Alakhbar: Vous faisiez partie de la commission de droit de l'Homme qu’avez rencontré le Ministre de l’intérieur et de la décentralisation à propos de l’enrôlement. A l'occasion, vous vous êtes entretenus avec directeur de l'Agence nationale du registre de la population et de la sécurisation des documents. La rencontre était rapportée houleuse. Qu’est-ce que vous vous êtes dit exactement ?
Mme Sy, Lalla Aicha Ouédrago: Nous étions partis rencontrer le Ministre de l’intérieur et de la décentralisation dans le cadre d’une mission de la rencontre citoyenne du FONADH (forum national des droits de l’homme) pour avoir plus d’informations sur le déroulement de l’enrôlement. Nous étions vraiment préoccupés par ce qui se passe au niveau de cette opération d’enrôlement. Et dans le bureau du ministre, nous avons trouvé le directeur de l'Agence nationale du registre de la population et de la sécurisation des documents. Au fond de notre exposé, nous lui avons signalé qu’il y a des pratiques qui ne vont pas dans le bon sens de cette opération.
Dans sa réponse, Mohamed Fadel Ould El Hadrami dit Mrabih Rabbou, a dit que tout ce que nous venons de dire sont des choses que nous avons dans l’esprit. Et ceux, ne sont que des rêves, des faits irréels. Mrabih Rabbou que s'il y a des insuffisances, elles sont très faibles et seront surmontées. Mais le plus choquant dans ses propos, c'est quand il disait que tout le monde sait qu’en Mauritanie l’état civil est entaché. Et qu’il y a des gens qui détiennent des pièces d’état civil mauritanien alors qu’ils ne sont pas mauritaniens; ce qui est vérifiable à travers les noms de famille comme Coulibaly, Ouédrago…
D’ailleurs, au centre d’accueil des citoyens de Tevragh Zeina, les agents d’enrôlement avaient des doutes sur mon nom. Ils refusaient de m’enrôler, parce que mon patronyme est Ouédrago.
Et pour se voiler la face, Mrabih Rabbou a ajouté dans son exemple le nom de famille de Macina, qui est le secrétaire général du ministère de l’intérieur, en disant que ce nom n’a pas une connotation mauritanienne. En ce moment-là, nous avons compris que tout ce qui se fait dans les centres d’enrôlement relève des ordres du directeur de l’Agence.
Alakhbar: Les opérations d’enrôlement ont suscité une grande polémique. Avez-vous, en tant que membre de la société civile, constaté des dysfonctionnements ?
Lalla Aicha Ouédrago: Au début de cette opération, nous, organisations de droits de l’Homme (FONADH), comité de soutien des victimes de violations de droits de l’Homme, avons fait une déclaration dans laquelle nous avons demandé aux autorités de faire de façon à ne pas exclure des mauritaniens.
Ce qui se passe actuellement était prévisible. Le décret créant l’équipe de l’enrôlement est venu l’affirmer, l’équipe était maculée d’un caractère mono ethnique: un seul négro-mauritanien y figure, alors que tous les autres sont des arabes. Ce point, nous l’avions discuté profondément avec Mrabih Rabbou, lors de notre rencontre; nous lui avons dit, en présence du ministre de l’intérieur, que nous ne connaissons pas cette Mauritanie où tous ses fils sont divisés.
De notre côté, nous avons mis sur le terrain des équipes munies de fiches d’identification pour recueillir et recenser tous les problèmes que rencontrent les citoyens dans les centres d’enrôlement. Le constat était le suivant: beaucoup des personnes, mentionnées, sur nos fiches, sont rejetées parce qu’elles ne connaissent pas le nom du maire, d’un notable, d’une personnalité d’une wilaya, de certaines localités,…
Alakhbar: Pourquoi ces dysfonctionnements?
