C'est pourquoi, les manifestants demandent ‘l’arrêt des opérations de recensement à vocation d’état-civil, la concertation nationale sur ce dossier capital pour l’avenir et l’identité de la Mauritanie, l’adoption d’un système de recensement neutre et représentatif de l’état-civil fiable dans un cadre juridique concerté’. Seront-ils entendus ? Ça dépendra, selon Ibrahima Diallo, de leur capacité de mobilisation et de la pression qu'ils mettront sur leurs autorités.
Moustapha BARRY
Walfadjri