Quand on se penche sur la situation politique de la Mauritanie depuis les indépendances en procédant à une évaluation critique de la façon dont le pays a été gouverné, on ne peut s’empêcher de reconnaître que tous les régimes ont failli à leur mission d’édification d’une nation. Aux lendemains des indépendances, beaucoup de pays, dans le continent, ont fait l’effort de construire une nation fondée sur la reconnaissance de la citoyenneté égale pour tous. Les fractures intervenues plus tard ont mis en évidence qu’il y avait eu une volonté politique d’instauration d’une République. Perspective écartée en Mauritanie, dès la mise en place d’une République qui, en se dénommant islamique, ne faisait qu’utiliser la religion à la place de « arabe ». L’intention s’est traduite par la politique d’une nation qui se veut arabe dont le processus de construction impliquait la négation et l’exclusion de la composante négro-africaine.
Du régime de Moctar ould Ddadah à celui de Ely ould Med Vall, sans oublier l’inoubliable ould Taya, une même logique a animé la construction d’une nation mauritanienne dont le principe est plus centré sur le rattachement à l’entité socio-politique arabe que sur la constitution d’une identité citoyenne. Le drame de la Mauritanie a consisté dans le refus de ses élites politiques dirigeantes d’assumer la réalité géographique, historique et anthropologique du pays. Sur ce territoire dont la superficie est immense que la délimitation coloniale a configuré, s’est greffée une volonté d’homogénéité idéologique dont la conséquence fut, pour maintenir son hégémonie sur l’autre composante mauritanienne, de préserver l’esclavage.
En effet, la contradiction essentielle de cette volonté politique de négation de la composante négro-africaine réside dans le conservatisme tribal qui ne peut survivre que par l’existence de l’esclavage. Le tribalisme ne pouvait pas se maintenir sans l’esclavage. C’est pourquoi, le racisme en Mauritanie est indissociable du tribalisme et de l’esclavage. Le négationnisme du bourreau et de la victime, au-delà de la stratégie politique, c’est la difficulté de faire le discernement entre le lien entre d’une part le tribalisme et l’esclavage et d’autre part le tribalisme et le racisme. A cela s’ajoute l’imbrication entre l’esclavage et le racisme. Nous avons le noir qui subit la double négation de l’esclavage et du racisme : l’esclave est un noir qui subit la domination et l’oppression du maître ; il est victime aussi du mépris et du racisme de son maître. Le négro-africain est un noir qui subit le racisme et l’exclusion.
Le procès du racisme et de l’esclavage ne peut plus être mené sans l’analyse des mécanismes de fonctionnement de la domination qui combine de façon brouillée le racisme et esclavage. C’est pourquoi, quand le nouveau chef de l’Etat clame une arrogance véhémente l’inexistence du racisme, il veut dire que la servitude dont sont victimes les noirs en tant qu’esclaves et l’oppression dont sont victimes les négro-africains sont si naturelles qu’il ne s’agit pas de racisme.
Il est significatif de constater que bon nombre de mauritaniens victimes du système ont du mal à le reconnaître comme raciste parce qu’ils pensent que reconnaître que l’Etat mauritanien est raciste, c’est accuser tout un peuple ou une partie. C’est pourquoi, la rhétorique de la confusion et de l’amalgame caractérise la plupart des discours ou des déclarations pour éviter de nommer les caractéristiques d’un régime raciste.
La complexité du racisme en Mauritanie résulte donc de cette imbrication de l’esclavage et du tribalisme qui constituent les caractéristiques essentielles de la culture et de la pratique politiques mauritaniennes.
Il y a une sorte de veille stratégique pour promouvoir un système de domination dont la règle est de diviser les dominés pour mieux les opprimer. Il en résulte trois formes de dénégation : des opprimés qui ne veulent pas en entendre parler, des racistes qui ne supportent pas qu’on parle du racisme, des esclaves qui considèrent qu’il n’y a pas d’esclavage.
Que les racistes ne veuillent pas entendre parler de racisme, c’est compréhensible, c’est une façon de se préserver, c’est le cas de Ely oul Med Vall, parce qu’il sait ce qui l’attend après avoir bien rempli ses missions de patron de la police criminelle. Il sait aussi qu’un jour, il pourrait répondre devant une juridiction nationale ou internationale. Cette hantise se traduit par le manque de maîtrise de ses émotions et de ses pulsions qui l’ont secoué lors de sa tournée de provocation dans la vallée du fleuve. Car, Ely sait très bien qu’il a manqué d’humanité et du respect de la vie avec les populations négro-africaines.
Les victimes du racisme quant à elles, qui préfèrent l’occultation de cette réalité sont composées d’opportunistes, de lâches et d’hypocrites, toutes atteintes de cécité par la haine de soi. Les esclaves qui nient l’esclavage ne se sont pas libérés de la peur du maître et ont besoin d’être aidés par une réelle cure psychanalytique qui les libère de la peur. Il est clair que ces trois catégories n’ont pas les mêmes raisons quant à leur attitude face à la réalité du racisme. Car le racisme est un état d’esprit, une attitude, un discours, une pratique et des passages à l’acte sur fond d’idéologie qui se résume à la haine de l’autre par la couleur de sa peau. Il n’y a pas de pratique raciste qui serait plus éloquente que celle qui s’exerce en Mauritanie depuis plus de deux décennies. Ely, ses compagnons, ses idéologues, ses thuriféraires et ses troubadours ne peuvent pas falsifier cette réalité. Au contraire, ils sont entrain de mettre en évidence que le système raciste persiste en Mauritanie.
