Je remercie les responsables de ces sites qui nous offrent d’excellentes plates formes d’expression.
J’ai suivi en différé avec intérêt le débat autour de la création d’un nouveau parti politique proche et soutenant le programme de Sidioca. D’aucuns s’opposent purement et simplement à sa création dénonçant sa nature de « Parti État »; d’autres émettent de grande réserves quant à son intégrité versus l’intimité avec les couloirs du pouvoir et les pratiques douteuses du jeu d’influence dont les promoteurs de ce parti sont souvent accusés.
Qu’ai-je retenu de ce débat? Quel a été son mérite? Devrait-il avoir lieu?
En réponse à cette dernière, je dirais simplement oui. Car, à l’étape actuelle de l’histoire du pays, l’organisation de débats publics contribuerait grandement à définir et asseoir notre démocratie naissante. Je remercie les organisateurs du débat, Cridem et tous les participants et les félicite de leur initiative. Vous avez montré combien la démocratie a des vertus, en organisant publiquement un tel débat.
Que peut-on retenir de ce débat? Pour moi, il ressort des quelques poussées d’adrénaline et de machisme politique de quelques uns des intervenants, que le débat a eu les mérites de montrer clairement :
Les vertus de la démocratie, en :
- organisant un débat public autour de la question de la création ou non d’un parti de soutien à un Président en exercice,
- réunissant des intervenants à opinions diamétralement opposées sur le thème du débat.
Ce débat est un cri de naissance de la démocratie en Mauritanie. Le bébé-démocratie, à la mauritanienne, est bien né. La question est de savoir si, il va grandir ou mourir infantile, ou bien si, il va grandir avec quelques handicaps, boiteux.
Les hommes, les organisations politiques, la société mauritanienne sont en début mutation (pour ne pas dire simplement : sont mutants). Et le jeu politique au pays, aujourd’hui, est en pleine reconfiguration. Tout le monde se remet en cause pour couver le bébé et éviter d’être sévèrement jugé par ce dernier et marginalisé par le cours des événements. Le vent du changement a effectivement soufflé. La question est de savoir dans quelle direction s’oriente-t-il.
Dans un système politique de gestion des affaires de l’État et de la société, établi sur des décennies, toute velléité nouvelle de changement engendre immanquablement de la résistance, surtout de la part des tenants du système établi.
Dans ce cadre nous voyons, combien les dignitaires des anciens régimes sont déterminés à reconfigurer leur niche du pouvoir. D’ailleurs, il serait dupe de croire qu’ils renonceraient aisément à un privilège construit sur des décennies, au prix d’applaudissements décapant la pomme des mains et au prix d’une remise en cause perpétuelle de sa propre personne pour un update au quotidien face aux humeurs d’un Sultan coléreux; et cela simplement au nom d’une démocratie en naissance.
La démocratie étant pour tous, pourquoi ne pas se l’approprier? Car la beauté de la démocratie réside justement dans le fait qu’elle appartient à tous et à tout en chacun et personne n’en détient le monopole, et surtout pas l’opposition actuelle.
Dans l’imaginaire politique mauritanien : tout parti qui soutient un Président en exercice, est un parti État, du fait même que ses membres seraient les premiers sinon les seuls à téter des mamelles de la vache à lait de l’État. Un tel parti aurait donc la latitude de bénéficier des faveurs du Sultan, l’expérience du passé étant édifiant en la matière.
Combien est grande la frustration de ceux-là qui ne sont pas au parfum des faveurs de Sidioca et du gouvernement de Zein. Car visiblement, le nerf de la guerre et des gesticulations des uns et des autres résident bien dans la question du partage du lait de la vache : le temps et les acteurs de la tétée.
Visiblement, la question fondamentale du jeu politique est celle du partage des postes, des fonctions et nominations dans les rouages de l’État. Cela a été clairement mentionné sans détour par certains intervenants. Ce qui confirme et valide le concept de l’imaginaire du simple citoyen mauritanien : tout ça c’est de la « boletigue ». Concept du langage populaire pour décrire ce qu’est la pratique de la politique en Mauritanie : la pratique du mensonge systématique pour arriver pouvoir, construire et protéger un « Privilège », la pratique de la bonne fois du mensonge politique ou le mensonge politique de la bonne fois. C’est ce que les québécois, au Canada, appellent de la menterie politique versus au mensonge politique pur et simple.
