L’armée allemande a réagi en affirmant que cette personne travaillait pour l’un de ses sous-traitants et ne faisait pas partie de ses employés locaux.
Ce sont exactement deux images qui ont été publiées par la branche sahélienne de l’Etat Islamique. Sur l’une de ces images, l’on voyait un homme – sans doute la victime – assis les yeux bandés au bord d’une fosse. Derrière lui se trouvent plusieurs hommes armés de fusils d’assaut. C’était probablement avant son exécution. Sur la seconde image, l’on montrait la victime toute souriante à côté d’un soldat de l’armée allemande au Camp Castor, la base des forces armées allemandes de la Misson multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) à Gao. Il est écrit sous les images qu’il s’agissait d’un « Malien qui a été assassiné parce qu’il travaillait comme espion des croisés de l’armée allemande ».
Des sources ont confirmé que la disparition de la victime remonte en juillet dernier, entre les localités de Gao et Ansongo, distantes d’un peu plus de 90 km. Sur cet axe de la Route Nationale 17 (RN17), des jihadistes commettent des attaques parfois meurtrières. Les mêmes sources ont soutenu que son exécution remonterait au 17 août.
Quelques jours avant la publication de ces images, le 20 août, un porte-parole du commandement opérationnel de la Bunderswehr (nom de l’aimée allemande) déclarait dans un média de son pays que « selon l’état actuel des connaissances, les employés locaux au Mali ne sont soumis à aucun danger individuel ou systématique en tant que tels à cause de leur travail avec nos forces ». Une affirmation battue en brèche par ces images de propagande.
Depuis un certain temps, de nombreux observateurs craignaient qu’après le retrait des forces internationales de la Minusma prévu avant la fin de cette année, des employés locaux ou d’autres collaborateurs ne soient pris pour cible. Une situation notamment observée en Afghanistan après le départ de la Coalition militaire internationale dirigée par les Etats-Unis, il y a deux ans.
L’armée allemande a indiqué qu’elle emploie au moins une soixantaine de collaborateurs locaux. Parmi eux, une vingtaine de traducteurs et des interprètes, dont certains effectuent de dangereuses patrouilles aux côtés des soldats allemands et établissent des contacts avec la population malienne. Toutefois, d’autres sources affirment que le nombre d’employés locaux de l’armée allemande est plus élevé. En plus de Maliens, des sources font également état de la présence d’autres nationalités travaillant indirectement pour la Bunderswehr.
D’ailleurs, au Camp Castor à Gao occupé par les casques bleus allemands, on y trouve divers sous-traitants privés actifs dans les domaines tels que la lessive ou l’élimination des déchets. Les employés de ces entreprises sous-traitantes ne sont pas traités à la même enseigne que le personnel local. Ainsi, la victime exécutée par les terroristes pourrait être un employé de l’une de ces entreprises sous-traitantes comme l’affirme le porte-parole de l’armée allemande. Parmi ces entreprises figure « Ecolog » une multinationale basée à Dubaï, aux Emirats Arabes Unies, intervenant dans divers domaines comme la restauration, l’énergie, la construction, la gestion des installations et l’environnement.
Cette nouvelle intervient au moment où la situation sécuritaire dans divers endroits du pays est marquée par une recrudescence des attaques obligeant des milliers de personnes à fuir leurs localités. Le nombre de personnes déplacées internes au Mali est estimé à près de 400.000 dont l’écrasante majorité évoquent l’insécurité comme principal motif de leur déplacement. Outre l’Etat islamique au Sahel (EIS), le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) est également actif.
Selon de nombreux experts, la zone sahélienne, dans laquelle se trouve le Mali, a désormais remplacé le Moyen-Orient comme zone d’opérations la plus importante du terrorisme islamiste. Dans son dernier rapport 2023, l’indice du terrorisme dans le monde a révélé qu’avec 22 074 personnes tuées dans 6 408 attaques terroristes entre 2007 et 2022, le nombre de victimes d’attaques terroristes dans la région du Sahel a augmenté de plus de 2 000 % au cours des 15 dernières années. Le Burkina Faso, le Mali et le Niger figurent parmi les dix premiers de ce classement.
Avec un millier de casques bleus, l’armée allemande participe depuis une décennie, à la Minusma. Toutefois, malgré le déploiement de plus de 10 000 soldats de la paix, cette mission n’a pas réussi à freiner la violence des groupes jihadistes qui s’est par la suite propagée dans d’autres pays voisins comme le Burkina Faso et le Niger. Elle a même atteint les États du golfe de Guinée. C’est ainsi que le 16 juin dernier, les autorités de la transition malienne ont demandé le retrait de la Minusma amorcé depuis le 1er juillet dernier et censé prendre fin au plus tard le 31 décembre prochain. L’armée allemande, qui prévoyait de rester au Mali jusqu’en mars 2024 pour suivre jusqu’à son terme le processus de transition, doit quitter prématurément, soit avant la fin de cette année.
Bien avant le cas « Kevin » de nombreux travailleurs locaux, craignant de se retrouver sans protection après le départ des forces internationales ont tiré la sonnette d’alarme sans qu’aucune réponse ne leur soit encore donnée. Pour certains, la non-prise en compte de leur cas pourrait compromettre les collaborations locales avec les futures missions de l’armée allemande.
