La vice Secrétaire Générale des Nations Unies
Dix agences des Nations Unies ont lancé une campagne conjointe, mercredi 27 février, pour faire baisser la pratique consistant à mutiler l'appareil génital des femmes d'ici 2015, et la supprimer totalement "d'ici une génération".
La vice Secrétaire Générale des Nations Unies Asha-Rose Migiro, qui a dévoilé ce programme, a déclaré que bien que "les communautés pratiquant les mutilations génitales sur les femmes fassent valoir un grand nombre de raisons sociales et religieuses en faveur de la poursuite de telles pratiques, vue du point de vue des Droits de l'Homme, cette pratique reflète une inégalité fortement enracinée entre les sexes, et constitue une forme extrême de discrimination envers les femmes."
Le plan d'action des Nations Unies dévoilé la semaine dernière indique qu'en Mauritanie, environ 71,3 pour cent des filles et des femmes entre 15 et 49 ans subissent des mutilations de l'appareil génital, appelées également circoncision ou "coupe".
Dans le pays, la plupart des personnes pratiquant ces opérations sont des membres des communautés traditionnelles, sans aucune expérience médicale ni connaissances sanitaires. Cette réalité constitue une menace pour la vie de très nombreuses jeunes filles. Les saignements et les chocs psychiques comptent parmi les conséquences immédiates, mais des effets à long terme sur la santé peuvent également impliquer des douleurs chroniques, des infections et des traumatismes.
"Je me rappelle parfaitement le jour où j'ai été circoncise. J'avais sept ans à l'époque", explique Fatema à Magharebia. "C'est l'une de nos voisines qui a fait l'opération. J'ai eu horriblement mal. J'avais les mains attachées. Je saignais, et ai été traitée par les méthodes traditionnelles. Par la suite, j'ai remarqué une baisse de mon activité sexuelle, une chose avec laquelle j'ai dû vivre longtemps."
Et Fatema d'ajouter: "Ce qu'il y a d'étrange, c'est que ma famille était très convaincue de cette tradition honteuse. Toutes mes soeurs ont donc connu le même sort. Après cette expérience, j'espère que mes filles pourront l'éviter, qu'une saine nature humaine ne peut que rejeter."
La société civile mauritanienne n'a pas encore lancé de campagnes de sensibilisation pour lutter contre ce phénomène d'un point de vue social ou religieux, et le gouvernement n'a pas encore adopté une loi interdisant les mutilations génitales des femmes.
Toutefois, Mohamed El Salek Ould Mohamed Lamine, un travailleur social, souligne: "Nous avons récemment vu d'importants symposiums médicaux et religieux dans les médias officiels. Nous espérons qu'ils constituent le point de départ d'une remise en cause sérieuse de ce phénomène de mutilation génitale des femmes, qui entraîne de nombreux problèmes sociaux et de santé. Les chiffres et les statistiques dans ce domaine sont effrayants et des efforts urgents sont nécessaires pour faire évoluer les mentalités."
Certaines familles mauritaniennes qui utilisent cette pratique utilisent la religion comme un prétexte, pour justifier ce qu'elles considèrent comme une partie de leur héritage culturel, en dépit du fait que les autorités religieuses du pays aient clairement affirmé que les mutilations génitales ne reposaient sur aucune tradition religieuse.
Une femme d'âge moyen a déclaré à Magharebia avec colère: "C'est à la fois une nécessité et un devoir religieux: une nécessité, parce que cela préserve la dignité des femmes et celle de leur famille, un devoir religieux parce que l'Islam l'enseigne. Pour ces deux raisons, nos ancêtres ont décidé de couper leurs filles. Nous sommes persuadés que nos ancêtes ne faisaient pas les choses en vain."
Mais selon l'imam et juriste Saaden Ould Bouh, "le phénomène des mutilations génitales sur les femmes n'a aucune racine dans le Coran ou la Sunnah. C'est plutôt une tradition sociale, perpétrée par certaines sociétés depuis un certain temps."
Il ajoute: "La sharia islamique, dont le principe est basé sur le principe 'ni excès, ni négligence' ne peut que conforter des choses qui servent l'humanité dans ce monde et dans l'au-delà. A ce titre, cette pratique, qui porte préjudice tout aussi bien aux femmes qu'à la société dans son ensemble, doit disparaître. Les responsables, gens des médias et autres, doivent éclairer l'opinion publique sur le sujet."
Les femmes mauritaniennes pourraient bientôt voir des changements. Selon une source proche du gouvernement, un groupe de parlementaires travaille actuellement à la rédaction d'un projet de loi visant à interdire cette pratique.
