Trois semaines après l’attentat d’Aleg, qui a coûté la vie à quatre touristes français le 24 décembre dernier, les familles de Mohamed Ould Chabarnou et Sidi Ould Sidina, présumés membres du commando, sont plongées dans un véritable état de choc.
Oumou Kelthoum Koné et Mohamed Mahmoud Ould Sidina, respectivement mère de Mohamed Ould Chabarnou et père de Sidi Ould Sidina, ont du mal à comprendre que leurs fils aient pu commettre le crime qui leur est aujourd’hui imputé. Ils comprennent encore moins les reportages télévisés attestant que les enfants ne regrettent point leur geste qui aurait servi ainsi la «bonne cause».
Restée visiblement digne en dépit des circonstances et de la douleur psychologique et morale, Oumou Koné, fille de l’ancien combattant Koné Souleymane, est infirmière de son état. La mère d’Ould Chabarnou habite la commune de Toujounine avec ses enfants, frères et sœurs. Une famille mauritanienne tout à fait ordinaire et calme qui nous sert le Zrig traditionnel en guise de bienvenue ce mercredi 16 janvier.
Il ressort des témoignages concordants de tous les membres que Mohamed Ould Chabarnou «est un garçon calme, poli et incapable de faire du mal à une mouche». Des propos sortis de la bouche de la mère du présumé Djihadiste et repris en cœur par toute l’assistance. Cette unanimité semble avoir tous les accents de la sincérité.
Elle est également l’expression d’un véritable désarroi face à un geste «de folie» complètement hors des normes sociales et morales. Aboubakry Koné, chimiste et cadre à l’Office Mauritanien de Recherches Géologiques (OMRG), oncle maternel du jeune présumé terroriste déclare pourtant n’avoir jamais décelé chez son neveu une attitude, un comportement annonciateur de l’acte du 24 décembre reproché au garçon.
Le même témoignage est recueilli auprès d’une voisine de la famille depuis 2 ans et amie de longue date de la maman. Toutefois, la famille ne plaide pas un moment de «démence passagère» en faveur de Chabarnou qui, il faut bien le rappeler, continue à bénéficier de la présomption d’innocence jusqu’au jour ou une juridiction régulièrement composée aura établi les faits du 24 décembre vis-à-vis de sa personne.
Oumou Koné a vu son fils pour la dernière fois le dimanche 23 décembre 2007 aux environs de 10 heures, donc un peu plus de 24 heures avant l’annonce du massacre des touristes et les révélations de la presse internationale attribuant l’acte démentiel à un groupe dont son fils serait membre. Il avait disparu de la maison sans dire au revoir ni laisser d’adresse.
Au dire des uns et des autres, Mohamed Ould Chabarnou est un jeune «sans histoire». Il a suivi des études primaires et secondaires dans la filière arabe à Nouakchott. Le jeune homme a fréquenté une Mahadra à Maghta- Lahjar. Il s’est aussi essayé à la musique Rap en chantant notamment dans les langues peul et Wolof, selon sa mère.
Au cours des dernières années, le jeune Chabarnou fréquentait un arabe de nationalité marocaine, enseignant coranique. Toutefois, Oumou Kelthoum Koné soutient que les membres de la mouvance islamiste ne rendaient pas visite à son fils. Elle n’a jamais vu par exemple le jeune Sidi Ould Sidina, l’autre présumé membre du commando, à son domicile et ignore réellement si son fils connaît ce dernier, et la nature de leurs rapports éventuels.
Mohamed Ould Chabarnou est marié et divorcé. De cette union est né un petit garçon de 18 mois qui souffre d’une malformation congénitale au niveau du cœur. Interpellée sur d’éventuels déplacements de son fils hors du territoire national et notamment en Algérie, Oumou est aussi formelle: «il n’y est jamais allé». Elle précise cependant que dans un passé récent, le garçon est resté pendant quelques mois absent de la Mauritanie. «Il était au Mali et puis au Sénégal.
Dés son retour à Nouakchott, des éléments de la sûreté se sont présentés à la maison et l’ont amené avec eux le gardant pendant plusieurs semaines avant de le relâcher», précise-t-elle. Les faits ainsi relatés se situeraient aux alentours des mois de mai- juin 2007. Cette période coïncide globalement avec le procès devant la cour criminelle de Nouakchott d’une vingtaine d’islamistes accusés de terrorisme et libérés après le prononcé de l’arrêt de la Cour.
