Vue du Joola au lendemain du naufrage du ferry, le 27 septembre 2002
Le Sénégal a brusquement haussé le ton et menacé Paris de mesures de "réciprocité" si des poursuites sont lancées par un juge français contre des responsables sénégalais dans l'affaire du naufrage du Joola, qui avait fait plus de 1.800 morts en 2002, davantage que le Titanic.
L'avertissement, très ferme, a été lancé vendredi soir par le porte-parole du président Abdoulaye Wade, Me El Hadji Amadou Sall, quelques heures seulement avant le départ de Dakar du juge français en charge de cette affaire très sensible, déterminante pour l'avenir des relations bilatérales.
"L'ère des petits Etats à peine sortis de la colonisation (...) est terminée", a lancé le porte-parole lors d'un point de presse.
"J'affirme de la façon la plus ferme et la plus solennelle que tous ceux qui seront tentés par l'aventure, et qui prendront des actes qui seraient de nature à porter atteinte à l'honneur de notre Nation et à la respectabilité de notre Etat et de nos hommes d'Etat, auront pris sur eux la responsabilité d'une ferme réaction dont les conséquences ne les épargneront pas", a déclaré Me Sall.
"Si, pour des actes quelconques, on recherche en cascade la responsabilité des auteurs pour arriver à des hommes d'Etat sénégalais, dont manifestement aucun acte n'a de lien avec ce délit-là, il est évident que cette chose est très grave et nous appliquerons la réciprocité", a-t-il insisté.
Les familles des 22 victimes françaises estiment que des mandats d'arrêt internationaux doivent être délivrés à l'encontre de responsables sénégalais. Le juge d'instruction a saisi fin 2007 le parquet pour apprécier l'opportunité de mandats d'arrêt. Le parquet n'a pas encore répondu.
Face à cette éventualité, le porte-parole de la présidence a rappelé que les tribunaux sénégalais étaient compétents pour arrêter, inculper et juger tous les auteurs de délits et crimes commis contre des ressortissants sénégalais, au Sénégal ou à l'étranger.
"Nous observerons dans ces conditions les actes que les juges français et ceux qui sont chargés des poursuites feront (...) et nous appliquerons la réciprocité", a-t-il ajouté.
Cet avertissement intervient au dernier jour du séjour à Dakar du juge français Jean-Wilfrid Noël, en charge de l'information judiciaire ouverte en France pour homicides involontaires et non-assistance à personnes en péril.
Depuis le 12 janvier, le magistrat a auditionné "une petite dizaine de personnes" et a demandé également à entendre comme témoin l'ancien Premier ministre, Mame Madior Boye, et deux ministres en poste au moment du drame.
Selon une source proche de l'enquête, il a reçu vendredi un courrier des autorités sénégalaises indiquant que "les ministres (bénéficiaient) du privilège de juridiction et que leur audition en tant que témoin (était) subordonnée à l'autorisation préalable du chef de l'Etat".
Les autorités ont ensuite "notifié le refus de donner suite" à la demande d'audition du juge selon la même source, qui a ajouté: "le juge d'instruction devra maintenant apprécier quelle suite il donnera à la suite de son enquête".
L'association des victimes françaises doit par ailleurs de nouveau être reçue à l'Elysée le mercredi 30 janvier.
Le Joola a chaviré au large de la Gambie le 26 septembre 2002, alors qu'il reliait Ziguinchor, la principale ville de Casamance, à Dakar.
La catastrophe avait fait 1.865 morts et disparus, selon le bilan officiel, plus de 2.000 selon les associations de familles de victimes, soit plus que le naufrage du Titanic (1.500 morts). Seules 64 personnes ont survécu.
L'enquête au Sénégal, ex-colonie française indépendante depuis 1960, avait été classée sans suite, concluant à la responsabilité exclusive du capitaine du bateau, disparu dans le naufrage.
Source: TV5
(M)
L'avertissement, très ferme, a été lancé vendredi soir par le porte-parole du président Abdoulaye Wade, Me El Hadji Amadou Sall, quelques heures seulement avant le départ de Dakar du juge français en charge de cette affaire très sensible, déterminante pour l'avenir des relations bilatérales.
"L'ère des petits Etats à peine sortis de la colonisation (...) est terminée", a lancé le porte-parole lors d'un point de presse.
"J'affirme de la façon la plus ferme et la plus solennelle que tous ceux qui seront tentés par l'aventure, et qui prendront des actes qui seraient de nature à porter atteinte à l'honneur de notre Nation et à la respectabilité de notre Etat et de nos hommes d'Etat, auront pris sur eux la responsabilité d'une ferme réaction dont les conséquences ne les épargneront pas", a déclaré Me Sall.
"Si, pour des actes quelconques, on recherche en cascade la responsabilité des auteurs pour arriver à des hommes d'Etat sénégalais, dont manifestement aucun acte n'a de lien avec ce délit-là, il est évident que cette chose est très grave et nous appliquerons la réciprocité", a-t-il insisté.
Les familles des 22 victimes françaises estiment que des mandats d'arrêt internationaux doivent être délivrés à l'encontre de responsables sénégalais. Le juge d'instruction a saisi fin 2007 le parquet pour apprécier l'opportunité de mandats d'arrêt. Le parquet n'a pas encore répondu.
Face à cette éventualité, le porte-parole de la présidence a rappelé que les tribunaux sénégalais étaient compétents pour arrêter, inculper et juger tous les auteurs de délits et crimes commis contre des ressortissants sénégalais, au Sénégal ou à l'étranger.
"Nous observerons dans ces conditions les actes que les juges français et ceux qui sont chargés des poursuites feront (...) et nous appliquerons la réciprocité", a-t-il ajouté.
Cet avertissement intervient au dernier jour du séjour à Dakar du juge français Jean-Wilfrid Noël, en charge de l'information judiciaire ouverte en France pour homicides involontaires et non-assistance à personnes en péril.
Depuis le 12 janvier, le magistrat a auditionné "une petite dizaine de personnes" et a demandé également à entendre comme témoin l'ancien Premier ministre, Mame Madior Boye, et deux ministres en poste au moment du drame.
Selon une source proche de l'enquête, il a reçu vendredi un courrier des autorités sénégalaises indiquant que "les ministres (bénéficiaient) du privilège de juridiction et que leur audition en tant que témoin (était) subordonnée à l'autorisation préalable du chef de l'Etat".
Les autorités ont ensuite "notifié le refus de donner suite" à la demande d'audition du juge selon la même source, qui a ajouté: "le juge d'instruction devra maintenant apprécier quelle suite il donnera à la suite de son enquête".
L'association des victimes françaises doit par ailleurs de nouveau être reçue à l'Elysée le mercredi 30 janvier.
Le Joola a chaviré au large de la Gambie le 26 septembre 2002, alors qu'il reliait Ziguinchor, la principale ville de Casamance, à Dakar.
La catastrophe avait fait 1.865 morts et disparus, selon le bilan officiel, plus de 2.000 selon les associations de familles de victimes, soit plus que le naufrage du Titanic (1.500 morts). Seules 64 personnes ont survécu.
L'enquête au Sénégal, ex-colonie française indépendante depuis 1960, avait été classée sans suite, concluant à la responsabilité exclusive du capitaine du bateau, disparu dans le naufrage.
Source: TV5
(M)