Dans les débats politiques publics (ou privés), les intervenants privilégient systématiquement les attaques et la déstabilisation des individus au détriment d’un débat d’idées et sur les idées. C’est ce qui ressort du phallocentrisme politique de certains intervenants. L’on a privilégié, encore une fois de plus, le règlement des comptes, la polémique et les phrases assassines au détriment d’un débat de construction pour arriver à un consensus. Ceci tient au fait que les participants à un débat, en général, y viennent sans être suffisamment documentés sur le thème et concepts autour desquels il y aura débat. C’est ce qui explique la confusion perceptible, au cours du débat, chez certains intervenants, dans les concepts et définitions :
- de la démocratie,
- des partis politiques,
- du concept de parti État,
- de la place des indépendants en démocratie,
- de la légalité ou non de la création d’un parti d’obédience présidentielle,
- de la légitimité ou non d’unir les différentes tendances composant la majorité présidentielle actuelle,
- et dans l’interprétation de la Constitution quant aux prérogatives de l’exécutif et du législatif.
Un exemple de cette confusion : un intervenant a souligné que la légitimité d’un parti vient du peuple. C’est là une confusion conceptuelle grave. Un parti politique n’est rien d’autre que le regroupement d’un ensemble d’individus autour d’idées communes à ce groupe précis d’individus et dans le cadre d’un projet politique commun singulier au groupe. De ce fait, il n’a besoin d’aucune sanction de légitimité populaire ou citoyenne. Par contre, il a besoin de légalité et pour cela il doit se conformer à l’esprit de la Constitution et se soumettre aux lois, textes et règles qui régissent la création et le fonctionnement des partis.
Mais, tout parti qui veut gouverner, appliquer son programme, doit chercher la légitimité de l’exercice de ce dernier, auprès des citoyens, à l’occasion des élections libres et démocratiques auxquelles participeraient tous les autres partis politiques et candidats dits indépendants. En démocratie, tout citoyen a le droit de se constituer candidat à un poste électif et aller chercher la légitimité de l’exercice du pouvoir pour lequel les élections sont organisées.
Un intervenant a qualifié d’hérésie le phénomène des indépendants lors des élections passées. C’est là un autre exemple de confusion dans la compréhension de ce qu’est la démocratie et de son exercice. La démocratie garantie le droit des citoyens à s’organiser ou non, autour et dans le cadre d’un parti politique, dans le respect de la Constitution et des lois en vigueur. Tout citoyen a le droit de s’exprimer, de se constituer candidat à une élection, en simple individu singleton, ou dans le cadre d’un parti politique donné. Les indépendants font donc partie des béni-ghouzéyétés citoyens de droit et partie prenant au jeu de la démocratie.
En démocratie, les partis politiques n’ont pas le monopole de la participation aux élections, ni le monopole des idées, de projets politiques, de la capacité de convaincre ou de la compétence à gérer un pays, entre deux échéances électorales. Sidioca nous a donné un bel exemple de la capacité d’un indépendant de rallier à sa cause un bon nombre de citoyens autour d’un simple slogan comme celui de « Le Président qui rassure »; sans ne jamais préciser qui sera rassuré et sur quoi il le sera.
On a vu, dans les pays dits démocratiques, en Europe et en Amériques du Nord, des citoyens se présenter au nom d’un parti politique donné; et une fois élus, ils dénoncent le parti parrain, le quittent et siégent en indépendants au parlement, entre deux échéances électorales. Ce sont les qualités des défauts de la démocratie.
Le débat a montré également une des valeurs intrinsèques du mauritanien : « Parler et décider à la place de l’autre », au moment où l’on est incapable de définir et prendre sa propre décision et en assumer les conséquences; « Juger et condamner sur de simples suppositions » telles que:
- « Oui! C’est ça que tu vas faire. Je te connais très bien. Tu ne vas pas me tromper »;
- « Tu as dit ça, mais au fond c’est ceci que tu voulais dire. Oh! Je te connais à 190% ».