Mahadra pointée du doigt
Au sein de la famille de Sidi Ould Sidina, le deuxième membre présumé du commando du 24 décembre extradé de Bissau le 11 janvier dernier, l’étonnement est aussi très partagée. Le père, la sœur et quelques autres membres du cercle familial jugent le garçon «incapable» de tuer qui que ce soit. Sauf s’il a été victime «d’un lavage de cerveau», prétend Mohamed Mahmoud Ould Sidina, le père.
Ce vieil homme âgé de plus de 80 ans, qui a exercé le commerce au Sénégal au cours des années 1970, ne va pas avec le dos de la cuillère dans ses accusations en pointant du doigt la Mahadra de l’érudit et figurante marquante de la mouvance islamiste modérée en Mauritanie, l’imam Mohamed El Hacen Ould Dedew, au sein de laquelle le gosse a étudié pendant une certaine période. C’est là qu’il aurait subi «un bourrage de crâne» par des idées «malsaines», allègue le père sans prendre de gants.
Sidi Ould Sidina a suivi pratiquement le même cursus scolaire que son compagnon d’infortune Mohamed Ould Chabarnou. Ecole primaire et secondaire dans la filière arabe, puis Mahadra. Il a par la suite été employé comme vendeur de boutique à Bissau et parle le créole de ce pays. Il ressort des différents témoignages des familles et des voisins que les deux membres préservés du commando ayant assassiné les quatre touristes français sont des enfants «normaux».
Sans être issus de familles aisées, ils dégagent un profil conforme à la moyenne de nos enfants. Pourtant dans l’entendement de beaucoup, les partisans des idées salafistes sont généralement issus des milieux les plus pauvres. Il faut alors revoir rapidement notre angle et nos outils d’analyse.
Si leur vie a pris une nouvelle trajectoire au cours de ces derniers temps, l’explication est à rechercher, d’abord et avant tout selon leurs proches, dans «les mauvaises» fréquentations.
Amadou Seck
Le Calame
source : Le Calame (Mauritanie) via cridem
Oumou Kelthoum Koné et Mohamed Mahmoud Ould Sidina, respectivement mère de Mohamed Ould Chabarnou et père de Sidi Ould Sidina, ont du mal à comprendre que leurs fils aient pu commettre le crime qui leur est aujourd’hui imputé. Ils comprennent encore moins les reportages télévisés attestant que les enfants ne regrettent point leur geste qui aurait servi ainsi la «bonne cause».
Restée visiblement digne en dépit des circonstances et de la douleur psychologique et morale, Oumou Koné, fille de l’ancien combattant Koné Souleymane, est infirmière de son état. La mère d’Ould Chabarnou habite la commune de Toujounine avec ses enfants, frères et sœurs. Une famille mauritanienne tout à fait ordinaire et calme qui nous sert le Zrig traditionnel en guise de bienvenue ce mercredi 16 janvier.
Il ressort des témoignages concordants de tous les membres que Mohamed Ould Chabarnou «est un garçon calme, poli et incapable de faire du mal à une mouche». Des propos sortis de la bouche de la mère du présumé Djihadiste et repris en cœur par toute l’assistance. Cette unanimité semble avoir tous les accents de la sincérité.
Elle est également l’expression d’un véritable désarroi face à un geste «de folie» complètement hors des normes sociales et morales. Aboubakry Koné, chimiste et cadre à l’Office Mauritanien de Recherches Géologiques (OMRG), oncle maternel du jeune présumé terroriste déclare pourtant n’avoir jamais décelé chez son neveu une attitude, un comportement annonciateur de l’acte du 24 décembre reproché au garçon.
Le même témoignage est recueilli auprès d’une voisine de la famille depuis 2 ans et amie de longue date de la maman. Toutefois, la famille ne plaide pas un moment de «démence passagère» en faveur de Chabarnou qui, il faut bien le rappeler, continue à bénéficier de la présomption d’innocence jusqu’au jour ou une juridiction régulièrement composée aura établi les faits du 24 décembre vis-à-vis de sa personne.
