Les bonnes conditions météo ont poussé en mer les candidats à l'exil. Le centre d'accueil de l'île, construit pour héberger moins de 400 personnes, est débordé.
Sa population a doublé en quelques jours. L'île italienne de Lampedusa, située à moins de 150 km des côtes tunisiennes, est confrontée à un afflux massif de migrants depuis le début de semaine. Pus de 7 000 personnes en provenance d'Afrique du Nord y ont débarqué depuis mardi. Selon Matteo Villa, du think tank Italian Institute for International Political Studies (Ispi), le nombre d'arrivées en 48 heures est un "record absolu". Alors que l'Italie reproche aux autres pays européens de ne pas se mobiliser suffisamment pour l'aider à gérer ces flux, une réunion doit se tenir vendredi 15 septembre à Paris, au ministère de l'Intérieur, avec les "services concernés" de la police, de la gendarmerie et de l'immigration. Franceinfo fait le point sur la situation.
Une augmentation des traversées due au beau temps
Les bonnes conditions météo de ces derniers jours ont poussé en mer les candidats à l'exil et entraîné une augmentation des traversées. Plus de 5 000 personnes ont débarqué mardi sur les côtes italiennes, presque exclusivement à Lampedusa, et près de 3 000 mercredi, selon le ministère de l'Intérieur italien.
La plupart d'entre elles ont été récupérées en mer sur des embarcations de fortune par les gardes-côtes qui les ont amenées au port de Lampedusa. Mais beaucoup sont mortes en route. La dernière victime connue est un bébé de cinq mois, tombé à l'eau tôt mercredi alors qu'il faisait partie d'un groupe que l'on ramenait sur le rivage. Selon l'agence de l'ONU pour les migrations, plus de 2 000 personnes sont mortes cette année lors de la traversée entre l'Afrique du Nord, l'Italie et Malte.
Le centre d'accueil de Lampedusa complètement débordé
Le centre d'accueil de l'île, construit pour héberger moins de 400 personnes, est débordé, avec des hommes, des femmes et des enfants contraints de dormir dehors sur des lits de fortune en plastique, beaucoup enveloppés dans des couvertures de survie.
La commune a déclaré l'état d'urgence local et des tensions ont éclaté, mercredi, lors de la distribution de nourriture par la Croix-Rouge italienne (CRI), qui gère le centre. Plusieurs jeunes migrants se sont rendus dans le centre historique de Lampedusa, où un photographe de l'AFP a trouvé certains d'entre eux en train de manger des glaces. Certains restaurants leur ont refusé l'entrée, mais d'autres établissements leur ont offert de la nourriture. Des habitants et des touristes leur ont également payé des repas.
La CRI "fait l'impossible, et plus que l'impossible", a réagi jeudi son président, Rosario Valastro. Quelque 5 000 personnes devaient être transférées d'ici à la fin de la journée vers la Sicile, où se trouvent des centres d'accueil plus importants.
Bruxelles "en contact étroit" avec Rome sur la situation, l'extrême droite en embuscade
Une porte-parole de la Commission européenne a assuré jeudi que Bruxelles était "en contact étroit" avec Rome sur la situation, précisant que l'Italie avait déjà reçu 14 millions d'euros de fonds européens pour faire face à cette situation. L'Italie reproche à ses partenaires européens de ne pas se mobiliser suffisamment pour l'aider à gérer ces flux. L'Allemagne a fait savoir cette semaine qu'elle n'acceptait plus de migrants en provenance d'Italie. De son côté, la France a annoncé l'envoi de renforts pour lutter contre l'immigration clandestine à la frontière avec l'Italie.
Le vice-Premier ministre italien Matteo Salvini, patron de la Ligue (anti-immigration), a déclaré voir dans ces arrivées massives "un acte de guerre" contre l'Italie. L'opposition de gauche a de son côté ironisé sur l'échec de la politique de la présidente du Conseil Georgia Meloni et de Matteo Salvini, qui s'étaient engagés pendant la campagne des législatives de 2022 à "stopper" les bateaux de migrants.