Aujourd’hui, la mouvance hétéroclite de la majorité actuelle se voit dans l’obligation de se créer un cadre uni d’organisation et d’expression pour coordonner efficacement son soutien politique à Sidioca. Et certainement pour ne pas être à la traîne des évènements (En bon citoyen!). Non seulement, on pose le problème de la légitimité de la démarche; mais on lui fait également un procès d’intention, sur le choix du nom et sur ce qu’il doit être ou pas être.
Il y a un fait indéniable : tous les groupes de la mouvance dite présidentielle soutiennent Sidioca. Et ces groupes veulent s’organiser en une seule entité politique de soutien au programme de Sidioca. La question est de savoir si, au regard de la Constitution et des lois en vigueur, ils ont le droit de se regrouper en un parti, ou en n’importe quelle autre nébuleuse politique, en conformité avec les textes en vigueur, pour coordonner leurs actions politiques? Si oui, qu’ils le fassent en noms disparates ou sous le même nom hybride; cela ne change en rien à la finalité.
Sidioca a été élu sur la base d’un slogan fédérateur et d’un programme politique de changement dont les contours n’ont pas été présentés que par le slogan de « Président qui rassure ». Il revient à Sidioca de faire ses choix et mettre en place les moyens et mécanisme du changement qu’il a promis. C’est à lui et, à lui seul, de déterminer sur quelles forces ou organisation politique, il va s’appuyer pour mener le changement promis lors de la campagne électorale et livrer la marchandise.
Comment va-t-il s’y prendre? Va-t-il le faire avec du neuf réellement neuf ou avec du neuf par le recyclage des anciens du PRDS qui constituent, aujourd’hui, la majorité présidentielle? Va-t-il pouvoir laver les cerveaux des loups du rouage politique des anciens régimes et les transformer en agneaux prêts à passer à l’abattoir, à la veille du Id El Vitr? Ou va-t-il pouvoir faire appel à de nouvelles alliances pour rénover radicalement le paysage politique de l’action gouvernementale? Les réponses à ces questions reviennent à Sidioca seul.
Pour terminer, le débat a clairement montré que, au regard des confusions autour des définitions et interprétations des concepts, et au regard des velléités de la guêpe des barrons des anciens régimes à reconstruire sa niche de pouvoir, nous avons plus jamais besoin de mettre en place des mécanicismes objectifs d’une vraie démocratie. Lesquels mécanismes doivent être fondés sur :
- le concept d’un État de droit et d’une égalité de tous devant la loi;
- a bonne gouvernance basée sur la lutte contre la gabegie et les malversations dans la gestion de la chose publique;
- la définition et l’exercice d’une fonction publique axée sur la gestion saine des ressources humaines et déniés du pays, par le recrutement de compétences appropriées;
- la mise en place d’une relance de l’économie par le lancement de grands projets de développement économique du pays;
- la lutte efficace contre la pauvreté en permettant l’accès effectif à l’éducation par une redéfinition d’un système éducatif et un enseignement adaptés, à la santé, au travail par l’égalité des chances, au logement, à tous les citoyens;
- la définition des modes de financement des partis politiques, par l’État, par les citoyens eux-mêmes, et des limites au recours à ces modes de financement;
- la définition claire et précise de lois régissant les contours des actions et activités des partis politiques, de leurs relations avec le pouvoir en tant que parti de la majorité ou simplement en tant que partis d’opposition;
- la criminalisation du délit d’initié et du favoritisme systématique au détriment du choix judicieux des compétences;
- la criminalisation des malversations, de la mauvaise gestion et du clientélisme politique social;
- l’apaisement du climat social en créant une commission de réconciliation nationale chargée des passifs sociaux, du retour organisé des réfugiés et de l’organisation d’un débat national sur les priorités du moment.
La mise en place de cet ensemble de mécanismes contribuerait à l’assainissement du climat et du jeu d’influence politiques, dans les rouages de l’État.