Lalla Aicha Ouédrago: Ils sont dus à plusieurs facteurs. Parmi eux, la sensibilisation qui a été faite après le commencement des opérations, la formation non parfaite des agents , la position et la qualité des personnes racistes et chauvines à qui l’Etat a confié cette opération. En effet, ce qui se passe dans cet enrôlement c’est pareil à ce qui se passe le plus souvent dans beaucoup de domaines dans ce pays; les noirs sont souvent exclus et minimisés. En Mauritanie, on ne veut nous faire comprendre que les noirs sont minoritaires par rapport à l’élément arabe. J’ai toujours dit que même s’ils sont minoritaires, ils ont droit à l’état civil, à l’éducation, à la santé, à l’information, à la culture, aux postes de décision.
Nous vous disons que cette politique est illustrée par certains qui sont à la tète du pays afin d’exclure les négros-mauritaniens du pays. Cela ne peut pas aller de l’avant.
Alakhbar: Pensez-vous que cette opération pourra réussir ?
Lalla Aicha Ouédrago: Avoir un état civil fiable et sécurisé, c'est ce que nous souhaitons. Mais, ce qui se fait actuellement est un chaos. C’est un échec total ! Il est préférable d’arrêter cette opération qui n’a d’objectif qu’à exclure et marginaliser les noirs de Mauritanie.
Alakhbar: Quel est votre dernier mot?
Lalla Aicha Ouédrago: Ce n’est pas par racisme que je parle. Mais plus tôt par connaissances des faits concrets et visibles qui sont vécus par des centaines de citoyens dans le pays depuis que cet enrôlement a débuté. Comment peut-on accepter que les noirs et les pauvres de la Mauritanie seulement soient ciblés par le rejet dans cette opération ?
Vous savez que la majeure partie de nos cartes d’identité nationales ont expiré depuis 2010, un casse-tête pour les populations qui voyagent. Tout mauritanien qui traverse aujourd’hui le fleuve pour le Sénégal, on lui soutire une somme de 10.000 F par que sa carte d’identité n’est plus valable. Alors que faut-il faire pour des gens dont leur état civil est détruit ? Il est temps qu’on discute pour solutionner ces nombreux problèmes qui handicapent le développement de notre pays.
Source: alakhbar.info
Mme Sy, Lalla Aicha Ouédrago: Nous étions partis rencontrer le Ministre de l’intérieur et de la décentralisation dans le cadre d’une mission de la rencontre citoyenne du FONADH (forum national des droits de l’homme) pour avoir plus d’informations sur le déroulement de l’enrôlement. Nous étions vraiment préoccupés par ce qui se passe au niveau de cette opération d’enrôlement. Et dans le bureau du ministre, nous avons trouvé le directeur de l'Agence nationale du registre de la population et de la sécurisation des documents. Au fond de notre exposé, nous lui avons signalé qu’il y a des pratiques qui ne vont pas dans le bon sens de cette opération.
Dans sa réponse, Mohamed Fadel Ould El Hadrami dit Mrabih Rabbou, a dit que tout ce que nous venons de dire sont des choses que nous avons dans l’esprit. Et ceux, ne sont que des rêves, des faits irréels. Mrabih Rabbou que s'il y a des insuffisances, elles sont très faibles et seront surmontées. Mais le plus choquant dans ses propos, c'est quand il disait que tout le monde sait qu’en Mauritanie l’état civil est entaché. Et qu’il y a des gens qui détiennent des pièces d’état civil mauritanien alors qu’ils ne sont pas mauritaniens; ce qui est vérifiable à travers les noms de famille comme Coulibaly, Ouédrago…
D’ailleurs, au centre d’accueil des citoyens de Tevragh Zeina, les agents d’enrôlement avaient des doutes sur mon nom. Ils refusaient de m’enrôler, parce que mon patronyme est Ouédrago.
