La parution, jeudi 21 février 2008, du livre L’Afrique répond à Sarkozy – Contre le discours de Dakar (Ed. Philippe Rey) est un véritable événement littéraire. En effet, ce livre suscitera, incontestablement, le débat en France, en Afrique et dans le monde pour une nouvelle prise de conscience africaine. Dans cette perspective, j’invite solennellement les auteurs et l’éditeur à traduire le livre et à le publier en anglais, en portugais et en arabe, pour couvrir les principales langues officielles des pays africains.
Un journaliste sénégalais affirmait, le 30 juin 2007, «qu’il n’y avait pas d’intellectuels en Afrique, mais des diplômés et chasseurs de primes». La polémique née de cette affirmation n’est pas compréhensible, car de nombreux d’intellectuels africains ont longtemps été et sont encore des chasseurs de primes ou de per diem, s’ils ne sont pas tout simplement des caisses de résonance du Pouvoir en place.
Comme dit le proverbe «à quelque chose malheur est bon»
Mais, pour avoir déjà lu quelques parties de ce livre, je crois très sincèrement que le Président français a rendu un grand service à l’Afrique en prononçant ce discours insultant à l’endroit de la jeunesse africaine, sans la présence de cette jeunesse dans la salle, par ailleurs, remplie d’officiels soumis.
Le service que le locataire de l’Elysée a rendu à l’Afrique est d’avoir provoqué le réveil de nos intellectuels trop longtemps endormis et parfois complices du déclin de l’Afrique pour leur silence assourdissant dans le débat international sur l’Afrique et la mondialisation.
Les intellectuels africains ont laissé le champ libre aux politiques, connus pour leur incapacité à défendre les intérêts de leur pays et de l’Afrique.
Quel homme politique africain s’est publiquement offusqué de l’affaire de l’Arche de Zoé au Tchad ou, plus proche et encore plus dramatique, de la situation post-électorale au Kenya ?
Le retrait presque coupable des intellectuels africains du débat international explique aussi et prolonge le manque de considération des Occidentaux à l’égard de l’Afrique, pourtant indépendante depuis près d’un demi siècle. Si les intellectuels africains avaient investi le champ des idées et du débat international, jamais le journaliste du Monde Stephen Smith n’aurait osé publier Négrologie (éd. Calmann-Lévy, 2003). Et malgré la réaction, certes tardive, mais néanmoins salutaire de Boris Diop, Odile Tobner et le regretté François-Xavier Verschave, dans un ouvrage collectif intitulé Négrophobie paru aux éditions Les Arènes, le livre de Stephen Smith fut un best-seller en France.
Ce genre de littérature raciste, pleine de préjugés dont s’abreuvent certains intellectuels français, a sans doute servi de biographie à Henri Guaino, conseiller spécial à l’Elysée, et présenté par les médias français comme le nègre de Sarkozy dans la rédaction de ce discours criminel du 26 juillet 2007, discours tenu dans l’enceinte de l’Université Cheikh Anta Diop à Dakar. En faisant ainsi porter la responsabilité de ce discours au conseiller, certains médias visent insidieusement à atténuer la responsabilité du chef de l’Etat de la “Patrie des droits de l’Homme”. Ceux qui cherchent à minimiser la portée historique de ce discours de «rupture» dans les relations entre la France et l’Afrique, en auront pour leurs frais. Nicolas Sarkozy, lui, pense être toujours dans son bon droit. Pour preuve, ses propos aux relents racistes et paternalistes, dans l’affaire de l’Arche de Zoé au Tchad, quand il déclara ostensiblement : «J’irai les chercher quoi qu’ils aient fait.» Quel mépris pour la justice tchadienne, mais aussi pour l’Afrique toute entière !
La responsabilité des autorités sénégalaises
Le discours de Dakar est aussi une profanation de la mémoire du parrain de ce Haut lieu du Savoir, Cheikh Anta Diop, grand penseur africain et illustre défenseur des valeurs africaines.