Sidi Mohamed Ould Hartane
J’ai suivi en différé avec intérêt le débat autour de la création d’un nouveau parti politique proche et soutenant le programme de Sidioca. D’aucuns s’opposent purement et simplement à sa création dénonçant sa nature de « Parti État »; d’autres émettent de grande réserves quant à son intégrité versus l’intimité avec les couloirs du pouvoir et les pratiques douteuses du jeu d’influence dont les promoteurs de ce parti sont souvent accusés.
Qu’ai-je retenu de ce débat? Quel a été son mérite? Devrait-il avoir lieu?
En réponse à cette dernière, je dirais simplement oui. Car, à l’étape actuelle de l’histoire du pays, l’organisation de débats publics contribuerait grandement à définir et asseoir notre démocratie naissante. Je remercie les organisateurs du débat, Cridem et tous les participants et les félicite de leur initiative. Vous avez montré combien la démocratie a des vertus, en organisant publiquement un tel débat.
Que peut-on retenir de ce débat? Pour moi, il ressort des quelques poussées d’adrénaline et de machisme politique de quelques uns des intervenants, que le débat a eu les mérites de montrer clairement :
Les vertus de la démocratie, en :
- organisant un débat public autour de la question de la création ou non d’un parti de soutien à un Président en exercice,
- réunissant des intervenants à opinions diamétralement opposées sur le thème du débat.
Ce débat est un cri de naissance de la démocratie en Mauritanie. Le bébé-démocratie, à la mauritanienne, est bien né. La question est de savoir si, il va grandir ou mourir infantile, ou bien si, il va grandir avec quelques handicaps, boiteux.
Les hommes, les organisations politiques, la société mauritanienne sont en début mutation (pour ne pas dire simplement : sont mutants). Et le jeu politique au pays, aujourd’hui, est en pleine reconfiguration. Tout le monde se remet en cause pour couver le bébé et éviter d’être sévèrement jugé par ce dernier et marginalisé par le cours des événements. Le vent du changement a effectivement soufflé. La question est de savoir dans quelle direction s’oriente-t-il.
Dans un système politique de gestion des affaires de l’État et de la société, établi sur des décennies, toute velléité nouvelle de changement engendre immanquablement de la résistance, surtout de la part des tenants du système établi.
Dans ce cadre nous voyons, combien les dignitaires des anciens régimes sont déterminés à reconfigurer leur niche du pouvoir. D’ailleurs, il serait dupe de croire qu’ils renonceraient aisément à un privilège construit sur des décennies, au prix d’applaudissements décapant la pomme des mains et au prix d’une remise en cause perpétuelle de sa propre personne pour un update au quotidien face aux humeurs d’un Sultan coléreux; et cela simplement au nom d’une démocratie en naissance.
La démocratie étant pour tous, pourquoi ne pas se l’approprier? Car la beauté de la démocratie réside justement dans le fait qu’elle appartient à tous et à tout en chacun et personne n’en détient le monopole, et surtout pas l’opposition actuelle.
Dans l’imaginaire politique mauritanien : tout parti qui soutient un Président en exercice, est un parti État, du fait même que ses membres seraient les premiers sinon les seuls à téter des mamelles de la vache à lait de l’État. Un tel parti aurait donc la latitude de bénéficier des faveurs du Sultan, l’expérience du passé étant édifiant en la matière.
Combien est grande la frustration de ceux-là qui ne sont pas au parfum des faveurs de Sidioca et du gouvernement de Zein. Car visiblement, le nerf de la guerre et des gesticulations des uns et des autres résident bien dans la question du partage du lait de la vache : le temps et les acteurs de la tétée.
Visiblement, la question fondamentale du jeu politique est celle du partage des postes, des fonctions et nominations dans les rouages de l’État. Cela a été clairement mentionné sans détour par certains intervenants. Ce qui confirme et valide le concept de l’imaginaire du simple citoyen mauritanien : tout ça c’est de la « boletigue ». Concept du langage populaire pour décrire ce qu’est la pratique de la politique en Mauritanie : la pratique du mensonge systématique pour arriver pouvoir, construire et protéger un « Privilège », la pratique de la bonne fois du mensonge politique ou le mensonge politique de la bonne fois. C’est ce que les québécois, au Canada, appellent de la menterie politique versus au mensonge politique pur et simple.
