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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

La Colonisation : des préjugés raciaux à la relecture de l’Histoire

Tamsir Ndiaye Jupiter

La colonisation fut à la fois bénéfique et pernicieuse. Elle a été identifiée par les thèses historiques et scientifiques à une agression légitimée par le mythe entretenu du "nègre barbare" puis par le prétexte de la mission civilisatrice.


La Colonisation : des préjugés raciaux à la relecture de l’Histoire
Les historiens, intellectuels et écrivains africains ont, dans leurs œuvres et leur action, démenti l’Occident qui cherche en à donner une autre lecture.
Pour Senghor, la colonisation est " un mal nécessaire ". Cette définition oxymorique part du postulat qu’elle a fait accéder l’Afrique à la civilisation technique et industrielle. Mais pour Aimé Césaire, la colonisation ne fut " qu’une chosification " de l’Afrique et de sa population " agressée, asservie et spoliée " sous le prétexte fallacieux d’une " mission civilisatrice à accomplir ". Des écrivains comme René Maran, administrateur des Colonies à l’Oubangui-Chari en ont donné des illustrations au moyen de clichés filmiques qui restituent le préjudice moral subi alors par les peuples d’Afrique.

Dans son roman Batouala publié en 1920, il met à nu le cynisme de l’action coloniale qui ne fut qu’une œuvre " de spoliation et d’exploitation systématique " du continent noir. D’autres intellectuels, témoins ou acteurs de l’histoire, ont, à travers leur production, rendu compte de l’aspect destructeur du fait colonial, marqué du sceau de l’administration militaire, de l’enrôlement évangélique des missionnaires ou des brutalités du commerce arabe. Seulement, à travers la pensée occidentale même, l’Afrique a été une terre identifiable à une " tabula rasa ", vierge de culture et de civilisation. C’est donc au moyen de mythes et de préjugés raciaux que le continent noir est apparu pour l’Occident comme un espace de barbarisme.

Les préjugés raciaux
Dès 1830, Hegel déclare dans son Cours sur la philosophie de l’histoire que " l’Afrique n’est pas une partie historique de monde. Elle n’a pas de mouvements, de développements à montrer, de mouvements historiques en elle ". Pour lui, l’Afrique " est l’esprit a-historique, l’esprit non développé, encore enveloppé dans des conditions de naturel et qui doit être présenté comme simplement au seuil de l’Histoire du monde". Ainsi, dès le XIXe siècle l’Occident a dénié à l’Afrique toute historicité. Coupland estime que " ses habitants étaient restés, durant des temps immémoriaux, plongés dans la barbarie. Ils demeuraient stagnants sans avancer ni reculer ". Dès lors, l’Afrique apparaissait pour l’esprit occidental comme une terre vierge peuplée de barbares et de sanguinaires qui, affirme Gaxotte " n’ont rien produit, ni Euclide, ni Aristote, ni Galilée, ni Lavoisier, ni Pasteur, et leurs épopées n’ont été chantées par aucun Homère ".

Ces préjugés violents qui ne reposaient sur aucune démarche scientifique faisaient porter à l’Histoire des œillères racistes. Aucune approche anthropologique ni aucune étude empirique ne légitime ces préjugés car les sentinelles de la colonisation qui les développaient s’appuyaient sur des mythes dont le substrat fondateur était une " passivité historique des peuples noirs barbares ". L’Occident, dans la politique d’extension impériale de sa puissance, s’est toujours accommodé de ces mythes d’exutoire développés sans démarche ni méthodologie historique, celles des sources écrites et orales, celles de l’archéologie, de la linguistique, de l’ethnologie et de l’anthropologie culturelle.

Le démenti des historiens africains
Cheikh Anta Diop a proclamé que " l’Afrique est le berceau de l’humanité ". Il ne s’est appuyé ni sur des mythes encore moins sur un élan subjectif narcissique. L’Egypte lui a servi de corpus. Il découvre que l’Afrique est le lieu de naissance de l’intellect humain. Pour lui comme pour Kizerbo, la vallée du Nil a élaboré la première civilisation historique, celle qui donne la preuve irréfutable qu’il existe une nature nègre historique, fondatrice de la civilisation humaine, qui se caractérise par la vie de l’esprit.

Ainsi, les intellectuels africains comme Cheikh Anta Diop, Joseph Kizerbo, Théophile Obenga, Iba Der Thiam, Boubacar Barry, Mbaye Gueye, Penda Mbow, entre autres sommités, ont, à travers la trajectoire historique de la pensée nègre, démontré sur la base de faits scientifiques, l’antériorité de la civilisation nègre à celle de toute autre civilisation mécanisée. La civilisation est, en fait, l’ensemble des aspects techniques liés à la vie en société et à la domination de l’homme de son espace vital immédiat. Elle se manifeste non seulement dans les progrès de la science mais aussi et surtout dans l’épopée africaine.