Les autorités sénégalaises, qui ont cautionné ce forfait, ont eux aussi leur part de responsabilité . Assis aux premiers rangs, des membres du gouvernement, le président de l’Assemblée nationale et des députés ont applaudi, en longueur, le crime que Nicolas Sarkozy était en train de commettre sous leurs yeux. Quel manque de lucidité dans le jugement immédiat ! Quel manque de patriotisme ! Quelle dissymétrie dans les relations diplomatiques ! Cette réaction incompréhensible des «officiels» sénégalais a certainement conforté le Président français au point qu’il s’est permis certaines envolées lyriques de mauvais goût.
Comment le gouvernement du Sénégal a pu inviter à l’Université un homme comme Nicolas Sarkozy que rien de sa trajectoire, en particulier intellectuelle, ne prédestine à être honoré à l’Université Cheikh Anta Diop ? Nicolas Sarkozy prouve tous les jours ses insuffisances sur le plan culturel et sa profonde méconnaissance de l’Afrique et des Africains. L’université est un Haut lieu pour la Culture, le Savoir et l’Humanisme et, à ce titre, est un symbole. Les autorités sénégalaises ne pouvaient pas l’ignorer.
C’est le moment de souligner avec Babacar Diop Buuba, universitaire et co-auteur du livre, quelques zones d’ombre dans la programmation de ce discours.
«Comment expliquer que le président de la République du Sénégal, qui a invité M. Sarkozy n’ait pas fait le déplacement au grand auditorium pour accompagner son hôte ?»
«Est-ce que l’étape de l’Université Cheikh Anta Diop était réellement dans le programme de visite du président français ?»
Le choix de l’Université Cheikh Anta Diop au détriment de l’Assemblée nationale n’est-il pas le compromis du Pouvoir Exécutif qui fourbissait déjà ses armes pour la bataille de l’hivernage 2007 avec le président de l’Assemblée nationale ?
Le retour des intellectuels africains
J’espère très sincèrement que ce livre, L’Afrique répond à Sarkozy, sonnera le réveil définitif des Africains et de ses intellectuels. En tout cas, les ingrédients sont là pour nous donner des raisons d’espérer. Je n’ai pas souvenir dans l’Histoire qu’autant d’intellectuels (23) acceptent de travailler tous ensemble et de manière spontanée sur un même sujet et produisent une œuvre aussi pertinente et sans complaisance aucune. Il est vrai que lorsque les intellectuels africains tirent tous dans le même sens, l’Afrique avance à pas de géant et les Africains retrouvent leur fierté et leur énergie. Il est impensable que les intellectuels africains, et plus particulièrement les 23 co-auteurs du livre, s’arrêtent en si bon chemin. Ils ont le devoir d’assurer le service après-vente de ce livre et d’investir les médias français, africains et tous les lieux de débat pour expliquer ce renouveau du débat sur l’Afrique.
Les journalistes africains devront, eux aussi, assumer leur part de professionnalisme, d’initiative et de responsabilité en relayant le contenu de ce livre qui comptera sans aucun doute et en témoignant de ce qu’ils savent. Avec ce livre, on a la preuve qu’il y a encore, en Afrique, des gens debout qui n’ont pas renoncé à leur responsabilité . Plus que jamais, l’espoir se conjugue au présent. Lorsque les intellectuels s’impliquent et ne renoncent pas au combat pour défendre des idées, ils sont capables de réveiller la conscience des citoyens. Le drame actuel de l’Afrique, c’est aussi l’absence de débat sur les enjeux véritables du continent. Sur qui sommes- nous ? Que voulons-nous léguer aux générations futures ?
Comment l’Afrique, continent le plus riche du monde en ressources minières, continue-t-elle à être cet espace de la misère, des maladies, des guerres ethniques et tribales, des fraudes électorales, qui a fini par convaincre la jeunesse que le seul espoir qui lui reste est de s’embarquer dans des pirogues de fortune pour un voyage, souvent sans retour, vers un hypothétique Eldorado européen.
Certes on peut «reconnaître que les artistes, dans le combat pour une Afrique prospère, sont en avance de plusieurs années sur les intellectuels africains, depuis la disparition des grands panafricanistes» . C’est aussi la preuve que le combat pour restaurer la dignité des Africains et de l’Afrique n’est pas qu’une affaire d’intellectuels au sens étriqué.