Dans les débats politiques publics (ou privés), les intervenants privilégient systématiquement les attaques et la déstabilisation des individus au détriment d’un débat d’idées et sur les idées. C’est ce qui ressort du phallocentrisme politique de certains intervenants. L’on a privilégié, encore une fois de plus, le règlement des comptes, la polémique et les phrases assassines au détriment d’un débat de construction pour arriver à un consensus. Ceci tient au fait que les participants à un débat, en général, y viennent sans être suffisamment documentés sur le thème et concepts autour desquels il y aura débat. C’est ce qui explique la confusion perceptible, au cours du débat, chez certains intervenants, dans les concepts et définitions :
- de la démocratie,
- des partis politiques,
- du concept de parti État,
- de la place des indépendants en démocratie,
- de la légalité ou non de la création d’un parti d’obédience présidentielle,
- de la légitimité ou non d’unir les différentes tendances composant la majorité présidentielle actuelle,
- et dans l’interprétation de la Constitution quant aux prérogatives de l’exécutif et du législatif.
Un exemple de cette confusion : un intervenant a souligné que la légitimité d’un parti vient du peuple. C’est là une confusion conceptuelle grave. Un parti politique n’est rien d’autre que le regroupement d’un ensemble d’individus autour d’idées communes à ce groupe précis d’individus et dans le cadre d’un projet politique commun singulier au groupe. De ce fait, il n’a besoin d’aucune sanction de légitimité populaire ou citoyenne. Par contre, il a besoin de légalité et pour cela il doit se conformer à l’esprit de la Constitution et se soumettre aux lois, textes et règles qui régissent la création et le fonctionnement des partis.
Mais, tout parti qui veut gouverner, appliquer son programme, doit chercher la légitimité de l’exercice de ce dernier, auprès des citoyens, à l’occasion des élections libres et démocratiques auxquelles participeraient tous les autres partis politiques et candidats dits indépendants. En démocratie, tout citoyen a le droit de se constituer candidat à un poste électif et aller chercher la légitimité de l’exercice du pouvoir pour lequel les élections sont organisées.
Un intervenant a qualifié d’hérésie le phénomène des indépendants lors des élections passées. C’est là un autre exemple de confusion dans la compréhension de ce qu’est la démocratie et de son exercice. La démocratie garantie le droit des citoyens à s’organiser ou non, autour et dans le cadre d’un parti politique, dans le respect de la Constitution et des lois en vigueur. Tout citoyen a le droit de s’exprimer, de se constituer candidat à une élection, en simple individu singleton, ou dans le cadre d’un parti politique donné. Les indépendants font donc partie des béni-ghouzéyétés citoyens de droit et partie prenant au jeu de la démocratie.
En démocratie, les partis politiques n’ont pas le monopole de la participation aux élections, ni le monopole des idées, de projets politiques, de la capacité de convaincre ou de la compétence à gérer un pays, entre deux échéances électorales. Sidioca nous a donné un bel exemple de la capacité d’un indépendant de rallier à sa cause un bon nombre de citoyens autour d’un simple slogan comme celui de « Le Président qui rassure »; sans ne jamais préciser qui sera rassuré et sur quoi il le sera.
On a vu, dans les pays dits démocratiques, en Europe et en Amériques du Nord, des citoyens se présenter au nom d’un parti politique donné; et une fois élus, ils dénoncent le parti parrain, le quittent et siégent en indépendants au parlement, entre deux échéances électorales. Ce sont les qualités des défauts de la démocratie.
Le débat a montré également une des valeurs intrinsèques du mauritanien : « Parler et décider à la place de l’autre », au moment où l’on est incapable de définir et prendre sa propre décision et en assumer les conséquences; « Juger et condamner sur de simples suppositions » telles que:
- « Oui! C’est ça que tu vas faire. Je te connais très bien. Tu ne vas pas me tromper »;
- « Tu as dit ça, mais au fond c’est ceci que tu voulais dire. Oh! Je te connais à 190% ».
