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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Livre: En marge du procès de Charles Taylor, un formidable témoignage sur la guerre civile au Sierra Leone


Livre: En marge du procès de Charles Taylor, un formidable témoignage sur la guerre civile au Sierra Leone
«Mémoires d'un enfant soldat»

Il avait douze ans quand la guerre lui est tombée dessus en 1993. Brutalement coupé de sa famille, qu'il n'a jamais revue depuis, il a fait la route à travers le Sierra Leone - à travers le chaos - avant d'entrer dans l'armée gouvernementale.

De treize à quinze ans, drogué au brown brown, qu'il décrit comme un «mélange de cocaïne et de poudre à canon», et aux films de «Rambo», il a tué, pillé, tué encore. Grâce à l'Unicef, la chance, et une énergie qui force l'admiration, il vit aujourd'hui aux Etats-Unis, où il poursuit de brillantes études, et défend dans le monde entier la cause des enfants détruits par les conflits armés.

Cet incroyable parcours, Ishmael Beah le raconte dans «le Chemin parcouru» (400.000 exemplaires vendus aux Etats-Unis). L'enfer qu'il a traversé, c'est celui qu'Ahmadou Kourouma évoquait, en 2000, dans un roman admirable: «Allah n'est pas obligé». Parce qu'on s'en souvient encore, on pensait savoir à quoi s'en tenir.

Sauf que le récit d'Ishmael Beah est un témoignage authentique. Au moment où commence à la Haye le procès de l'ex-président du Liberia, Charles Taylor, ces «Mémoires d'un enfant soldat» sont un document capital: une terrible pièce à conviction sur la guerre civile et ses effets (collatéraux, disent-ils...).

Extrait:

Je pousse une brouette rouillée dans une petite ville où l'air empeste le sang et la chair brûlée. Le vent m'apporte les gémissements de ceux dont le dernier souffle quitte leur corps mutilé. Je passe devant eux, je vois qu'ils ont perdu un bras, une jambe, leurs intestins se déversent par leur ventre béant, de la cervelle sort de leur nez et de leurs oreilles. Les mouches enivrées par le carnage tombent dans les flaques de sang et meurent. Les yeux des agonisants sont plus rouges que le sang qui coule de leur corps et on dirait que leurs os vont percer d'une seconde à l'autre la peau de leur visage émacié. Mes crapes éculées sont couvertes d'un sang qui semble couler de mon short de l'armée. Comme je n'éprouve aucune douleur physique, je ne suis pas sûr d'être blessé. Je sens contre mon dos la chaleur du canon de mon AK-47. Je ne me rappelle pas quand je m'en suis servi pour la dernière fois. J'ai l'impression qu'on m'a enfoncé des aiguilles dans le cerveau et je n'arrive pas à savoir si c'est le jour ou la nuit. La brouette, devant moi, contient un cadavre enveloppé dans un drap blanc. Je ne sais pas pourquoi je porte ce corps en particulier au cimetière.

Arrivé là-bas, j'ai du mal à soulever le mort, c'est comme s'il résistait. Je le prends dans mes bras, je cherche un endroit où il pourra reposer. Mes muscles commencent à me faire mal et chaque fois que j'avance un pied, une douleur me transperce, des orteils à la colonne vertébrale. Je m'effondre, le cadavre dans les bras. Des taches de sang apparaissent sur le drap qui le recouvre. Je l'allonge sur le sol, je soulève le drap, en commençant par les pieds. Le corps est criblé de balles; l'une d'elles a fracassé la pomme d'Adam et expédié des fragments dans le fond de la gorge. Je dévoile enfin le visage du mort. C'est le mien.

Couvert de sueur, je suis resté quelques minutes étendu sur le plancher frais où je suis tombé avant d'allumer la lampe pour me libérer totalement du monde des rêves. Une douleur m'a parcouru le dos. J'ai fixé le mur rouge de brique nue de la pièce en tentant de reconnaître l'air de rap beuglé par la radio d'une voiture qui passait. Secoué par les frissons, je me suis efforcé de penser à ma nouvelle existence à New York, où je vivais depuis plus d'un mois, mais mon esprit, franchissant l'Atlantique, est retourné en Sierra Leone. Je me suis vu, armé d'un AK-47, marchant entre des caféiers avec un peloton composé d'un grand nombre de jeunes garçons et de quelques adultes. Nous nous apprêtions à attaquer une bourgade où il y avait des munitions et des vivres. En quittant les champs, nous sommes tombés inopinément sur un autre groupe armé sur le terrain de football jouxtant les ruines de ce qui avait été un village. Nous avons tiré jusqu'à ce que le dernier être vivant de l'autre groupe s'écroule, puis nous nous sommes approchés des cadavres en échangeant de grandes tapes dans les mains. L'autre groupe était composé de jeunes garçons comme nous, mais nous nous moquions d'eux. Nous avons pris leurs munitions, nous nous sommes assis sur leurs corps et avons mangé les aliments cuits qu'ils portaient. Autour de nous, du sang frais coulait des impacts de balles dans leurs corps.

Je me suis levé, j'ai mouillé une serviette blanche avec un verre d'eau et je l'ai nouée autour de ma tête. J'avais peur de m'endormir, mais rester éveillé ramenait aussi des souvenirs douloureux. Des souvenirs que parfois j'aurais voulu extirper même si j'ai conscience qu'ils constituent une partie inquiétante de ma vie, de ce que je suis à présent. J'ai veillé toute la nuit, attendant dans l'angoisse le lever du jour pour pouvoir retourner à ma nouvelle vie, redécouvrir le bonheur que j'avais connu enfant, la joie qui était demeurée vivante en moi-même quand rester en vie était un fardeau. Aujourd'hui, j'évolue dans trois mondes : mes rêves et les expériences de ma nouvelle existence, qui font surgir des souvenirs du passé.



Source: nouvelobs
(M)
Vendredi 11 Janvier 2008 - 00:29
Vendredi 11 Janvier 2008 - 00:36
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