On ne se débarrasse pas d’un comportement raciste, esclavagiste et tribaliste comme s’il s’agissait de changer de veste. Ce n’est pas en parcourant le pays avec comme stratégie de semer le doute dans la tête des populations victimes que le nouveau chef de l’Etat va convaincre du bien fondé des ses intentions. Nous ne pouvons pas nous contenter des intentions d’un homme connu pour avoir été le chef de la police nationale dont le rôle criminel est inavouable. Devant la réalité du racisme, il faut plus que de bonnes intentions et des mises en garde.
SY Hamdou
Du régime de Moctar ould Ddadah à celui de Ely ould Med Vall, sans oublier l’inoubliable ould Taya, une même logique a animé la construction d’une nation mauritanienne dont le principe est plus centré sur le rattachement à l’entité socio-politique arabe que sur la constitution d’une identité citoyenne. Le drame de la Mauritanie a consisté dans le refus de ses élites politiques dirigeantes d’assumer la réalité géographique, historique et anthropologique du pays. Sur ce territoire dont la superficie est immense que la délimitation coloniale a configuré, s’est greffée une volonté d’homogénéité idéologique dont la conséquence fut, pour maintenir son hégémonie sur l’autre composante mauritanienne, de préserver l’esclavage.
En effet, la contradiction essentielle de cette volonté politique de négation de la composante négro-africaine réside dans le conservatisme tribal qui ne peut survivre que par l’existence de l’esclavage. Le tribalisme ne pouvait pas se maintenir sans l’esclavage. C’est pourquoi, le racisme en Mauritanie est indissociable du tribalisme et de l’esclavage. Le négationnisme du bourreau et de la victime, au-delà de la stratégie politique, c’est la difficulté de faire le discernement entre le lien entre d’une part le tribalisme et l’esclavage et d’autre part le tribalisme et le racisme. A cela s’ajoute l’imbrication entre l’esclavage et le racisme. Nous avons le noir qui subit la double négation de l’esclavage et du racisme : l’esclave est un noir qui subit la domination et l’oppression du maître ; il est victime aussi du mépris et du racisme de son maître. Le négro-africain est un noir qui subit le racisme et l’exclusion.
Le procès du racisme et de l’esclavage ne peut plus être mené sans l’analyse des mécanismes de fonctionnement de la domination qui combine de façon brouillée le racisme et esclavage. C’est pourquoi, quand le nouveau chef de l’Etat clame une arrogance véhémente l’inexistence du racisme, il veut dire que la servitude dont sont victimes les noirs en tant qu’esclaves et l’oppression dont sont victimes les négro-africains sont si naturelles qu’il ne s’agit pas de racisme.
Il est significatif de constater que bon nombre de mauritaniens victimes du système ont du mal à le reconnaître comme raciste parce qu’ils pensent que reconnaître que l’Etat mauritanien est raciste, c’est accuser tout un peuple ou une partie. C’est pourquoi, la rhétorique de la confusion et de l’amalgame caractérise la plupart des discours ou des déclarations pour éviter de nommer les caractéristiques d’un régime raciste.
La complexité du racisme en Mauritanie résulte donc de cette imbrication de l’esclavage et du tribalisme qui constituent les caractéristiques essentielles de la culture et de la pratique politiques mauritaniennes.
Il y a une sorte de veille stratégique pour promouvoir un système de domination dont la règle est de diviser les dominés pour mieux les opprimer. Il en résulte trois formes de dénégation : des opprimés qui ne veulent pas en entendre parler, des racistes qui ne supportent pas qu’on parle du racisme, des esclaves qui considèrent qu’il n’y a pas d’esclavage.
Que les racistes ne veuillent pas entendre parler de racisme, c’est compréhensible, c’est une façon de se préserver, c’est le cas de Ely oul Med Vall, parce qu’il sait ce qui l’attend après avoir bien rempli ses missions de patron de la police criminelle. Il sait aussi qu’un jour, il pourrait répondre devant une juridiction nationale ou internationale. Cette hantise se traduit par le manque de maîtrise de ses émotions et de ses pulsions qui l’ont secoué lors de sa tournée de provocation dans la vallée du fleuve. Car, Ely sait très bien qu’il a manqué d’humanité et du respect de la vie avec les populations négro-africaines.
Les victimes du racisme quant à elles, qui préfèrent l’occultation de cette réalité sont composées d’opportunistes, de lâches et d’hypocrites, toutes atteintes de cécité par la haine de soi. Les esclaves qui nient l’esclavage ne se sont pas libérés de la peur du maître et ont besoin d’être aidés par une réelle cure psychanalytique qui les libère de la peur. Il est clair que ces trois catégories n’ont pas les mêmes raisons quant à leur attitude face à la réalité du racisme. Car le racisme est un état d’esprit, une attitude, un discours, une pratique et des passages à l’acte sur fond d’idéologie qui se résume à la haine de l’autre par la couleur de sa peau. Il n’y a pas de pratique raciste qui serait plus éloquente que celle qui s’exerce en Mauritanie depuis plus de deux décennies. Ely, ses compagnons, ses idéologues, ses thuriféraires et ses troubadours ne peuvent pas falsifier cette réalité. Au contraire, ils sont entrain de mettre en évidence que le système raciste persiste en Mauritanie.
On ne se débarrasse pas d’un comportement raciste, esclavagiste et tribaliste comme s’il s’agissait de changer de veste. Ce n’est pas en parcourant le pays avec comme stratégie de semer le doute dans la tête des populations victimes que le nouveau chef de l’Etat va convaincre du bien fondé des ses intentions. Nous ne pouvons pas nous contenter des intentions d’un homme connu pour avoir été le chef de la police nationale dont le rôle criminel est inavouable. Devant la réalité du racisme, il faut plus que de bonnes intentions et des mises en garde.
SY Hamdou