Oumou Koné a vu son fils pour la dernière fois le dimanche 23 décembre 2007 aux environs de 10 heures, donc un peu plus de 24 heures avant l’annonce du massacre des touristes et les révélations de la presse internationale attribuant l’acte démentiel à un groupe dont son fils serait membre. Il avait disparu de la maison sans dire au revoir ni laisser d’adresse.
Au dire des uns et des autres, Mohamed Ould Chabarnou est un jeune «sans histoire». Il a suivi des études primaires et secondaires dans la filière arabe à Nouakchott. Le jeune homme a fréquenté une Mahadra à Maghta- Lahjar. Il s’est aussi essayé à la musique Rap en chantant notamment dans les langues peul et Wolof, selon sa mère.
Au cours des dernières années, le jeune Chabarnou fréquentait un arabe de nationalité marocaine, enseignant coranique. Toutefois, Oumou Kelthoum Koné soutient que les membres de la mouvance islamiste ne rendaient pas visite à son fils. Elle n’a jamais vu par exemple le jeune Sidi Ould Sidina, l’autre présumé membre du commando, à son domicile et ignore réellement si son fils connaît ce dernier, et la nature de leurs rapports éventuels.
Mohamed Ould Chabarnou est marié et divorcé. De cette union est né un petit garçon de 18 mois qui souffre d’une malformation congénitale au niveau du cœur. Interpellée sur d’éventuels déplacements de son fils hors du territoire national et notamment en Algérie, Oumou est aussi formelle: «il n’y est jamais allé». Elle précise cependant que dans un passé récent, le garçon est resté pendant quelques mois absent de la Mauritanie. «Il était au Mali et puis au Sénégal.
Dés son retour à Nouakchott, des éléments de la sûreté se sont présentés à la maison et l’ont amené avec eux le gardant pendant plusieurs semaines avant de le relâcher», précise-t-elle. Les faits ainsi relatés se situeraient aux alentours des mois de mai- juin 2007. Cette période coïncide globalement avec le procès devant la cour criminelle de Nouakchott d’une vingtaine d’islamistes accusés de terrorisme et libérés après le prononcé de l’arrêt de la Cour.
Mahadra pointée du doigt
Au sein de la famille de Sidi Ould Sidina, le deuxième membre présumé du commando du 24 décembre extradé de Bissau le 11 janvier dernier, l’étonnement est aussi très partagée. Le père, la sœur et quelques autres membres du cercle familial jugent le garçon «incapable» de tuer qui que ce soit. Sauf s’il a été victime «d’un lavage de cerveau», prétend Mohamed Mahmoud Ould Sidina, le père.
Ce vieil homme âgé de plus de 80 ans, qui a exercé le commerce au Sénégal au cours des années 1970, ne va pas avec le dos de la cuillère dans ses accusations en pointant du doigt la Mahadra de l’érudit et figurante marquante de la mouvance islamiste modérée en Mauritanie, l’imam Mohamed El Hacen Ould Dedew, au sein de laquelle le gosse a étudié pendant une certaine période. C’est là qu’il aurait subi «un bourrage de crâne» par des idées «malsaines», allègue le père sans prendre de gants.
Sidi Ould Sidina a suivi pratiquement le même cursus scolaire que son compagnon d’infortune Mohamed Ould Chabarnou. Ecole primaire et secondaire dans la filière arabe, puis Mahadra. Il a par la suite été employé comme vendeur de boutique à Bissau et parle le créole de ce pays. Il ressort des différents témoignages des familles et des voisins que les deux membres préservés du commando ayant assassiné les quatre touristes français sont des enfants «normaux».
Sans être issus de familles aisées, ils dégagent un profil conforme à la moyenne de nos enfants. Pourtant dans l’entendement de beaucoup, les partisans des idées salafistes sont généralement issus des milieux les plus pauvres. Il faut alors revoir rapidement notre angle et nos outils d’analyse.
Si leur vie a pris une nouvelle trajectoire au cours de ces derniers temps, l’explication est à rechercher, d’abord et avant tout selon leurs proches, dans «les mauvaises» fréquentations.
Amadou Seck
Le Calame
source : Le Calame (Mauritanie) via cridem