APA - BAMAKO (MALI)
Source : Agence de Presse Africaine (APA)
Ce sont exactement deux images qui ont été publiées par la branche sahélienne de l’Etat Islamique. Sur l’une de ces images, l’on voyait un homme – sans doute la victime – assis les yeux bandés au bord d’une fosse. Derrière lui se trouvent plusieurs hommes armés de fusils d’assaut. C’était probablement avant son exécution. Sur la seconde image, l’on montrait la victime toute souriante à côté d’un soldat de l’armée allemande au Camp Castor, la base des forces armées allemandes de la Misson multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) à Gao. Il est écrit sous les images qu’il s’agissait d’un « Malien qui a été assassiné parce qu’il travaillait comme espion des croisés de l’armée allemande ».
Des sources ont confirmé que la disparition de la victime remonte en juillet dernier, entre les localités de Gao et Ansongo, distantes d’un peu plus de 90 km. Sur cet axe de la Route Nationale 17 (RN17), des jihadistes commettent des attaques parfois meurtrières. Les mêmes sources ont soutenu que son exécution remonterait au 17 août.
Quelques jours avant la publication de ces images, le 20 août, un porte-parole du commandement opérationnel de la Bunderswehr (nom de l’aimée allemande) déclarait dans un média de son pays que « selon l’état actuel des connaissances, les employés locaux au Mali ne sont soumis à aucun danger individuel ou systématique en tant que tels à cause de leur travail avec nos forces ». Une affirmation battue en brèche par ces images de propagande.
Depuis un certain temps, de nombreux observateurs craignaient qu’après le retrait des forces internationales de la Minusma prévu avant la fin de cette année, des employés locaux ou d’autres collaborateurs ne soient pris pour cible. Une situation notamment observée en Afghanistan après le départ de la Coalition militaire internationale dirigée par les Etats-Unis, il y a deux ans.
L’armée allemande a indiqué qu’elle emploie au moins une soixantaine de collaborateurs locaux. Parmi eux, une vingtaine de traducteurs et des interprètes, dont certains effectuent de dangereuses patrouilles aux côtés des soldats allemands et établissent des contacts avec la population malienne. Toutefois, d’autres sources affirment que le nombre d’employés locaux de l’armée allemande est plus élevé. En plus de Maliens, des sources font également état de la présence d’autres nationalités travaillant indirectement pour la Bunderswehr.
D’ailleurs, au Camp Castor à Gao occupé par les casques bleus allemands, on y trouve divers sous-traitants privés actifs dans les domaines tels que la lessive ou l’élimination des déchets. Les employés de ces entreprises sous-traitantes ne sont pas traités à la même enseigne que le personnel local. Ainsi, la victime exécutée par les terroristes pourrait être un employé de l’une de ces entreprises sous-traitantes comme l’affirme le porte-parole de l’armée allemande. Parmi ces entreprises figure « Ecolog » une multinationale basée à Dubaï, aux Emirats Arabes Unies, intervenant dans divers domaines comme la restauration, l’énergie, la construction, la gestion des installations et l’environnement.
Cette nouvelle intervient au moment où la situation sécuritaire dans divers endroits du pays est marquée par une recrudescence des attaques obligeant des milliers de personnes à fuir leurs localités. Le nombre de personnes déplacées internes au Mali est estimé à près de 400.000 dont l’écrasante majorité évoquent l’insécurité comme principal motif de leur déplacement. Outre l’Etat islamique au Sahel (EIS), le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) est également actif.
Selon de nombreux experts, la zone sahélienne, dans laquelle se trouve le Mali, a désormais remplacé le Moyen-Orient comme zone d’opérations la plus importante du terrorisme islamiste. Dans son dernier rapport 2023, l’indice du terrorisme dans le monde a révélé qu’avec 22 074 personnes tuées dans 6 408 attaques terroristes entre 2007 et 2022, le nombre de victimes d’attaques terroristes dans la région du Sahel a augmenté de plus de 2 000 % au cours des 15 dernières années. Le Burkina Faso, le Mali et le Niger figurent parmi les dix premiers de ce classement.
Avec un millier de casques bleus, l’armée allemande participe depuis une décennie, à la Minusma. Toutefois, malgré le déploiement de plus de 10 000 soldats de la paix, cette mission n’a pas réussi à freiner la violence des groupes jihadistes qui s’est par la suite propagée dans d’autres pays voisins comme le Burkina Faso et le Niger. Elle a même atteint les États du golfe de Guinée. C’est ainsi que le 16 juin dernier, les autorités de la transition malienne ont demandé le retrait de la Minusma amorcé depuis le 1er juillet dernier et censé prendre fin au plus tard le 31 décembre prochain. L’armée allemande, qui prévoyait de rester au Mali jusqu’en mars 2024 pour suivre jusqu’à son terme le processus de transition, doit quitter prématurément, soit avant la fin de cette année.
Bien avant le cas « Kevin » de nombreux travailleurs locaux, craignant de se retrouver sans protection après le départ des forces internationales ont tiré la sonnette d’alarme sans qu’aucune réponse ne leur soit encore donnée. Pour certains, la non-prise en compte de leur cas pourrait compromettre les collaborations locales avec les futures missions de l’armée allemande.
APA - BAMAKO (MALI)
Source : Agence de Presse Africaine (APA)