C’est l’occasion de saluer, ici, l’excellente contribution de Makhily Gassama, coordinateur et co-auteur du livre L’Afrique répond à Sarkozy, qui a fustigé les hommes politiques africains d’alors, qui «n’ont pas su écouter et protéger les vaillants hommes politiques comme, Kwame Nkhrumah, le panafricaniste intransigeant, chassé de son pays comme un bandit de grand chemin, Patrice Lumumba immolé comme un agneau de sacrifice pour le bien-être de la nation colonisatrice de son pays…, Thomas Sankara qui a payé par le sang son amour pour son pays et son continent, ainsi que sa haine implacable envers l’œuvre destructrice de ses aînés…».
Ne pas oublier les populations des pays africains
Enfin, je partage totalement cette réflexion d’un journaliste africain publiée ce week-end dans senactu.com dans un article sur la parution du livre : «Pour gagner en légitimité et en respect, ils (les intellectuels) devraient aussi s’en prendre à nos vaillants dictateurs amis de Sarkozy. Les intellectuels africains doivent-ils seulement avoir l’attitude de militaires défendant leur chère Afrique ? Ne devraient-ils pas aussi jouer au policier ou au gendarme pour contrôler la bonne gouvernance, le respect des droits de l’Homme et la liberté d’expression en Afrique ?» En effet, il est absolument nécessaire que réagissent en pensée et action tous les citoyens africains, y compris les intellectuels, pour reconquérir la parole et ne plus laisser les non-africains parler à la place des Africains. J’appelle aussi de mes vœux un engagement massif des intellectuels à côté des populations et une implication réelle dans le débat national de leurs pays respectifs, pour redonner aux populations davantage de raisons d’espérer. C’est par la critique concomitante des questions internationales et des problèmes nationaux que les intellectuels africains gagneraient en crédibilité, en cohérence et en efficacité. En particulier, dans le contexte sénégalais, rien n’est irrémédiable, même si les perspectives qui se profilent ne sont guère réjouissantes et devraient, par conséquent, susciter une plus grande mobilisation des populations et, en particulier, des intellectuels.
Mansour GUEYE / gueye_courrier@ yahoo.fr
Un journaliste sénégalais affirmait, le 30 juin 2007, «qu’il n’y avait pas d’intellectuels en Afrique, mais des diplômés et chasseurs de primes». La polémique née de cette affirmation n’est pas compréhensible, car de nombreux d’intellectuels africains ont longtemps été et sont encore des chasseurs de primes ou de per diem, s’ils ne sont pas tout simplement des caisses de résonance du Pouvoir en place.
Comme dit le proverbe «à quelque chose malheur est bon»
Mais, pour avoir déjà lu quelques parties de ce livre, je crois très sincèrement que le Président français a rendu un grand service à l’Afrique en prononçant ce discours insultant à l’endroit de la jeunesse africaine, sans la présence de cette jeunesse dans la salle, par ailleurs, remplie d’officiels soumis.
Le service que le locataire de l’Elysée a rendu à l’Afrique est d’avoir provoqué le réveil de nos intellectuels trop longtemps endormis et parfois complices du déclin de l’Afrique pour leur silence assourdissant dans le débat international sur l’Afrique et la mondialisation.
Les intellectuels africains ont laissé le champ libre aux politiques, connus pour leur incapacité à défendre les intérêts de leur pays et de l’Afrique.
Quel homme politique africain s’est publiquement offusqué de l’affaire de l’Arche de Zoé au Tchad ou, plus proche et encore plus dramatique, de la situation post-électorale au Kenya ?
Le retrait presque coupable des intellectuels africains du débat international explique aussi et prolonge le manque de considération des Occidentaux à l’égard de l’Afrique, pourtant indépendante depuis près d’un demi siècle. Si les intellectuels africains avaient investi le champ des idées et du débat international, jamais le journaliste du Monde Stephen Smith n’aurait osé publier Négrologie (éd. Calmann-Lévy, 2003). Et malgré la réaction, certes tardive, mais néanmoins salutaire de Boris Diop, Odile Tobner et le regretté François-Xavier Verschave, dans un ouvrage collectif intitulé Négrophobie paru aux éditions Les Arènes, le livre de Stephen Smith fut un best-seller en France.