Et pour se voiler la face, Mrabih Rabbou a ajouté dans son exemple le nom de famille de Macina, qui est le secrétaire général du ministère de l’intérieur, en disant que ce nom n’a pas une connotation mauritanienne. En ce moment-là, nous avons compris que tout ce qui se fait dans les centres d’enrôlement relève des ordres du directeur de l’Agence.
Alakhbar: Les opérations d’enrôlement ont suscité une grande polémique. Avez-vous, en tant que membre de la société civile, constaté des dysfonctionnements ?
Lalla Aicha Ouédrago: Au début de cette opération, nous, organisations de droits de l’Homme (FONADH), comité de soutien des victimes de violations de droits de l’Homme, avons fait une déclaration dans laquelle nous avons demandé aux autorités de faire de façon à ne pas exclure des mauritaniens.
Ce qui se passe actuellement était prévisible. Le décret créant l’équipe de l’enrôlement est venu l’affirmer, l’équipe était maculée d’un caractère mono ethnique: un seul négro-mauritanien y figure, alors que tous les autres sont des arabes. Ce point, nous l’avions discuté profondément avec Mrabih Rabbou, lors de notre rencontre; nous lui avons dit, en présence du ministre de l’intérieur, que nous ne connaissons pas cette Mauritanie où tous ses fils sont divisés.
De notre côté, nous avons mis sur le terrain des équipes munies de fiches d’identification pour recueillir et recenser tous les problèmes que rencontrent les citoyens dans les centres d’enrôlement. Le constat était le suivant: beaucoup des personnes, mentionnées, sur nos fiches, sont rejetées parce qu’elles ne connaissent pas le nom du maire, d’un notable, d’une personnalité d’une wilaya, de certaines localités,…
Alakhbar: Pourquoi ces dysfonctionnements?
Lalla Aicha Ouédrago: Ils sont dus à plusieurs facteurs. Parmi eux, la sensibilisation qui a été faite après le commencement des opérations, la formation non parfaite des agents , la position et la qualité des personnes racistes et chauvines à qui l’Etat a confié cette opération. En effet, ce qui se passe dans cet enrôlement c’est pareil à ce qui se passe le plus souvent dans beaucoup de domaines dans ce pays; les noirs sont souvent exclus et minimisés. En Mauritanie, on ne veut nous faire comprendre que les noirs sont minoritaires par rapport à l’élément arabe. J’ai toujours dit que même s’ils sont minoritaires, ils ont droit à l’état civil, à l’éducation, à la santé, à l’information, à la culture, aux postes de décision.
Nous vous disons que cette politique est illustrée par certains qui sont à la tète du pays afin d’exclure les négros-mauritaniens du pays. Cela ne peut pas aller de l’avant.
Alakhbar: Pensez-vous que cette opération pourra réussir ?
Lalla Aicha Ouédrago: Avoir un état civil fiable et sécurisé, c'est ce que nous souhaitons. Mais, ce qui se fait actuellement est un chaos. C’est un échec total ! Il est préférable d’arrêter cette opération qui n’a d’objectif qu’à exclure et marginaliser les noirs de Mauritanie.
Alakhbar: Quel est votre dernier mot?
Lalla Aicha Ouédrago: Ce n’est pas par racisme que je parle. Mais plus tôt par connaissances des faits concrets et visibles qui sont vécus par des centaines de citoyens dans le pays depuis que cet enrôlement a débuté. Comment peut-on accepter que les noirs et les pauvres de la Mauritanie seulement soient ciblés par le rejet dans cette opération ?
Vous savez que la majeure partie de nos cartes d’identité nationales ont expiré depuis 2010, un casse-tête pour les populations qui voyagent. Tout mauritanien qui traverse aujourd’hui le fleuve pour le Sénégal, on lui soutire une somme de 10.000 F par que sa carte d’identité n’est plus valable. Alors que faut-il faire pour des gens dont leur état civil est détruit ? Il est temps qu’on discute pour solutionner ces nombreux problèmes qui handicapent le développement de notre pays.
Source: alakhbar.info