PARIS (AP) - Depuis l'hiver 1954, l'abbé Pierre n'avait cessé de se battre aux côtés des plus pauvres, renouant avec les actions "coup de poing" dans les années 1990 en soutenant les campements de fortune et les ouvertures d'immeubles de l'association Droit au logement (DAL).
Son entourage parle "d'insolence mesurée", une alliance subtile entre actions en marge de la loi et négociations avec les pouvoirs publics, alors que la France compte aujourd'hui neuf millions de personnes en situation précaire sur le plan du logement, dont 150.000 SDF, selon la Fondation abbé Pierre.
Sans relâche, l'abbé Pierre aura combattu aux côtés des victimes de cette pauvreté, au travers de l'association Emmaüs, de ses centres d'accueil, de ses "chiffonniers", mais aussi en n'hésitant pas, plus de 30 ans après l'hiver 1954, à se joindre aux actions illégales des mal-logés des années 1990.
Le 2 mai 1990, lorsque 48 familles expulsées se retranchent dans un square de la place de la Réunion, dans le 20e arrondissement de Paris, ce sont les camions d'Emmaüs, chargés de matelas, qui se rendent sur place et apportent un soutien matériel aux sans-abri, malgré la présence des forces de l'ordre qui tentent, sans succès, d'empêcher l'installation du campement.
Et c'est l'abbé Pierre lui-même, quelques jours plus tard, qui se rend sur place pour apporter son soutien aux occupants, obligeant les pouvoirs publics à entamer des négociations qui aboutiront à un relogement l'automne suivant.
Outre les membres d'Emmaüs, on trouve déjà sur place un certain Jean-Baptiste Eyraud, qui fondera avec une poignée de militants quelques mois plus tard, l'association Droit au logement (DAL). "Mon premier contact avec l'abbé, ça a été à cette époque-là. Et ensuite il nous a toujours soutenu sur les réquisitions d'immeubles et les campements", explique-t-il aujourd'hui.
Lors de l'été 1991, l'abbé est en première ligne avec d'autres personnalités, lorsque DAL force les palissades du chantier de la Bibliothèque de France, quai de la Gare dans le 13e arrondissement de Paris, pour installer des tentes et y abriter plusieurs dizaines d'autres familles. Là encore, les négociations, qu'il surveille de près, aboutiront à des relogements juste avant l'hiver.
Au printemps 1993, c'est une ancienne école maternelle vide, appartenant à la ville de Paris, dans le 14e arrondissement, que DAL prend pour cible, "réquisitionnant" les lieux avec des familles. En septembre, les occupants sont expulsés, et l'intérieur de l'immeuble démoli pour le rendre inhabitable, alors que la justice vient d'accorder un délai aux squatteurs pour évacuer les lieux.
L'abbé Pierre arrive sur place, s'installe sur une chaise devant la porte, et jure qu'il ne quittera pas les lieux avant que les familles ne trouvent des solutions de relogement.
Le dimanche 18 décembre 1994, nouveau coup d'éclat. En début d'après-midi, des centaines de personnes forcent les portes d'un immeubles vides appartenant à un gros promoteur immobilier, au coeur de Paris, dans le quartier Saint-Germain-des-Prés.
L'abbé Pierre arrive à Paris pour soutenir l'action... en hélicoptère. Cette action propulsera la question du logement au coeur de la campagne présidentielle de l'époque.
Plus récemment, à la fin de l'été 2006, l'abbé Pierre avait écrit au président de la République Jacques Chirac pour réclamer des solutions pour les expulsés de Cachan (Val-de-Marne) installés dans un gymnase.
"Il avait un mot très fort, c'est l'insolence mesurée. Il voulait qu'on garde la capacité de s'indigner, qu'il fallait qu'on soit insolent, mais que cette insolence devait permettre d'avancer, avec des actions coup de poing pour que le sort des mal-logés ne tombe pas dans l'oubli, mais aussi dans le même temps des actions avec les pouvoirs publics pour avoir une réponse législative à ça", souligne Christophe Robert, de la Fondation.
