Les médias nous donnent souvent l’image d’une démocratie stable en Mauritanie. C’est un leurre.
Face à l’indifférence de la communauté internationale, la Mauritanie s’enfonce de plus en plus dans le chaos.
En cause, pour l’instant, les forces de police qui, au lieu de protéger la population, arrêtent de manière arbitraire, mènent des interrogatoires musclés, torturent, rackettent et tuent par balle réelle lors de manifestations pacifiques.
Le 9 février dernier, Souvi Ould Cheine, un militant des droits de l’homme, blogueur réputé, est enlevé et emmené dans un commissariat de police. Quelques heures plus tard, son cadavre est remis à sa famille. Avec des traces de torture évidentes.
Le 28 mai, dans la soirée, Oumar Diop, un jeune mauritanien, diplômé, rentre chez lui. Il vient de vendre sa voiture car il souhaite émigrer. La police l’arrête. Au commissariat, passage à tabac, torture, électrocution. Et son argent change de poche. Il meurt quelques heures plus tard. « Coups et tortures sont les causes de sa mort » affirme l’avocat de la famille.
Le 30 mai, à Boghé, la population, excédée par ces comportements policiers, manifeste et réclame justice pour Oumar Diop. La police tire à balle réelle pour disperser la foule. Mohamed Lemine est tué. A peine 20 ans.
Dans tout le pays, des manifestations éclatent, le peuple exige la condamnation des violences policières et des meurtres dans les commissariats. Que les coupables soient poursuivis.
Pour toute réponse, le lendemain, le ministre de l’intérieur coupe l’internet mobile dans tout le pays. Mauritanie muselée.
Les médias nous donnent souvent l’image d’une démocratie stable en Mauritanie. C’est un leurre : la République islamique de Mauritanie est un régime tenu par des militaires, les fraudes électorales lors des récentes élections ont été bien documentées et, depuis ces meurtres dans les commissariats, la population révoltée est dans les rues.
La Mauritanie est un pays d’apartheid, où une minorité blanche exploite à tous les niveaux une majorité de Noirs, où l’esclavage par ascendance existe toujours, où la justice obéit aux injonctions du régime, où l’interprétation du Coran est déviée pour correspondre aux objectifs du pouvoir.
Il est grand temps d’ouvrir les yeux et de dénoncer les pratiques d’un Etat qui, pour des raisons économiques, diplomatiques ou stratégiques ne nous dérange pas personnellement mais qui, au niveau de son peuple, bafoue ouvertement les libertés fondamentales de tout individu et l’état de droit.
La réalité est là : une révolution ou un nouveau coup d’état militaire peut éclater et précipiter, une fois encore, le peuple mauritanien dans une dictature abjecte.
Maryvonne Maes
ancienne présidente de l’IRA Belgique (branche belge du mouvement mauritanien de l’Initiative de Résurgence)
Source : La Libre.be (Belgique) Via Kassataya
Face à l’indifférence de la communauté internationale, la Mauritanie s’enfonce de plus en plus dans le chaos.
En cause, pour l’instant, les forces de police qui, au lieu de protéger la population, arrêtent de manière arbitraire, mènent des interrogatoires musclés, torturent, rackettent et tuent par balle réelle lors de manifestations pacifiques.
Le 9 février dernier, Souvi Ould Cheine, un militant des droits de l’homme, blogueur réputé, est enlevé et emmené dans un commissariat de police. Quelques heures plus tard, son cadavre est remis à sa famille. Avec des traces de torture évidentes.
Le 28 mai, dans la soirée, Oumar Diop, un jeune mauritanien, diplômé, rentre chez lui. Il vient de vendre sa voiture car il souhaite émigrer. La police l’arrête. Au commissariat, passage à tabac, torture, électrocution. Et son argent change de poche. Il meurt quelques heures plus tard. « Coups et tortures sont les causes de sa mort » affirme l’avocat de la famille.
Le 30 mai, à Boghé, la population, excédée par ces comportements policiers, manifeste et réclame justice pour Oumar Diop. La police tire à balle réelle pour disperser la foule. Mohamed Lemine est tué. A peine 20 ans.
Dans tout le pays, des manifestations éclatent, le peuple exige la condamnation des violences policières et des meurtres dans les commissariats. Que les coupables soient poursuivis.
Pour toute réponse, le lendemain, le ministre de l’intérieur coupe l’internet mobile dans tout le pays. Mauritanie muselée.
Les médias nous donnent souvent l’image d’une démocratie stable en Mauritanie. C’est un leurre : la République islamique de Mauritanie est un régime tenu par des militaires, les fraudes électorales lors des récentes élections ont été bien documentées et, depuis ces meurtres dans les commissariats, la population révoltée est dans les rues.
La Mauritanie est un pays d’apartheid, où une minorité blanche exploite à tous les niveaux une majorité de Noirs, où l’esclavage par ascendance existe toujours, où la justice obéit aux injonctions du régime, où l’interprétation du Coran est déviée pour correspondre aux objectifs du pouvoir.
Il est grand temps d’ouvrir les yeux et de dénoncer les pratiques d’un Etat qui, pour des raisons économiques, diplomatiques ou stratégiques ne nous dérange pas personnellement mais qui, au niveau de son peuple, bafoue ouvertement les libertés fondamentales de tout individu et l’état de droit.
La réalité est là : une révolution ou un nouveau coup d’état militaire peut éclater et précipiter, une fois encore, le peuple mauritanien dans une dictature abjecte.
Maryvonne Maes
ancienne présidente de l’IRA Belgique (branche belge du mouvement mauritanien de l’Initiative de Résurgence)
Source : La Libre.be (Belgique) Via Kassataya