Ce genre de littérature raciste, pleine de préjugés dont s’abreuvent certains intellectuels français, a sans doute servi de biographie à Henri Guaino, conseiller spécial à l’Elysée, et présenté par les médias français comme le nègre de Sarkozy dans la rédaction de ce discours criminel du 26 juillet 2007, discours tenu dans l’enceinte de l’Université Cheikh Anta Diop à Dakar. En faisant ainsi porter la responsabilité de ce discours au conseiller, certains médias visent insidieusement à atténuer la responsabilité du chef de l’Etat de la “Patrie des droits de l’Homme”. Ceux qui cherchent à minimiser la portée historique de ce discours de «rupture» dans les relations entre la France et l’Afrique, en auront pour leurs frais. Nicolas Sarkozy, lui, pense être toujours dans son bon droit. Pour preuve, ses propos aux relents racistes et paternalistes, dans l’affaire de l’Arche de Zoé au Tchad, quand il déclara ostensiblement : «J’irai les chercher quoi qu’ils aient fait.» Quel mépris pour la justice tchadienne, mais aussi pour l’Afrique toute entière !
La responsabilité des autorités sénégalaises
Le discours de Dakar est aussi une profanation de la mémoire du parrain de ce Haut lieu du Savoir, Cheikh Anta Diop, grand penseur africain et illustre défenseur des valeurs africaines.
Les autorités sénégalaises, qui ont cautionné ce forfait, ont eux aussi leur part de responsabilité . Assis aux premiers rangs, des membres du gouvernement, le président de l’Assemblée nationale et des députés ont applaudi, en longueur, le crime que Nicolas Sarkozy était en train de commettre sous leurs yeux. Quel manque de lucidité dans le jugement immédiat ! Quel manque de patriotisme ! Quelle dissymétrie dans les relations diplomatiques ! Cette réaction incompréhensible des «officiels» sénégalais a certainement conforté le Président français au point qu’il s’est permis certaines envolées lyriques de mauvais goût.
Comment le gouvernement du Sénégal a pu inviter à l’Université un homme comme Nicolas Sarkozy que rien de sa trajectoire, en particulier intellectuelle, ne prédestine à être honoré à l’Université Cheikh Anta Diop ? Nicolas Sarkozy prouve tous les jours ses insuffisances sur le plan culturel et sa profonde méconnaissance de l’Afrique et des Africains. L’université est un Haut lieu pour la Culture, le Savoir et l’Humanisme et, à ce titre, est un symbole. Les autorités sénégalaises ne pouvaient pas l’ignorer.
C’est le moment de souligner avec Babacar Diop Buuba, universitaire et co-auteur du livre, quelques zones d’ombre dans la programmation de ce discours.
«Comment expliquer que le président de la République du Sénégal, qui a invité M. Sarkozy n’ait pas fait le déplacement au grand auditorium pour accompagner son hôte ?»
«Est-ce que l’étape de l’Université Cheikh Anta Diop était réellement dans le programme de visite du président français ?»
Le choix de l’Université Cheikh Anta Diop au détriment de l’Assemblée nationale n’est-il pas le compromis du Pouvoir Exécutif qui fourbissait déjà ses armes pour la bataille de l’hivernage 2007 avec le président de l’Assemblée nationale ?
Le retour des intellectuels africains
J’espère très sincèrement que ce livre, L’Afrique répond à Sarkozy, sonnera le réveil définitif des Africains et de ses intellectuels. En tout cas, les ingrédients sont là pour nous donner des raisons d’espérer. Je n’ai pas souvenir dans l’Histoire qu’autant d’intellectuels (23) acceptent de travailler tous ensemble et de manière spontanée sur un même sujet et produisent une œuvre aussi pertinente et sans complaisance aucune. Il est vrai que lorsque les intellectuels africains tirent tous dans le même sens, l’Afrique avance à pas de géant et les Africains retrouvent leur fierté et leur énergie. Il est impensable que les intellectuels africains, et plus particulièrement les 23 co-auteurs du livre, s’arrêtent en si bon chemin. Ils ont le devoir d’assurer le service après-vente de ce livre et d’investir les médias français, africains et tous les lieux de débat pour expliquer ce renouveau du débat sur l’Afrique.