Des Australanthropiens de l’âge de la pierre à la période des Paléanthropiens, de la civilisation de l’homo-faber à celle de l’homo sapiens, l’Afrique s’est illustrée comme la terre de la civilisation première. Il appert alors que la colonisation intervenue des siècles après ne saurait se draper d’un humanisme, somme toute trompeur, pour prétendre positiver l’espace africain au nom d’une mission d’humanisation. Certains comme Kizerbo s’indignent : " Quand un général romain fait exécuter son fils pour des raisons de discipline " por-patria ", on met cela au compte de l’héroïsme patriotique. Quand Samory fait exécuter un traître de l’idéal commun, on crie à la barbarie " !

D’autres, dans leurs thèses, déconstruisent les préjugés raciaux et les prétextes fallacieux pour illustrer la dimension historique de l’Afrique et l’alibi de l’Occident.
Le témoignage des intellectuels et écrivains africains.
C’est dans les années 30 que les noirs africains, à l’instar des noirs américains impulsés par William Dubois autour du Mouvement de la Négro-renaissance, ont engagé une lutte contre la colonisation non autour de revendications nationalistes, dussent-elles être celles d’un " racisme anti-raciste ", mais sur la base de principes fondateurs de la dignité humaine et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Si la colonisation a " apporté la nivaquine, le véhicule motorisé, l’arme à feu, le miroir, autres aspects de la science et de la technique ", il n’en demeure pas moins qu’elle a piétiné les valeurs cultuelles et culturelles, spolié les ressources minières et exploité les peuples noirs. C’est parce que l’Occident a mis à profit sa force militaire et sa technique pour agresser les peuples d’Afrique et s’arroger le droit unilatéral d’élaboration d’une administration directe et forcée. Dans Ville Cruelle, Eza Boto illustre le mercantilisme cruel du système colonial et la civilisation du loisir qui en résulte. Une Vie de boy de Ferdinand Oyono présente des scènes de vie coloniale où l’homme noir est pour le missionnaire blanc un objet corvéable dont la personnalité ne se forge qu’au contact d’une Eglise qui lui dénie sa vision authentique du monde.

Le nègre est ainsi au service de l’homme blanc et s’il ne subit pas une humiliation ou un châtiment pour non-soumission, il fait l’objet d’un traitement ancillaire qui déshumanise et déshonore. Aimé Césaire exprime toute son indignation dans Discours sur le Colonialisme. Pour son expérience d’autrefois, il témoigne du mal suprême infligé à l’homme noir par l’humiliation, l’asservissement et le rythme infernal imposé par la colonisation. Mamadou Dia, ancien Président du Conseil en donne lui-même un autre témoignage pour avoir vécu dans un système colonial : " les colonialistes n’avaient pas de respect pour l’homme noir. Il fallait refuser non seulement l’enrôlement des valeurs et de la dignité, mais aussi l’assimilation forcée ".

C’est que la liberté a été asservie et brimée par le colonialiste. Le travail forcé était une forme de punition cynique. Plus que de petits rois, les colonialistes se croyaient tout permis sur le continent noir dont ils ne cherchaient que la richesse du sol et le folklore simiesque des serviteurs et autres servants. C’est pourquoi, bien avant la période pré-coloniale, des chefs africains ont opposé une farouche résistance aux colonialistes : de Lat Dior à Mamadou Lamine Dramé, de Alboury Ndiaye, à Béhanzin, de Alpha Yaya, de Ahmadou Bamba de El Hadji Malick Sy à Samory Touré.

Ce même combat a été poursuivi par des poètes de la Négritude et des leaders politiques fous de liberté et d’émancipation, le dénominateur commun étant la conquête de la liberté et l’assumation de sa dignité d’homme. C’est en cela d’ailleurs que le nationalisme africain a été par moment violent en raison des brutalités du colonialisme. L’école française même a investi le champ de conscience des jeunes nègres d’alors pour y semer des graines de reniement de l’authenticité nègre et d’acceptation du fait colonial.

Aimé Césaire fut alors plus subtil : " j’ai fait de leur langue un jouet pour les flageller pour leur forfaiture ". S’il est ainsi vrai que le Colonialisme, comme la colonisation, a permis à l’Afrique de bénéficier d’aspects techniques et scientifiques, il n’en demeure pas moins qu’il fut une des pages les plus sombres des peuples d’Afrique que ni l’histoire, ni une loi ne pourrait dénier même s’il faut régler des contradictions politiques structurelles.


source Horizon



Vendredi 30 Décembre 2005 - 14:00
Vendredi 30 Décembre 2005 - 14:08
Horizon
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