Marion Maréchal, tête de liste du parti français Reconquête, un soutien de la formation post-fasciste Fratelli d'Italia de Giorgia Meloni, était attendue jeudi soir à Lampedusa. "Lampedusa n'est pas uniquement la frontière de l'Italie mais de toute l'Europe", a-t-elle dit avant son départ.
Une pression migratoire qui s'intensifie ces derniers mois
Si la situation de ces derniers jours est particulière, elle reflète une situation qui perdure depuis plusieurs mois. Selon les chiffres annoncés jeudi par Frontex, l'agence européenne de gardes-frontières et de gardes-côtes, les arrivées irrégulières de migrants en Italie par la Méditerranée en provenance d'Afrique du Nord se sont élevées à près de 114 300 entre janvier et août, presque deux fois plus qu'à la même période en 2022.
Les chiffres n'ont toutefois pas encore dépassé ceux de 2016, lorsque plus de 181 000 personnes, dont beaucoup de Syriens fuyant la guerre, étaient arrivées sur les côtes italiennes.
La Tunisie est, avec la Libye, le point de départ de milliers de migrants, principalement ivoiriens, égyptiens et guinéens. "La pression migratoire accrue sur cette route pourrait persister dans les mois à venir, les passeurs baissant les prix pour les migrants partant de Libye et de Tunisie, dans un contexte de concurrence féroce entre les groupes criminels", prévient Frontex.
"L'itinéraire dit 'de la Méditerranée centrale', qui part des côtes libyennes et tunisiennes, dure depuis plus de dix ans", a souligné auprès de franceinfo, vendredi, Pierre Henry, président de France Fraternités. Selon lui, "si l'Union européenne n'offre pas une réponse politique adaptée, nous serons en permanence dans cette situation de crise". Et de rappeler que "ce ne sont pas les pays de première entrée", comme l'Italie et l'Espagne, "qui enregistrent le plus de demandes d'asile".
Source : Franceinfo avec AFP
Sa population a doublé en quelques jours. L'île italienne de Lampedusa, située à moins de 150 km des côtes tunisiennes, est confrontée à un afflux massif de migrants depuis le début de semaine. Pus de 7 000 personnes en provenance d'Afrique du Nord y ont débarqué depuis mardi. Selon Matteo Villa, du think tank Italian Institute for International Political Studies (Ispi), le nombre d'arrivées en 48 heures est un "record absolu". Alors que l'Italie reproche aux autres pays européens de ne pas se mobiliser suffisamment pour l'aider à gérer ces flux, une réunion doit se tenir vendredi 15 septembre à Paris, au ministère de l'Intérieur, avec les "services concernés" de la police, de la gendarmerie et de l'immigration. Franceinfo fait le point sur la situation.
Une augmentation des traversées due au beau temps
Les bonnes conditions météo de ces derniers jours ont poussé en mer les candidats à l'exil et entraîné une augmentation des traversées. Plus de 5 000 personnes ont débarqué mardi sur les côtes italiennes, presque exclusivement à Lampedusa, et près de 3 000 mercredi, selon le ministère de l'Intérieur italien.
La plupart d'entre elles ont été récupérées en mer sur des embarcations de fortune par les gardes-côtes qui les ont amenées au port de Lampedusa. Mais beaucoup sont mortes en route. La dernière victime connue est un bébé de cinq mois, tombé à l'eau tôt mercredi alors qu'il faisait partie d'un groupe que l'on ramenait sur le rivage. Selon l'agence de l'ONU pour les migrations, plus de 2 000 personnes sont mortes cette année lors de la traversée entre l'Afrique du Nord, l'Italie et Malte.
Le centre d'accueil de Lampedusa complètement débordé
Le centre d'accueil de l'île, construit pour héberger moins de 400 personnes, est débordé, avec des hommes, des femmes et des enfants contraints de dormir dehors sur des lits de fortune en plastique, beaucoup enveloppés dans des couvertures de survie.