Les journalistes africains devront, eux aussi, assumer leur part de professionnalisme, d’initiative et de responsabilité en relayant le contenu de ce livre qui comptera sans aucun doute et en témoignant de ce qu’ils savent. Avec ce livre, on a la preuve qu’il y a encore, en Afrique, des gens debout qui n’ont pas renoncé à leur responsabilité . Plus que jamais, l’espoir se conjugue au présent. Lorsque les intellectuels s’impliquent et ne renoncent pas au combat pour défendre des idées, ils sont capables de réveiller la conscience des citoyens. Le drame actuel de l’Afrique, c’est aussi l’absence de débat sur les enjeux véritables du continent. Sur qui sommes- nous ? Que voulons-nous léguer aux générations futures ?
Comment l’Afrique, continent le plus riche du monde en ressources minières, continue-t-elle à être cet espace de la misère, des maladies, des guerres ethniques et tribales, des fraudes électorales, qui a fini par convaincre la jeunesse que le seul espoir qui lui reste est de s’embarquer dans des pirogues de fortune pour un voyage, souvent sans retour, vers un hypothétique Eldorado européen.
Certes on peut «reconnaître que les artistes, dans le combat pour une Afrique prospère, sont en avance de plusieurs années sur les intellectuels africains, depuis la disparition des grands panafricanistes» . C’est aussi la preuve que le combat pour restaurer la dignité des Africains et de l’Afrique n’est pas qu’une affaire d’intellectuels au sens étriqué.
C’est l’occasion de saluer, ici, l’excellente contribution de Makhily Gassama, coordinateur et co-auteur du livre L’Afrique répond à Sarkozy, qui a fustigé les hommes politiques africains d’alors, qui «n’ont pas su écouter et protéger les vaillants hommes politiques comme, Kwame Nkhrumah, le panafricaniste intransigeant, chassé de son pays comme un bandit de grand chemin, Patrice Lumumba immolé comme un agneau de sacrifice pour le bien-être de la nation colonisatrice de son pays…, Thomas Sankara qui a payé par le sang son amour pour son pays et son continent, ainsi que sa haine implacable envers l’œuvre destructrice de ses aînés…».
Ne pas oublier les populations des pays africains
Enfin, je partage totalement cette réflexion d’un journaliste africain publiée ce week-end dans senactu.com dans un article sur la parution du livre : «Pour gagner en légitimité et en respect, ils (les intellectuels) devraient aussi s’en prendre à nos vaillants dictateurs amis de Sarkozy. Les intellectuels africains doivent-ils seulement avoir l’attitude de militaires défendant leur chère Afrique ? Ne devraient-ils pas aussi jouer au policier ou au gendarme pour contrôler la bonne gouvernance, le respect des droits de l’Homme et la liberté d’expression en Afrique ?» En effet, il est absolument nécessaire que réagissent en pensée et action tous les citoyens africains, y compris les intellectuels, pour reconquérir la parole et ne plus laisser les non-africains parler à la place des Africains. J’appelle aussi de mes vœux un engagement massif des intellectuels à côté des populations et une implication réelle dans le débat national de leurs pays respectifs, pour redonner aux populations davantage de raisons d’espérer. C’est par la critique concomitante des questions internationales et des problèmes nationaux que les intellectuels africains gagneraient en crédibilité, en cohérence et en efficacité. En particulier, dans le contexte sénégalais, rien n’est irrémédiable, même si les perspectives qui se profilent ne sont guère réjouissantes et devraient, par conséquent, susciter une plus grande mobilisation des populations et, en particulier, des intellectuels.
Mansour GUEYE / gueye_courrier@ yahoo.fr