Mohamed Yahya Ould Abdel Wedoud
Source: magharebia
(M)
La vice Secrétaire Générale des Nations Unies Asha-Rose Migiro, qui a dévoilé ce programme, a déclaré que bien que "les communautés pratiquant les mutilations génitales sur les femmes fassent valoir un grand nombre de raisons sociales et religieuses en faveur de la poursuite de telles pratiques, vue du point de vue des Droits de l'Homme, cette pratique reflète une inégalité fortement enracinée entre les sexes, et constitue une forme extrême de discrimination envers les femmes."
Le plan d'action des Nations Unies dévoilé la semaine dernière indique qu'en Mauritanie, environ 71,3 pour cent des filles et des femmes entre 15 et 49 ans subissent des mutilations de l'appareil génital, appelées également circoncision ou "coupe".
Dans le pays, la plupart des personnes pratiquant ces opérations sont des membres des communautés traditionnelles, sans aucune expérience médicale ni connaissances sanitaires. Cette réalité constitue une menace pour la vie de très nombreuses jeunes filles. Les saignements et les chocs psychiques comptent parmi les conséquences immédiates, mais des effets à long terme sur la santé peuvent également impliquer des douleurs chroniques, des infections et des traumatismes.
"Je me rappelle parfaitement le jour où j'ai été circoncise. J'avais sept ans à l'époque", explique Fatema à Magharebia. "C'est l'une de nos voisines qui a fait l'opération. J'ai eu horriblement mal. J'avais les mains attachées. Je saignais, et ai été traitée par les méthodes traditionnelles. Par la suite, j'ai remarqué une baisse de mon activité sexuelle, une chose avec laquelle j'ai dû vivre longtemps."
Et Fatema d'ajouter: "Ce qu'il y a d'étrange, c'est que ma famille était très convaincue de cette tradition honteuse. Toutes mes soeurs ont donc connu le même sort. Après cette expérience, j'espère que mes filles pourront l'éviter, qu'une saine nature humaine ne peut que rejeter."
La société civile mauritanienne n'a pas encore lancé de campagnes de sensibilisation pour lutter contre ce phénomène d'un point de vue social ou religieux, et le gouvernement n'a pas encore adopté une loi interdisant les mutilations génitales des femmes.
Toutefois, Mohamed El Salek Ould Mohamed Lamine, un travailleur social, souligne: "Nous avons récemment vu d'importants symposiums médicaux et religieux dans les médias officiels. Nous espérons qu'ils constituent le point de départ d'une remise en cause sérieuse de ce phénomène de mutilation génitale des femmes, qui entraîne de nombreux problèmes sociaux et de santé. Les chiffres et les statistiques dans ce domaine sont effrayants et des efforts urgents sont nécessaires pour faire évoluer les mentalités."
Certaines familles mauritaniennes qui utilisent cette pratique utilisent la religion comme un prétexte, pour justifier ce qu'elles considèrent comme une partie de leur héritage culturel, en dépit du fait que les autorités religieuses du pays aient clairement affirmé que les mutilations génitales ne reposaient sur aucune tradition religieuse.
Une femme d'âge moyen a déclaré à Magharebia avec colère: "C'est à la fois une nécessité et un devoir religieux: une nécessité, parce que cela préserve la dignité des femmes et celle de leur famille, un devoir religieux parce que l'Islam l'enseigne. Pour ces deux raisons, nos ancêtres ont décidé de couper leurs filles. Nous sommes persuadés que nos ancêtes ne faisaient pas les choses en vain."
Mais selon l'imam et juriste Saaden Ould Bouh, "le phénomène des mutilations génitales sur les femmes n'a aucune racine dans le Coran ou la Sunnah. C'est plutôt une tradition sociale, perpétrée par certaines sociétés depuis un certain temps."
Il ajoute: "La sharia islamique, dont le principe est basé sur le principe 'ni excès, ni négligence' ne peut que conforter des choses qui servent l'humanité dans ce monde et dans l'au-delà. A ce titre, cette pratique, qui porte préjudice tout aussi bien aux femmes qu'à la société dans son ensemble, doit disparaître. Les responsables, gens des médias et autres, doivent éclairer l'opinion publique sur le sujet."
Les femmes mauritaniennes pourraient bientôt voir des changements. Selon une source proche du gouvernement, un groupe de parlementaires travaille actuellement à la rédaction d'un projet de loi visant à interdire cette pratique.
Mohamed Yahya Ould Abdel Wedoud
Source: magharebia
(M)