En troquant son treillis militaire contre le costume de président de la République, M. Mohamed Ould Abdel Aziz n’en a pas moins gardé le tropisme. Ainsi, sort-il du silence qu’impose la Grande Muette pour mieux emprunter les micros et marteler la bonne parole, sa vérité. La grand-messe télévisée du 5 mai dernier en a donné un aperçu. Le président n’est pas du genre à se laisser envahir par le doute. L’interview accordée à KASSATAYA le confirme. Sur tous les sujets abordés et objets de contestations récurrentes, M. Ould Abdel Aziz n’a, dans un premier temps au moins, cédé que rarement. Tout juste concède-t-il des problèmes de communication. Mais c’est un pas. Timide.
Concernant le dialogue politique, Ould Abdel Aziz invite l’opposition à s’impliquer dans un processus qu’il dit avoir reporté à plusieurs reprises pour permettre une concertation large. Il se dit prêt à faire davantage preuve de patience. Jusqu’à ce que l’opposition se range à ses arguments ? A sa décharge, le gouvernement a accédé à une partie des points posés comme préalables par l’opposition : accès de l’opposition aux médias (mais dans la pratique les médias publics peinent à accepter la diversité des opinions), les élections municipales et parlementaires ont été reportées (en partie au moins en raison de problèmes techniques, mais reportées tout de même).
Pour les autres points M. Ould Abdel Aziz est resté intransigeant. Il ne voulait pas entendre parler de l’engagement de l’exécutif comme partenaire au dialogue en lieu et place de la majorité. Ce n’est qu’à l’ouverture des journées de concertation samedi, que l’on découvre que certaines revendications de l’opposition ont été inscrites à l’ordre du jour : l’ouverture des médias publics et la liberté de la presse ; place, rôle et neutralité des forces armées dans un Etat républicain et démocratique. Pourquoi avoir attendu ce moment précis pour céder sur des points tenus pour cruciaux par l’opposition ? Volonté de mettre l’adversaire dans l’embarras ou reculade devant les pressions de dernière minute ? La dernière hypothèse est plus plausible. Le retrait à la dernière minute des partis APP et El Wiam qui ont accepté de se désolidariser de la Coordination de l’Opposition Démocratique pour participer au dialogue aurait été désastreux pour l’exécutif. Mais ces concessions n’auront pas eu l’effet de « faire revenir l’opposition à la raison », pour reprendre M. Ould Abdel Aziz. Pour le coup, ce sont bien les formations de l’opposition, le RFD et l’UFP surtout, qui passent pour des jusqu’au-boutistes voulant tout, tout de suite en campent sur leurs positions.
Au final, le président de la République, sûr de son fait, s’accroche à ses décisions avec l’énergie du désespoir. Que les militants abolitionnistes dénoncent des cas d’esclavage là où lui ne voit que la perpétuation de liens « affectionnels » entre anciens maitres et anciens esclaves ne l’invite pas à marquer une pause pédagogique et faire le point. Comment s’étonner dès lors que l’on retienne plus les acquittements des accusés de faits d’esclavage que les programmes sociaux que M. Ould Abdel préfère mettre en avant ? Que les citoyens négro-africains manifestent contre un processus d’enrôlement en lequel ils voient de la discrimination là où lui ne voit que décision juste et justifiée ne le conduit pas à une remise en question et « à une discussion saine » comme il aime à dire. Pourquoi s’étonner donc que les propos du président soient noyés sous les slogans de Touche Pas Ma Nationalité et les gémissements des manifestants sous les coups de matraque des forces de l’ordre ? C’est un trait de caractère de l’homme qui dit être obligé de veiller sur tout et d’être partout. Pas sûr que cette façon de faire soit compatible avec la gestion de la chose politique. Napoléon Ier imposait souvent la marche forcée à ses soldats. S’il en a tiré quelques victoires glorieuses, il n’en épuisait pas moins ses troupes au risque de les démobiliser. En politique, le ressenti des citoyens compte autant, si ce n’est plus, que l’intention du décideur. Les meilleurs choix peuvent être désastreux s’ils sont mal accueillis par ceux qu’ils concernent au premier chef. Pas étonnant alors qu’on en soit toujours à « je t’aime moi non plus ».