La commune a déclaré l'état d'urgence local et des tensions ont éclaté, mercredi, lors de la distribution de nourriture par la Croix-Rouge italienne (CRI), qui gère le centre. Plusieurs jeunes migrants se sont rendus dans le centre historique de Lampedusa, où un photographe de l'AFP a trouvé certains d'entre eux en train de manger des glaces. Certains restaurants leur ont refusé l'entrée, mais d'autres établissements leur ont offert de la nourriture. Des habitants et des touristes leur ont également payé des repas.
La CRI "fait l'impossible, et plus que l'impossible", a réagi jeudi son président, Rosario Valastro. Quelque 5 000 personnes devaient être transférées d'ici à la fin de la journée vers la Sicile, où se trouvent des centres d'accueil plus importants.
Bruxelles "en contact étroit" avec Rome sur la situation, l'extrême droite en embuscade
Une porte-parole de la Commission européenne a assuré jeudi que Bruxelles était "en contact étroit" avec Rome sur la situation, précisant que l'Italie avait déjà reçu 14 millions d'euros de fonds européens pour faire face à cette situation. L'Italie reproche à ses partenaires européens de ne pas se mobiliser suffisamment pour l'aider à gérer ces flux. L'Allemagne a fait savoir cette semaine qu'elle n'acceptait plus de migrants en provenance d'Italie. De son côté, la France a annoncé l'envoi de renforts pour lutter contre l'immigration clandestine à la frontière avec l'Italie.
Le vice-Premier ministre italien Matteo Salvini, patron de la Ligue (anti-immigration), a déclaré voir dans ces arrivées massives "un acte de guerre" contre l'Italie. L'opposition de gauche a de son côté ironisé sur l'échec de la politique de la présidente du Conseil Georgia Meloni et de Matteo Salvini, qui s'étaient engagés pendant la campagne des législatives de 2022 à "stopper" les bateaux de migrants.
Marion Maréchal, tête de liste du parti français Reconquête, un soutien de la formation post-fasciste Fratelli d'Italia de Giorgia Meloni, était attendue jeudi soir à Lampedusa. "Lampedusa n'est pas uniquement la frontière de l'Italie mais de toute l'Europe", a-t-elle dit avant son départ.
Une pression migratoire qui s'intensifie ces derniers mois
Si la situation de ces derniers jours est particulière, elle reflète une situation qui perdure depuis plusieurs mois. Selon les chiffres annoncés jeudi par Frontex, l'agence européenne de gardes-frontières et de gardes-côtes, les arrivées irrégulières de migrants en Italie par la Méditerranée en provenance d'Afrique du Nord se sont élevées à près de 114 300 entre janvier et août, presque deux fois plus qu'à la même période en 2022.
Les chiffres n'ont toutefois pas encore dépassé ceux de 2016, lorsque plus de 181 000 personnes, dont beaucoup de Syriens fuyant la guerre, étaient arrivées sur les côtes italiennes.
La Tunisie est, avec la Libye, le point de départ de milliers de migrants, principalement ivoiriens, égyptiens et guinéens. "La pression migratoire accrue sur cette route pourrait persister dans les mois à venir, les passeurs baissant les prix pour les migrants partant de Libye et de Tunisie, dans un contexte de concurrence féroce entre les groupes criminels", prévient Frontex.
"L'itinéraire dit 'de la Méditerranée centrale', qui part des côtes libyennes et tunisiennes, dure depuis plus de dix ans", a souligné auprès de franceinfo, vendredi, Pierre Henry, président de France Fraternités. Selon lui, "si l'Union européenne n'offre pas une réponse politique adaptée, nous serons en permanence dans cette situation de crise". Et de rappeler que "ce ne sont pas les pays de première entrée", comme l'Italie et l'Espagne, "qui enregistrent le plus de demandes d'asile".
Source : Franceinfo avec AFP