Aujourd’hui, la mouvance hétéroclite de la majorité actuelle se voit dans l’obligation de se créer un cadre uni d’organisation et d’expression pour coordonner efficacement son soutien politique à Sidioca. Et certainement pour ne pas être à la traîne des évènements (En bon citoyen!). Non seulement, on pose le problème de la légitimité de la démarche; mais on lui fait également un procès d’intention, sur le choix du nom et sur ce qu’il doit être ou pas être.
Il y a un fait indéniable : tous les groupes de la mouvance dite présidentielle soutiennent Sidioca. Et ces groupes veulent s’organiser en une seule entité politique de soutien au programme de Sidioca. La question est de savoir si, au regard de la Constitution et des lois en vigueur, ils ont le droit de se regrouper en un parti, ou en n’importe quelle autre nébuleuse politique, en conformité avec les textes en vigueur, pour coordonner leurs actions politiques? Si oui, qu’ils le fassent en noms disparates ou sous le même nom hybride; cela ne change en rien à la finalité.
Sidioca a été élu sur la base d’un slogan fédérateur et d’un programme politique de changement dont les contours n’ont pas été présentés que par le slogan de « Président qui rassure ». Il revient à Sidioca de faire ses choix et mettre en place les moyens et mécanisme du changement qu’il a promis. C’est à lui et, à lui seul, de déterminer sur quelles forces ou organisation politique, il va s’appuyer pour mener le changement promis lors de la campagne électorale et livrer la marchandise.
Comment va-t-il s’y prendre? Va-t-il le faire avec du neuf réellement neuf ou avec du neuf par le recyclage des anciens du PRDS qui constituent, aujourd’hui, la majorité présidentielle? Va-t-il pouvoir laver les cerveaux des loups du rouage politique des anciens régimes et les transformer en agneaux prêts à passer à l’abattoir, à la veille du Id El Vitr? Ou va-t-il pouvoir faire appel à de nouvelles alliances pour rénover radicalement le paysage politique de l’action gouvernementale? Les réponses à ces questions reviennent à Sidioca seul.
Pour terminer, le débat a clairement montré que, au regard des confusions autour des définitions et interprétations des concepts, et au regard des velléités de la guêpe des barrons des anciens régimes à reconstruire sa niche de pouvoir, nous avons plus jamais besoin de mettre en place des mécanicismes objectifs d’une vraie démocratie. Lesquels mécanismes doivent être fondés sur :
- le concept d’un État de droit et d’une égalité de tous devant la loi;
- a bonne gouvernance basée sur la lutte contre la gabegie et les malversations dans la gestion de la chose publique;
- la définition et l’exercice d’une fonction publique axée sur la gestion saine des ressources humaines et déniés du pays, par le recrutement de compétences appropriées;
- la mise en place d’une relance de l’économie par le lancement de grands projets de développement économique du pays;
- la lutte efficace contre la pauvreté en permettant l’accès effectif à l’éducation par une redéfinition d’un système éducatif et un enseignement adaptés, à la santé, au travail par l’égalité des chances, au logement, à tous les citoyens;
- la définition des modes de financement des partis politiques, par l’État, par les citoyens eux-mêmes, et des limites au recours à ces modes de financement;
- la définition claire et précise de lois régissant les contours des actions et activités des partis politiques, de leurs relations avec le pouvoir en tant que parti de la majorité ou simplement en tant que partis d’opposition;
- la criminalisation du délit d’initié et du favoritisme systématique au détriment du choix judicieux des compétences;
- la criminalisation des malversations, de la mauvaise gestion et du clientélisme politique social;
- l’apaisement du climat social en créant une commission de réconciliation nationale chargée des passifs sociaux, du retour organisé des réfugiés et de l’organisation d’un débat national sur les priorités du moment.
La mise en place de cet ensemble de mécanismes contribuerait à l’assainissement du climat et du jeu d’influence politiques, dans les rouages de l’État.
Sidi Mohamed Ould Hartane