Abdoulaye Diagana
Source: kassataya
Concernant le dialogue politique, Ould Abdel Aziz invite l’opposition à s’impliquer dans un processus qu’il dit avoir reporté à plusieurs reprises pour permettre une concertation large. Il se dit prêt à faire davantage preuve de patience. Jusqu’à ce que l’opposition se range à ses arguments ? A sa décharge, le gouvernement a accédé à une partie des points posés comme préalables par l’opposition : accès de l’opposition aux médias (mais dans la pratique les médias publics peinent à accepter la diversité des opinions), les élections municipales et parlementaires ont été reportées (en partie au moins en raison de problèmes techniques, mais reportées tout de même).
Pour les autres points M. Ould Abdel Aziz est resté intransigeant. Il ne voulait pas entendre parler de l’engagement de l’exécutif comme partenaire au dialogue en lieu et place de la majorité. Ce n’est qu’à l’ouverture des journées de concertation samedi, que l’on découvre que certaines revendications de l’opposition ont été inscrites à l’ordre du jour : l’ouverture des médias publics et la liberté de la presse ; place, rôle et neutralité des forces armées dans un Etat républicain et démocratique. Pourquoi avoir attendu ce moment précis pour céder sur des points tenus pour cruciaux par l’opposition ? Volonté de mettre l’adversaire dans l’embarras ou reculade devant les pressions de dernière minute ? La dernière hypothèse est plus plausible. Le retrait à la dernière minute des partis APP et El Wiam qui ont accepté de se désolidariser de la Coordination de l’Opposition Démocratique pour participer au dialogue aurait été désastreux pour l’exécutif. Mais ces concessions n’auront pas eu l’effet de « faire revenir l’opposition à la raison », pour reprendre M. Ould Abdel Aziz. Pour le coup, ce sont bien les formations de l’opposition, le RFD et l’UFP surtout, qui passent pour des jusqu’au-boutistes voulant tout, tout de suite en campent sur leurs positions.
Au final, le président de la République, sûr de son fait, s’accroche à ses décisions avec l’énergie du désespoir. Que les militants abolitionnistes dénoncent des cas d’esclavage là où lui ne voit que la perpétuation de liens « affectionnels » entre anciens maitres et anciens esclaves ne l’invite pas à marquer une pause pédagogique et faire le point. Comment s’étonner dès lors que l’on retienne plus les acquittements des accusés de faits d’esclavage que les programmes sociaux que M. Ould Abdel préfère mettre en avant ? Que les citoyens négro-africains manifestent contre un processus d’enrôlement en lequel ils voient de la discrimination là où lui ne voit que décision juste et justifiée ne le conduit pas à une remise en question et « à une discussion saine » comme il aime à dire. Pourquoi s’étonner donc que les propos du président soient noyés sous les slogans de Touche Pas Ma Nationalité et les gémissements des manifestants sous les coups de matraque des forces de l’ordre ? C’est un trait de caractère de l’homme qui dit être obligé de veiller sur tout et d’être partout. Pas sûr que cette façon de faire soit compatible avec la gestion de la chose politique. Napoléon Ier imposait souvent la marche forcée à ses soldats. S’il en a tiré quelques victoires glorieuses, il n’en épuisait pas moins ses troupes au risque de les démobiliser. En politique, le ressenti des citoyens compte autant, si ce n’est plus, que l’intention du décideur. Les meilleurs choix peuvent être désastreux s’ils sont mal accueillis par ceux qu’ils concernent au premier chef. Pas étonnant alors qu’on en soit toujours à « je t’aime moi non plus ».
Abdoulaye Diagana
Source: kassataya