"Il aimait bien l'action, et son entourage nous disait qu'il était toujours content lorsqu'on venait le chercher", assure Jean-Baptiste Eyraud. "Il nous a aidé à construire le mouvement, à l'inscrire dans la durée". AP
god/sb
Son entourage parle "d'insolence mesurée", une alliance subtile entre actions en marge de la loi et négociations avec les pouvoirs publics, alors que la France compte aujourd'hui neuf millions de personnes en situation précaire sur le plan du logement, dont 150.000 SDF, selon la Fondation abbé Pierre.
Sans relâche, l'abbé Pierre aura combattu aux côtés des victimes de cette pauvreté, au travers de l'association Emmaüs, de ses centres d'accueil, de ses "chiffonniers", mais aussi en n'hésitant pas, plus de 30 ans après l'hiver 1954, à se joindre aux actions illégales des mal-logés des années 1990.
Le 2 mai 1990, lorsque 48 familles expulsées se retranchent dans un square de la place de la Réunion, dans le 20e arrondissement de Paris, ce sont les camions d'Emmaüs, chargés de matelas, qui se rendent sur place et apportent un soutien matériel aux sans-abri, malgré la présence des forces de l'ordre qui tentent, sans succès, d'empêcher l'installation du campement.
Et c'est l'abbé Pierre lui-même, quelques jours plus tard, qui se rend sur place pour apporter son soutien aux occupants, obligeant les pouvoirs publics à entamer des négociations qui aboutiront à un relogement l'automne suivant.
Outre les membres d'Emmaüs, on trouve déjà sur place un certain Jean-Baptiste Eyraud, qui fondera avec une poignée de militants quelques mois plus tard, l'association Droit au logement (DAL). "Mon premier contact avec l'abbé, ça a été à cette époque-là. Et ensuite il nous a toujours soutenu sur les réquisitions d'immeubles et les campements", explique-t-il aujourd'hui.
Lors de l'été 1991, l'abbé est en première ligne avec d'autres personnalités, lorsque DAL force les palissades du chantier de la Bibliothèque de France, quai de la Gare dans le 13e arrondissement de Paris, pour installer des tentes et y abriter plusieurs dizaines d'autres familles. Là encore, les négociations, qu'il surveille de près, aboutiront à des relogements juste avant l'hiver.
Au printemps 1993, c'est une ancienne école maternelle vide, appartenant à la ville de Paris, dans le 14e arrondissement, que DAL prend pour cible, "réquisitionnant" les lieux avec des familles. En septembre, les occupants sont expulsés, et l'intérieur de l'immeuble démoli pour le rendre inhabitable, alors que la justice vient d'accorder un délai aux squatteurs pour évacuer les lieux.
L'abbé Pierre arrive sur place, s'installe sur une chaise devant la porte, et jure qu'il ne quittera pas les lieux avant que les familles ne trouvent des solutions de relogement.
Le dimanche 18 décembre 1994, nouveau coup d'éclat. En début d'après-midi, des centaines de personnes forcent les portes d'un immeubles vides appartenant à un gros promoteur immobilier, au coeur de Paris, dans le quartier Saint-Germain-des-Prés.
L'abbé Pierre arrive à Paris pour soutenir l'action... en hélicoptère. Cette action propulsera la question du logement au coeur de la campagne présidentielle de l'époque.
Plus récemment, à la fin de l'été 2006, l'abbé Pierre avait écrit au président de la République Jacques Chirac pour réclamer des solutions pour les expulsés de Cachan (Val-de-Marne) installés dans un gymnase.
"Il avait un mot très fort, c'est l'insolence mesurée. Il voulait qu'on garde la capacité de s'indigner, qu'il fallait qu'on soit insolent, mais que cette insolence devait permettre d'avancer, avec des actions coup de poing pour que le sort des mal-logés ne tombe pas dans l'oubli, mais aussi dans le même temps des actions avec les pouvoirs publics pour avoir une réponse législative à ça", souligne Christophe Robert, de la Fondation.
"Il aimait bien l'action, et son entourage nous disait qu'il était toujours content lorsqu'on venait le chercher", assure Jean-Baptiste Eyraud. "Il nous a aidé à construire le mouvement, à l'inscrire dans la durée". AP
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